Le 4 × 4 d’Ineos va remplacer la Smart de Daimler dans son berceau historique de Moselle
La société britannique du secteur de la chimie Ineos a racheté, lundi 7 décembre, à l’entreprise allemande Daimler, propriétaire des marques Smart et Mercedes, le site de Smart à Hambach (Moselle) pour y produire son 4 × 4 Grenadier. L’opération a été officialisée mardi.
Le rachat marque la fin d’une longue histoire et le début d’une nouvelle ère. « Cette acquisition est la plus grande étape à ce jour dans le développement du Grenadier », a expliqué Dirk Heilmann, patron d’Ineos Automotive. Jörg Burzer, responsable de la production chez Mercedes, a déclaré avoir trouvé avec Ineos Automotive « un acheteur déterminé à mener le site de Hambach sur la voie du futur ».
« Continuité de l’emploi »
En juillet, Daimler avait laissé les salariés de Smart abasourdis, annonçant son intention de mettre en vente le site mosellan en raison de difficultés financières liées à la crise sanitaire. Le groupe allemand avait pourtant investi quelque 500 millions d’euros sur ce site pour permettre la fabrication de Mercedes électriques.
Le 12 novembre, le comité social et économique (CSE) de l’usine avait donné son accord à la reprise par Ineos et avait dit apprécier « favorablement le projet de cession ». Cette opération devait assurer « la continuité de l’emploi pour les salariés du site de Hambach », même si le CSE estimait que « certains points pourraient être améliorés ».
Ineos prévoit de produire à Hambach, à compter de 2022, un 4 × 4 qui marquera l’entrée du groupe chimique britannique dans le secteur automobile. De son côté, Daimler s’est engagé à assurer la transition en poursuivant jusqu’en 2024 la production de Smart électriques sur le site ainsi que celle de la face avant du nouveau SUV électrique de Mercedes.
L’ensemble des emplois chez Daimler et certains partenaires, soit 1 300 personnes transférées chez Ineos, sont « préservés », selon le constructeur allemand. Pour quelque 200 autres employés du site, le ministère délégué à l’industrie assure qu’« une solution a été trouvée pour tous », selon un porte-parole, et ces emplois sont également sécurisés.
Le Grenadier, un véhicule polluant
La ministre déléguée à l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, a salué le « travail constructif » ayant amené de « réelles avancées » pour « pérenniser l’activité industrielle sur le site ». Un comité sera créé très prochainement pour suivre l’activité et la « charge de l’usine ».
En outre, juste en face du site, REC Solar France, filiale du danois REC Group, prévoit la construction d’une usine de panneaux photovoltaïques, avec à la clef la création d’ici à 2025 de 1 800 emplois. Mais ce projet n’en est pour le moment qu’au stade de la concertation.
Parmi les réserves exprimées à la mi-novembre par le CSE figurait la motorisation du futur Grenadier, un « véhicule thermique fortement émetteur de CO2 » risquant d’être « de plus en plus difficile à vendre à partir de la deuxième moitié de cette décennie ». « Les challenges sont nombreux et nous serons vigilants sur les engagements pris par les parties », « principalement » sur les emplois, a noté Emmanuel Benner, délégué syndical CFTC.
Dans un communiqué, la CGT avait ainsi demandé au repreneur de « développer d’autres motorisations », estimant que le moteur du 4 × 4 se trouve « à contre-courant de ce qui se fait dans l’automobile », où les motorisations électriques ont le vent en poupe.
Un partenariat a été conclu entre Ineos et le sud-coréen Hyundai le 23 novembre afin d’« explorer les nouvelles possibilités » offertes par la production d’hydrogène et ses applications technologiques. Il pourrait ainsi permettre à Hyundai de fournir sa technologie de piles à hydrogène pour équiper le véhicule d’Ineos.