En France, le long cheminement de l’égalité des chances
En s’attaquant au concours à la française, Emmanuel Macron s’en prend à un totem cher à la haute fonction publique.
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« Derrière les écrans. Les nettoyeurs du Web à l’ombre des réseaux sociaux » (Behind the Screen. Content Moderation in the Shadows of Social Media), de Sarah T. Roberts, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sophie Renaut, préface d’Antonio Casilli, La Découverte, 264 p., 22 €, numérique 16 €.
Bien que celles et ceux qui ont participé à sa création depuis les années 1960 aient proposé de le décrire à l’aide de métaphores épurées, comme celles d’« espace » ou de « réseau », Internet n’en demeure pas moins un vaste dépotoir où se déversent chaque jour des contenus violant la loi ou les limites de la décence dans de multiples domaines.
A l’époque des défricheurs et des forums de discussion, les débats charriaient aussi leur lot de disputes, d’insultes ou de provocations. Mais il semblait alors qu’il suffisait d’édicter des règles de comportement et de nommer quelques « modérateurs » pour les éradiquer. Cette forme artisanale de modération des contenus suscita l’intérêt des observateurs jusqu’aux années 2000 mais, dans les faits, elle ne conduisit pas à supprimer beaucoup de contenus.
Lorsque, en 2010, Sarah T. Roberts, dont paraît en français Derrière les écrans, travail pionnier issu d’une thèse soutenue en 2014, commença à se pencher sur la façon dont les contenus sont modérés dans cet « espace de contrôle, de surveillance, d’intervention et de circulation où l’information est devenue une marchandise », elle était parmi les premières. Elle constata, paradoxalement, que les modérateurs de contenus étaient devenus invisibles au moment même où explosait le partage de vidéos sur des plates-formes comme YouTube ou Facebook. Des vidéos dont une part considérable s’apparente à du spam ou viole, au choix, le droit d’auteur, les lois en matière de pornographie, le sens moral des internautes ou leur sensibilité.
« Pourquoi, s’est alors demandé cette chercheuse de l’université de Californie (Los Angeles), ne parlions-nous pas collectivement d’eux, du travail qu’ils faisaient et de l’impact qu’il avait sur eux, ainsi que sur l’Internet ? »
Pour répondre à cette question, Sarah Roberts s’est lancée à la recherche des « nettoyeurs » du Web dans les grandes entreprises de la Silicon Valley et chez des sous-traitants en Espagne, aux Philippines ou dans l’Iowa. Elle a analysé, au fil de discussions avec eux, leur état de fatigue émotionnelle après des heures passées à supprimer des vidéos d’atrocités guerrières ou pornographiques, ou à signaler aux autorités les abus suspectés sur les mineurs et les annonces de suicide.
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En 2019, le nombre d’accidents du travail a continué d’augmenter, mais à un rythme plus faible que l’année précédente. C’est l’un des enseignements de la synthèse diffusée mardi 6 octobre par l’assurance-maladie/risques professionnels, l’une des quatre branches de la Sécurité sociale. La légère hausse enregistrée recèle des disparités assez importantes selon les secteurs, la tendance étant plus marquée dans les entreprises de services.
Près de 656 000 accidents du travail ont été reconnus en 2019, soit un accroissement de 0,6 % après une progression de 2,9 % en 2018. Pour l’assurance-maladie, l’évolution de l’an passé est « attribuable » à la croissance des effectifs de salariés (+ 2 %). Si l’on ramène le nombre d’accidents pour 1 000 travailleurs, on constate d’ailleurs que les résultats sont plus favorables puisque la fréquence des « sinistres » diminue un tout petit peu, passant de 34 à 33,5. Il s’agit d’un « plancher stable depuis plusieurs années », qui se situe même « à un niveau historiquement bas » – quasiment quatre fois moins élevé que le record relevé au moment de la création du dispositif.
La situation n’est pas la même, d’une branche à une autre. Ainsi, entre 2018 et 2019, le bâtiment et les travaux publics enregistrent une baisse des accidents de 0,3 %, qui est d’autant plus notable que la main-d’œuvre employée dans le secteur s’est étoffée. De même, la chimie, le commerce non alimentaire tout comme les industries du bois, du papier et du textile ont vu les sinistres refluer d’environ 1 % (voire un peu moins).
En revanche, la courbe va dans l’autre sens, s’agissant des activités tertiaires (administrations, banques, assurances…), avec une augmentation de 4 % du nombre des accidents du travail, en 2019. Idem dans les entreprises d’intérim et l’action sociale (+ 1,3 %).
Quant aux sinistres ayant lieu pendant un trajet, ils restent sur une pente ascendante, pour s’élever à 99 000, soit « le niveau le plus haut (…) depuis 2000 ». L’assurance-maladie précise que les accidents survenus à l’occasion d’un déplacement à vélo ou à « patinettes » se sont accrus de 600 en douze mois. Une évolution évidemment en ligne avec les changements qui interviennent dans les modes de transport utilisés pour gagner les lieux de travail.
Les données publiées mardi restent muettes sur le nombre de décès causés par des accidents du travail – celui-ci devant être divulgué dans un rapport plus complet qui sera communiqué durant l’automne. Pour mémoire, en 2018, 551 personnes avaient perdu la vie en travaillant – un chiffre qui « varie depuis plusieurs années dans une fourchette comprise entre 500 et 550 ».
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Derniers jours pour postuler au programme de subventions de deux millions d’euros lancé par Facebook à destination des TPE-PME d’Ile-de-France. Au début de la crise due au Covid-19, l’entreprise de Mark Zuckerberg avait lancé un programme de soutien doté de 100 millions de dollars pour aider 30 000 PME en difficulté dans le monde. Depuis le 29 septembre, ce programme est ouvert aux petites entreprises françaises, mais uniquement franciliennes.
Une enveloppe de deux millions d’euros leur est consacrée. Les TPE-PME éligibles bénéficieront de subventions, une partie sous forme de financement direct et une autre partie en crédits publicitaire sur Facebook et Instagram.
« La crise actuelle continue à fragiliser le tissu économique des TPE-PME, constate Matthieu Laporte, directeur des activités pour les TPE et les PME pour l’Europe du Sud (incluant la France). C’est pour les soutenir que Facebook a lancé ce programme. »
Pour la compagnie californienne, cette opération de séduction est aussi une manière de draguer les petites entreprises pour qu’elles intègrent son écosystème. Facebook scrute de près le marché des TPE-PME : mi-septembre, la firme de Mark Zuckerberg a lancé Facebook Business Suite, un outil qui leur permet de gérer leurs réseaux sociaux Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp sur une interface unique.
Au début de l’été, la compagnie a aussi lancé un programme de formations gratuites à destination des TPE-PME françaises pour « accélérer leur transformation numérique » et améliorer leur présence en ligne, notamment… sur Facebook.
Selon la compagnie, près de 665 TPE-PME ont déjà utilisé ces formations pour réaliser un diagnostic numérique. Une manière, pour l’entreprise américaine, de s’imposer comme un acteur incontournable en matière d’e-commerce, alors que la pandémie a fait exploser les sites de vente en ligne. Les candidatures permettant de bénéficier de la subvention pour les entreprises franciliennes se clôtureront le 8 octobre au soir.
Dans le détail, les entreprises sélectionnées recevront une aide de 2 256 euros en numéraire et de 1 354 euros sous forme de crédits publicitaires. Les conditions d’éligibilité sont relativement peu exigeantes : l’entreprise doit compter entre 2 et 50 employés, être opérationnelle depuis plus d’un an et avoir rencontré des difficultés à la suite de la crise due au du Covid-19.
Le candidat doit transmettre les états financiers (bilan et compte de résultat) ou bien les comptes complets les plus récents de son entreprise, ainsi qu’un document juridique justifiant son existence depuis au moins un an (extrait K-bis…). L’évaluation des candidatures est effectuée en collaboration avec des organismes partenaires de l’opération, dont le cabinet de conseil Deloitte. Au-delà de cette subvention, d’autres aides sont envisagées. « On va continuer à lancer des initiatives pour soutenir les entreprises et aider à leur digitalisation », assure Matthieu Laporte.
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Changer de filière en milieu de carrière pour retrouver un emploi, pour améliorer ses revenus ou ajouter une compétence à son profil, à l’heure de la digitalisation des entreprises, le numérique séduit les candidats à la reconversion. L’offre est importante : Pôle emploi a diffusé 278 160 offres d’emploi sur les métiers du numérique au premier semestre 2020, soit 25,6 % de plus qu’au premier semestre 2019.
Malgré la crise sanitaire, l’offre devrait continuer à augmenter car les sociétés de services informatiques et les éditeurs de logiciels ne sont plus seuls à recruter. La transformation numérique concerne toutes les entreprises et tous les métiers. Toutes recherchent des informaticiens, des développeurs et des administrateurs de systèmes ou de réseaux mais aussi des logisticiens ou des contrôleurs de gestion maîtrisant le numérique.
Les candidats sont d’horizons très variés. Inquiet de l’évolution de son métier de technicien son et soucieux de sa rémunération, Cyrille Richard a décidé de changer de filière à l’approche de la quarantaine. « J’ai choisi l’informatique pour la rémunération, mais aussi parce que j’étais curieux de ça, j’avais eu un ordinateur dès mes 13 ans et j’avais un DEUG de math-physique. Entre le travail et la vie de famille, trouver le temps et l’argent pour se former n’a pas été facile mais je suis content d’avoir été capable de faire ce changement ». Après trois ans de cours du soir au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et des stages, il a été embauché en CDI comme développeur logiciel dans une société spécialisée dans l’analyse de données. Recruté il y a trois ans à un salaire supérieur à ce qu’il espérait, il a été augmenté depuis.
Claire Kodia, 28 ans, ne s’est pas « convertie » par nécessité mais par goût. Diplômée d’EM Lyon en finances, elle est d’abord employée par des banques, puis part au Japon en volontariat international en entreprise (VIE). Sa participation au développement d’un nouveau logiciel la convainc de s’orienter vers le numérique. « Développer du code m’attire, ça évolue vite. Moi qui m’ennuie rapidement, j’ai trouvé ma voie ! », dit-elle.
Après une formation de développeur en cinq mois à la Wild Code School, qui s’est achevée en juillet, elle entamera en novembre une année d’alternance pour devenir développeur Web avancé, ce qui lui donnera un équivalent licence. « Je gagne moins qu’avant, mais je pourrai bientôt valoriser mon expérience de la finance. Il me paraissait important de me reconvertir tôt, de ne pas attendre d’avoir 40 ans, des enfants, un emprunt… », insiste la jeune femme.
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Carnet de bureau. Des entreprises appellent des médiateurs pour les impayés, d’autres pour garder leurs compétences. A l’annonce du confinement, plusieurs établissements du groupement Hôtels au naturel étaient prêts à rouvrir. « Les entretiens d’embauche avaient été faits mais les contrats n’étaient pas encore signés. Comment informer les salariés que tout est suspendu sans les perdre ? C’est la question que le groupe hôtelier m’a alors posée », explique François Therin, médiateur professionnel.
Implanté du côté de Carpentras dans le Vaucluse, M. Therin a fait toute sa carrière dans l’hôtellerie-restauration avant de se lancer dans la médiation en entreprise. « J’y ai connu le management vertical et j’ai appris que, dans un contexte de crise, il ne faut pas gérer les conflits mais les résoudre », explique-t-il.
Les médiations entre salariés et employeurs consistent plus souvent à éteindre des incendies qu’à anticiper un conflit, qu’il s’agisse de gérer le télétravail auquel des salariés prennent goût, tandis que les employeurs voudraient les voir revenir, ou d’organiser le chômage partiel. Ainsi dans une entreprise de l’industrie pharmaceutique où un chef de service avait décidé, sans aucune concertation, qui serait en chômage partiel. « A la suite de l’audit, les décisions ont été modifiées en tenant compte des salariés empêchés de travailler par les fermetures d’écoles », témoigne le médiateur. La médiation exprime haut et fort la complexité de la situation.
Depuis le Covid-19, François Therin a vu le nombre de ses missions augmenter de 30 %, aussi bien dans l’hôtellerie-restauration, l’assurance que la santé. Envolée encore plus forte de la médiation du côté de Bercy, où le nombre de saisines du médiateur d’entreprise a été multiplié par dix au plus fort de la crise, dont 15,5 % dans l’hôtellerie-restauration.
L’objectif des missions de M. Therin, spécialiste de la relation de travail, n’a rien à voir avec celui du médiateur national des entreprises, Pierre Pelouzet, très officiellement nommé par le président de la République et placé auprès du ministre des finances pour régler gratuitement les litiges entre les acteurs économiques (impayés, contrats non exécutés, etc.).
Quand un hôtel-restaurant appelle François Therin, par exemple, c’est qu’il ne sait pas comment garder les saisonniers à qui il n’a rien à proposer pour le moment. L’enjeu est de garder les compétences par un travail de communication. « Côté salarié, l’organisation de la communication rassure. Quand il entend clairement que l’employeur ne sait pas où il va, qu’il doit se sentir libre d’accepter toute proposition. Une femme qui travaillait avec Hôtels au naturel depuis quatre saisons est ainsi partie provisoirement vers le secteur agricole, sans rancune. C’est un saisonnier de sauvé pour la saison suivante », assure M. Therin. Le prix de la mission – de 2 000 à 3 000 euros – est à mettre en regard du coût direct d’un recrutement (10 % à 15 % du salaire annuel brut).
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Entreprises Au début de l’été, en pleine pandémie, la société allemande Wirecard, spécialiste du paiement en ligne, emblème de la fintech, se déclarait en faillite et reconnaissait des erreurs massives dans ses comptes. Ce scandale rappelle celui de la plate-forme de négoce en énergie Enron, il y a vingt ans. On y retrouve l’engouement collectif pour l’innovation financière, la réussite rapide en Bourse, des profits spectaculaires, et puis… la chute brutale, quand il s’avère que les comptes étaient truqués !
D’où, aujourd’hui comme hier, la même question : comment de tels scandales sont-ils possibles, alors que les comptes sont régulièrement approuvés par les plus grandes entreprises d’audit comptable ? L’affaire Enron avait provoqué la disparition du cabinet Arthur Andersen. Aujourd’hui, c’est Ernst & Young qui est interrogé parce qu’il contrôlait Wirecard, depuis dix ans.
Sur le papier, les choses semblent simples, toute entreprise qui fait appel à des investisseurs et à des marchés financiers doit faire contrôler sa comptabilité par des auditeurs dont la profession est réglementée dans chaque pays. Leurs conclusions ont un impact majeur sur la vie de l’entreprise. Or, ces scandales montrent que le travail d’audit est, paradoxalement, d’autant plus difficile que les entreprises jouent, à l’échelle mondiale, de toutes les ressources de l’innovation financière et du droit des sociétés.
Dans l’affaire Enron, le masquage des dettes était obtenu par la création de milliers de filiales s’échangeant des services et rendant inextricable le contrôle des facturations entre ces entités. De plus, entre la maison mère et les filiales, il était possible d’en appeler à des auditeurs différents, ce qui compliquait la consolidation des comptes. Accusé d’avoir participé à la fraude, le cabinet Arthur Andersen se saborde, mais, en 2005, il est innocenté par la Cour suprême des Etats-Unis, qui met en avant la difficulté à prouver la collusion avec Enron.
Depuis sa création, Wirecard a multiplié les acquisitions en Asie dont l’évaluation est particulièrement complexe. La firme crée simultanément des filiales qui déclarent une activité importante de services, tout en la sous-traitant à des tiers. Pourtant, les audits d’Ernst & Young restent bons et, en 2018, Wirecard entre en Bourse (DAX).
En 2019, des alertes sont lancées par le Financial Times. Wirecard conteste et mandate KPMG, un autre grand auditeur, pour clore le débat. En avril 2020, en pleine épidémie, KPMG approuve les bilans de Wirecard, mais signale des difficultés pour contrôler l’écheveau asiatique. L’ambiguïté du constat affole la Bourse et, en juin, Wirecard reconnaît la banqueroute et des comptes défaillants. Les enquêtes pour fraude sont lancées et les dirigeants poursuivis.
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On s’est demandé, à la fin du confinement, ce qu’il resterait de cette période et si la pandémie de Covid-19 allait, à terme, changer notre quotidien. Une enquête du cabinet d’études Inov360, menée auprès de 3 850 Franciliens interrogés à trois reprises depuis juin, révèle comment de nouvelles habitudes prises au travail et dans les transports commencent à s’installer dans la durée.
Bien sûr, la crise n’est pas terminée, mais « les gens n’ont pas nécessairement envie d’un retour en arrière », décrypte Vincent Pilloy, cofondateur du cabinet, qui note notamment « une vraie rupture » pour les déplacements en Ile-de-France. « Le télétravail, la télémédecine, le téléconseil ne sont pas près de disparaître non plus, complète Jérémy Courel, économiste à l’Institut Paris Région, l’un des 22 organismes partenaires de l’étude. Et plus la crise dure, plus ces nouvelles pratiques vont s’ancrer. »
Avant, c’était le temps où l’on s’estimait heureux d’avoir deux vendredis par mois pour terminer de rédiger ses dossiers à la maison. Seulement 22 % des personnes interrogées pratiquaient le travail à distance. Or, le confinement a montré que le télétravail peut concerner un très grand nombre de Franciliens et que la pratique peut s’étendre, une fois la crise passée.
Début juillet, plus de la moitié des salariés (54 %) étaient toujours en télétravail. Au retour des grandes vacances, la tendance s’est légèrement inversée. Parmi les 53 % qui sont retournés au travail, 60 % n’avaient pas le choix car leur métier ne le leur permettait pas. Mais pour les salariés qui télétravaillaient encore – à raison de deux jours par semaine en moyenne –, la situation était plutôt appréciable. La quasi-totalité d’entre eux (91 %) plaident ainsi pour une alternance entre travail à la maison et travail au bureau. Et, dans l’idéal, ils aimeraient pouvoir être plus de deux jours par semaine à distance.
« Il y a un terreau très favorable au changement, un climat propice à la mise en place de solutions plus durables », analyse Vincent Pilloy, cofondateur du cabinet d’études Inov360
Cette généralisation du télétravail a considérablement modifié les déplacements en région parisienne : les Franciliens disent bouger beaucoup moins qu’avant. Près de la moitié (42 %) ont réduit leurs trajets domicile-travail. Et parmi ceux qui, avant, avaient des déplacements professionnels, 68 % y ont en partie renoncé. Même les trajets pour les loisirs ont chuté de plus de la moitié. Cette baisse des trajets habituels peut, en revanche, entraîner une hausse des déplacements de proximité en voiture.
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Livre. Des sites sur lesquels les travailleurs peuvent noter la qualité de vie et les conditions de travail dans leur entreprise, comme Greatplacetowork ou Glassdoor, aux happiness officers (« chefs du bonheur »), qui ont fait leur entrée dans les effectifs ces dernières années, les initiatives visant à stimuler et mesurer le bien-être au travail se multiplient.
L’enjeu ne se limite pas à la sphère professionnelle, puisque l’emploi influence de nombreux aspects de la vie : santé, apprentissage, épanouissement et estime de soi, statut social, sentiment d’appartenance et identité sociale. « En somme, le bien-être au travail est un ingrédient essentiel à la satisfaction générale de la vie », résume Claudia Senik, professeure à Sorbonne Université et à l’Ecole d’économie de Paris, dans l’essai Bien-être au travail (Presses de Sciences Po).
L’ouvrage présente les leviers du bien-être au travail, dans les entreprises qui en font un objectif légitime pour accroître la productivité des travailleurs et les retenir.
Dans la première partie, l’auteur rappelle les principales mesures du bien-être issues de la recherche en sciences sociales : les risques psychosociaux, le capital social, les traits de l’organisation hiérarchique et la répartition des rémunérations.
Une deuxième partie analyse deux enquêtes relatives aux sources du bien-être : Reponse 2017, réalisée par le ministère du travail, et European Working Conditions Survey, conduite par Eurofound.
Ces deux enquêtes révèlent l’importance des facteurs organisationnels : l’autonomie, le climat social et les perspectives de progression. Ainsi, le fait de se sentir très motivé par son organisation produit le même effet qu’un doublement du salaire moyen. A l’inverse, le risque de santé produit le même effet qu’une réduction d’environ 60 % du salaire moyen.
L’enquête européenne pointe également l’insatisfaction française : au sein des 32 pays européens étudiés, ce sont les Français qui s’estiment, en moyenne, les moins bien payés au regard du travail qu’ils fournissent. Un tableau similaire se dessine en ce qui concerne le fait d’être motivé par son organisation ou de se sentir bon dans son travail.
Les Français sont aussi plus réactifs que la moyenne des Européens à la plupart des dimensions de leur environnement de travail, notamment au climat social, à la conciliation travail-famille et à leurs perspectives de progression. On dispose désormais d’outils permettant de mesurer le bien-être au travail, et même d’identifier les cultures propres à chaque entreprise. « Si la mine d’informations détenues pouvait s’ouvrir davantage aux chercheurs, ceux-ci pourraient contribuer, en retour, à promouvoir le bien-être des salariés. »
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C’est dans un climat de double incertitude – incertitude sur l’évolution de l’épidémie elle-même et incertitude sur l’évolution des restrictions sanitaires – que les experts de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) ont livré, mardi 6 octobre, leurs analyses trimestrielles sur la conjoncture économique. Une prévision assortie de tous les conditionnels de rigueur, compte tenu du caractère extrêmement évolutif de la situation, mais qui repose sur un constat bien réel celui-là : la reprise s’étiole au fur et à mesure que le Covid-19 se propage, et tous les espoirs d’une reprise plus rapide que prévu se sont envolés.
Au troisième trimestre, l’activité économique se situe en retrait de 5 % par rapport à son niveau d’avant-crise, certes en « vif rebond » par rapport au point bas atteint durant le confinement, où le recul était d’environ 30 %. L’amélioration espérée au quatrième trimestre n’aura sans doute pas lieu : en septembre, les anticipations des entreprises pour les trois mois à venir se sont dégradées, en particulier dans le secteur des services, et se situent à leur niveau le plus haut depuis le début de la crise.
Selon les enquêtes de terrain effectuées par l’Insee, une entreprise sur trois indique début octobre ne pas avoir de visibilité sur l’avenir. Les conjoncturistes tablent donc sur un quatrième trimestre atone : la croissance stagnerait sur les trois derniers mois de l’année. Le dynamisme de l’été – le PIB a crû de 16 % – permet donc à l’Insee de maintenir sa prévision de contraction du produit intérieur brut (PIB) à 9 % pour l’ensemble de l’année 2020. A condition toutefois qu’un « durcissement durable » des restrictions sanitaires ne vienne enrayer cette mécanique déjà fragile, a prévenu l’Insee.
En l’absence d’une reprise plus forte, il n’est pas de miracle à attendre du côté de l’emploi. Si les secteurs peu touchés par la crise continuent à embaucher modérément, l’hémorragie va se poursuivre dans l’hôtellerie-restauration, les services de transports, les loisirs, les services culturels… A la fin de l’année, quelque 840 000 emplois auront disparu par rapport à l’année 2019, dont 750 000 emplois salariés.
Dans la mesure où, parallèlement, les personnes qui étaient momentanément sorties du marché du travail pendant le confinement et la saison estivale redeviennent disponibles pour prendre un emploi, le chômage va remonter mécaniquement.
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