Archive dans 2020

Face à la crise, l’espoir retrouvé du « made in France »

Pour continuer à produire en France, l’entreprise vendéenne de meubles Gautier joue le sur-mesure et le travail en flux tendu.

A quelque chose malheur est bon. La crise sanitaire semble avoir accéléré la prise de conscience de la fragilité du tissu industriel français. Les politiques s’emparent tous du sujet et les consommateurs font de plus en plus le lien entre « leurs choix de produits et la situation économique », comme le souligne Mathieu Roumens, un entrepreneur qui a créé un jouet électronique « made in France », une exception sur un marché saturé par les importations chinoises.

Consolider et développer des filières industrielles dans l’Hexagone susciterait donc un intérêt nouveau. Le succès de l’appel à relocalisations lancé par Bercy en témoigne. A la mi-octobre, le gouvernement avait déjà reçu 3 600 projets, et le budget d’un milliard d’euros d’aides prévu en 2020 ne suffira pas, selon le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Il reste toutefois à trouver le modèle économique viable, face à la concurrence mondiale. Quels sont les leviers des entrepreneurs qui produisent en France et parviennent malgré tout à être rentables ? Ils pourraient se résumer en trois mots : innovation, proximité et territoire.

S’ajuster à la demande

« Fervent défenseur du made in France », comme il se présente lui-même, Philippe Véran est PDG de Biotech Dental, une entreprise de fabrication de matériel médical à destination des chirurgiens-dentistes fondée en 1987. Il a choisi de racheter certains sous-traitants afin de pouvoir rapatrier l’ensemble de sa production en France, principalement à Scionzier, en Haute-Savoie.

Il s’apprête également à ouvrir un nouveau site industriel à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Pour autant, l’entreprise, présente dans 40 pays, reste performante aussi bien en France qu’à l’export. Le secret de Biotech Dental ? « C’est la technologie, la recherche et développement [R&D] qui nous ont permis de survivre », répond M. Véran. « On y consacre 10 % du chiffre d’affaires tous les ans. » L’innovation, qui s’appuie sur des technologies numériques, permet de fabriquer des implants, prothèses et autres gouttières sur mesure en un temps record, « ce que l’on ne sait pas faire de l’autre côté de la planète », souligne le dirigeant.

Ajoutons à cela la verticalisation du processus de production, depuis la R&D, qui a permis de concevoir un scanner intra-oral, incomparablement plus précis que les empreintes « à l’ancienne » des dentistes, jusqu’à l’adaptation du matériel, « qui permet d’être compétitifs en termes de prix et de volumes ». L’innovation est donc clé. « Les travaux réalisés depuis l’entrée de la Chine dans l’OMC montrent que les entreprises qui s’en sortaient le mieux face à cette concurrence nouvelle étaient celles qui avaient le plus innové, aussi bien en termes de produits que de process de production », confirme Isabelle Méjean, économiste et professeur à l’Ecole polytechnique. Mais elle ajoute : « La capacité à s’ajuster très facilement à la demande intervient aussi ».

Il vous reste 75.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Une négociation sur le télétravail très attendue par les syndicats, moins par le patronat

Les organisations patronales et syndicales vont engager, mardi 3 novembre, une négociation pour encadrer davantage le télétravail dans un contexte qui renforce les attentes. Les Français sont, en effet, à nouveau contraints d’y recourir massivement depuis qu’Emmanuel Macron a appelé à généraliser le travail pour contenir l’épidémie de Covid-19.

Le rendez-vous avait été fixé le 22 septembre, bien avant l’allocution du président de la République du 28 octobre et l’annonce d’un reconfinement. Il avait été arraché au forceps au patronat par les syndicats, qui réclament une négociation en vue d’un accord national interprofessionnel (ANI) sur le télétravail depuis le printemps. A l’époque, cinq millions de salariés se sont retrouvés à travailler depuis leur domicile du jour au lendemain.

La ministre du travail, Elisabeth Borne, a exhorté les partenaires sociaux à « avancer rapidement sur cet accord » qui « pourra donner des repères à toutes les entreprises ».

En octobre, avant la demande du président de la République de le généraliser, 1,8 million de salariés étaient encore en télétravail, selon le service de statistiques du ministère du travail (Dares).

Le patronat réticent

Longtemps, le Medef a refusé toute négociation, considérant le « corpus de règles et de normes juridiques parfaitement applicables ». Et contrairement aux syndicats, le patronat veut que le futur accord, s’il y en a un, ne soit « ni normatif », « ni prescriptif », c’est-à-dire pas contraignant. Hubert Mongon, le négociateur du Medef, a expliqué cette position par « la diversité des situations : cinq millions de salariés [concernés par le télétravail], cinq millions de situations différentes ».

Les autres organisations patronales sont sur la même ligne. Pour Michel Picon, de l’U2P, la négociation doit aboutir « à un guide de bonnes pratiques, afin que chaque employeur puisse s’emparer du télétravail avec une marge de manœuvre au plus près de sa situation ».

Eric Chevée, de la CPME, est, quant à lui, ouvert à « un guide ou un accord-cadre ». Surtout, la CPME souhaite que la négociation porte sur le télétravail « en situation d’urgence » (sanitaire, environnementale, accident industriel), « pour que les entreprises ne soient pas prises de court comme aujourd’hui ».

En revanche, il n’a « pas la même appétence » pour revoir les règles encadrant le télétravail en situation « normale ». « Nous allons à la négociation pour avoir un accord prescriptif et normatif », répond Jean-François Foucard (CFE-CGC).

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quatre constats pour mieux négocier le télétravail

Les syndicats ne veulent pas « n’importe quel accord »

« Je ne vois pas pourquoi il faut dissocier télétravail en situation de crise et télétravail classique. Nous ne signerons pas n’importe quel accord », prévient Eric Courpotin (CFTC), qui juge « inévitable un accord prescriptif et normatif dans le contexte actuel ».

« La CFDT demande (…) qu’on se quitte quand on a bouclé cette négociation », a insisté vendredi Laurent Berger (CFDT). « On ne va pas prendre un mois et demi ou deux mois dans cette période de télétravail massif pour se mettre d’accord », prévient-il.

Les discussions risquent donc d’être tendues mardi, où les négociateurs vont se retrouver à partir de 9 heures en visioconférence, Covid-19 oblige.

Parmi les sujets sur la table, les syndicats souhaitent aborder la charge de travail, le droit à la déconnexion, la prise en charge des frais liés au télétravail, les personnes en situation de handicap ou encore l’égalité femmes-hommes. Côté patronal, les attentes portent sur le volontariat, la réversibilité du télétravail, l’anticipation de sa mise en place, la diversité des lieux de travail (coworking, tiers lieux…), la formation des manageurs et les pratiques managériales, l’intégration des nouveaux collaborateurs.

La deuxième réunion est programmée le 23 novembre, et d’autres pourraient suivre.

Actuellement, le cadre légal sur le télétravail repose en partie sur l’ANI de 2005, qui notamment lui donne une définition, pose le principe du volontariat. Il a été partiellement transposé dans la loi de simplification de 2012. Les ordonnances réformant le code du travail de 2017 simplifient le recours au télétravail, mais « reviennent aussi sur certains acquis » de 2005, comme la prise en charge des frais, selon les syndicats.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’expérience du confinement a montré les limites du cadre juridique du télétravail »

Le Monde avec AFP

Ce qui change le 1er novembre pour le budget des ménages

En augmentant une nouvelle fois la fiscalité du tabac pour lutter contre le tabagisme, le gouvernement engendre une hausse des prix.

Ce mois de novembre sera marqué par un nouveau confinement, mais pas que…

  • Chômage partiel : le dispositif maintenu tel quel

Le dispositif de chômage partiel, mis en place en mars, devait être allégé le 1er novembre, mais cela n’interviendra pas, et ce, jusqu’au 31 décembre, a confirmé la ministre du travail, Elisabeth Borne. Les salariés au chômage partiel continueront donc à percevoir 70 % de leur rémunération brute, 100 % en cas de SMIC. Le gouvernement n’a, pour l’heure, pas précisé si les particuliers employeurs pourraient, comme ce fut le cas durant le premier confinement, utiliser ce dispositif.

  • Banque : moins de frais pour les clients fragiles

Davantage de clients des banques devraient pouvoir bénéficier, à compter de ce 1er novembre, du plafonnement à 25 euros des frais d’incidents bancaires mensuels (commissions d’intervention, frais de rejet de prélèvement, etc.).

Un décret du 20 juillet a élargi les critères de détection, par les banques, des « populations en situation de fragilité financière ». Parmi les nouveautés : un client entrera désormais dans le spectre du dispositif s’il accumule au moins cinq irrégularités ou incidents de paiement dans un même mois. Rien n’a été précisé, en revanche, sur les plafonds de flux sur le compte ouvrant droit au plafonnement – ils restent donc décidés par la banque.

Rappelons que, pour les clients ayant souscrit à l’« offre spécifique clients fragiles » de leur banque, ces frais sont limités à 20 euros par mois.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Changer de banque ? Les points à vérifier avant de choisir
  • Statu quo pour les retraites Agirc-Arrco

Alors que le 1er novembre est la date fixée pour la revalorisation annuelle des pensions Agirc-Arrco, le régime de retraite complémentaire des salariés du privé, celles-ci ne verront pas leur montant augmenter cette année. En cause : « la crise sanitaire », a indiqué le régime dans un communiqué. En 2019, ces pensions avaient été revalorisées de 1 %.

Une mesure qui était attendue : depuis le début du premier confinement, le régime a dû continuer à faire face à ses dépenses habituelles, le versement des pensions, mais a vu ses recettes diminuer à cause, notamment, des reports de versements de cotisations sociales accordés et du recours massif au chômage partiel (l’indemnité d’activité partielle ne donne pas lieu à des cotisations de retraite). Sans compter l’effet de la chute des marchés sur ses placements financiers.

Lire aussi Retraite : un ancien salarié sur dix a vu sa pension modifiée en octobre (parfois à la baisse)
  • + 1,6 % pour les tarifs réglementés du gaz

Pour le quatrième mois consécutif, les tarifs réglementés du gaz augmentent de 1,6 % en moyenne. Dans le détail, cette hausse « est de 0,4 % pour les clients qui utilisent le gaz pour la cuisson, de 0,9 % pour ceux qui ont un double usage, cuisson et eau chaude, et de 1,7 % pour les foyers qui se chauffent au gaz », selon la Commission de régulation de l’énergie. En octobre, l’augmentation moyenne s’était élevée à 4,7 %.

  • Hausse des prix du tabac

Le gouvernement avait annoncé, en 2017, son intention de porter à 10 euros en moyenne le prix moyen du paquet de 20 cigarettes d’ici à fin 2020, en augmentant en plusieurs étapes la taxation de ces produits. La dernière étape de ce processus est franchie en ce mois de novembre.

Et la nouvelle fiscalité du tabac a, comme prévu, conduit de nombreuses marques à augmenter une nouvelle fois leurs tarifs en ce premier jour du mois – ils sont énumérés dans ce tableau, publié sur le site des douanes. Le prix d’un paquet de Marlboro Red passe de 10 euros à 10,40 euros, celui de Lucky Strike Red de 9,50 euros à 10 euros.

Lire aussi Quatre idées reçues sur la hausse du prix du tabac
  • Début de la trêve hivernale

Les expulsions de locataires et les coupures de gaz ou d’électricité sont interdites, sauf exceptions, à partir de ce 1er novembre et jusqu’au 31 mars 2021, en raison de la trêve hivernale. Si les propriétaires conservent le droit durant cette période d’engager des procédures d’expulsion, l’expulsion ne peut être effective avant la fin de la trêve.

Lire aussi Informer le locataire de sa consommation de chauffage devient obligatoire

Les échéances à ne pas oublier en novembre

16 novembre. C’est, en règle générale, la date limite pour régler la taxe d’habitation de votre résidence principale et votre redevance télé (contribution à l’audiovisuel public) si vous ne passez pas par un paiement dématérialisé. Vérifiez toutefois bien l’échéance inscrite sur votre avis car dans certains cas, cette date est fixée au 15 décembre. L’année 2020 est toutefois particulière pour cette taxe d’habitation, puisque les 80 % des foyers fiscaux les moins aisés en sont désormais totalement exonérés sur leur résidence principale, selon l’administration fiscale.

21 novembre. C’est la date limite pour régler taxe habitation (résidence principale) et redevance si vous payez en ligne (là aussi, vérifier votre avis, parfois ce peut être le 20 décembre).

Livraison de repas : les retards de paiement de la plate-forme Nestor suscitent la colère

A Nantes (Loire-Atlantique), le 27 avril, pendant le confinement.

Depuis qu’ils ont commencé à travailler, l’un en 2018, l’autre en 2019, comme livreurs chez Nestor, la plate-forme française qui prépare des repas dans ses propres cuisines et les livre en région parisienne à partir de « hubs », « on a toujours été payés en retard, d’un mois et demi à deux mois », racontent deux jeunes hommes au statut d’indépendant.

Ils livrent à bicyclette à l’heure du déjeuner, de 11 h 30 à 13 h 30, du lundi au vendredi, lors de tournées durant lesquelles ils transportent chaque fois dix à douze plats, réalisant 700 à 850 euros de chiffre d’affaires par mois. Actuellement, « la plupart des livreurs de notre hub n’ont pas été payés pour juillet, août et/ou septembre », explique l’un d’eux, sous couvert d’anonymat, par peur des représailles. Selon un décompte fourni par ces livreurs, le plus important retard a été enregistré sur la facture de juin 2019, finalement réglée… en décembre.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « On est de la chair à canon » : les livreurs de repas à domicile inquiets face au coronavirus

Face à cette situation, ils ont entrepris de réagir. « Le 7 octobre, avec les collègues sur place, on a décidé de ne pas livrer tant qu’on n’était pas payés, déclare un livreur. Trente minutes plus tard, on a commencé à recevoir des avis de virement. Le même jour, notre contrat a été résilié, pour une dizaine d’entre nous. » Dans le courriel de résiliation, il lui est indiqué qu’il a « manqué à plusieurs reprises à [ses] obligations contractuelles ».

« On a été jetés à la poubelle, sans préavis, sans rien »

Ce 7 octobre, la direction de Nestor a appelé la police. Sollicitée, celle-ci nous indique l’avoir fait pour « libérer » une salariée « empêchée de quitter les lieux ». « A aucun moment nous n’avons bloqué cette salariée, affirme le livreur. La police est venue, lui a demandé si elle se sentait menacée ou en danger. Elle a répondu que pas du tout. Nous avons expliqué notre problème aux policiers, qui nous ont conseillé d’aller aux prud’hommes et nous ont demandé de nous disperser car nous étions plus de dix sur la voie publique. Une semaine après, j’ai été payé pour juillet, et hier [le 28 octobre] pour septembre », ajoute-t-il, précisant que le contrat de prestation avec Nestor prévoit un paiement « à trente jours ». Son collègue, lui, n’a « toujours pas reçu son paiement pour le mois d’août ».

A la faveur d’une réunion qui s’est tenue au siège de Nestor, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), le 8 octobre, entre des livreurs et le PDG de la société, Sixte de Vauplane, « la situation s’est apaisée, observe la direction. D’ailleurs, tous les coursiers concernés, sauf un, ont émis le souhait de retravailler avec Nestor à l’issue de la période suspensive ». Néanmoins, des coursiers présents à cette rencontre livrent une tout autre version : le patron leur aurait notamment reproché d’avoir « bloqué la cuisine », ce qui aurait engendré « une perte de 5 000 euros » et conduit « à jeter la nourriture, alors que des gens meurent de faim ». « On ne posait pas des revendications, explique l’un de ces livreurs. On voulait travailler, mais, à un moment donné, quand on n’est pas payé, il faut faire quelque chose. »

Il vous reste 18.35% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Le télétravail, partout où c’est possible, redevient une « obligation »

Télétravail, le retour. Tout comme durant le premier confinement, le recours à cette forme d’activité doit être organisé « de la manière la plus massive possible », a indiqué, jeudi 29 octobre, le chef du gouvernement, Jean Castex. Pour toutes les tâches qui peuvent être accomplies à distance, il s’agit d’une « obligation » et non pas d’une « option », a renchéri la ministre du travail, Elisabeth Borne. Des déclarations qui s’inscrivent dans le droit-fil des annonces faites, la veille, par Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée. Le but est de prévenir les risques d’infection au coronavirus en réduisant les interactions sociales et les déplacements dans les transports en commun.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avec la reprise de l’épidémie de Covid-19, la pratique du télétravail repart à la hausse

Ce mode d’organisation, soudainement appliqué à plusieurs millions d’actifs à partir du 17 mars et jusqu’au 11 mai, n’avait pas disparu, depuis. Sur la période récente, l’Etat recommandait aux patrons d’employer ainsi leur main-d’œuvre, à raison de quelques jours par semaine – le dosage devant être défini en concertation avec les élus du personnel. Désormais, ce sera, à nouveau, à « 100 % » du temps de travail pour tous les postes qui le permettent – soit environ un tiers dans le secteur privé. Le « protocole national » sanitaire, destiné aux entreprises, a, une fois de plus, été réécrit, jeudi, afin de restaurer provisoirement cette règle. Les employeurs qui s’en affranchissent manqueront à leur « obligation de protection des salariés », ce qui les expose « à une sanction civile ou pénale », met-on en garde dans l’entourage de Mme Borne.

Les organisations patronales n’ont, à ce stade, pas d’objections au rétablissement du télétravail à une grande échelle. Les syndicats, de leur côté, expriment des avis plus contrastés. « Repasser à 100 % est une mesure de bon sens, compte tenu du contexte épidémique », confie Catherine Pinchaut (CFDT). Mais elle craint que « certaines entreprises se disent que le télétravail n’est pas si obligatoire que ça ». Jérôme Vivenza (CGT) regrette que la décision de l’exécutif tombe alors que plusieurs questions liées à l’activité à distance ne « sont pas réglées » : prise en charge des frais engagés par le salarié pour pouvoir exercer son métier à la maison, évaluation de la charge de travail… Autant de points chauds qui doivent être abordés dans la négociation interprofessionnelle entre partenaires sociaux, dont le coup d’envoi est prévu mardi 3 novembre. « Nous aurions pu en discuter plus tôt, dès le printemps, mais le patronat a fait traîner les choses, affirme Cyril Chabanier, le président de la CFTC. C’est dommage. »

Il vous reste 46.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

« L’Equipe » lance un plan de sauvegarde de l’emploi

Le suspense dans lequel baignaient les salariés de L’Equipe depuis l’été a pris fin, jeudi 29 octobre après-midi. En effet, au terme d’un CSE ordinaire, les représentants du personnel se sont vu remettre les documents les informant des « plan d’économies et plan de relance » envisagés par la direction du groupe (L’Equipe, L’Equipe Magazine, la chaîne L’Equipe, L’Equipe.fr, Vélo Magazine, France Football, Sport & Style, propriétés du Groupe Amaury).

Au total, ce sont plus de 60 emplois qui devraient disparaître : 56 dans le cadre d’un PSE touchant la SAS L’Equipe (société par actions simplifiée, dont la chaîne est exclue), forte de 365 équivalents temps plein, auxquels s’ajoutent les 8 ou 9 postes du mensuel gratuit Sport & Style, inclus dans une autre entité juridique, dont le sort est scellé. En parallèle, 12 postes devraient être créés à la rédaction, « afin de permettre l’accélération de la croissance de notre parc d’abonnés payants », a précisé Jean-Louis Pelé, le directeur général, dans un mail envoyé aux équipes en début de soirée.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi A « L’Equipe », le dialogue social est au point mort

Le scénario avait commencé à s’esquisser à la fin du mois de juillet, lorsque les élus ont repoussé le projet d’accord de performance collective proposé par la direction. L’écrasante majorité des salariés refusait alors de se soumettre à ce que certains qualifiaient de « chantage à l’emploi » : une restitution de la plupart de leurs jours de RTT et une baisse conséquente de leur salaire, contre la promesse qu’il n’y aurait pas de licenciements. La direction du groupe avait aussitôt esquissé les grandes lignes de son « plan B » : « redimensionnement ou arrêt des activités déficitaires », « optimisation des organisations », etc.

« Urgence absolue »

Pour l’heure, outre la disparition de Sport & Style, il semble acté que l’hebdomadaire (devenu bimensuel avec le confinement) France Football devienne, à son tour, un mensuel gratuit, distribué avec L’Equipe et L’Equipe Magazine le week-end. Au global, le montant des économies visées s’élève à 5,5 millions d’euros, affirme l’intersyndicale (SNJ, SNJ-CGT, UFICT-CGT, SGLCE-CGT).

Ces annonces coïncidant avec le nouveau confinement, les élus du personnel ont demandé un délai dans la mise en œuvre de ce plan. En vain. « Au cours du CSE, Jean-Louis Pelé a parlé d’une situation d’urgence absolue” », explique un élu. Dans sa communication interne, le directeur général écrit : « La situation et les projections économiques sont plus dégradées que celles exposées au printemps dernier (…). Début septembre, et malgré la forte actualité sportive qui devait profiter au quotidien L’Equipe, sa vente au numéro a baissé de 20 % par rapport à 2019. » Le dirigeant prévoit « un déficit croissant et structurel de la SAS L’Equipe : de 6 millions d’euros de pertes pour 2021 à 10 en 2024 ».

Il vous reste 37.12% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Rebond de l’économie américaine au troisième trimestre

« It’s economy, stupid », (« c’est l’économie, idiot »), avait soufflé un conseiller de Bill Clinton pour expliquer la victoire de son champion, en 1992, face à George Bush père empêtré dans une récession. Si c’est le cas, les chances de Donald Trump de remporter l’élection présidentielle, mardi 3 novembre, sont bien supérieures à celles que lui donnent pour l’instant les sondages (11 % de chances seulement selon le site de référence FiveThirtyEight). Car l’économie américaine a très fortement rebondi au troisième trimestre, selon les premières estimations publiées jeudi 29 octobre par le département du commerce. En effet, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a atteint 33,1 % en rythme annuel au troisième trimestre, après une chute de 31,4 % au deuxième trimestre. Si l’on prend les chiffres trimestriels, l’économie a crû de 7,4 % par rapport au trimestre précédent, après un recul de 9 % au deuxième trimestre.

Par rapport à 2019, le PIB du troisième trimestre reste inférieur de 2,9 %. Au total, selon les prévisions du Wall Street Journal, la récession pour l’année 2020 devrait être de 3,5 % – en France, elle devrait être de 10 %. Toutefois, le rebond de l’économie devrait se ralentir en raison de la persistance de l’épidémie liée au coronavirus.

Reprise de la consommation

Côté emplois, l’Amérique avait récréé, fin septembre, la moitié des 22 millions de « jobs » qu’elle avait détruits en mars et avril, lorsque l’activité avait été mise à l’arrêt. Le taux de chômage était retombé à 7,9 %. Il devrait reculer de nouveau en octobre, les inscriptions au chômage ayant atteint, pour la semaine close le 24 octobre, 751 000, en recul de 40 000. Ce chiffre est élevé, mais il est le plus bas depuis la mi-mars. Ces chiffres de l’emploi d’octobre ne seront connus qu’après l’élection.

Donald Trump s’est immédiatement réjoui de l’indice de croissance sur Twitter. « Le chiffre du PIB vient d’être annoncé. Le plus grand et le meilleur de l’histoire de notre pays, et même pas proche. L’année prochaine sera FANTASTIQUE !!! Cependant, Sleepy Joe Biden et sa proposition d’augmentation record des impôts tueraient tout. Je suis tellement content que ce grand chiffre du PIB soit sorti avant le 3 novembre », a écrit le président sortant.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Présidentielle américaine, J − 5 : Donald Trump persiste à minorer le Covid-19

La bonne tenue de l’économie s’explique par la reprise de la consommation (en hausse de 40 % en rythme annuel) et notamment dans les services et les biens durables (82 %). L’Amérique a aussi résisté grâce à la puissance du high-tech, et la crise a permis une bascule numérique majeure. Cette transition s’est faite aux dépens des petits commerces et au prix d’une gestion incontrôlée de l’épidémie de Covid-19, qui a fait plus de 220 000 victimes. Donald Trump, dans le débat du 22 octobre, a accusé Joe Biden, qui axe toute sa campagne sur la mauvaise gestion de la pandémie par son adversaire, de vouloir mettre à l’arrêt l’activité, contre la volonté de la population. « Nous apprenons à vivre avec. Nous n’avons pas le choix. Nous ne pouvons pas nous enfermer dans un sous-sol comme le fait Joe Biden », a-t-il lâché.

Il vous reste 42.92% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

La Commission européenne pousse en faveur d’une hausse des salaires minimums

La présidente de la Commisson européenne, Ursula von der Leyen, à Bruxelles, le 15 octobre.

La proposition de la Commission européenne en faveur d’un salaire minimum « adéquat », présentée mercredi 28 octobre, était attendue avec espoir ou fébrilité, selon que l’on se situait du côté des représentants des salariés ou des patrons du Vieux Continent. Ursula von der Leyen, présidente de l’institution, avait fait de cette initiative une priorité lors de son discours sur l’Etat de l’Union européenne (UE), le 16 septembre. « Pour trop de personnes, le travail ne paie plus. Chacun doit avoir accès à un salaire minimum », avait-elle affirmé.

La clef de voûte de cette initiative sociale est une directive : un instrument contraignant qui ne vise pas à lancer un salaire minimum européen – ce qui contreviendrait aux traités –, mais dont l’ambition est de « créer une dynamique positive », selon les mots de Nicolas Schmit, commissaire européen à l’emploi et aux affaires sociales. Autrement dit, une convergence à la hausse des salaires minimum.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Commission de Bruxelles relance le chantier du salaire minimum européen

Leur niveau doit augmenter, et les exemptions doivent être limitées. « Le message est fort et clair. Il faut que le travail paie », a ajouté le commissaire. Un message d’autant plus important que, en cette période de crise sanitaire due au Covid-19, « ceux qui gagnent le moins sont ceux qui souffrent le plus », a rappelé Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission.

La réaction du patronat a été immédiate, et plutôt hostile. Pour Business Europe, organisation faîtière d’employeurs, dont le Medef est membre, l’exécutif s’aventure bien au-delà de ses prérogatives. « La Commission a tout faux en proposant une directive, dénonce Markus Beyrer, son directeur général. On va créer un monstre législatif. Nous ne sommes pas complètement contre des orientations européennes en la matière, mais cela doit se faire de façon non contraignante. » Esther Lynch, secrétaire générale adjointe de la Confédération européenne des syndicats, pense au contraire qu’une directive est un outil approprié pour « combattre l’injustice et l’exploitation des plus bas salaires. Même s’il manque le détail sur la façon dont cela sera fait ».

Indicateurs inquiétants

Si la Commission a privilégié cette voie pour progresser sur la question des salaires, le contenu du texte s’apparente plutôt à une méthode douce. Chaque année, l’évolution des salaires minimum ferait l’objet d’évaluations par l’institution, laquelle émettrait des recommandations afin d’encourager la convergence et l’établissement de critères communs pour fixer et réajuster le niveau des smic. Des instances de concertation avec les partenaires sociaux devraient être créées dans chaque Etat membre.

Il vous reste 51.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Nouvelle grève à la raffinerie Total de Grandpuits en Seine-et-Marne

La raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne).

Les salariés de la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), que Total a décidé de reconvertir, ont voté mercredi 28 octobre une nouvelle grève et l’arrêt des expéditions de carburant pendant quarante-huit heures, a-t-on appris auprès de la CGT : « Pas une goutte de carburant ne sortira entre jeudi 6 heures et samedi 6 heures. » « Nous réclamons des discussions sur l’emploi dans le cadre du PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] », a déclaré Adrien Cornet, délégué CGT (majoritaire).

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Grandpuits : Total ferme la raffinerie et promet une plate-forme « zéro pétrole »

« Total continuera à assurer les approvisionnements de son réseau de station-service et de ses clients », a indiqué Total mercredi soir. Les expéditions de carburant avaient déjà été bloquées le 13 octobre par un arrêt de travail mené par une intersyndicale.

Total a annoncé en septembre que le raffinage à Grandpuits cesserait « fin 2023 ». Il doit laisser place à un projet de reconversion centré sur la production de biocarburants et de bioplastiques, et à l’exploitation de deux centrales solaires photovoltaïques, selon le géant pétrolier.

« Trous énormes dans l’organigramme »

D’un budget de 500 millions d’euros, ce redéploiement n’entraînera aucun licenciement mais des départs à la retraite anticipée et des mobilités internes vers d’autres sites, avait affirmé Total. Le groupe avait assuré que 250 postes sur les 400 que comptent aujourd’hui la plateforme de Grandpuits et le dépôt associé de Gargenville (Yvelines) seraient maintenus.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les majors du pétrole face à leurs engagements climatiques

Un scénario auquel ne croient pas les syndicats, qui craignent la suppression de « 700 emplois directs et indirects » et réclament « des réunions pour pouvoir discuter de l’emploi ». « Total refuse de discuter ce chiffre de 250 postes, mais cela ne suffira pas, il y aura des trous énormes dans l’organigramme, qui ne permettront pas d’assurer la sécurité et la maintenance » du site, estime Adrien Cornet.

Une nouvelle assemblée générale doit se tenir mardi 3 novembre pour décider de la suite à donner au mouvement, a indiqué la CGT.

Le Monde avec AFP