Archive dans 2020

« Le grand cafouillage » des tests Covid en entreprise

« Ce protocole sanitaire prévoit que les employeurs puissent proposer à leurs salariés de passer des tests de dépistage rapide, qui permettent d’obtenir des résultats en 10 à 30 minutes. »

Le gouvernement a fait volte-face, en autorisant finalement les entreprises à mettre en place des tests de dépistage rapide du Covid-19. « Si on peut permettre aux entreprises de faire ces tests, c’est parce qu’on a les nouveaux tests, les fameux tests antigéniques, qui ne nécessitent pas de passer par un laboratoire de biologie », a précisé la ministre du travail, Elisabeth Borne, à l’occasion de la parution du nouveau protocole national pour les entreprises.

Mis en ligne le 29 octobre, ce protocole sanitaire prévoit que les employeurs puissent proposer à leurs salariés de passer des tests de dépistage rapide, qui permettent d’obtenir des résultats en 10 à 30 minutes. Pas question, toutefois, de les y contraindre : les salariés doivent obligatoirement se montrer volontaires. Ces tests doivent, par ailleurs, être intégralement pris en charge financièrement par l’entreprise, « dans des conditions garantissant la (…) stricte préservation du secret médical », précise le texte. Aucun résultat ne peut donc être communiqué à l’employeur.

Simple sur le papier, moins dans la pratique. Plusieurs zones d’ombre subsistent : qui est habilité à réaliser ces tests ? Dans quelles conditions ? Face à cette nouvelle possibilité offerte aux entreprises, les professionnels de santé au travail s’avouent perplexes. « On a des employeurs plutôt demandeurs, très inquiets d’avoir un cluster, constate Pascal Le Deist, directeur général de l’OPSAT Franche-Comté, une association qui fédère des services de santé interentreprises. Mais pour le moment, on est encore bloqués. Il nous faut un texte qui vienne encadrer et autoriser nos infirmiers et nos médecins à réaliser des tests de dépistage. »

Dans l’attente de ce texte, les professionnels de santé au travail ont les mains liées. « C’est le grand cafouillage, s’emporte Nadine Rauch, présidente du Groupement des infirmiers de santé au travail (GIT). Nous ne savons pas comment encadrer nos infirmiers pour qu’ils puissent faire passer ces tests ». Si leur mise en œuvre doit obligatoirement être le fait d’un professionnel de santé – pharmacien, infirmier, médecin –, « tous ne sont pas encore formés », avertit le directeur de l’OPSAT. Sachant que les tests nasopharyngés nécessitent le passage d’un écouvillon dans la narine, une opération demandant un certain doigté.

Pas de blanc-seing

« On n’a pas encore le protocole décisionnel, afin de savoir dans quel cas on accède ou pas à la demande de l’entreprise », ajoute Pascal Le Deist. Car le protocole du 29 octobre n’est pas un blanc-seing donné à l’employeur. « Face à une demande de tests de dépistage, il n’y a pas de validation automatique », avertit le professionnel. Bien que le protocole évoque uniquement la mise en place des tests rapides (antigéniques), « c’est le médecin du travail qui détermine quels types de tests doivent être passés et dans quelles conditions, en fonction des préconisations de la Haute Autorité de santé ». Le directeur de l’OPSAT rappelle que la sensibilité du test de dépistage antigénique ne permet pas toujours de détecter les cas asymptomatiques.

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Deliveroo, Uber Eats… : avec le chômage lié au Covid-19, la concurrence s’exacerbe entre livreurs

Encore quelques semaines à pédaler pour Deliveroo et Uber Eats en tant que micro-entrepreneuse, puis elle sera « salariée de [sa] propre entreprise », explique Marine Stieber, livreuse depuis deux ans à Strasbourg. Jeudi 5 novembre, elle a lancé, avec quelques collègues, Kooglof !, une plate-forme sous forme associative qui deviendra, à terme, une coopérative, avec « cinq ou six livreurs », qui ne livreront pas uniquement pour la restauration. « Nous serons salariés dès que nous aurons un emploi du temps régulier, ce que nous prévoyons pour début 2021. »

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Kooglof ! adhère à la fédération Coopcycle, qui a déjà essaimé plusieurs coopératives de livraison à Paris, Nantes, etc., auxquelles elle fournit un logiciel ad hoc. Des projets mûrissent dans d’autres villes comme Rennes, où, selon Hugo, livreur, « des restaurants, des commerces cherchent des alternatives aux plates-formes classiques » qui leur prélèvent des commissions autour de 30 %. En parallèle, « on continue le combat pour les droits des travailleurs », précise Arthur Hay, coopérateur des Livreurs bordelais et secrétaire général des livreurs CGT de Bordeaux. Le 30 octobre, son syndicat a lancé une mobilisation pour une hausse des rémunérations, un droit à la sécurité sociale, etc. Selon Ludovic Rioux, secrétaire général de la CGT des livreurs à Lyon, « environ 300 livreurs » ont participé à ce mouvement. « Quelques dizaines », selon Deliveroo.

La coopérative se veut une réponse à des conditions de travail de plus en plus dégradées. « Je dois travailler dix heures par jour pour gagner 100 euros, alors qu’auparavant, cinq ou six heures suffisaient, indique Marine. Il y a trop de livreurs. »

« En sureffectif »

« Trop de livreurs » : une expression qui s’entend un peu partout en France. Avec les confinements, les plates-formes ont agrandi leur équipe et le nombre de « restaurants partenaires ». « Nous avons 15 000 restaurants partenaires, dont 3 000 nous ont rejoints lors du premier confinement », explique-t-on chez Deliveroo, qui assure développer « la taille de [sa] flotte de manière proportionnée à [ses] besoins opérationnels ». Ils sont 11 000 livreurs actuellement. De son côté, Uber Eats indique avoir « 20 000 restaurants partenaires, contre 10 000 un an plus tôt. Et notre activité a doublé entre le deuxième trimestre 2019 et celui de 2020 ». Quant au nombre de livreurs, Uber Eats en comptait 30 000 début 2020 − soit deux fois plus qu’un an plus tôt −, auxquels sont venus s’ajouter 5 000 nouveaux entre mars et juin.

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En neuf mois, la crise a effacé près d’un an et demi d’intenses créations d’emplois

L’embellie estivale réelle est insuffisante. Selon les données publiées ce vendredi 6 novembre par l’Insee, l’économie française a créé 344 400 emplois au 3e trimestre 2020. Un rebond important qui ne parvient toutefois pas à effacer des tablettes un premier semestre désastreux au cours duquel 650 000 emplois salariés avaient été détruits dans le secteur privé.

Au final, il manque encore 305 600 emplois salariés dans le secteur privé pour atteindre à nouveau le niveau d’emploi qui était le sien en décembre 2019 (19,75 millions de postes, contre 19,44 fin septembre 2020).

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Retour fin 2018

L’économie française a donc fait un important saut dans le passé. Les 19,44 millions d’emplois salariés privés enregistrés fin septembre dépassent en effet à peine le niveau constaté à la fin du 3e trimestre 2018 (19,41 millions). En neuf mois, la crise économique liée au Covid-19 a effacé près d’un an et demi d’intenses créations d’emplois. Sans le rebond enregistré au 3e trimestre, c’est à début 2017 qu’il aurait fallu remonter (19,05 millions d’emplois salariés privés à l’époque, contre 19,09 fin juin 2020).

Malgré le soutien du chômage partiel, la chute du niveau de l’emploi salarié est vertigineuse. La crise liée au Covid-19 est pour le moment un peu moins dévastatrice que celle de 2008-2009, mais elle l’est beaucoup plus que le ralentissement de 2012-2013.

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Rapportée au stock d’emplois salariés privés de l’époque, la chute avait été de 2,5 % en 2008-2009 et de 0,8 % en 2012-2013, contre une baisse de 1,5 % entre janvier et septembre 2020. Mais les dégâts du second confinement vont bientôt s’ajouter à ceux du premier, et le bilan 2008-2009 pourrait être dépassé.

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L’équivalent de secteurs entiers

A titre de comparaison, ces 305 600 postes supprimés équivalent presque à la totalité des emplois salariés (hors intérim) répertoriés avant la crise dans les industries chimiques, pharmaceutiques et textiles réunies (330 500 postes fin 2019).

Ils représentent également plus du total des postes salariés du secteur des arts, spectacles et activités récréatives (302 400) ou de celui de l’hébergement (269 700 fin 2019).

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Dans les départements, cette chute équivaut presque à la disparition de tous les postes de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane réunies (301 500), et presque à la disparition de ceux de la Charente et de la Charente-Maritime (330 500 à eux deux). Les 305 600 emplois perdus entre janvier et septembre représentent également plus de 16 % des 1,8 million d’emplois salariés parisiens.

Reconfinement : « Certaines victimes ont d’ores et déjà tombe ouverte dans le cimetière de la pandémie : les entrepreneurs »

Tribune. La séquence politique et médiatique autour du reconfinement annoncée mercredi 28 octobre par le président de la République promet de balayer tous les sujets de préoccupation et de sidérer les opinions publiques plus encore qu’au mois de mars. Si la maladie frappe les Français au hasard, certaines victimes ont d’ores et déjà tombe ouverte dans le grand cimetière de la pandémie : les entrepreneurs.

La France dit les porter en bandoulière. Pourtant, le problème de leur protection sociale reste totalement sous-estimé encore à ce jour. Les conséquences s’annoncent lourdes, à la suite de la fermeture des boîtes de nuit, des salles de sport, du restaurant près du bureau pourtant apprécié mais lui aussi emporté par la vague des comorbidités engendrées par le couvre-feu et un deuxième confinement.

Derrière ces entreprises, ils sont des centaines de milliers, femmes et hommes, entrepreneurs engagés pour leur territoire, inclusifs socialement et économiquement, facteurs de concorde sociale. En Espagne, en Italie, ils ont perdu patience. La France saura-t-elle démontrer la différence de son modèle social ?

Des victimes collatérales

Chaque année en France, jusqu’en 2019, 50 000 femmes et hommes dirigeants mettent la clé sous la porte, soit 140 par jour, dans une indifférence quasi générale. De ce qui relève de la catastrophe, le Covid-19 va l’élever au rang de cataclysme puisque ce chiffre sera multiplié par trois à la suite de la crise que nous affrontons encore ! Au bas mot, de 100 000 à 150 000 chefs d’entreprise, au premier rang desquels les dirigeants de très petites entreprises (TPE), vont disparaître.

S’ils font vivre une famille de quatre personnes, plus d’un demi-million de personnes seraient des victimes collatérales. Seul 1 % d’entre eux a anticipé une éventuelle situation de catastrophe et dispose d’un filet de sécurité. Le drame économique, social, humain est devant nous. Rappelons que sans chef d’entreprise, pas d’entreprise, et donc pas de salariés, pas de création de richesses pour notre pays.

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Et 99 % de ceux qui ne se relèveront pas perdront toutes leurs ressources pour payer les factures familiales et remplir leur réfrigérateur. Sans désir de comparer, encore moins d’opposer, mais seulement d’expliquer, comprenons qu’un salarié perdant son emploi peut, par ses cotisations obligatoires mensuelles, et c’est une excellente chose, s’appuyer sur un système d’assurance-chômage, structuré, automatique et fléché. Il n’en est rien pour les entrepreneurs qui, contrairement aux idées reçues, n’ont pas droit au chômage, quel que soit leur statut.

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« Je ne veux pas que mon établissement tombe aux mains des charognards » : face au confinement, la colère monte chez les restaurateurs

Devant le restaurant

Au restaurant Le Mesturet, dans le quartier de l’Opéra Garnier à Paris, pas question de renoncer à la tradition du beaujolais nouveau cette année. Les amateurs pourront le déguster le 19 novembre. « Je vais le proposer en vente à emporter. Il faut se donner du baume au cœur, ne pas lâcher », affirme Alain Fontaine, patron de cet établissement et président de l’Association française des maîtres restaurateurs.

Et pourtant, le moral n’est pas au beau fixe. « Je ressens une profonde colère et une amertume », dit-il. Le deuxième confinement, instauré depuis jeudi 29 octobre à minuit, a vidé une nouvelle fois Le Mesturet de ses clients. Dans la salle de restaurant, les chaises sont empilées sur les tables. Près de la porte, sur un tonneau, les multiples flacons de gel hydroalcoolique ont été regroupés. Témoins de mesures sanitaires renforcées prises récemment par la profession pour tenter de maintenir l’activité des bars et restaurants. Las. La recrudescence des cas de Covid-19 en France a contraint le gouvernement à instaurer une salve de restrictions, entraînant leur arrêt.

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Un nouveau choc, après celui brutal de la fermeture administrative décrétée, le 17 mars, lors du premier confinement national. « Nous avions dû donner et jeter une partie de la marchandise. Cela a représenté une perte de 7 000 euros », se souvient M. Fontaine. Rien de tel cette fois, car l’établissement continue de tourner au ralenti grâce à la vente à emporter. Une option choisie le 12 mai, après près de deux mois de fermeture, pour relancer la machine, avant la réouverture autorisée des terrasses puis des salles de restauration en juin.

Livraison réfrigérée

« Je propose toute la carte sauf les grillades », précise M. Fontaine. Mais l’activité reste limitée. « J’ai facturé l’équivalent de 1 000 euros vendredi 30 octobre, à comparer à un chiffre d’affaires moyen habituel quotidien de 7 000 à 8 000 euros », précise M. Fontaine. Il se refuse à céder aux sirènes des plates-formes de livraison à domicile. « Je ne veux pas travailler avec Deliveroo qui paie ses impôts en Hollande ou avec Uber Eats qui n’en paie pas », dit-il soulignant que ces entreprises prennent une commission de 25 % à 30 % qui oblige à augmenter les prix.

Il n’est pas le seul à s’interroger sur les alternatives alors que nombre de restaurants se sont organisés pour élaborer un menu à déguster chez soi. A l’exemple de la chef étoilée Stéphanie Le Quellec, qui propose une livraison réfrigérée dans toute la France avec l’appui du service Chronofresh. Quant à Jean-François Piège, qui a créé une offre baptisée « Jean-François Piège à la maison », il a choisi de travailler avec Olvo, une coopérative de coursiers à vélo couvrant la ville de Paris.

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Le monde associatif frappé de plein fouet par la crise liée au Covid-19

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Publié aujourd’hui à 03h18, mis à jour à 09h07

Alors que la France retrouvait le confinement le 30 octobre, une période de grande incertitude s’est ouverte pour les associations. L’année 2020 aura été, pour beaucoup d’entre elles, un calvaire. Selon le Mouvement associatif, 66 % des associations ont été appelées à suspendre leurs activités ou à revoir leur mode de fonctionnement au printemps. Nombre d’entre elles ne sont pas sûres de pouvoir s’adapter à un nouveau coup d’arrêt : à la rentrée, on comptait 4 000 associations employeuses menacées de disparaître et près de 30 000 associations en risque de dépôt de bilan.

La crise due au Covid-19 a frappé de plein fouet les associations sur le plan financier. A la sortie du premier confinement, le Mouvement associatif annonçait 1,4 milliard d’euros de pertes sur mars et avril. « Des pertes qui devraient encore augmenter d’ici à la fin de l’année », prédit Philippe Jahshan, président du Mouvement associatif.

Lors du premier confinement, 86 % d’entre elles ont été contraintes d’annuler des événements majeurs générant des revenus. C’est le cas du CCFD-Terre solidaire (Comité catholique contre la faim et pour le développement), qui n’a pas pu faire sa collecte de carême. A cela s’ajoute la baisse importante des dons et du mécénat.

Baisse des effectifs salariés et bénévoles

La crise sanitaire a également touché les associations au niveau de l’emploi. A la rentrée, 55 000 associations ont déclaré qu’elles ne pourraient pas maintenir leurs effectifs salariés en l’état. Parmi celles-ci, 30 000 en comptent moins de cinq. « Dans le secteur associatif employeur, on note, au premier semestre, une diminution de 3,5 % des effectifs, soit 60 000 emplois. Aujourd’hui, seuls 8 % des associations prévoient de recruter », précise Philippe Jahshan.

L’impact de la crise se fait également sentir au niveau de l’engagement associatif. Alors que depuis vingt ans, 70 000 associations étaient créées en moyenne chaque année, le réseau d’experts Recherches & Solidarités annonce une baisse de 40 % des créations associatives sur 2020. Les adhésions sont également en nette diminution : les secteurs du sport, du loisir et de la culture font état d’un recul allant de 25 % à 40 %.

Un coup dur pour ces associations où les cotisations représentent entre 20 % et 35 % du budget annuel. « Ce sont autant d’impacts sur le lien social qui maille le territoire », s’inquiète le président du Mouvement associatif. La crise a également privé les associations du bénévolat senior, particulièrement vulnérables au SARS-CoV-2, le virus responsable
du Covid-19.

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Inquiétude grandissante chez les salariés de Lagardère

Les tractations entre Bernard Arnault, PDG de LVMH et allié d’Arnaud Lagardère, et Vincent Bolloré, premier actionnaire du groupe Lagardère à travers Vivendi, inquiètent sérieusement les salariés du groupe Lagardère. L’hypothèse d’une cession des activités internationales d’Hachette à Vivendi le propriétaire d’Editis, numéro deux français de l’édition, fait grincer des dents.

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Jeudi 5 novembre, lors de la présentation des résultats du troisième trimestre encore sérieusement secoués par la crise, avec un chiffre d’affaires en recul de 38 % à 1,2 milliard d’euros obligeant le groupe à poursuivre sa stratégie de réduction des coûts, Arnaud Lagardère, le gérant de Lagardère SCA, a opposé un démenti à ce qu’il qualifie de « rumeurs ».
« Il n’existe actuellement aucune négociation sur une cession au sein du groupe, ni sur un quelconque changement dans sa structure en commandite par actions », a-t-il déclaré, tout en ajoutant un énigmatique : « Nous avons, bien sûr, des discussions avec tous les actionnaires. »

« Pas naïfs »

Les salariés du groupe sont, néanmoins, sortis de leur habituelle réserve. Les membres du comité de groupe qui représentent les 25 000 salariés des différentes branches ont condamné « par avance toute orientation visant à démanteler [le groupe] pour en tirer un avantage purement financier ou pour exercer des influences politiques ». « Interloqués par la violence feutrée du rapport de force qui oppose les actionnaires [et] inquiets des conséquences [de] ces grandes manœuvres », ils ont appelé de leurs vœux « une stratégie de long terme guidée par une vision industrielle », tout en refusant de « prendre parti pour l’un ou l’autre des camps qui s’affrontent ».

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« Nous allons croire notre président Arnaud Lagardère, mais nous avons des doutes », affirme, pour sa part, Noëlle Genaivre, secrétaire du comité de groupe et du CEE du groupe Lagardère. « Il nous avait déjà dit, par exemple, que Elle, c’était sacré”, ce qui ne l’a pas empêché de le vendre. On peut une fois de plus avoir des doutes, il y a eu pas mal de cessions, on n’est pas naïfs. (…) Vendre à la découpe fragiliserait encore plus le livre », assure-t-elle.

Les élus du comité social et économique central d’Hachette Livre Edition et Distribution ont également envoyé, jeudi, une lettre à Emmanuel Macron, à Jean Castex et à la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, en leur demandant également d’éviter « le découpage d’une entreprise en bonne santé » – son chiffre d’affaires a augmenté de 6 % à 704 millions d’euros au troisième trimestre – et « d’intervenir dans cet imbroglio politico-financier ». Ces élus affirment s’opposer « fermement au démantèlement, injustifié socialement et économiquement » d’Hachette Livre.

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Eurosport va subir une cure d’amaigrissement

La nouvelle a douché les salariés d’Eurosport et de Discovery. Mercredi 4 novembre, ils ont appris que les effectifs allaient subir une importante cure d’amaigrissement. Selon nos informations, la nouvelle leur a été communiquée au lendemain d’un comité social et économique (CSE) au cours duquel la direction a annoncé que 59 postes allaient être supprimés. Soit environ 10 % des effectifs, qui atteignent 500 personnes. Ce plan doit concerner tout le bureau parisien, qui comprend les chaînes Eurosport France, Eurosport International et Discovery France, filiale de la maison mère américaine Discovery, qui a racheté Eurosport en 2015 à TF1.

La direction le justifie par une perte de revenus, notamment dans l’activité de diffusion traditionnelle des programmes (par opposition aux nouvelles formes de consommation de la télévision, comme le replay), rapporte une source. « Nous ne sommes pas à l’abri des importantes perturbations auxquelles est confrontée l’industrie des médias. Cependant, nous nous sommes préparés à ce paysage grâce à des investissements importants », précise l’entreprise.

Attendre les Jeux olympiques

Parmi les équipes touchées, les techniciens vidéo et le personnel qui s’occupe de la gestion de l’antenne pourraient être concernés. Mais à ce stade, « personne ne sait qui s’en va », indique un salarié, qui pense que la société pourrait attendre les Jeux olympiques de Tokyo, qui devaient se tenir cette année, avant d’être reportés à l’an prochain, pour mettre en œuvre ce plan.

De fait, les JO représentent un important investissement pour Eurosport, qui avait signé fin 2019 un accord avec Canal+ et France Télévisions pour l’édition 2020, l’ajoutant à celles de Pékin 2022 et de Paris 2024. Les jeux de Tokyo faisaient partie d’un ensemble de compétitions qui devaient se tenir entre 2014 et 2020, acquis à l’origine par France Télévisions en 2011 pour un montant estimé à 140 millions d’euros.

Eurosport se concentre surtout autour de deux sports phares, le tennis et le cyclisme

Ces derniers mois, Eurosport-Discovery a connu plusieurs changements de direction. Début septembre, le groupe avait annoncé à la surprise générale, le rattachement de l’antenne Eurosport France à l’Espagne, et par conséquent, le départ de Laurent Prud’homme, le patron de Discovery France, qui pilotait l’ensemble des activités. Ce dernier était en poste depuis seulement un an. Il avait succédé, à l’automne 2019, à Julien Bergeaud, parti pour diriger Mediapro, nouveau détenteur de la Ligue 1 et aujourd’hui en difficulté.

Ce n’est pas la première fois que le groupe audiovisuel mène un plan d’économies dans l’Hexagone. Fin 2018, Eurosport avait signé avec les syndicats une « rupture conventionnelle collective » portant sur la suppression de 26 postes, dont 12 journalistes. A ce jour, Eurosport se concentre surtout autour de deux sports phares, le tennis et le cyclisme.

Hasard de calendrier, la maison mère Discovery a publié ses résultats du troisième trimestre le 5 novembre. Sur les neuf premiers mois de l’année, son chiffre d’affaires mondial a reculé de 4 %, à 2,56 milliards de dollars, tandis que le résultat net a chuté de 40 %, à 948 millions. L’entreprise ne donne pas de détails pays par pays, mais il apparaît que le résultat d’exploitation de l’activité internationale (hors Etats-Unis) a baissé de 29 %, à 527 millions.

« La Provence » prévoit 18 licenciements économiques

Au siège de « La Provence », à Marseille, en 2012.

A quelques minutes d’entrer en comité social et économique (CSE), jeudi 5 novembre après-midi, la direction de La Provence s’est vu remettre une motion de défiance. Un texte énergique, apporté en réponse de l’annonce, le 22 octobre, de la prochaine mise en œuvre de deux procédures de licenciement pour raisons économiques de neuf personnes en deux exemplaires : l’un, pour la société éditrice La Provence, l’autre, adressé à la régie du groupe, La Provence Media. Consultés, les élus doivent rendre leur avis, purement consultatif, le 23 novembre au plus tard.

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« De nombreux collègues de la rédaction, et au sein de l’entreprise, ont dit être choqués, abasourdis par cette procédure inhumaine, abjecte et brutale », s’insurgent les 124 signataires (sur 182 journalistes en CDI) de la motion. Au-delà de ce plan de licenciement économique, le premier depuis 1997, c’est la manière dont l’information a circulé qu’ils fustigent. « Tandis que les élus du CSE sont tenus à la confidentialité, détaillent-ils, des médias ont publié dès le lendemain qu’il s’agissait de quatre cadres de la rédaction en chef. Aucun démenti n’a été fait par la direction, et la rumeur ne fait qu’enfler depuis. »

Evénementiel à l’arrêt

La hiérarchie du journal se résumerait à la seule personne du directeur des rédactions, Guilhem Ricavy, sans qu’« aucun plan cible de réorganisation » n’ait été présenté pour pallier les manques, blâme Audrey Letellier, déléguée syndicale SNJ, majoritaire dans l’entreprise. Contacté, le PDG Jean-Christophe Serfati n’a pas souhaité faire de commentaire.

Ces annonces interviennent au moment où le deuxième confinement s’apprête à tendre un peu plus une situation économique déjà compliquée. Selon plusieurs sources internes, la direction anticiperait des pertes d’environ sept millions d’euros en 2020, après en avoir perdu 2,8 millions l’an dernier. Comme au printemps, les éditions régionales sont de nouveau passées de 10 à 6, tandis que les difficultés de la distribution de la presse nationale dans la région de Marseille, consécutive à la liquidation de Presstalis, n’aurait pas permis au quotidien régional d’en tirer parti pour lui-même. Enfin, la crise sanitaire a sévèrement touché la partie événementielle du groupe, pratiquement à l’arrêt. Autant d’inquiétudes que la mise en liquidation de l’actionnaire majoritaire de La Provence, Groupe Bernard Tapie, le 30 avril 2020, ne permet pas d’apaiser.

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La Fondation Aventinus rachète le quotidien suisse « Le Temps »

Rassemblement, en 2017, à l’occasion de la suppression du magazine « L’Hebdo » par le groupe Ringier Axel Springer, également propriétaire du « Temps ».

C’est une première en Suisse. Une fondation à but non lucratif s’est emparée, mardi 3 novembre, du quotidien Le Temps, titre de référence de la presse francophone en Suisse, en grande difficulté financière depuis de nombreuses années. Il luttait pour sa survie dans un contexte publicitaire déprimé et sur fond de chute continue de son nombre d’abonnés – estimé à 20 000, deux fois moins qu’il y a cinq ans –, sans compter que, dans la Confédération, les ventes en kiosque sont traditionnellement anémiques.

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Récemment, le journal a certes amélioré son offre en ligne, mais sans parvenir encore à attirer un nombre d’abonnés suffisant pour changer de modèle d’affaires. Pour l’instant, il n’en compte que 14 000. Pire, avec le SARS-CoV-2, les rentrées publicitaires ont encore chuté de 80 % au premier semestre dans la presse romande. Urgente pour pouvoir sauver le patient, l’opération de rachat était en cours depuis près d’une année, mais il a fallu des mois pour dénouer les fils d’une négociation complexe entre la Fondation Aventinus et le propriétaire du journal, le groupe Ringier Axel Springer, coentreprise entre le premier éditeur helvétique (Ringier), installé à Zurich, et le géant berlinois (Axel Springer).

Ni le montant de la transaction – estimé par la Radio télévision suisse à 6,5 millions d’euros – ni le montant de la dette reprise au passage ne sont connus, quand bien même le président de la Fondation Aventinus, l’ex-ministre genevois François Longchamp, a précisé que l’un des objectifs du nouvel équipage était « la transparence ».

Trouver un modèle

Pour Le Temps, c’est plus qu’un bol d’air, presque une intervention divine. Comme l’ensemble des titres de presse du pays, il vivait sous la menace permanente de plans sociaux successifs, alors que la pression, sur la rédaction, de l’éditeur, obsédé par le rendement et les marges bénéficiaires, n’avait jamais cessé. « L’objectif financier n’est pas prioritaire, confirme M. Longchamp, mais cela ne veut pas dire que la fondation est un puits sans fond. Nous demanderons aux équipes d’établir un projet qui corresponde à un budget établi, et qui doit surtout trouver son marché et son public. Nous ne voulons pas subventionner le journal d’une génération qui s’en va, mais développer un titre ambitieux. »

Lancée en 2019, la Fondation Aventinus est abondée par trois autres fondations. Elle a pour objectif d’aider une presse indépendante et de qualité. Derrière elle, on retrouve les fondations genevoise Hans Wilsdorf (montres Rolex) et vaudoise Leenaards (vieille fortune belge du « roi de la capsule de bouteille » installé à Lausanne il y a des décennies), ainsi que la Fondation Jan Michalski, de Vera Michalski, une héritière du groupe pharmaceutique Hoffmann-La Roche, à Bâle, elle-même propriétaire du groupe d’édition Libella. En plus d’Aventinus, cinq banquiers privés genevois, désireux de garder l’anonymat, participent à l’opération.

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