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Taux de chômage à 9 %, forte hausse au troisième trimestre

Illustration Pôle emploi.

Le taux de chômage a bondi de 1,9 point au troisième trimestre 2020 pour s’établir à 9 % de la population active en France (hors Mayotte), selon les chiffres publiés mardi 10 novembre par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

La France compte 2,7 millions de chômeurs, soit 628 000 personnes de plus au cours du trimestre, entre juillet et septembre. Sur un an, le taux de chômage, mesuré selon les normes du Bureau international du travail (BIT), est en hausse de 0,6 point.

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Le taux au 3e trimestre se situe à 0,9 point au-dessus de son niveau d’avant la crise sanitaire au 4e trimestre 2019, précise l’Insee. Le chiffre est conforme aux dernières prévisions de l’institut. Dans une note de conjoncture, au début d’octobre, l’Insee avait prévu que le taux de chômage atteindrait 9 % au 3e trimestre puis 9,7 % à la fin de 2020, soit 1,6 point de plus qu’un an plus tôt.

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Baisse en trompe l’œil en début d’année

Le reconfinement décidé depuis face à la reprise de l’épidémie de Covid-19 rend toutefois les prévisions économiques pour la fin de l’année et 2021 compliquées.

La forte hausse au 3e trimestre survient après une baisse « en trompe-l’œil » aux deux trimestres précédents. Au deuxième trimestre, malgré la baisse du nombre d’emplois, le taux de chômage avait ainsi diminué de 0,7 point, à 7,1 %, mais c’était lié au confinement ayant empêché beaucoup de personnes sans emploi d’en chercher un. Déjà, au premier trimestre, le taux de chômage avait reculé de 0,3 point, à 7,8 %.

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Des reculs inhérents à la définition même du chômeur au sens du BIT, traditionnel thermomètre mesurant le taux de chômage, qui définit notamment un chômeur comme une personne ayant recherché activement un emploi dans le mois précédent.

Le rebond du chômage au 3e trimestre « est d’une ampleur inédite depuis que l’Insee le mesure (1975), mais est en partie mécanique, par contrecoup de la baisse en trompe-l’œil liée au confinement », rapporte ainsi l’Insee.

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Le Monde avec AFP

Covid-19 : les enjeux d’une « grève sanitaire » dans les établissements scolaires

Des élèves d’une école primaire de Bischwiller (Bas-Rhin), le 2 novembre.

L’école peut-elle rester l’exception au serrage de vis national entamé avec le second confinement ? En appelant à leur première « grève Covid », les syndicats enseignants répondent par la négative. La FSU, FO, la CGT, le Snalc, le SNCL-FAEN et SUD-Education ont déclaré une « journée de grève sanitaire », mardi 10 novembre, « partout où les conditions sanitaires ne seraient pas réunies ». Deux syndicats de premier plan, le SGEN-CFDT et le SE-UNSA, n’ont pas rejoint cet appel.

  • Au lycée, des enseignants concentrés sur la mise en place des demi-groupes

Entre l’annonce de cette grève – le 4 novembre – et sa date effective, l’éducation nationale a signalé une avancée susceptible de couper l’herbe sous le pied des grévistes : les lycées peuvent désormais organiser l’enseignement en effectifs réduits avec une partie des élèves à distance, a fait savoir Jean-Michel Blanquer le 5 novembre.

Dès la rentrée du 2 novembre, les lycées s’étaient en effet mobilisés, déclarant la grève ou menaçant de le faire, pour obtenir les demi-groupes. De nombreux enseignants confiaient lundi soir au Monde qu’ils ne se joindraient pas au mouvement, considérant avoir obtenu gain de cause. L’heure est donc à la mise en place concrète de ces demi-groupes dans les lycées, une application de la nouvelle donne sanitaire encore hétérogène. « Les réponses aux demandes de dédoublement se font petit à petit, analyse Sophie Vénétitay, du SNES-FSU, avec des choix assez différents de roulements, parfois par blocs de plusieurs jours, parfois sur une demi-journée. »

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  • Les collèges pourraient davantage se mobiliser

Les choses se compliquent cependant pour les collèges. N’ayant pas obtenu le dédoublement des classes, ils pourraient davantage suivre l’appel du 10 novembre. « Beaucoup d’enseignants de collège ne comprennent pas pourquoi ils n’ont pas eu droit à cette mesure, rapporte Jean-Rémi Girard, du Snalc. Alors qu’ils ont des soucis assez similaires à ceux des lycées sur le brassage au moment des entrées et des sorties, dans les couloirs et à la cantine. »

Le SNES-FSU reproche à Jean-Michel Blanquer de ne pas être allé « au bout de la logique » en laissant les collèges en marge du dispositif. Le 6 novembre, sur RTL, le ministre de l’éducation nationale s’en est expliqué, arguant d’une densité « en général moins forte » au collège, où les élèves peuvent plus facilement rester dans la même classe toute la journée – puisqu’ils ne sont pas mélangés, comme les lycéens, pour les enseignements de spécialité. Les collégiens sont en outre considérés comme moins contagieux, a-t-il ajouté.

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Geoffroy Roux de Bézieux : « Il faut rouvrir tous les commerces le plus rapidement possible »

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, à Matignon, en novembre 2019.

Alors que les commerces jugés « non essentiels » sont de nouveau fermés depuis le reconfinement, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui assure avoir mis en garde l’exécutif, estime que le gouvernement « ne peut pas prendre des décisions en quarante-huit heures », auxquelles les entrepreneurs ne sont « ni préparés ni associés ».

Comprenez-vous la colère qui monte autour de la question de l’ouverture des commerces ?

Je ne suis pas surpris car j’avais prévenu le gouvernement avant la décision. Il y a une profonde colère, un profond désespoir, qui s’est installé chez des centaines de milliers d’entrepreneurs, particulièrement les commerçants qui sont confrontés parfois à des situations kafkaïennes. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en leur imposant ces nouvelles mesures de confinement, on met en péril, dans beaucoup de cas, ce qui constitue leur patrimoine, le travail de toute une vie. Dans certains cas, ils ne se remettront pas de cette crise.

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Qu’allez-vous demander au cours de la réunion qui doit se tenir jeudi 12 novembre à Bercy sur le sujet ?

La bonne solution, c’est de rouvrir tous les commerces, le plus rapidement possible. Peut-être avec des conditions sanitaires plus strictes, peut-être avec des jauges à revoir, peut-être avec un système de rendez-vous. Mais on ne peut pas passer le mois de décembre avec des magasins fermés. Ce serait un tsunami économique. Et j’ajoute que l’impact va au-delà des commerces : quand les magasins de jouets sont fermés, ce sont des fabricants qui sont touchés.

A quelle date faut-il rouvrir ?

Le plus important est de donner rapidement un signal, une perspective. Les entrepreneurs ont besoin d’anticiper et d’espoir pour vivre. Il y a un risque que cette colère se tourne vers le gouvernement. Si en décembre, les commerces non alimentaires sont fermés, il sera difficile de maîtriser ce que l’on voit monter.

Ce sera plus difficile pour les restaurants…

Regardez l’exemple de Singapour. Pourquoi ne pas demander aux gens qui veulent aller au restaurant d’accepter d’être géolocalisés ? Il faut qu’on accepte que cette technologie soit mise temporairement au service de la lutte contre la pandémie.

Comment redonner aujourd’hui des perspectives aux entreprises ?

Soyons justes : on a tous été pris de court par l’ampleur de cette deuxième vague. Maintenant, ce qui semble se dessiner, c’est que l’on va devoir vivre et travailler avec le virus jusqu’à ce qu’un vaccin soit disponible. C’est ça la réalité. Le gouvernement ne peut pas prendre des décisions en 48 heures, auxquelles nous ne sommes ni préparés ni associés. Ce qu’on attend de l’exécutif, c’est une stratégie sanitaire et économique de long terme. Dans ce contexte, la parole publique est très importante, et le « stop and go » est dévastateur pour la confiance.

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Cordes et âmes : Mirecourt, terre de luthiers

Mirecourt, Mirecourt, 30 octobre 2020. atelier de Jean-Claude Condi, luthier. Nyckelharpa.

PASCAL BASTIEN POUR « LE MONDE »

Par

Publié aujourd’hui à 01h38

Dans la plaine lorraine, un ciel anthracite pèse de toute sa masse sur l’horizon. Ce sont déjà les Vosges, mais pas encore ses reliefs. Des champs, des pâturages, des chênaies, un paysage presque plat, clôturé, imprégné de crachin, cerne Mirecourt en cette fin d’après-midi. Dans le village, les rues alignent leurs crépis abîmés jusqu’au centre-bourg, où la pointe effilée du clocher semble vouloir écorcher le coton gris des nuages.

« Nous subissons la concurrence de la Chine, mais eux utilisent des procédés industriels, pour aller vite. Alors que nous, nous avons besoin de lenteur », Alain Carbonaré, luthier à Mirecourt.

Mirecourt n’aimante pas autant les touristes que les thermes de Contrexéville et de Vittel, tout proches. Le village a pourtant du charme, avec sa rivière, le Madon, qui serpente sagement à l’ombre des tilleuls jaunis, des halles voûtées et des portes du centre-ville, qui ouvrent parfois, au bout d’étroits couloirs, sur d’incroyables cours Renaissance aux escaliers somptueusement décorés… Et c’est grâce à lui que la France chante et danse depuis près de cinq siècles.

Alain Carbonaré, luthier, travaille à la fabrication d'un violon dans son atelier, à Mirecourt (Vosges), le 30 octobre.

A l’orée du XVIIe siècle, c’est ici, dans le chef-lieu d’un des grands bailliages du duché de Lorraine, qu’apparaissent les premiers « faiseurs » de violons. Là que naissent des dynasties de luthiers et d’archetiers, puis les grandes fabriques, au milieu du XIXe, qui accélèrent la cadence, employant jusqu’à 800 salariés. Violons, violoncelles, altos, contrebasses, guitares, orgues… A un tempo soutenu, le village inonde le pays de dizaines de milliers d’instruments, avant que le succès de la musique enregistrée puis la crise des années 1930 sonnent la fin du bal.

Enfin, pas tout à fait. Les politiques locaux ont mis beaucoup d’argent sur la table pour que le savoir-faire ne quitte pas le village. Une école de lutherie, aujourd’hui renommée, a été ouverte en 1970, puis un musée, trois ans plus tard, qui borde aujourd’hui le Madon. Mais surtout, une poignée de résistants, une quinzaine de luthiers et d’archetiers, fabrique toujours des pièces d’exception. Grâce à eux, c’est encore ici que s’écrit l’histoire presque mystique des plus prestigieux instruments à cordes français, qui passeront entre les mains des meilleurs solistes de la planète. Sur rendez-vous, ces « artistes du bois » ouvrent les portes de leurs ateliers aux visiteurs de passage.

Dans l’atelier des luthiers Alain et Antoine Carbonaré, à Mirecourt (Vosges), le 30 octobre.

Derrière le large portail de la maison-atelier d’Alain Carbonaré, on devine, entreposé dans une grange, un amoncellement de bûches débitées en quartiers. Le bois encombre en fait les deux étages de sa vaste demeure. Le couloir de l’entrée est enseveli sous une forêt de planches, des carcasses d’instruments aux courbes féminines sont suspendues aux murs, tandis que sur le sol se tortillent dans la sciure, comme des mèches blondes et bouclées, d’innombrables copeaux de bois.

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Reconfinement : à Lyon, les indépendants défilent en cape noire sur la marche funèbre de Chopin

Rassemblement d’indépendants et de comemrçants, devant la préfecture de Lyon, lundi 9 novembre.

Le mouvement prend de l’ampleur. Plus de 300 commerçants et indépendants se sont rassemblés, lundi 9 novembre, devant les grilles de la préfecture de Lyon, contre une trentaine le lundi précédent, afin de protester contre la fermeture administrative de leurs établissements. Les professionnels de tous secteurs réclament désormais l’accès aux indemnités de chômage, et demandent aux assurances d’indemniser leurs pertes. Inspirés par leurs collègues de Toulouse, qui ont tourné une vidéo sur la place du Capitole, en mimant leurs chutes, les commerçants lyonnais ont revêtu des capes noires et porté un cercueil, au son de la marche funèbre de Chopin, en faisant le tour de la préfecture.

Une délégation a été reçue par le chef de cabinet du préfet de région. « Nous proposons des protocoles renforcés, nous avons parfaitement conscience de la situation sanitaire, nous sommes responsables, mais tout est balayé d’un revers de manche », dit en ressortant Thierry Fontaine, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH).

« Je ne comprends pas pourquoi nous sommes diabolisés. Nous savons parfaitement gérer les mesures de précaution. Si nous ne reprenons pas début décembre, nous ne tiendrons pas le coup », déclare ainsi Christian Têtedoie. Le chef étoilé est au premier rang de la manifestation pacifique, brandissant une pancarte sur fond noir : « Laissez-nous travailler ! » Sa présence marque une étape dans la mobilisation des indépendants. M. Têtedoie emploie 170 salariés, tous au chômage partiel, et avoue son désarroi : « à 60 ans, j’ai l’impression que je dois racheter ma propre entreprise, toutes les charges continuent, la dette s’accumule. »

« On se sent très seuls »

A ses côtés, des anonymes partagent le même ressentiment, à leur échelle. Fabien Laurier emploie treize salariés dans un salon de coiffure, et pense que le maintien de l’activité était jouable : « Après le premier confinement, nous nous étions équipés en matériel jetable, nous avions redémarré. » Le commerçant déplore les effets pervers des fermetures administratives : « Cette situation engendre du travail au noir, des coiffeurs vont chez les uns, chez les autres, les décisions arbitraires mènent à des pratiques dissimulées. Le click and collect cache parfois de la vente pure et simple. » Son épouse tient une boutique de prêt à porter dans la même rue du 4arrondissement. « Toute ma collection d’hiver est livrée, stockée et payée, je n’ai plus aucun salaire, on se sent très seuls », confie Séverine.

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Le sentiment d’abattement et d’incompréhension s’ajoute à la révolte contre les grandes surfaces, les plates-formes de commandes en ligne, à qui le gouvernement n’applique pas les mêmes contraintes. « Les gens peuvent s’entasser dans les supermarchés et on nous demande de fermer alors que nous régulons parfaitement le passage de notre clientèle », soutient Alexandra Le Creff, patronne de la maroquinerie Barret.

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Son magasin de 400 m2 a augmenté de 20 % son activité au cours des deux derniers mois. Tout le stock d’hiver est acheté. Cette fois, le doute s’installe. Mme Le Creff a pris ses produits en photo et utilise Instagram et les réseaux sociaux, sans illusion : « Internet, ce n’est pas l’avenir du petit commerce, notre métier c’est le conseil, l’accompagnement, le choix. Les clients aiment toucher, comparer, voir, chez nous ils sont en sécurité. Nous faisons du lien social et ça, ce n’est pas numérique ! »

La MAIF parie sur « le goût des autres » pour améliorer ses performances

« Le pari de la MAIF est qu’in fine les actions servent la performance »

Devenue « société à mission » en juillet, la MAIF a tenu son premier comité de mission mercredi 4 novembre sous la présidence de Nicole Notat. Choix hautement symbolique que celui de la coautrice du rapport Senard, à l’origine de la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises).

Avec ce texte du 22 mai 2019, les entreprises ont obtenu les moyens d’engager publiquement les actionnaires sur leurs choix sociaux et environnementaux. « Au-delà de la MAIF, on constate énormément de contentieux d’entreprise prises en défaut sur ces sujets jusqu’à l’autre bout du monde. Il y a désormais un écosystème très attentif aux pratiques de l’entreprise. Il ne peut plus y avoir de frontière étanche entre l’intérêt économique et celui des parties prenantes Les facteurs RSE [responsabilité sociétale des entreprises] deviennent ainsi consubstantiels à la performance de l’entreprise », explique Nicole Notat.

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La loi Pacte prévoit que la « raison d’être » de l’entreprise soit inscrite dans les statuts et votée en assemblée générale par les actionnaires. Ce qui fut fait pour la MAIF en ces termes : « une attention sincère portée à l’autre et au monde ». On imagine mal une entreprise affirmer le contraire. Une simple définition de belles intentions ne suffit pas pour autant à transformer une entreprise et encore moins à contraindre des actionnaires de respecter des engagements sociétaux qui pourraient contrarier à court terme des intérêts économiques, quand bien même la raison d’être leur serait opposable lors de l’assemblée générale annuelle.

Entreprise responsable

C’est pourquoi un comité de mission est prévu par la loi Pacte pour contrôler la mise en œuvre de la « raison d’être » à tous les échelons de l’entreprise, afin qu’elle ne se résume pas à de la pure rhétorique, autrement dit au greenwashing qui discrédita la RSE.

D’ici la fin de l’année, la MAIF doit avoir traduit ses objectifs très théoriques de « société solidaire » et d’« épanouissement de ses acteurs » dans une feuille de route beaucoup plus concrète qui sera validée par le comité de mission en janvier 2021. « Le rôle du comité est triple, indique le directeur général de la MAIF, Pascal Demurger, cadrer la feuille de route annuelle avec des objectifs précis et chiffrés, vérifier les résultats et élaborer un rapport de mission qui sera publié, puis servir d’aiguillon pour aller plus loin dans les engagements de chacun des métiers ».

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Plus d’un million d’« extras » « paient le prix fort de la crise sanitaire »

Tribune. C’est peut-être une crise sans retour que vivent aujourd’hui près de 1,2 million de salariés. Ils ont été abandonnés sans solution depuis mars 2020 dans le cadre de la crise de la Covid-19 alors qu’une écrasante majorité d’entre eux ne pouvait prétendre à aucun droit au chômage. Ce sont eux que l’on désigne habituellement comme étant des « extras », guides conférenciers, maîtres d’hôtel, chefs cuisiniers, livreurs, personnels en charge du catering, hôtesses, chauffeurs, agents d’entretien et de sécurité…

Ces salariés sont généralement embauchés pour l’exécution d’une tâche précise, temporaire par nature, que ce soit dans les festivals, les tournées d’artistes ou les évènements et salons. Cette crise rappelle en effet à chacun que tout le monde ne vit pas en France avec un CDI : nombreux sont celles et ceux qui vivent avec un CDD – que ce soit inhérent à l’activité qu’ils ont choisie, ou que ce soit de manière subie. Parmi ces bénéficiaires de CDD, celles et ceux qui sont en CDDU, les « contrats à durée déterminée d’usage », paient le prix fort de la crise sanitaire.

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Les extras travaillent en effet à la mission au même titre que les intermittents du spectacle qui bénéficient d’un régime d’assurance-chômage adapté. Mais, contrairement à ces derniers, ils émargent au régime général. Ne disposant pas de filet de protection ni de mesures spécifiques pour les accompagner face à la crise du Covid-19, ils ont été frappés de plein fouet par la mise en berne de l’économie entraînée par le confinement et les mesures de protection sanitaire.

Aucune solution depuis mars 2020

Ils ont vu dans leur écrasante majorité toute activité professionnelle cesser, alors même que devait commencer la saison des festivals et s’ouvrir la période de l’année au cours de laquelle ils accomplissent l’essentiel de leurs contrats. Ils n’ont pour la plupart pas cumulé assez d’heures travaillées pour prétendre au chômage.

La crise du Covid-19 a de fait détruit 715 000 emplois au premier semestre. La direction des études et des statistiques du ministère du travail (Dares) vient d’estimer à quelque 65 000 le nombre de ruptures de contrats de travail annoncées par les entreprises depuis le début du mois de mars. C’est le triple par rapport à 2019.

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Alors que le gouvernement a mis en place des dispositifs de soutien aux catégories de salariés qu’il a bien voulu identifier, cette crise laisse les extras dans l’ombre, un nombre écrasant d’entre eux restant sans aucune solution depuis mars 2020. Selon la Fédération nationale des guides interprètes, qui représente les guides conférenciers, 40 % d’entre eux n’ont pas accès aux aides.

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« Le plan de relance a-t-il trop la tête dans le futur ? »

Bruno Le Maire, ministre de l’économie, à l’Assemblée nationale, le 3 novembre.

Chronique. Le plan de relance français est-il déjà obsolète avant d’avoir servi ? En tout cas, sa forme et son application sont sérieusement remises en cause par le deuxième confinement qui est en train de replonger dans le rouge tous les indicateurs économiques, ragaillardis à la faveur de l’été. Il voyait pourtant loin cet ambitieux dispositif, baptisé « France Relance », le regard volontairement tourné vers 2030. C’est bien justement ce qu’on lui reproche aujourd’hui : avoir la tête dans le futur. Avant de penser à la décennie prochaine, il serait opportun de réaliser que la survie de notre économie se joue dans les mois à venir.

Il est vrai que le plan de 100 milliards d’euros, le plus coûteux jamais engagé en France, un tiers du budget général de l’Etat, n’est pas vraiment un plan de relance, mais de modernisation. Il entend rénover les maisons et immeubles de France pour réduire leur consommation énergétique, investir dans la filière à hydrogène, améliorer la compétitivité des entreprises par des réductions d’impôt, doper l’apprentissage…

Trou d’air

Tout cela va dans la bonne direction, mais pas forcément à la bonne vitesse pour répondre à l’urgence du moment. Dans une note publiée vendredi 6 novembre par l’Institut Montaigne, l’économiste Eric Chaney calcule que, sur les 100 milliards d’euros, seulement 25 milliards seront dépensés en 2021. Les dispositifs les plus immédiats et certains seront la baisse des impôts de production de 10 milliards dès 2021, l’aide aux fonds propres des PME (3 milliards d’euros) et la mesure d’activité partielle de longue durée d’un coût de 7,6 milliards.

Cela sera-t-il suffisant pour absorber le trou d’air dans lequel nous entrons ? Et notamment, faudra-t-il se résoudre à faire ce que le gouvernement ne voulait pas : de la relance par la consommation ? Face à tous les politiques, à gauche mais aussi à droite, qui plaident pour une aide massive à effet immédiat, comme le fait l’Allemagne en baissant sa TVA de trois points, l’exécutif répond que le problème ne vient pas de la demande, puisque dès que l’on donne de l’argent directement aux Français, ils l’enfouissent sous leur matelas en prévision des jours meilleurs. Et puis, il le dit moins, mais ces mesures coûtent très cher et ont un effet immédiat sur le budget, à la différence des garanties bancaires et autres plans sur cinq ans. Enfin, il a déjà dépensé plus de 60 milliards d’euros pour soutenir l’activité et les salariés au printemps, notamment avec le chômage partiel.

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Covid-19 : le gouvernement peine à faire respecter le télétravail

Elisabeth Borne a décidé d’élever la voix à l’égard des patrons. Durant la semaine écoulée, la ministre du travail a multiplié les échanges avec des dirigeants d’entreprise pour les sensibiliser à l’une des nouvelles consignes gouvernementales liées au reconfinement : le rétablissement provisoire de l’activité à distance (ou télétravail) pour tous les salariés qui sont en mesure d’accomplir leurs tâches ainsi. Alors que des employeurs tardent à se conformer à cette injonction, Mme Borne entend, d’abord, privilégier la pédagogie. Mais elle n’exclut pas de sortir la trique si des réfractaires subsistent. « Nous serons fermes », assure-t-on dans son entourage.

Vendredi 6 novembre, la ministre du travail a monté une opération de communication sur le sujet en se rendant au siège de BNP Paribas, à Paris, puis dans les locaux d’Engie et de Total dans le quartier de la Défense. Le fait d’avoir inscrit le groupe pétrogazier dans la liste des sociétés visitées ne doit rien au hasard : celui-ci avait diffusé à son personnel une note recommandant de se rendre au bureau deux jours par semaine pour certaines missions, ce que la CFDT avait dénoncé. A l’occasion de son déplacement de vendredi, Mme Borne a réaffirmé la règle instaurée depuis la fin octobre : l’activité à distance est portée à « 100 % » de l’emploi du temps, pour tous les postes « télétravaillables ». Dans son esprit, il s’agit d’une « obligation » à respecter scrupuleusement, car elle contribue à limiter la propagation du SARS-CoV-2 en réduisant les interactions sociales et les déplacements entre le domicile et le lieu de travail.

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Les jours précédents, la ministre s’était entretenue, au téléphone ou par visioconférence, avec les directeurs des ressources humaines (DRH) de plusieurs grandes entreprises – dont le nom n’a pas été divulgué – et avec des responsables de grandes fédérations d’employeurs (bâtiment, professions du conseil, de l’ingénierie, du numérique, etc.). Des discussions devenues indispensables, certains protagonistes exprimant publiquement leur incompréhension devant la nouvelle doctrine de l’Etat. « C’est une véritable cacophonie », a ainsi déclaré aux Echos Philippe Darmayan, le président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie – l’une des organisations les plus puissantes du monde patronal. « Nous avions compris que le télétravail devait être utilisé au maximum, puis la ministre du travail a expliqué qu’il était obligatoire. Nous réclamons une ligne claire ! »

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« On ne va pas se raconter d’histoire éternellement… Je vais faire faillite »

Manifestation de commerçants indépendants, le 4 novembre à Bayonne.

Il est des Français pour qui le reconfinement ne fut pas qu’une mauvaise nouvelle. Pour 2 millions de travailleurs indépendants, privés de toute aide depuis l’été – selon l’estimation des organisations qui les représentent –, ce fut aussi un soulagement. Lors de son discours du 28 octobre, Emmanuel Macron a en effet annoncé un « plan spécial » à destination de cette catégorie très hétérogène, qui englobe commerçants, artisans, professions libérales, et dont le nombre (hors agriculture) a augmenté de 33 % entre 2008 et 2017, principalement grâce au succès du statut d’auto et microentrepreneur.

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Ce plan consiste principalement en une réactivation du fonds de solidarité, avec des aides jusqu’à 10 000 euros selon les cas, et des reports ou exonérations de cotisations sociales. « Ça ne sauvera pas mon entreprise mais je l’attends avec impatience », a réagi Claude (le prénom a été changé), 48 ans, consultant en management, avant de raconter le maelström dans lequel il est pris, comme beaucoup d’autres, depuis huit mois.

En société unipersonnelle depuis dix ans, il conseille les entreprises qui ont des projets de transformation. « On est une variable d’ajustement : nous sommes les premiers à dégager en temps de crise », explique-t-il. En mars, la société pour laquelle il travaillait lui a demandé de libérer son bureau en une semaine. Il a alors eu droit au fonds de solidarité dans sa forme initiale pendant quatre mois : 4 x 1 500 euros versés sur le compte de sa société. « Ça tombe dans la trésorerie, pas dans ma poche ! Pour me verser du salaire là-dessus, j’ai payé des cotisations sociales », souligne-t-il.

« On est une variable d’ajustement : nous sommes les premiers à dégager en temps de crise », Claude, consultant en management

Pour lui, comme pour beaucoup de petits entrepreneurs prestataires de services, sans salariés, l’aide du fonds de solidarité s’est arrêtée à l’été. Rien en juillet, août, septembre et octobre alors que son activité n’est jamais repartie. « L’économie est K.-O. Mes clients potentiels ne font plus de projets, ils comptent leurs sous, constate-t-il. Moi j’ai brûlé ma trésorerie. On ne va pas se raconter d’histoire éternellement… Je vais faire faillite. » Des années de travail pour bâtir un réseau et une réputation, détruites en quelques mois. Ce reconfinement lui rouvre l’accès à 1 500 euros d’aide mensuelle. Sans rétroactivité sur l’été. « J’espère que ça le sera pour octobre », s’inquiète-t-il. Si, cette fois, les formulaires sont à jour.

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