Archive dans 2020

Handicap : Jean Castex et une vingtaine de ministres annoncent de nouvelles mesures

La secrétaire d’Etat chargée du handicap, Sophie Cluzel, lors d’une réunion sur l’emploi des personnes handicapées organisée dans le quartier d’affaires de La Défense, près de Paris, le 10 novembre 2020.

De nouvelles aides pour mieux concilier handicap et parentalité, un soutien prolongé aux embauches, une communication officielle plus accessible : le gouvernement doit présenter, lundi 16 novembre, de nouvelles mesures en faveur des personnes handicapées. Et montrer qu’il ne « ralentit pas » les réformes, malgré la crise sanitaire.

Un « comité interministériel du handicap » (CIH), organisé à Matignon dans la matinée autour de Jean Castex et de sa secrétaire d’Etat chargée du handicap, Sophie Cluzel, doit réunir une vingtaine de ministres, dont Jean-Michel Blanquer (éducation), Elisabeth Borne (travail) et Gérald Darmanin (intérieur), mais également les représentants des associations de personnes concernées.

« L’axe majeur, c’est qu’on ne ralentit pas les réformes, malgré cette crise [du Covid-19] », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) Mme Cluzel, qui entend « réaffirmer haut et fort les chantiers en cours ».

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Aide à la parentalité

Ce CIH est aussi l’occasion pour le gouvernement d’annoncer certaines mesures nouvelles. Le dispositif de la prestation de compensation du handicap (PCH), qui permet de financer des aides, humaines ou matérielles, sera ainsi étendu dès le 1er janvier 2021 pour couvrir les aides à la parentalité.

Concrètement, les parents concernés pourront rémunérer un intervenant, une heure par jour, pour qu’il les aide à s’occuper de leur enfant. Mais ils auront également droit, désormais, à la prise en charge de certains équipements – comme, par exemple, une table à langer à hauteur réglable, s’ils se déplacent en fauteuil roulant.

Quelque 17 000 parents en situation de handicap sont concernés, et potentiellement bien plus, puisque l’un des objectifs de la réforme est d’éviter que des personnes renoncent à devenir parents en raison de leur handicap.

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A l’occasion de la 24e Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, qui débute lundi, le gouvernement doit également annoncer la prolongation des aides à l’embauche mises en œuvre dans le cadre du plan de relance. La fin de ce dispositif, initialement fixée au 28 février, est repoussée au 30 juin. L’aide est de 4 000 euros pour chaque personne handicapée recrutée – en CDI ou CDD de plus de trois mois.

Autre annonce : la « sanctuarisation » de dix millions d’euros pour permettre à l’ensemble des discours des ministres d’être sous-titrés et traduits en langue des signes, afin d’être accessibles aux personnes sourdes et malentendantes.

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Le Monde avec AFP

Reconfinement : la soudaine portée symbolique des librairies

La librairie Mollat à Bordeaux pratique le click and collect pour le deuxième confinement, le 30 octobre.

Analyse. Les libraires sont devenus le symbole du deuxième confinement. Ils prétendent incarner l’injustice puisque le gouvernement, en excluant le livre de la liste des biens à caractère essentiel, bafouerait le postulat de l’exception culturelle française. Un dogme sacro-saint depuis André Malraux. Déjà, l’arrêté du 14 mars 2020 n’incluait pas les librairies dans la liste des commerces indispensables.

Cette décision avait certes choqué, mais n’avait pas fait des libraires des sacrifiés sur l’autel de la culture. Emmanuel Macron lançait le 16 mars aux Français : « Lisez, retrouvez ce sens de l’essentiel. » Un appel hédoniste à la lecture, donc. « Comme si tout le monde, plongé dans l’oisiveté, allait voir ses habitants tourner négligemment des pages, se perdre dans les rayonnages de sa bibliothèque et, pourquoi pas, relire ses classiques », s’amuse Tanguy Habrand dans Le Livre au temps du confinement (Les Impressions nouvelles, 144 pages, 14 euros).

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Pourtant, Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, avait proposé le 19 mars un déconfinement des librairies, afin qu’elles puissent fonctionner normalement et recevoir des clients. Cette main tendue avait été sèchement refusée par le Syndicat de la librairie française (SLF). Son ­président, Xavier Moni, affirmait alors que les livres ne constituaient pas une marchandise vitale et que la santé des salariés primait. A ses yeux, les conditions sanitaires n’étaient pas réunies pour assumer un tel risque. Ce rejet permettait aussi aux libraires de mettre tout leur personnel au chômage technique en profitant des aides de l’Etat, ce qui n’aurait pas été possible si une partie travaillait aux commandes et aux livraisons.

Les libraires ont changé d’avis

Seule une minorité de libraires – 400 sur les 3 300 que compte l’Hexagone – s’était alors lancée dans la livraison à domicile et le « click and collect ». Une violente querelle avait opposé dans la profession partisans et opposants à cette pratique, adoptée sans difficulté par nos voisins européens. Les ventes de livres s’étaient effondrées de 95 % par rapport à 2019 entre mi-mars et le 11 mai, jour de la réouverture des librairies, selon l’Observatoire de la librairie. Mais un plan d’aide gouvernemental de 230 millions d’euros annoncé début juin pour sauver la librairie et l’édition avait calmé les esprits.

Plus organisé, le Syndicat de la librairie française s’est assuré du soutien de toute la chaîne du livre, des éditeurs et des auteurs les plus renommés

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La restauration collective paye cher la généralisation du télétravail

Les plans de suppressions d’emplois se succèdent, mais certains semblent émouvoir plus que d’autres. Loin du fracas provoqué par la fermeture de l’usine Bridgestone, qui compte 863 salariés à Béthune (Nord), la décision des géants de la restauration collective de supprimer près de 4 000 postes en France n’a déclenché aucune émotion publique : 1 888 postes pourraient pourtant disparaître chez Elior, au moins 2 083 chez Sodexo.

« C’est historique, cela ne s’est jamais produit chez nous », souligne Gilles Garnes, coordinateur FO chez Elior. « Alors que nos politiques sont au chevet de l’aéronautique, nos métiers de services passent toujours au second plan », s’indigne Eric Villecroze, délégué syndical central FO chez Sodexo. « L’absence de réaction des politiques nous met très en colère, renchérit Fabienne Dos Santos, coordinatrice CGT chez Sodexo. On est les invisibles, on ne nous voit qu’une heure par jour au déjeuner. Mais, du plongeur au cadre dirigeant, tout le monde est touché. Il va y avoir énormément de casse dans notre secteur. Nous sommes les premiers, mais ce n’est pas fini. »

Selon nos informations, la négociation d’une rupture conventionnelle collective impliquant la suppression de plus d’un millier de postes serait en cours chez Compass, autre multinationale du secteur. Et d’autres plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) se préparent chez de plus petits acteurs, comme MRS, qui pourrait réduire ses effectifs d’un tiers en Ile-de-France. Plus de 20 % des 27 000 salariés de la restauration collective d’entreprises seraient ainsi menacés, selon les estimations des syndicats.

« A 10 % du trafic habituel »

« C’est un drame, alors que nos entreprises jouent un rôle social essentiel en permettant la montée en compétence de salariés sans qualification », soupire Esther Kalonji, déléguée générale du Syndicat national de la restauration collective. Si les hôpitaux, les établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et même les établissements scolaires, depuis la rentrée de septembre, ont quasi maintenu leurs services de restauration, les stades et les salles de spectacle ont baissé le rideau. « Environ 60 % de nos sites dans les entreprises sont ouverts en ce moment. Le problème, c’est surtout la fréquentation : à certains endroits, on est à 10 % du trafic habituel », souligne Sylvia Metayer, directrice de la stratégie de croissance chez Sodexo.

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Delphine Ernotte : « La diversité sera le fil rouge de mon mandat » à France Télévisions

La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, en septembre 2019, à Paris.

Après avoir consacré les premières semaines de son second mandat à renouveler son état-major, Delphine Ernotte s’attelle désormais à la mise en œuvre du projet qui lui a valu d’être, en juillet, la première dirigeante de France Télévisions reconduite dans ses fonctions par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). La présidente du groupe défend ses choix en matière d’information, de rigueur budgétaire et de promotion de la diversité.

Pour votre second mandat, vous vous êtes engagée à faire mieux en matière de diversité. Comment allez-vous faire ?

Nos publics revendiquent d’être mieux représentés, en matière de parité, de couleur de peau, de handicap, d’origine géographique et sociale. La distorsion entre la réalité et sa représentation à la télévision est trop grande. Nous allons donc évaluer la représentation à l’antenne afin de nous fixer des objectifs pour 2021. D’après le CSA, les personnes « perçues comme non blanches » représenteraient environ 25 % de la société française, contre 15 % à la télévision. On a un énorme rattrapage à faire. Ce sera le fil rouge de mon nouveau mandat.

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Comment l’imposer aux producteurs ?

Ma méthode, c’est compter, partager, changer. Aux Etats-Unis, on dit : « No diversity, no commission. » On ne finance pas un projet quand la diversité n’est pas représentée.

Comptez-vous adapter les structures de l’entreprise à ce nouvel objectif ?

Dès 2021, je recruterai 200 alternants issus de la diversité. C’est important d’être représenté devant, mais aussi derrière la caméra. Il faut faire rentrer de nouveaux profils. Nous avons des salariés, en outre-mer, qui doivent trouver leur place sur les antennes nationales. Karine Baste-Régis, que je viens de nommer joker du « 20 heures », a démarré à Martinique la première. La création de Franceinfo a aussi été l’occasion de recruter des parcours plus diversifiés.

Avec 0,7 % de part d’audience en octobre, Franceinfo reste loin derrière BFM-TV, CNews et LCI…

Franceinfo connaît une progression d’audience remarquable, et nous restons leader sur le numérique. C’est le résultat du travail de Laurent Guimier, qui porte cette dynamique. La semaine des élections américaines, nous avons franchi le seuil historique de 1 % de part d’audience, soit en l’occurrence 7,2 millions de téléspectateurs différents en moyenne sur chaque journée. Notre positionnement dans le paysage comme chaîne d’info de confiance, qui ne participe pas à l’hystérisation du débat, me paraît de plus en plus nécessaire. Si les téléspectateurs se tournent vers Franceinfo, lorsqu’ils recherchent du recul sur l’actualité et une information fiable, on aura fait notre boulot.

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Comment le cybercrime se professionnalise en s’attaquant aux particuliers et aux entreprises

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RUMPENHORST FRANK /DPA/ABACA

Par

Publié hier à 18h00, mis à jour à 09h55

Nom de code : opération DisrupTor. Objet : démanteler un réseau de trafiquants du dark Web, cet Internet de l’ombre, et mettre fin à leur commerce illicite. Au passage, saisir quelque 500 kg de drogues diverses (oxycodone, ecstasy, héroïne…), 63 armes à feu et 6,5 millions de dollars (5,5 millions d’euros) en cash et en cryptomonnaies. Et arrêter 179 trafiquants majoritairement aux Etats-Unis et en Allemagne, ainsi que dans plusieurs pays européens.

Acteurs : le Department of Justice des Etats-Unis, l’agence européenne de police criminelle Europol et des membres du JCODE (Joint Criminal Opioid Darknet Enforcement), qui regroupe différentes agences états-uniennes dont le FBI. Il ne s’agit pas d’un scénario de film, mais d’une opération menée en septembre.

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Mi-octobre, c’était au tour de Microsoft, en collaboration avec des sociétés de cybersécurité et de cyberrenseignement, de mettre hors d’état de nuire la quasi-totalité (120 sur 128) des serveurs du « botnet » Trickbot, des ordinateurs piratés pour mener des attaques, notamment de rançongiciels, à l’insu de leurs propriétaires. Microsoft est parvenu à prendre le contrôle des machines et à intercepter le trafic, les empêchant ainsi de mener leurs actions malveillantes.

« Extorsions qui se chiffrent en millions d’euros »

Des opérations de ce genre se multiplient. Car la cybercriminalité a changé de visage. On est aujourd’hui bien loin du cliché du jeune pirate isolé dans sa chambre obscure devant ses écrans et se nourrissant de pizzas. « Au cours des dernières années, il y a eu une réelle transformation de la petite criminalité, qui fait du hameçonnage ou du rançongiciel auprès des particuliers pour quelques centaines d’euros, vers une vraie criminalité organisée, constate Gérôme Billois, associé en cybersécurité du cabinet Wavestone. Celle-ci procède avec une logique criminelle et vise de grandes entreprises pour des extorsions qui se chiffrent en millions d’euros. »

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Celui-ci a géré un nombre d’attaques menées contre ses clients, de grandes entreprises, en augmentation de 50 % par an sur les deux dernières années. De plus, la pandémie de Covid-19 et le recours massif au télétravail ont augmenté la surface d’attaque. De nombreuses campagnes ont proposé des masques ou du gel hydroalcoolique à prix réduit, récupérant ainsi identifiants et coordonnées bancaires, qui sont utilisés ultérieurement pour des attaques ciblées. La fréquentation du site d’assistance et de prévention en sécurité numérique cybermalveillance.gouv.fr a été multipliée par cinq depuis le début de l’épidémie, signe que particuliers, collectivités et entreprises ont été également et massivement ciblés.

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Quartiers populaires : 110 maires interpellent Emmanuel Macron sur la crise sanitaire et économique

Ils sont plus de 110 à alerter, plus de 110 maires à signer une lettre adressée au chef de l’Etat pour défendre « l’égalité républicaine de nos quartiers prioritaires ». Le constat est cinglant : « En dépit des alertes, les villes et quartiers populaires restent un angle mort du plan de relance : aucune mesure ambitieuse n’a été prise pour répondre à la détresse sociale et économique qui frappe nos communes », aggravées par la crise sanitaire.

La requête est directe : pour « renforcer la République » et instaurer « un nouveau pacte de confiance », ces édiles, qui vont du Parti communiste (PC) à la droite en passant par le Parti socialiste (PS) et Les Centristes, demandent à ce que 1 % du plan de relance, soit un milliard d’euros, soient attribués aux « territoires en décrochage » pour répondre à l’urgence sanitaire, économique et sociale, dont 620 millions d’euros dans les semaines qui viennent, dans le cadre du vote à l’Assemblée nationale du projet de loi de finance rectificative.

La date est symbolique : il y a trois ans, le 14 novembre 2017, Emmanuel Macron prononçait son discours de Tourcoing (Nord) appelant à une « mobilisation nationale pour les villes et les quartiers » et priant l’ancien ministre de la ville de Jacques Chirac, Jean-Louis Borloo, de « remettre les gants ». Cette intervention avait fait taire la gronde des maires et des associations de banlieues, baptisée « L’appel de Grigny » et survenue à la suite du gel des emplois aidés, des coupes budgétaires et de la baisse des APL.

Conseil national des solutions

Six mois plus tard, le 22 mai 2018, le « plan Borloo » et son auteur se faisaient cependant balayer par le président de la République. « En giflant publiquement Borloo, c’est nous tous, qui avions travaillé à l’élaboration de ce rapport, qu’il a blackboulés, et ce sont les quartiers qu’il a lâchés, estime Frédéric Leturque, maire (Les Centristes) d’Arras (Pas-de-Calais), signataire de la lettre. Mais nous ne sommes pas dans la revanche, nous avons perdu du temps, mais nous avons des solutions. »

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Au menu, la création d’un fonds d’urgence pour les associations, la mise en place de comités locaux de solidarité, d’un fonds de soutien à la création de maisons médicales et de centres de santé, et la mise à disposition d’une enveloppe de 120 millions d’euros pour mobiliser les acteurs de l’emploi. Proposition-phare : la création d’un conseil national des solutions. Composé de bénévoles (élus, associatifs, entrepreneurs…), il serait chargé de piloter et de suivre la mise en œuvre des projets qui ont fait leur preuve sur le terrain.

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Santé au travail : la négociation entre dans une phase décisive

Lancée à la mi-juin dans un contexte de crise sanitaire, la négociation entre partenaires sociaux sur la santé au travail entre dans une phase décisive. Pour la première fois depuis le début du processus, les syndicats et le patronat ont échangé, vendredi 13 novembre, sur un projet d’« accord national interprofessionnel » (ANI) qui avait été élaboré en amont, comme c’est l’usage, par les organisations d’employeurs. Celui-ci ne convient pas, en l’état, aux confédérations de salariés mais l’ensemble des protagonistes pensent qu’un terrain d’entente peut encore être trouvé.

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Dans la liturgie des négociations interprofessionnelles, les documents – comme celui qui a été soumis à la discussion, vendredi – portent un nom intrigant : « texte martyr ». Les partenaires sociaux désignent par là un premier jet, qui est ensuite raturé, réécrit, annoté, trituré dans tous les sens, à mesure que les tractations progressent. Le projet d’ANI sur la santé au travail, que Le Monde a pu consulter, balaie en une vingtaine de pages plusieurs thèmes cruciaux : prévention des risques, gouvernance et financement du système, coordination avec la médecine de ville, etc.

Sur la forme, les syndicats ont regretté que le texte leur soit envoyé trop tardivement – jeudi vers 21 heures – pour qu’ils aient le temps d’approfondir leur analyse. « Et comme on le sait, le diable se cache dans les détails », rappelle Catherine Pinchaut (CFDT). Sur le fond, le ton semble un peu plus optimiste que lors des précédents rendez-vous quant à la perspective de parvenir à un compromis, même si tout est loin d’être réglé. « La rencontre fut plutôt positive, le fruit commence à mûrir », vante-t-on au Medef. « Le climat m’a paru constructif, renchérit Eric Chevée, vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises. Nous n’avons pas senti que des portes se fermaient. »

« Rien qui bouge »

« Des éléments que l’on demandait ont été intégrés », indique Mme Pinchaut : elle mentionne, entre autres, la prévention de la « désinsertion professionnelle », c’est-à-dire les actions permettant de maintenir dans son emploi un salarié dont la santé a été altérée. « Il y a encore du boulot mais l’ensemble des parties expriment la volonté de progresser sur le dossier », souligne Serge Legagnoa (FO).

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Subsistent toutefois des points durs pour les syndicats. Parmi eux, pointe M. Legagnoa, il y a « le fait que les employeurs cherchent à s’extraire de leurs responsabilités », en faisant valoir qu’ils adhèrent à un service de santé au travail inter-entreprises. « Le code du travail est pourtant clair : ils sont responsables de la santé au travail de leurs salariés, poursuit-il. Ce n’est pas possible d’acter une telle chose. » Autre pierre d’achoppement : celui de la gouvernance du système, aujourd’hui à la main du patronat alors que les syndicats souhaiteraient qu’elle soit véritablement paritaire. « Sur ce point, il n’y a rien qui bouge », déplore Mme Pinchaut. Le projet d’accord ne parle pas assez « de l’expression des salariés et de leurs représentants », enchaîne Jérôme Vivenza (CGT). Comme si le patronat voulait montrer que « l’organisation du travail demeure la chasse gardée de l’employeur ».

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« Dès qu’il y a une annonce, 1 000 personnes postulent » : dans le secteur du marketing, le cauchemar des jeunes diplômés

Marie-Valentine, jeune diplômée de l’Essec, devait signer en juillet un CDI à la direction marketing d’un grand groupe hôtelier, où elle avait été en apprentissage pendant les deux années de son master. « Quinze jours avant le début du contrat, ils ont annulé mon recrutement, à cause du Covid-19. Il y a eu un plan de licenciement dans l’entreprise qui a préféré me dédommager financièrement plutôt que de m’embaucher. » Pour Marie-Valentine, comme pour nombre de jeunes diplômés en marketing, la quête d’un premier emploi est devenue un cauchemar.

Frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19, le secteur du marketing connaît une perte nette d’emploi depuis le début de la crise. « Face à la contraction de la demande, l’un des premiers réflexes des entreprises a été de couper les budgets dans le marketing et la communication », observe Maurice N’Diaye, coprésident de l’Association nationale des professionnels du marketing (Adetem). Les embauches dans le marketing ne sont donc plus la priorité des recruteurs, a fortiori pour les jeunes diplômés. Les derniers chiffres de l’Agence pour l’emploi des cadres (APEC) sont clairs : entre janvier et septembre 2020, les offres d’emploi dans le marketing ouvertes aux cadres ayant moins d’un an d’expérience ont chuté de 55 % par rapport à la même période en 2019. Une dégringolade brutale pour ce secteur qui figure dans le top 4 des débouchés pour les étudiants des écoles de commerce : 16 % des diplômés 2019 travaillent dans ce domaine, selon la dernière enquête annuelle de la Conférence des grandes écoles qui date de juin.

« Face à la contraction de la demande, l’un des premiers réflexes des entreprises a été de couper les budgets dans le marketing et la communication », Maurice N’Diaye, coprésident de l’Adetem

De la diminution des offres découle l’augmentation de la concurrence entre les candidats. « Dès qu’il y a une annonce, elle reste deux jours en ligne et il y a 1 000 personnes qui postulent », se désole Charlotte, 24 ans titulaire du master 2 en communication et marketing de l’université Paris-Dauphine, qui cherche un emploi dans le retail marketing (commerce de détail), l’une des activités les plus touchées.

La compétition se vit aussi entre les diplômés des grandes écoles de commerce et ceux d’autres formations en marketing, parfois au détriment des premiers. Marie-Valentine s’inquiète que son diplôme de l’Essec ne la pénalise : « A cause du Covid-19 et des coupes budgétaires, les entreprises semblent un peu frileuses vis-à-vis des diplômés des toutes meilleures écoles. Elles craignent que mes prétentions salariales soient inabordables ou que je les laisse sur le carreau. On m’a dit à deux reprises que je trouverai mieux ailleurs. »

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Personnes vulnérables : un nouveau décret déclenche l’ire des associations

Le gouvernement a beau avoir remanié sa copie, elle suscite encore beaucoup d’insatisfaction. Dans le Journal officiel du mercredi 11 novembre a été publié un décret qui modifie les modalités de prise en charge des personnes les plus vulnérables « face au risque de forme grave d’infection au SARS-CoV-2 ». Le texte en question fait suite à un autre décret, en date du 29 août, que le Conseil d’Etat avait suspendu en référé, dans le cadre d’une action de plusieurs requérants qui le jugeaient trop restrictifs. Ces critiques restent entières, puisque la nouvelle mouture qui vient d’entrer en vigueur met en colère plusieurs associations évoluant dans le champ de la santé.

Le décret paru mercredi fixe une nouvelle liste de critères permettant de définir les personnes qui peuvent bénéficier du chômage partiel, au motif qu’elles sont susceptibles de développer une forme sévère du Covid-19. Pour cela, elles doivent remplir plusieurs conditions. Il faut tout d’abord qu’elles se trouvent dans une des situations de fragilité potentielle, dont la liste est détaillée dans le texte : avoir au moins 65 ans, être au troisième trimestre de grossesse, « présenter une obésité », être atteint d’un « cancer évolutif sous traitement », « avoir des antécédents cardiovasculaires », etc. Les cas de figure retenus correspondent – à quelques nuances près – aux dispositions qui prévalaient avant le décret du 29 août – décret que le Conseil d’Etat a donc suspendu, le 15 octobre, dans une ordonnance de référé.

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Un second critère est requis : la personne doit se trouver dans l’impossibilité d’exercer son métier chez elle. Troisième paramètre : il faut que ses conditions de travail accroissent le risque de contracter la maladie. Elle est alors en mesure de demander à son patron d’être placée au chômage partiel, en lui présentant un certificat médical.

En revanche, elle n’a pas le droit de bénéficier de ce système si des « mesures de protection renforcées » ont été mises en place. Le décret énumère celles-ci de façon très précise : « isolement » ou « aménagement » du poste de travail « pour limiter au maximum le risque d’exposition », « adaptation des horaires » afin d’éviter les transports en commun au moment où il y a affluence, respect de « gestes barrières renforcés », etc.

« Manœuvre inique »

La procédure prévue implique donc que le salarié fasse état de « mesures de protection » insuffisantes sur le lieu de travail – ce qui n’est pas forcément l’avis de ses chefs. En cas de désaccord entre les deux parties, la personne a la faculté de se tourner vers le médecin du travail, qui se prononce sur la situation.

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« Le télétravail creuse les inégalités entre les travailleurs, entre les sexes, entre les pays »

C’est reparti. En Europe, à mesure que les pays réintroduisent des restrictions pour lutter contre la pandémie, des millions de salariés reprennent le chemin de la maison. Pour beaucoup, le télétravail va redevenir la norme pendant de longues semaines encore. Il est bien sûr trop tôt pour dire jusqu’à quel point, et à quel degré, celui-ci se prolongera lorsque le Covid-19 sera sous contrôle. Mais le plus probable est qu’il se stabilisera à un niveau plus élevé que celui d’avant-crise. Avec ses avantages : plus de flexibilité pour les salariés, lorsqu’il est bien organisé par l’entreprise. Et ses inconvénients : il est susceptible de creuser un certain nombre d’inégalités, à court comme à moyen terme.

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Plus les restrictions se prolongeront, plus ceux pour qui le télétravail est impossible (en particulier dans le commerce, l’hôtellerie-restauration, le tourisme) risquent de perdre leur emploi, de voir leurs revenus diminuer ou de se retrouver au chômage technique.

Difficultés dans les pays émergents

Dans une publication sur le sujet, des économistes du Fonds monétaire international (FMI) estiment que près de 100 millions de travailleurs au sein de 35 pays développés et émergents, soit 15 % de la population active concernée, sont dans une telle situation. Ils sont plutôt « jeunes, peu diplômés, en contrats précaires, dans des petites entreprises et en bas de l’échelle des revenus », égrènent les trois autrices, Mariya Brussevich, Era Dabla-Norris, et Salma Khalid. Ce qui laisse craindre « que la pandémie exacerbe les inégalités ». Entre les générations, entre les sexes, entre les riches et les pauvres.

Mais aussi, entre les pays. Selon les spécialisations productives, le degré de numérisation, la nature des emplois et l’échelle des revenus, le télétravail se déploie de façon très différente d’une économie à l’autre. D’après les estimations, 40 % des emplois peuvent ainsi être « télétravaillés » dans les pays développés, avec un écart allant, au sein de la zone euro, de 24 % en Italie à 42 % en Allemagne.

Même dans le commerce, la possibilité de travailler depuis le foyer est bien plus forte dans les pays riches

Dans les pays émergents, où plus de la moitié des ménages n’ont même pas d’ordinateur chez eux, jusqu’à 20 % de la population urbaine peut télétravailler, mais le niveau est quasi nul dans les campagnes. Ce n’est pas tout : même dans les secteurs à forte présence physique, comme le commerce, la possibilité de travailler depuis le foyer est bien plus forte dans les pays riches, où le numérique et la vente à distance sont plus implantés.

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