Editorial. En présentant des financements en trompe-l’œil et des ambitions relativement modestes pour un secteur sinistré, le projet de loi exacerbe tensions et incompréhensions chez les chercheurs.
« Héros en avril, chômeurs à Noël ». Ce tract émis par la CGT de Carrefour illustre la polémique qui a gagné les groupes de la grande distribution, contraints de fermer leurs rayonnages de produits non essentiels à la suite de la fronde du petit commerce et des maires, mais qui recourt massivement au chômage partiel.
Plusieurs enseignes, comme Carrefour, Casino et Auchan, ont en effet annoncé se saisir de ce dispositif gouvernemental. Une première de cette ampleur pour le secteur, qui le justifie par la baisse d’activité. « Dans les hypermarchés, les gens qui venaient pour acheter des produits non alimentaires ou des jouets en cette période de l’année en profitaient aussi pour faire leurs courses. Là, on voit que la consommation alimentaire baisse », confie le patron d’un groupe de distribution, qui souhaite rester anonyme.
« La première semaine de novembre, le nombre de clients dans les hypermarchés a baissé de 26 % en moyenne, et jusqu’à 40 % à 50 % dans certains magasins, détaille Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution. Et les achats dans les rayons traditionnels, comme la boucherie, la boulangerie ou la crémerie, ont baissé de 10 % ».
Début novembre, M. Creyssel avait averti le premier ministre, Jean Castex, que la fermeture des rayons non alimentaires des magasins « entraînerait la mise au chômage partiel de plusieurs dizaines de milliers de salariés, sans aucune justification réelle » et s’était vu répondre : « On en assume les conséquences. » Les groupes sont donc passés aux actes.
« Ils nous mettent devant le fait accompli »
Pour le Groupe Casino, les salariés de Monoprix et des hypermarchés Géant (environ 2 000 personnes au total) sont concernés, alors que, chez Carrefour, l’effort est collectif jusqu’à la fin du reconfinement : 78 000 salariés seront mis en chômage partiel sur un total de 95 000 personnes en France, note la société – 50 % des employés des rayons non essentiels trois jours par semaine, 10 % des collaborateurs des rayons alimentaires deux jours par mois, et 40 % des effectifs du siège deux jours par semaine. Enfin, Auchan n’a rien précisé officiellement. « Tout a été mis en place pour le faire, mais je ne sais pas qui, où, quand, comment », souligne Guy Laplatine, délégué CFDT du distributeur. Une réunion doit être organisée mercredi 18 novembre.
Ce mouvement touche moins les groupes d’indépendants, « davantage spécialisés dans les supermarchés avec des magasins à dominante alimentaire où le personnel est plus polyvalent », analyse-t-on chez Système U, qui n’y a pas eu recours. Les directions de Carrefour et Casino ont indiqué compléter les rémunérations de leurs collaborateurs, mais pas Auchan, où le message est pour le moment d’appliquer le minimum légal de 84 % du salaire.
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Dans le rouge, forcément. En présentant, lundi 9 novembre, ses résultats financiers pour le troisième trimestre de 2020, Air Canada a fait état d’une baisse de 86 % de ses revenus par rapport à la même période de 2019, de pertes d’exploitation s’élevant à 785 millions de dollars canadiens (505 millions d’euros) et d’un trafic passagers toujours durement affecté par la pandémie de Covid-19 (– 88 %) en raison des restrictions sanitaires mises en place dans le pays, à savoir une quatorzaine obligatoire.
Air Canada a annoncé l’annulation de la commande de dix appareils 737-8 de Boeing et de douze appareils A220 d’Airbus, afin de parer « aux répercussions sans précédent de la pandémie (…) sur le secteur du transport aérien à l’échelle mondiale et sur Air Canada pour le trimestre, qui est d’ordinaire le plus productif et lucratif pour la société », a déclaré son président, Calin Rovinescu.
Une annulation qui a eu des répercussions immédiates pour l’usine d’Airbus de Mirabel, dans la banlieue de Montréal. Le site a annoncé dans la foulée le licenciement de 200 employés supplémentaires, après s’être déjà séparé, en octobre, d’une centaine de salariés. Par ailleurs, pour amortir la chute brutale du trafic passagers et profiter de l’essor du commerce en ligne, la compagnie entend donner au transport de fret international une importance grandissante, en convertissant de manière permanente des Boeing 767 en avions-cargos.
Si Air Canada a bénéficié, comme de nombreuses entreprises du pays, de la subvention salariale d’urgence mise en place par le gouvernement (75 % du salaire pris en charge par l’Etat), elle a également fait partir près de 20 000 employés (licenciements, départs en retraite non remplacés, mises à pied, etc.), soit plus de 50 % de son personnel. En revanche, la première compagnie aérienne nationale n’a pas obtenu d’aide spécifique, comme cela a pu être le cas ailleurs.
Nécessaire continuité territoriale
Le 8 novembre, le ministre fédéral des transports, Marc Garneau, s’est dit prêt à envisager un tel plan d’aide. Mais il a aussitôt posé deux conditions : «Avant de dépenser un sou de l’argent des contribuables pour les compagnies aériennes, nous veillerons à ce que les Canadiens obtiennent leur remboursement », a-t-il souligné, avant d’ajouter : « Nous veillerons à ce que les Canadiens et les collectivités régionales conservent les liaisons aériennes avec le reste du Canada.»
A ce jour, la compagnie continue en effet de refuser de rembourser 2,4 milliards de dollars canadiens à ses clients dont les vols ont été annulés au printemps en raison de la crise sanitaire, se contentant de crédits à faire valoir sur des voyages ultérieurs. Un refus qui l’expose au risque de devoir faire face à des recours collectifs en justice intentés aux Etats-Unis, avec 3 760 plaintes déjà déposées. Les autorités d’Ottawa n’avaient jusque-là que mollement condamné l’entreprise.
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A l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, qui se déroule du lundi 16 au dimanche 22 novembre, Didier Eyssartier, directeur général de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agfiph), revient sur la situation dramatique de l’emploi, à l’heure du Covid-19.
Les personnes en situation de handicap sont-elles plus touchées par la crise économique actuelle ?
Rappelons que près de 500 000 chômeurs sont reconnus handicapés, avec un taux de chômage qui dépasse les 18 %. Selon nos estimations, ce sont près de 20 000 personnes handicapées supplémentaires qui pourraient perdre leur emploi, ce qui casserait la dynamique d’amélioration de ces dernières années, qui s’est traduite par une baisse du chômage de 5 % en 2019. Depuis dix ans, le taux d’emploi des handicapés dans les entreprises est passé de 2,5 % à 3,5 %.
Nous avons conduit avec l’Ifop trois vagues d’enquêtes, en mai, juin et septembre 2020. La légère embellie observée en juin s’est inversée en septembre, avec de fortes inquiétudes, notamment en termes de risques psychosociaux.
Quelles actions avez-vous engagées ?
Nous avons mis en place des mesures de soutien de l’emploi, notamment pour favoriser le télétravail, la mobilité hors transports en commun et la formation à distance. Nous avons également accru nos aides à la création d’entreprises et majoré le soutien aux contrats en alternance. Au total, nous pourrions dépenser 40 millions d’euros, soit près de 10 % de notre budget total.
Le plan de relance est-il adapté à cette population ?
Il prévoit une prime de 4 000 euros pour l’embauche d’une personne en situation de handicap, des mesures spécifiques sur l’alternance, très efficace pour cette population, et un soutien au secteur protégé, c’est-à-dire les entreprises adaptées – dont le personnel est composé à plus de 55 % de personnes handicapées – et les établissements et services d’aide par le travail.
S’il est probable que le système social français joue un rôle d’amortisseur, les effets de la crise seront sans doute importants et diffus dans le temps. Et l’on peut craindre pour les personnes en situation de handicap que leur taux de chômage, comme la durée de leur temps de chômage pour les chômeurs de longue durée, s’accroisse.
Du côté des entreprises, le risque s’estime au niveau de la dynamique perçue ces dernières années. Du fait de la crise économique, elles risquent de ne pas faire de l’emploi des personnes handicapées une priorité de gestion des ressources humaines. C’est pourquoi il est essentiel pour nous de continuer à sensibiliser et à appuyer les entreprises pour faciliter les embauches ou sécuriser les parcours de personnes en situation de handicap par les différentes voies qui leur sont proposées : service public de l’emploi, Cap emploi, entreprises adaptées, emploi accompagné…
Le plan France Relance est-il inclusif ?
Nous serons attentifs à ce qu’il le soit, notamment au niveau de la formation. Car si ce plan de 100 milliards d’euros a bien un volet spécifique, doté de 100 millions sous forme de prime pour toute embauche de personne en situation de handicap jusque fin février 2021, et s’il s’agit de l’une des priorités du quinquennat, est-ce que l’ensemble des mesures de soutien aux personnes ou aux entreprises prévoit des mesures handicap/santé au travail, quel que soit l’âge de la personne ? Pas vraiment, et c’est pourtant ce qui serait susceptible de favoriser une vraie inclusion dans le monde du travail.
En temps de crise, quelle protection pour les salariés rémunérés en fonction de leurs résultats ? La CFE-CGC Assurances s’inquiète de la situation des commerciaux, dont le revenu dépend en bonne partie de leurs performances sur le terrain. Le syndicat de l’encadrement a envoyé un courrier aux sociétés d’assurances début novembre, leur demandant de faire un geste afin de garantir leur rémunération. Alors que le reconfinement freine de nouveau l’activité, leurs performances sont forcément moins bonnes.
«Lors du premier confinement, la plupart des commerciaux avaient été mis au chômage partiel, ce qui avait permis de compenser les pertes de rémunération liées à l’activité», indique Joël Mottier, président de la fédération CFE-CGC Assurances. En effet, la base de calcul du chômage partiel inclut les commissions touchées par les salariés. «Mais, cette fois-ci, les commerciaux sont restés sur le terrain.» De fait, le service des statistiques du ministère du travail estime qu’au 8 novembre les salariés relevant d’une demande d’activité partielle étaient deux fois moins nombreux (5,3 millions) qu’en avril, lors du premier confinement.
Pour les commerciaux restés en activité, difficile de faire leur chiffre habituel, alors que les Français demeurent confinés chez eux et que de nombreuses entreprises se trouvent en difficulté. Malgré cette conjoncture dégradée, leurs employeurs n’ont prévu aucune compensation financière pour pallier cette baisse d’activité, affirme Joël Mottier : «Pour le moment, nous n’avons pas eu de retour dans ce sens. » Et le syndicaliste d’ajouter : « Les commerciaux sont dans un angle mort.»
Remboursement des avances
Des salariés se voient même dans l’obligation de rembourser des avances qui leur avaient été faites pour compenser leurs pertes de revenus. Une source anonyme nous indique que cette situation s’est présentée chez BNP Paribas Real Estate, la branche immobilier du groupe. Lors du premier confinement, la société avait fait le choix de ne pas recourir au chômage partiel.
Contactée, la société nous a apporté ces précisions : «Afin de traiter la situation particulière des collaborateurs dont la variable représente une part importante de la rémunération globale et dont l’activité s’est vue interrompue durant le premier confinement, nous avons mis en place un dispositif visant à leur permettre de bénéficier d’une avance de trésorerie. Ce dispositif leur offrait la possibilité de percevoir une avance sur les commissions perçues à partir de la reprise de l’activité. Il s’agit donc d’une avance sur salaire, dont le remboursement est lissé sur le reste de l’année.»
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Le montant des revalorisations des enseignants pour l’année 2021 a été annoncé aux organisations syndicales, lundi 16 novembre. Après plusieurs mois de négociation, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a tranché : à partir de mai 2021, les professeurs toucheront 100 euros net en plus par mois à l’échelon 2 – soit la première année après le stage – quel que soit leur corps de rattachement.
Cette « prime d’attractivité » sera ensuite dégressive sur les quinze premières années de la carrière. De 100 euros pour les plus jeunes, elle descendra à 36 euros net par mois pour les professeurs à l’échelon 7. La mesure touchera 31 % des enseignants titulaires.
Une « prime d’équipement informatique » de 150 euros sera également versée, en janvier 2021 puis chaque année à la même période. Celle-ci est dite « universelle » – elle concerne tous les enseignants et psychologues de l’éducation nationale. Elle sera versée de manière indifférenciée aux stagiaires, titulaires, contractuels, enseignants à temps complet ou à temps partiel. « Avec la prime d’équipement informatique, on a quelque chose de concret et qui concerne tout le monde », se félicite Catherine Nave-Bekhti, du SGEN-CFDT.
« Démarche pluriannuelle »
Le ministère de l’éducation nationale prévoit aussi d’autres mesures grâce à l’enveloppe de 400 millions d’euros – 500 millions en année pleine – dévolue aux augmentations. Le taux de promotion à la hors classe, un grade de fin de carrière, passera ainsi de 17 % à 18 % ; 1 700 enseignants supplémentaires en bénéficieront chaque année. Une enveloppe de 21 millions d’euros de primes pour les directeurs d’école, accordée à titre exceptionnel en 2020, va également être pérennisée – selon des modalités de répartition qui restent à définir.
En choisissant d’accorder la même prime aux trois corps de l’enseignement – professeurs des écoles, certifiés, agrégés –, le ministre accède à une demande des organisations syndicales. D’autres scénarios prévoyaient des primes différenciées, les professeurs des écoles étant les moins bien rémunérés. « Nous étions favorables à ce scénario sans distinction entre les corps de l’enseignement, précise ainsi Stéphane Crochet, du SE-UNSA. Il existe des écarts de rémunération à rattraper entre les différents corps, mas la prime d’attractivité n’est pas le bon outil pour y parvenir. »
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C’est la douche écossaise pour Air France. Ces dernières semaines, les mesures de reconfinement, adoptées un peu partout en Europe, ont renvoyé aux calendes grecques les espoirs d’une reprise, au moins ponctuelle, de l’activité pour les vacances de Noël. Un mauvais coup pour l’entreprise, qui avait anticipé, « malgré la crise, un potentiel de croissance de 21 % entre novembre 2020 et février 2021 » vers les Antilles et La Réunion.
Dans le même temps, les annonces de la mise au point toute proche de plusieurs vaccins contre le Covid-19, ont fait flamber le cours de Bourse d’Air France-KLM. En une semaine, le titre de la compagnie franco-néerlandaise a gagné 27 %, pour s’établir un peu au-dessus de 4 euros.
Il n’empêche, même un peu revigorée sur les marchés, Air France-KLM sait déjà que les prochains mois vont être très difficiles. Son activité est au plus bas, et les perspectives de redémarrage s’éloignent. « Les scénarios de reprise doivent être révisés à la baisse, et les perspectives à court et moyen terme ne sont pas encourageantes », avoue la direction. Alors qu’elle prévoyait une activité en baisse, en décembre, de seulement 20 % par rapport à 2019, Air France s’attend désormais à un repli de 60 %.
Selon nos informations, la compagnie perdrait 15 millions d’euros par jour. « Nous nous rapprochons du montant des pertes que nous avons connues lors de la première phase de l’épidémie », s’inquiète un syndicaliste. Il faut dire que les vols d’Air France sonnent creux, avec « un taux de remplissage moyen de 30 % », signale un autre dirigeant syndical de la compagnie. Seule consolation, la très bonne tenue du fret, qui rapporte désormais 48 % des revenus des vols long-courriers.
La compagnie n’échappera pas à une recapitalisation
Au rythme de ses pertes quotidiennes, les 7 milliards d’euros déjà apportés par l’Etat (et les 3,4 milliards apportés par les Pays-Bas) « fondent comme neige au soleil », rappelle Christelle Auster, présidente du Syndicat national des personnels navigants commerciaux. D’ici au printemps 2021, les caisses seront vides.
La compagnie n’échappera donc pas à une recapitalisation. Or, pour séduire les marchés, Air France doit aussi, comme l’indique un dirigeant syndical, « ramener du cash pour présenter un bilan plus flatteur ». Depuis le début de la crise, la dette de la compagnie aérienne a explosé et dépasse désormais 12 milliards d’euros.
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Le texte, voté mardi 17 novembre, a pour ambition d’empêcher le décrochage de la recherche française. Mais les moyens déployés sur dix ans pour redresser la barre s’avèrent moindres que les chiffres ne le laissent penser.
C’est en terrain miné qu’avance, discrètement, un géant américain du commerce en ligne, dans la banlieue de Rouen, en Seine-Maritime. Dans sa conquête du Grand Ouest, où il n’est pas encore implanté, Amazon – contacté, le groupe n’a pas donné suite – entend ouvrir une gigantesque plate-forme logistique de plus de 160 000 m2, sur trois niveaux, sur les 35 hectares de l’ancien site industriel de la raffinerie Petroplus, à Petit-Couronne, en zone portuaire.
Ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre, cette usine à colis permettrait de distribuer 330 000 paquets par jour et de créer « 1 839 emplois à temps plein en période de pic d’activité ». Le projet est porté par le fonds chinois Gazeley, spécialiste en immobilier logistique, auquel Amazon fait souvent appel. Une promesse de vente a été signée avec la société Valgo, qui avait acheté le site de l’ex-raffinerie, en 2014, pour le dépolluer et le commercialiser.
Si le nom de la firme de Jeff Bezos n’apparaît sur aucun document officiel, il est sur toutes les lèvres depuis des mois. « C’est un secret de Polichinelle », déclare au Monde le président PS de la Métropole Rouen Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol, qui a « échangé avec les gens d’Amazon avant l’été ». La récente ouverture d’une petite agence de livraison Amazon, à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, témoigne également du fort intérêt du groupe pour ce bout de Normandie.
« Le projet reprend son cours »
La partie s’avère cependant loin d’être gagnée. Au-delà de l’opposition politique, associative et commerçante croissante, le premier caillou dans la chaussure d’Amazon est d’ordre sécuritaire. L’enquête publique a abouti à un avis favorable, fin octobre, mais le risque incendie, dans une métropole marquée par la catastrophe industrielle de Lubrizol, s’est invité dans le dossier. Deux rapports alarmants, rédigés par le service d’incendie et de secours de Seine-Maritime, soulignent que « les sapeurs-pompiers seraient confrontés à une impossibilité opérationnelle de limiter la propagation d’un incendie, en cas de non-maîtrise de ce dernier par le système » d’extinction automatique.
En conséquence, le préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, à qui appartiendra la décision finale d’autorisation d’exploitation, a décidé, début novembre, de prolonger de six mois, soit jusqu’à la fin juillet 2021, le délai d’instruction du dossier au plan environnemental. « Afin de permettre à la société Gazeley (sollicitée, sans succès) de répondre à ces interrogations », indique la préfecture. Ce dont ne doute pas le PDG de Valgo, François Bouché : « Ce n’est qu’une affaire de moyens supplémentaires. Le projet reprend son cours. »
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Les discussions à la machine à café… Une de ces habitudes dont la disparition avec la généralisation du télétravail provoquée par la pandémie de Covid-19 n’est pas sans conséquence économique : le suisse Selecta, l’un des leaders du marché, a annoncé un plan de licenciements de 492 de ses 1 552 salariés en France. L’entreprise, propriété du fonds d’investissement américain KKR, prévoit une baisse de 50 % de son chiffre d’affaires pour 2020 et indique n’avoir « aucune assurance d’un retour à la normale en 2021 ».
La crise liée au Covid-19 a accéléré les difficultés des dernières années, liées notamment à une concurrence accrue des sandwicheries dans les gares. Selecta a, en outre, perdu plusieurs marchés-clés, dont celui du métro parisien : ses derniers distributeurs auront disparu des stations fin décembre. « Mais ils n’ont pas mis assez de moyens pour garder les clients. Les plus petits ont été délaissés au profit des grands, déplore Catherine Denis, déléguée FO. Le télétravail n’a rien arrangé. »
« Je crains fort qu’il y ait de nombreux licenciements dans nos entreprises, lorsque les aides dont nous bénéficions seront retirées », prévient Pierre Albrieux, président de Navsa, le syndicat professionnel des ventes et services automatiques, un secteur qui revendique 15 000 emplois directs et 40 000 indirects : « Même si nous sommes autorisés à fonctionner, en pratique, beaucoup d’entreprises, et surtout des administrations, ont condamné leurs machines à café. Elles nous disent craindre les contaminations autour de ces points de rassemblement. »
« La crise la plus violente »
Le millier d’entreprises du secteur, dont 90 % de PME ou TPE, se retrouve ainsi plus ou moins pénalisé, selon que leurs 590 000 distributeurs de boissons ou snacks sont logés dans un supermarché, une usine aéronautique près de Toulouse ou une station-service. « Nous avons subi, pendant le premier confinement, des baisses d’activités variant entre 30 % et 80 %, selon les régions et les emplacements. Le second confinement devrait produire les mêmes effets, poursuit le dirigeant d’une entreprise de 20 salariés à Vaulx-en-Velin (Rhône). Un de nos exploitants a pour seul client [l’école de formation d’artistes le] Cours Florent, dont les locaux sont fermés ».
La filière avait déjà connu deux coups durs par le passé. Le premier, en 2006, lorsque l’interdiction totale de fumer dans les bureaux avait réduit la consommation de cafés pendant la pause cigarette. Le second, en 2015, à l’entrée en vigueur d’une loi prohibant les distributeurs automatiques dans les établissements scolaires, pour limiter l’accès des élèves aux boissons sucrées et confiseries. Quelque 9 000 automates avaient dû être retirés. « La crise liée au Covid est la plus violente jamais subie par la profession », assure M. Albrieux. Pour autant, il ne voit pas la crise se prolonger si le télétravail devient un mode de vie : « on en parle depuis longtemps, mais cette expérience grandeur nature a montré les inconvénients du travail à distance. Après le Covid, la situation va se stabiliser et on aura la visibilité nécessaire pour diriger nos entreprises. »