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Covid-19 : « Plus de 120 000 emplois dépendent de l’ouverture des stations de ski »

Tribune. Le jeudi 29 octobre, le jour d’après l’annonce du reconfinement par le président de la République, les glaciers des Deux-Alpes et de Tignes ont fermé alors qu’ils venaient d’ouvrir dix jours plus tôt et qu’ils accueillaient de nombreux pratiquants (notamment les stages d’automne des jeunes et moins jeunes compétiteurs). A la différence du premier confinement, cette fermeture n’intervient pas à la fin mais au début d’une saison avec des impacts autrement plus complexes pour les sportifs et dramatiques pour l’économie de la montagne.

La Coupe du monde de ski alpin n’est néanmoins pas annulée. Et pour s’entraîner, les membres de l’équipe de France sont déjà ou vont se rendre en Autriche, Italie, Suède ou Suisse. Comment, dans ces pays également touchés par la pandémie et faisant (à part la Suède) également l’objet de mesures de confinement ou de semi-confinement, l’entraînement est-il possible ? La question peut être retournée : pourquoi cela n’est-il plus possible en France ?

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Une réponse aussi épidermique que lapidaire pourrait être : « Parce que nos textes sont mal pensés et ne prennent pas en compte, dans leur habituel travers jacobin, les spécificités. » Mais ce n’est précisément pas le cas parce que les textes, en l’occurrence le décret du 29 octobre 2020, permettent l’organisation d’entraînements des skieurs professionnels, skieurs de haut niveau, moniteurs et même scolaires.

Le fonctionnement automnal des glaciers

L’article 4 du décret (celui qui rétablit l’attestation dérogatoire) permet les déplacements sur le lieu d’exercice de l’activité professionnelle. L’article 40 permet de séjourner en hôtel avec restauration en room service. L’article 42 permet l’accueil dans les établissements sportifs couverts ou les établissements de plein air des sportifs professionnels et de haut niveau, formations continues et/ou entraînements obligatoires pour le maintien des compétences professionnelles, ou encore des groupes scolaires.

Mais surtout, l’article 18 n’impose aucune fermeture aux exploitants de remontées mécaniques mais uniquement de veiller à la distanciation en fonction du type de remontée (le port du masque n’étant pas obligatoire sur les téléskis et télésièges avec une place vide entre deux personnes). Les différentes dispositions du décret permettent ainsi le fonctionnement automnal des glaciers, le déplacement des groupes de sportifs, leur hébergement et leur restauration.

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Si le décret n’interdit pas, la difficulté est peut-être économique. Le nombre d’usagers potentiels serait trop faible pour amortir l’ouverture des remontées mécaniques et de certains hôtels ? Cette forme d’autocensure est difficilement compréhensible. Partout en France, les activités qui peuvent continuer s’efforcent de le faire, même en « mode dégradé », en ajustant drastiquement les conditions d’exploitation parce que s’arrêter, c’est peut-être ne plus recommencer (de nombreuses activités économiques verraient dans un simple mode dégradé un horizon qui s’éclaircit…).

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Touché de plein fouet par la crise, ThyssenKrupp envisage de supprimer 5 000 emplois

Au siège de ThyssenKrupp, à Essen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), en août 2019.

Les chiffres étaient attendus. Et pourtant, l’ampleur de la plongée dans le rouge est vertigineuse. Le conglomérat allemand ThyssenKrupp a annoncé, lors de la publication de ses résultats annuels, jeudi 19 novembre, une perte abyssale de 5,5 milliards d’euros pour son exercice 2019-2020, clôturé le 30 septembre. C’est, de loin, la plus importante de l’histoire du groupe. A Essen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), siège du groupe sidérurgique et industriel à l’histoire bicentenaire, on prévoit de supprimer 5 000 emplois supplémentaires, en plus des 6 000 déjà annoncés en mai 2019. Soit un poste sur dix.

Ces annonces, dramatiques, surviennent au moment où le groupe espérait sortir enfin la tête de l’eau, après des années de crise. Début 2020, ThyssenKrupp a réussi à vendre la seule perle du conglomérat, la très profitable division ascenseurs, pour la coquette somme de 17,2 milliards d’euros, bien plus qu’espéré. Grâce au produit exceptionnel de cette vente, le groupe pensait prendre un nouveau départ, où l’acier devait occuper une place centrale dans la stratégie. Le produit de la cession des ascenseurs avait permis d’éponger les dettes et de renforcer les fonds propres du conglomérat.

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Mais la pandémie de Covid-19 a tout balayé. La crise a touché de plein fouet la production d’acier des hauts-fourneaux de la Ruhr. La perte opérationnelle s’élève à 1,6 milliard d’euros, dont 1 milliard pour la seule branche acier ; 260 autres millions ont été engloutis dans la crise du département de la sous-traitance automobile. A cela s’ajoutent des dépréciations d’actifs. Le résultat net n’est ressorti positif – à 9,6 milliards d’euros – que grâce aux milliards hérités de la vente des ascenseurs. Pas d’autre issue, dans un environnement mondial très incertain, que de tailler encore dans les effectifs, estiment les dirigeants du groupe. Le monumental plan social pourrait inclure, pour la première fois, des licenciements secs, un tabou dans un conglomérat où le syndicat se considère comme le dépositaire de la mémoire des premières luttes ouvrières allemandes, il y a un siècle.

« Les prochaines étapes pourraient être plus douloureuses »

« Nous ne sommes pas encore arrivés là où nous devrions être », a expliqué Martina Merz, la présidente du directoire du groupe. « Les prochaines étapes pourraient être plus douloureuses encore que celles déjà accomplies. » Nommée en octobre 2019, Martina Merz a endossé la lourde charge de mettre de l’ordre dans les décombres laissés par ses prédécesseurs. Les patrons Heinrich Hiesinger et Guido Kerkhoff avaient démissionné coup sur coup à un an d’intervalle, laissant le groupe dans une incertitude stratégique et de gouvernance. En juin 2019, la Commission européenne avait rejeté la fusion espérée avec le groupe indien Tata. A en croire Mme Merz, ThyssenKrupp n’aurait donc pas encore touché le fond.

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La dégringolade du volontariat international, victime de la crise

D’habitude, plus de 10 000 jeunes diplômés – dont une bonne partie est issue de grandes écoles – partent à l’étranger dans le cadre d’un volontariat international, en entreprise (VIE) ou en administration (VIA). Créée en 2000 pour remplacer la coopération et gérée par l’agence Business France, cette formule d’expatriation, réservée aux moins de 28 ans et d’une durée de six à vingt-quatre mois, doit son succès à sa formule simple. Pour nombre de jeunes diplômés, le volontariat international constitue une occasion en or pour vivre, en toute sécurité, une première expérience professionnelle à l’étranger.

Pour les employeurs, c’est un recrutement facilité, exempt de charges sociales. Les démarches administratives sont assurées par l’agence, qui signe un contrat avec l’entreprise et le jeune et assure son suivi. Le dispositif donne droit à une couverture sociale et garantit un salaire forfaitaire confortable, indexé en partie sur le coût de la vie du pays, et défiscalisé.

Mais, ces derniers mois, les départs en mission ont souffert des restrictions de déplacement liées à la pandémie. Début novembre, ils étaient en baisse de 30 % par rapport à novembre 2019. « Une baisse inédite après dix ans de croissance ininterrompue », déplore Christophe Monnier, directeur du programme VIE au sein de Business France. Au total, le nombre de missions en cours devrait reculer de 20 % en 2020 par rapport à 2019.

Pas de VIE aux Etats-Unis

Si les départs, depuis l’été, ont repris vers certaines destinations – en Europe, en Asie ou en Afrique –, une bonne partie de l’Amérique latine et du Moyen-Orient, ainsi que l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, restent inaccessibles au volontariat international. Emmanuel, 22 ans, étudiant qui termine un double cursus ingénieur-manageur au Pôle universitaire Léonard-de-Vinci, à Paris, est déçu par la quasi-absence d’offres en Colombie, où les affectations sont temporairement suspendues. « Schneider Electric est intéressé par mon profil, mais pour l’instant les recrutements sont gelés », explique-t-il.

Surtout, la fermeture des frontières américaines, destination numéro un des VIE, pèse lourdement sur les recrutements. « On va devoir embaucher des gens en local au lieu de prendre des VIE, c’est vraiment dommage », regrette le Français Rémi Aubert, cofondateur de l’entreprise AB Tasty, implantée aux Etats-Unis, et qui emploie chaque année des jeunes en VIE.

Depuis le début de la crise, Business France s’est creusé les méninges pour tenter de sauver les missions quand les départs étaient impossibles. En proposant, par exemple, aux entreprises françaises basées à l’étranger d’embaucher des Français ou des binationaux présents dans le pays. Un millier de jeunes ont également démarré leur VIE dans l’Hexagone, le temps que la situation sanitaire se débloque, et en espérant partir dans les mois suivants. Parfois, ils ont été rebasculés vers d’autres pays ou embauchés directement en France.

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Entre les relocalisations et les fermetures de site, l’industrie française sur un fil

Sur le front de l’industrie, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Jeudi 12 novembre, la direction de Bridgestone a fermé la porte à tout espoir de sauver l’usine de Béthune (Pas-de-Calais) et ses 863 emplois directs. Mercredi 18, Vallourec annonçait à son tour la fermeture de son usine de Déville-les-Rouen (Seine-Maritime), supprimant 180 emplois. Jeudi 19 novembre, Bercy annonçait les premiers projets retenus par le gouvernement dans le cadre du volet industriel de « France Relance », doté de 35 milliards d’euros.

Ces trente et un premiers projets relèvent des cinq secteurs (la santé, l’agroalimentaire, l’électronique, les intrants industriels et la 5G) jugés « critiques » pour la souveraineté de la France par le ministère de l’économie. Bénéficiant d’un soutien public de 140 millions d’euros, ils totalisent 680 millions d’euros d’investissements productifs et devraient permettre la création de 1 800 emplois directs et le maintien de plus de 4 000 emplois industriels, répartis sur tout le territoire.

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« Les dispositifs de soutien à l’investissement industriel que nous avons mis en place rencontrent un succès massif et se traduisent par des résultats concrets, se sont félicités dans un communiqué commun le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et la ministre déléguée à l’industrie, Agnès Pannier-Runacher. Nos entreprises industrielles ont des projets, elles sont prêtes à prendre des risques malgré un contexte difficile et incertain. »

Une solde net de 19 500 emplois

Un satisfecit qui risque toutefois d’être diversement interprété par les salariés des usines menacées ou bientôt fermées, qu’il s’agisse de celle de Bridgestone, de Vallourec, mais aussi de Latécoère, à Toulouse, de Siemens, au Havre (Seine-Maritime) ou d’Inteva Products, à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges). Selon les données compilées par Trendeo, les annonces de fermetures ou les fermetures effectives dans l’industrie manufacturière, depuis mars, représentent, en solde net, quelque 19 500 emplois détruits.

Si les suppressions atteignent le chiffre significatif de 42 000 postes, elles sont en partie compensées par un peu plus de 22 000 créations d’emplois industriels enregistrées depuis le début de la pandémie. Et une chose semble sûre, en fin d’année, la France devrait perdre bien moins de postes industriels qu’en 2009, lors de la crise financière, lorsque 39 000 emplois de ce type avaient disparu.

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L’association Les Affranchis de Bridgestone se porte en justice contre la fermeture de l’usine de Béthune

« Les salariés ne vont pas se laisser faire » : menés par leur avocat, Fiodor Rilov, Les Affranchis de Bridgestone se sont réunis, jeudi 19 novembre, pour exposer aux salariés leur plan de bataille. Une semaine après la confirmation de la fermeture de l’usine de pneumatiques de Béthune (Pas-de-Calais), cette jeune association a saisi en référé le tribunal judiciaire de Lille.

La manière de faire n’est pas commune : ce collectif d’une quarantaine de salariés s’est monté en réaction à l’action de l’intersyndicale de Bridgestone. David D’Hornes, président de l’association et ancien élu CGT du site, voulait « faire une action » et aller plus loin que des négociations qu’il juge infructueuses : « Dans les réunions, encore hier, les syndicats ont fait des propositions à la direction. Mais ils disent aux salariés d’attendre de voir ce qu’il en est du PSE [plan de sauvegarde de l’emploi]… Pour nous, ce n’est pas correct ! »

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Les Affranchis reprochent aux syndicats de vouloir simplement limiter la casse et au gouvernement de se focaliser sur la reprise de l’usine. La ministre déléguée chargée de l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, a déclaré, mercredi 18 novembre, que le fabricant japonais devait « aider à la reprise quel que soit le repreneur » et « améliorer le plan » de départ des 863 salariés concernés.

« Délai de préavis »

L’action en justice de l’association vise à retarder la fermeture du site. « Nous allons demander au président du tribunal d’ordonner la poursuite des relations commerciales entre Bridgestone France et Bridgestone Europe », a précisé Fiodor Rilov, avocat en droit social connu pour avoir défendu les salariés de Goodyear, Continental et Whirlpool. La production de la filiale française repose entièrement sur le site de Béthune, et Bridgestone Europe, holding établie en Belgique, lui achète la totalité de sa production.

La fin de Béthune, c’est donc la fin de Bridgestone France. Or « un article du code de commerce exige que, lorsqu’un contrat commercial dans une telle dépendance est rompu, il faut respecter un délai de préavis de maximum dix-huit mois », a signalé l’avocat. Compte tenu de la situation, les Affranchis espèrent ainsi obtenir une poursuite de la production et une survie des emplois pendant un an et demi.

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En visant cette prolongation, les salariés espèrent faire revenir le groupe sur son projet de fermeture. Une seconde procédure devrait suivre, pour outrepasser une direction française jugée impuissante par l’avocat : l’association souhaite saisir le tribunal de commerce pour demander la nomination d’un administrateur provisoire pour prendre en main Bridgestone France, et l’empêcher de « se faire hara-kiri ».

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Covid-19 : les aéroports français réclament l’aide de l’Etat pour passer la crise

A l’aéroport de Bruxelles-National, à Zaventem, en Belgique, le 15 juin 2020.

Combien d’aéroports européens ne passeront pas l’hiver ? A l’occasion de son assemblée générale annuelle, mardi 17 novembre, le Conseil international des aéroports européens (ACI Europe) a tiré la sonnette d’alarme. Selon l’association, qui représente 500 des 750 aéroports dans 46 pays européens, 193 d’entre eux seraient au bord de la faillite. « Nous tirons déjà nos dernières cartouches, et la crise continue à s’aggraver », s’est inquiété Olivier Jankovec, directeur général d’ACI Europe.

La pandémie de Covid-19 a bousculé l’économie des aéroports, principalement fondée sur les recettes tirées des passagers. Mais ces derniers se font désormais rares dans les aérogares. En 2020, les aéroports ont perdu près de 1,5 milliard de passagers. En même temps que leurs clients, les plates-formes ont perdu leurs rentrées. Leurs pertes se montent actuellement encore à 350 millions d’euros par semaine. Un peu moins élevées qu’au deuxième trimestre, quand elles atteignaient 600 millions d’euros par semaine. En revanche, les aides des Etats ont été bien maigres. Quand les compagnies aériennes européennes ont déjà reçu près de 32 milliards d’euros d’aides, les aéroports n’ont eu droit qu’à un soutien limité de 840 millions d’euros, dénonce l’ACI.

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En France, l’Union des aéroports français (UAF) appelle l’Etat à mettre la main à la poche. Il y a urgence. « En 2020, l’activité des aéroports atteindra seulement 15 % à 20 % de celle de 2019 », s’inquiète Thomas Juin, président de l’UAF. Pour éviter « les cessations de paiements » et leur cortège de licenciements, l’UAF a rédigé un cahier de doléances. Faute de recettes, elle réclame à l’Etat une provision de 500 millions d’euros, versés « dès le premier trimestre 2021 », pour financer les missions régaliennes telles que la sûreté aéroportuaire.

200 000 salariés

Elle souhaite aussi la prolongation du dispositif d’activité partielle pour six mois et la mise en place, sans tarder, de tests antigéniques, notamment entre les pays de l’Union européenne, « pour éviter les quarantaines ». Pour l’UAF, ces « mesures conservatoires » ont pour objectif de « protéger l’écosystème » des aéroports français. Un secteur qui emploie de façon directe et indirecte jusqu’à 200 000 salariés. Le syndicat des aéroports assure « qu’il faut profiter de l’hiver, saison traditionnellement basse pour le transport aérien, pour être prêt en avril 2021, pour le redémarrage de l’activité ».

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Formation professionnelle : une application mobile qui est entrée dans les usages, en un an

Un an presque jour pour jour après son lancement, l’heure du bilan est venue pour l’application mobile et le site Internet MonCompteFormation. Il est positif, aux dires de tous ceux qui ont porté sur les fonts baptismaux cet outil intégré dans une réforme plus vaste dont le but est de renforcer les qualifications des travailleurs – quel que soit leur statut. Les partenaires sociaux sont plus circonspects, plusieurs syndicats continuant d’exprimer leur désapprobation.

Depuis le 21 novembre 2019, près de 957 000 demandes de formation ont été acceptées par le biais de ce mécanisme, selon des chiffres communiqués, mercredi 18 novembre, par la Caisse des dépôts et consignations, qui gère les comptes personnels de formation (CPF) et l’application associée à ceux-ci. Présenté comme unique au monde au moment de sa mise en place, cet instrument digital a pour but de permettre à quelque 28 millions d’actifs – salariés, fonctionnaires, indépendants, demandeurs d’emploi – de choisir un organisme qui leur apportera des compétences supplémentaires.

Les personnes ont la faculté de financer un stage grâce à l’argent porté au crédit de leur CPF, sans passer par un inter­médiaire, la démarche étant réalisable à partir d’un smartphone. La somme à laquelle chaque individu a droit peut, au maximum, atteindre 5 000 euros (8 000 euros pour les peu qualifiés). Des sommes complémentaires, qualifiées d’« abondements », peuvent, par ailleurs, être attribuées par Pôle emploi et par les entreprises. Un chambardement de taille, ne serait-ce qu’à cause de l’unité de compte désormais en vigueur : on raisonne en euros, donc – et non plus en heures de formation –, dans l’optique de rendre le CPF plus attractif et d’inciter ainsi les bénéficiaires à prendre leur destin professionnel en main.

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Objectif atteint

Il y a un an, l’ambition de Muriel Pénicaud, alors ministre du travail, était de voir 1 million de personnes mobiliser MonCompteFormation. L’objectif paraît donc atteint. « C’est un succès populaire et un grand motif de fierté », affirme Antoine Foucher, le directeur de cabinet de Mme Pénicaud quand celle-ci était membre du gouvernement (mai 2017-juillet 2020). Les chiffres sont « assez impressionnants, tant du point de vue quantitatif que qualitatif », enchaîne Michel Yahiel, responsable de la direction au sein de la Caisse des dépôts qui pilote le dispositif. D’après lui, des publics, qui, jusqu’à présent, étaient les parents pauvres du système de formation, sont désormais mieux lotis : deux tiers des demandes « émanent d’employés, d’ouvriers ou de techniciens », selon les éléments diffusés mercredi par la Caisse ; près de quatre personnes sur dix désirant se former « ont un niveau BEP/CEP ou en dessous ». M. Yahiel ajoute qu’il y a également plus de femmes et d’actifs ayant au moins 45 ans qu’auparavant.

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