Archive dans 2020

L’avenir des salariés d’IBM France s’assombrit

Invitée à l’Elysée le 28 mai 2018 à l’occasion du sommet Tech for Good, l’ancienne patronne d’IBM Virginia Rometty avait promis la création de 1800 emplois en France.

Les plans de départ chez IBM France, on en est coutumier. De mémoire de syndicalistes, pas une année n’a passé depuis au moins une décennie sans que ces épisodes douloureux se répètent. Mais cette fois-ci c’est le coup de bambou. Même si le chiffre définitif des coupes dans l’effectif n’a pas encore été arrêté, c’est entre 20 et 25 % des effectifs qui devraient prendre la porte en 2021, soit entre 1 200 et 1 400 emplois. Les arbitrages finaux de la direction doivent être communiqués d’ici la mi-décembre. Ces mesures s’inscrivent dans un plan qui doit condamner 10 000 emplois en Europe.

Loin des grandes heures qui l’ont vu se hisser comme un géant mondial de l’informatique, l’entreprise américaine cherche aujourd’hui à se réinventer. Elle a, ces dernières années, vendu ses activités de fabrication de PC et de serveurs au chinois Lenovo, faisant désormais le pari du cloud (informatique dématérialisée) pour trouver une nouvelle jeunesse, elle qui est née en 1911.

Amertume

Cette restructuration intervient après le départ en janvier de Virginia Rometty à la tête de la société, remplacée par Arvind Krishna, et par la décision, neuf mois plus tard, de scinder la compagnie en deux entités : l’une consacrée à ses activités traditionnelles (gestion, conseil et maintenance d’infrastructures), l’autre au cloud et à l’intelligence artificielle. Une partition pas forcément favorable à l’antenne française d’IBM, qui était encore très présente sur les « anciens » métiers d’IBM.

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L’amertume est d’autant plus forte au sein des équipes hexagonales qu’en mai 2018 Virginia Rometty avait promis de créer 1 800 emplois en France, à l’occasion de l’événement Tech for Good. Ce jour-là, à l’Elysée, dans sa robe jaune, au milieu d’hommes en costumes sombres, la patronne américaine prenait la lumière à la droite du président Macron, plus proche encore de lui que le puissant Mark Zuckerberg, de Facebook.

« Avec les plans qui se sont succédé et les annonces de ceux à venir, nous aurons largement dépassé les moins de 1 800 salariés chez IBM France d’ici à fin 2021 ! », déplore désormais la CFDT, qui relève dans un communiqué que, dans l’intervalle, l’entreprise a bénéficié de 130 millions d’euros de crédit d’impôts quand elle n’en a payé que 39 millions.

« Avant, on était précurseurs, aujourd’hui on est suiveurs », s’inquiète-t-on en interne

Cette coupe massive dans les effectifs a été « une grosse surprise », confie un représentant du syndicat, qui attribue cette décision à « une recherche de toujours plus de profit ». Le même observe que les prévisions de l’entité française prévoient toujours un résultat « loin d’être négligeable » de 80 millions d’euros pour 2020.

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Confinement : le gouvernement promet une aide pour les travailleurs précaires

Une « aide exceptionnelle » pour les travailleurs précaires qui travaillaient « significativement » avant la crise du Covid-19 va être mise en place, annonce la ministre du travail, Elisabeth Borne, dans une interview à paraître jeudi 26 novembre dans Les Echos.

« J’ai proposé au premier ministre l’instauration d’une aide exceptionnelle, ciblée sur des personnes qui travaillaient significativement avant la crise même s’ils alternaient période de travail et de chômage, pour leur garantir un revenu de remplacement mensuel minimal. »

Cette aide individualisée et versée par Pôle emploi doit concerner « environ 300 000 personnes, dont 70 000 jeunes » et « son versement durera le temps que le marché du travail se stabilise », ajoute Mme Borne à la veille d’une conférence de presse où Jean Castex doit détailler les annonces du chef de l’Etat lors de son allocution de mardi.

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Emmanuel Macron avait annoncé une « réponse exceptionnelle » pour « les saisonniers, les extras qui n’ont plus d’engagement depuis des mois, les précaires qui travaillaient les années précédentes mais ne retrouvent plus d’emplois ». Il avait aussi évoqué « les jeunes qui n’arrivent à trouver ni emploi étudiant ni premier emploi », affirmant que « le plan un jeune, une solution fera l’objet de moyens accrus ».

Des « trous dans la raquette » pour les jeunes

Sur ce point, le plan présenté en juillet « se déploie très bien », affirme la ministre, qui cite notamment « 128 000 » intentions de recours à la prime à l’embauche d’un jeune (jusqu’à 4 000 euros) et « 172 000 demandes » d’aide à l’embauche d’un apprenti (5 000 euros pour un apprenti de moins de 18 ans ou 8 000 euros pour un majeur), espérant « battre le record » de contrats signés en 2019.

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Pour autant, elle fait état de « trous dans la raquette ». « On veut en particulier s’assurer qu’il n’y ait pas de rupture dans les parcours parce qu’un jeune n’est plus éligible à une aide financière », dit-elle, proposant notamment un élargissement du bénéfice de la rémunération de stagiaire de la formation professionnelle.

Sur la prise en charge du chômage partiel, dont les règles doivent devenir moins favorables au 1er janvier, elle précise que « les entreprises fermées administrativement continueront de bénéficier d’une prise en charge totale, sans limitation de durée », et évoque d’autres « ajustements » possibles.

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Quant au télétravail, qui depuis fin octobre est « la règle » dans les entreprises qui le peuvent, elle affirme que « le protocole sanitaire concernant les entreprises va continuer à s’appliquer dans ses termes actuels jusqu’aux vacances de Noël ». Pour la suite, elle note une « demande d’un peu plus de souplesse » et échangera lundi avec les partenaires sociaux sur ce point, évoquant « la possibilité de permettre aux salariés de revenir au moins un jour par semaine au bureau ».

Le Monde avec AFP

Le Conseil d’Etat annule deux points très contestés de la réforme de l’assurance-chômage

C’est une victoire partielle pour les syndicats et le patronat. Le Conseil d’Etat a annulé, mercredi 25 novembre, deux dispositions très contestées de la réforme de l’assurance-chômage, un nouveau casse-tête pour l’exécutif qui a déjà dû reporter plusieurs fois son entrée en vigueur.

Cette décision n’a cependant pas d’impact immédiat puisque, du fait de la crise économique, le gouvernement a suspendu l’application de la réforme, décidée par décret en juillet 2019, jusqu’au 1er avril 2021.

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Dans un communiqué, la ministre du travail, Elisabeth Borne, estime d’ailleurs que les concertations en cours avec les partenaires sociaux pour tenir compte de la crise « permettront de proposer des solutions conformes à la décision du juge ».

« Une première victoire » pour les syndicats

Dans sa décision, le Conseil d’Etat annule le point le plus contesté par les syndicats de la réforme rédigée par l’ex-ministre du travail Muriel Pénicaud : les modalités de calcul de l’allocation. Il estime que cela « porte atteinte » au principe d’égalité entre allocataires. Pour une raison de forme, il annule aussi l’instauration d’un bonus-malus sur la cotisation chômage de certaines entreprises, critiquée par le patronat.

La juridiction n’a, en revanche, pas remis en cause le durcissement des conditions d’affiliation ni l’introduction d’une dégressivité pour les hauts revenus, également critiqués par les syndicats.

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Les syndicats se sont unanimement félicités de « cette première victoire ». « Il faut amplifier la lutte pour obtenir l’annulation totale d’une réforme profondément injuste », a réagi la CGT ; pour la CFDT, le gouvernement « doit plus que jamais renoncer à sa réforme ».

Un système pénalisant les « permittents »

La disposition annulée est au cœur de la philosophie de la réforme voulue par Emmanuel Macron qui jugeait que le mode de calcul actuel n’incite à pas à la reprise d’un emploi stable.

La réforme prévoyait que le salaire journalier de référence, base de l’allocation mensuelle, soit calculé non plus sur le total des salaires divisé par les jours de travail des 24 derniers mois mais sur ce total divisé par l’ensemble des jours, y compris non travaillés, de la période.

Dans l’esprit du gouvernement, cette modification visait à corriger un système plus favorable, pour le même nombre d’heures de travail, à celui qui a des contrats fractionnés par rapport à celui qui a un temps partiel en continu. Mais cela pénalisait fortement les « permittents », ceux souvent précaires qui alternent chômage et contrats courts.

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« Du fait des règles qui ont été retenues, le montant du salaire journalier de référence peut désormais, pour un même nombre d’heures de travail, varier du simple au quadruple, constate le Conseil d’Etat. Il en résulte (…) une différence de traitement manifestement disproportionnée au regard du motif d’intérêt général poursuivi. »

Selon l’Unedic, avec la réforme, 840 000 nouveaux entrants toucheraient une allocation plus faible qu’avec les règles actuelles. La baisse serait en moyenne de 24 % (de 902 à 689 euros net par mois). Leur indemnisation durerait en revanche 18 mois au lieu de 12.

Une réunion prévue en décembre pour de nouveaux ajustements

L’autre point annulé par le Conseil d’Etat est l’instauration d’un bonus-malus sur la cotisation d’assurance-chômage payée par les entreprises dans sept secteurs grands consommateurs de CDD courts et d’intérim (hébergement-restauration, agroalimentaire, transports, plasturgie…). Mais elle est annulée pour une raison mineure, le juge estimant que le dispositif de bonus-malus renvoyait, pour certaines modalités, à un arrêté là où il aurait fallu un décret.

La fédération de la plasturgie s’est dite cependant satisfaite de cette décision et demande au gouvernement de « renoncer au nom de la sauvegarde économique à une nouvelle mise en place pour les prochaines années ».

Dans les discussions en cours, le gouvernement a proposé de reporter d’un an l’entrée en vigueur du bonus-malus, qui ne s’appliquerait que sur la cotisation 2023.

Côté chômeurs, le ministère du travail a proposé de revenir sur le passage de 4 à 6 mois de travail (sur les 27 derniers) pour ouvrir des droits, mais uniquement pour les jeunes de moins de 26 ans. Le seuil de rechargement des droits passerait de six mois (prévus dans la réforme) à quatre.

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Quant à la dégressivité pour les demandeurs d’emploi ayant eu auparavant un salaire de plus de 4 500 euros brut, celle-ci, d’un montant de 30 %, interviendrait au bout de 8 mois au lieu de 6. Ces aménagements n’ont pas du tout satisfait les syndicats, et une prochaine réunion est prévue début décembre.

Le Monde avec AFP

Télétravail : les partenaires sociaux se retrouvent jeudi pour une nouvelle séance de négociation

Une nouvelle séance a été programmée jeudi matin, à 9 heures, pour tenter d’amener tous les syndicats à signer le projet d’accord national interprofessionnel (ANI), que la CFDT et la CFTC étaient prêtes à valider après des concessions du patronat, mais pas la CGT, regrettant son caractère non contraignant. FO et la CFE-CGC, qui s’est montrée particulièrement critique jusque-là, ne se sont pas encore prononcées. Depuis dimanche, le projet a été amendé trois fois, à la demande des syndicats.

La séance a été organisée car « la volonté d’aboutir est partagée. On va y arriver », a commenté Michel Picon, de l’U2P (entreprises de proximité). « Afin de respecter la loyauté des négociations, nouvelle séance jeudi, avec discussion, remise d’un texte définitif », a de son côté déclaré Fabrice Angéi (CGT).

Un texte « ni prescriptif », « ni normatif » pour la CGT

Dans la matinée, il avait émis de sérieuses réserves quant à la signature du projet d’ANI, envoyé par le patronat dans la nuit de mardi à mercredi, avec des concessions. Le document est censé poser un cadre pour le télétravail exceptionnel, par exemple lors d’une crise sanitaire, mais aussi en temps normal. C’est également une demande du gouvernement, qui a fait du télétravail « une règle » – réaffirmée mardi soir par Emmanuel Macron – dans les entreprises qui le peuvent pour limiter la propagation du virus.

Une ligne rouge demeure pour la CGT : comme réclamé dès le début de la négociation le 3 novembre par le Medef, le texte n’est « ni prescriptif », « ni normatif ». « C’est-à-dire que tout ce qui est écrit dedans peut être contourné. C’est un gros souci », avait rappelé dans la matinée Fabrice Angéi. Pour cette raison, il ne voyait « pas comment un avis positif peut être donné par la CGT », qui rendra une décision officielle d’ici mi-décembre.

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CFDT et la CFTC satisfaites des concessions du patronat

Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, avait lui relativisé. « Dès le début, on savait que ce ne serait pas contraignant », a-t-il dit lors de l’émission « Ecorama » de Boursorama, ajoutant que les discussions se poursuivaient autour d’un accord qui « ne sera pas révolutionnaire ». Ce document pourrait être « utile » en donnant « un cadre dans les entreprises ».

La CFTC aussi voit le verre à moitié plein, car l’ANI « cadre quand même pas mal de choses ». Estimant également que ce document « ne va pas révolutionner le monde du travail », Eric Courpotin pense que « les négociateurs pourront s’en inspirer lors d’une négociation en entreprise ». « Le patronat a repris l’intégralité de nos propositions, le texte est plus conforme à nos attentes », a-t-il ajouté, prévoyant de le présenter « de manière positive » mardi prochain, lors d’une réunion interne confédérale. C’est à son issue que la CFTC donnera son avis officiel.

Faute d’accord, « le gouvernement interviendra par voie législative », prévient François Hommeril, président de la CFE-CGC. D’ores et déjà, Jean Castex a demandé aux partenaires sociaux de « réfléchir à une deuxième phase de télétravail pour le début de l’année qui ne soit pas le 100 % télétravail comme aujourd’hui, mais qui ne soit pas non plus le retour au stade précédent », a assuré mercredi Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, sur BFM-TV et RMC. Au sujet de la négociation, « la balle est dans le camp des syndicats », a-t-il ajouté.

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Le Monde avec AFP

Le casse-tête des ouvertures de commerces le dimanche en situation d’urgence

Tous les commerces pourront-ils ouvrir le dimanche dès le 29 novembre ? C’est, semble-t-il, le souhait du ministre de l’économie, des finances et de la relance, Bruno Le Maire, qui s’est déclaré, mercredi 25 novembre, sur France Inter, « favorable à l’ouverture des commerces tous les dimanches jusqu’à Noël », comme il l’avait d’ailleurs laissé entendre précédemment aux commerçants. Ces derniers réclamaient de pouvoir ouvrir plus longtemps en semaine ainsi que le dimanche, afin d’écouler les stocks accumulés et d’étaler sur sept jours les flux de clientèle.

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« Cette mesure, qui ne coûte pas un seul euro au gouvernement et ne repose que sur la force de travail des commerçants, peut permettre de [compenser] un peu du manque à gagner généré par la période de fermeture, ont fait valoir, mercredi, plusieurs fédérations professionnelles. Elle placera aussi les magasins sur un pied d’égalité avec les marchands 100 % Web, qui ont jusqu’à présent bien profité, seuls, et 7 jours sur 7, de la consommation. » Selon le cabinet Retail Int., les dimanches de décembre ont représenté 12 % du chiffre d’affaires des commerces non alimentaires en 2019.

De son côté, la ministre du travail, Elisabeth Borne, avait laissé entendre, lundi, aux partenaires sociaux, qu’il n’était pas nécessaire de modifier les textes de loi et que des instructions seraient envoyées aux préfets. Car, sans coup de pouce du gouvernement, impossible d’ouvrir les magasins partout.

« Dimanches du maire »

Les dispositifs permettant l’ouverture dominicale des commerces ont été assouplis par la loi du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques (dite « loi Macron ») : 12 dimanches dans l’année au maximum (contre cinq auparavant), laissés à l’appréciation du maire ou du préfet ; des zones touristiques et des zones commerciales dans lesquelles le travail est autorisé 52 dimanches dans l’année ; des gares et des zones touristiques internationales (ZTI), avec des périmètres précis, où les commerces peuvent ouvrir tous les dimanches et le soir jusqu’à minuit.

Sur les 40 villes de métropole de plus 100 000 habitants, trois ont instauré une zone dérogatoire sur l’intégralité de leur territoire (Bordeaux, Toulon et Aix-en-Provence), permettant l’ouverture dominicale des commerces non alimentaires toute l’année. Mais d’autres maires sont bien plus frileux. Sur les 37 autres, dix n’ont pas donné plus de cinq « dimanches du maire » en 2020, selon les chiffres de l’Alliance du commerce.

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« Je suis une femme quota » : 40 personnalités allemandes défendent l’accès des femmes aux postes à responsabilités

S’il ne manquait pas Angela Merkel, la vidéo serait un parfait Who’s who des célébrités féminines allemandes. Quarante femmes, dont la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la ministre fédérale de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer (« AKK »), et des personnalités du monde de la politique, de l’économie, de la recherche et du spectacle ont diffusé, mercredi 25 novembre, un message sur les réseaux sociaux et à la « une » du magazine Stern. « Je suis une femme quota » (« Ich bin eine Quotenfrau »), affirment-elles dans une démarche inédite, espérant briser le tabou qui persiste encore sur l’accès des femmes aux responsabilités en Allemagne.

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C’est un des paradoxes de la République allemande : bien qu’une femme soit depuis quinze ans à la tête de la chancellerie, le pays est nettement en retard par rapport à ses voisins dans l’accès de la gente féminine aux postes à responsabilités. Elles n’occupent que 12,8 % des postes de direction des entreprises cotées au DAX, le premier indice boursier allemand, contre 21 % dans le CAC 40 en France.

Pour tenter d’y remédier, les partis de la coalition au pouvoir (l’union chrétienne CDU-CSU et le Parti social-démocrate SPD) sont parvenus à un compromis, vendredi 20 novembre, sur un projet de loi imposant un quota de femmes aux entreprises évoluant en Bourse. Les directoires (ou comités exécutifs) de plus de trois membres devront obligatoirement compter au moins une femme dans leurs rangs.

Retourner le stigmate

Le texte, fruit d’une longue discussion, est soutenu par les sociaux-démocrates et par Angela Merkel. Il a bénéficié de façon inattendue de l’appui de Markus Söder, président de l’Union chrétienne-sociale (CSU), la très conservatrice branche bavaroise de l’Union chrétienne-démocrate (CDU).

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La partie est pourtant loin d’être gagnée. Le projet de loi doit franchir différentes étapes de discussion avant d’être adopté, notamment en passant devant les fédérations économiques et patronales. Or celles-ci refusent le texte. Elles dénoncent une intervention excessive de l’Etat dans la gestion des affaires des entreprises, et avancent la « pénurie de candidates » à ces postes. « Nous ferons tout pour empêcher les quotas féminins », a lancé Hans Michelbach, député de la CSU, proche des milieux économiques. Pourtant, des quotas obligatoires existent depuis 2016 pour les conseils de surveillance des entreprises cotées.

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Face à la crise de l’emploi, la Creuse résiste mieux que la Corse

Derrière une moyenne nationale se cachent toujours de grandes disparités territoriales. Ainsi, si la France a en moyenne perdu 2,8 % de ses emplois salariés au premier semestre (soit 714 900 emplois en moins), la Creuse n’a vu disparaître « que » 1,55 % de ses emplois, tandis que la Corse-du-Sud a vu son nombre d’emplois salariés chuter de 7,05 %.

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La Corse a été durement frappée dans son ensemble, puisque la Haute-Corse a elle aussi vu son total d’emplois salariés fondre au premier semestre (– 5,99 %). L’antenne régionale de l’Insee explique que cette chute vertigineuse est due à « la surreprésentation dans la région d’activités davantage affectées par les mesures sanitaires », notamment le secteur de l’hébergement-restauration, qui, en plus d’être fortement impacté par la réglementation sanitaire, recourt massivement aux contrats courts, qui ont été les premières victimes de la crise.

Pour les Hautes-Pyrénées, le bureau de l’Insee en Occitanie précise même que la chute de l’emploi salarié dans ce département est fortement corrélée à la baisse d’activité du sanctuaire de Lourdes

Selon l’Insee, l’importance de l’hébergement-restauration dans les Alpes-Maritimes et dans les Hautes-Pyrénées est également la cause des importantes pertes d’emplois constatées dans ces départements (respectivement – 5,02 % et – 6,4 %). Pour les Hautes-Pyrénées, le bureau de l’Insee en Occitanie précise même que la chute de l’emploi salarié dans ce département est fortement corrélée à la baisse d’activité du sanctuaire de Lourdes

L’ampleur du rebond de l’intérim au deuxième trimestre a également un fort impact sur les chiffres semestriels des différents départements. La division bretonne de l’Insee indique par exemple que la bonne résistance des Côtes-d’Armor (– 1,92 % entre janvier et juin) s’explique entre autres par le fait que le rebond de l’intérim observé entre avril et juin a compensé une bonne partie des pertes d’emplois des autres secteurs sur cette période et limité la chute sur l’ensemble du semestre.

Le rôle important de l’intérim

A l’inverse, dans les Alpes-Maritimes, l’Institut de statistiques note que l’emploi intérimaire s’est rétabli « beaucoup moins vite » au cours du second trimestre que dans les autres départements (+ 20,2 %, contre + 23 % sur le plan national et + 34,9 % en PACA). Une situation que l’on retrouve également en Haute-Savoie, où le nombre d’intérimaires n’a rebondi que de 12,9 % entre avril et juin (contre 23,8 % en Auvergne-Rhône-Alpes).

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La BCE s’inquiète des faillites des entreprises et de la fragilité des banques

Que se passera-t-il quand on enlèvera la perfusion inédite dont bénéficie actuellement l’économie ? Mercredi 25 novembre, la Banque centrale européenne (BCE), dans son rapport semestriel sur la stabilité financière, s’est inquiétée des bulles financières qui gonflent pendant la pandémie et de la fragilité à venir des entreprises et des banques.

Elle craint un scénario du pire, avec une accélération des faillites des entreprises, qui entraînerait à son tour un affaiblissement des banques. « Nous avons évité une crise de liquidités mais le risque est que cela se transforme en crise de solvabilité », avertit Luis de Guindos, le vice-président de la BCE.

Une photographie des risques

A court terme, souligne la BCE, le risque est minime. Le plan d’achat de dette mené par la Banque centrale, et les dépenses exceptionnelles des gouvernements − chômage partiel, prêts garantis par l’Etat, aides d’urgence… − permettent de maintenir les entreprises à flot artificiellement. Mais après, quand les aides seront retirées ?

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Comme toujours, ce rapport n’est pas une prévision, mais une photographie des risques potentiels. Il commence par souligner les conséquences de la brutalité du choc subi depuis le début de la pandémie. La dette des Etats a fait un bond historique. De janvier à septembre, les gouvernements des pays de l’UE ont émis pour 1 000 milliards d’euros de dette, battant largement tous les précédents historiques. Dans le même temps, les entreprises se sont beaucoup endettées, à hauteur d’environ 500 milliards d’euros.

Ce double endettement Etats-entreprises est particulièrement inquiétant dans cinq pays. La Grèce et l’Italie sont exposées à la dette publique, dont le niveau frôle respectivement 150 % et 200 % du produit intérieur brut (PIB). Le Portugal, la France et la Belgique sont (un peu) moins touchés par la dette publique (autour de 120 %) mais la dette privée des entreprises oscille entre 150 % et 200 % du PIB.

« Une réponse continue, forte et ciblée est vitale pour protéger l’économie jusqu’à ce que l’épidémie soit passée », recommande le rapport

Pour l’instant, Etats comme entreprises peuvent continuer à facilement se financer, grâce à l’intervention massive de la BCE. Après une soudaine poussée au printemps, les taux d’intérêt des entreprises sont revenus à leur niveau d’avant-crise sur les marchés. Au risque d’être trop bas ? « Il y a une déconnexion avec les fondamentaux », s’inquiète M. de Guindos. En clair, il craint la création d’une bulle financière, avec des marchés qui prêteraient trop facilement à des entreprises pourtant très sérieusement fragilisées.

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Le nombre de chômeurs à nouveau en baisse en octobre

La baisse se poursuit. Le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A (sans activité) a à nouveau diminué en octobre (− 1,6 %), soit 60 100 inscrits en moins, pour s’établir à 3,794 millions, selon les chiffres de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), publiés mercredi 25 novembre.

En dépit de cette sixième baisse mensuelle successive, le nombre de chômeurs de cette catégorie reste supérieur de 10 % à celui de la fin de février, avant le début de la crise sanitaire.

En incluant l’activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emplois baisse de 0,7 % (− 40 800), pour le quatrième mois de suite, et s’établit à 6,004 millions.

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Des bascules de la catégorie A aux autres

La baisse de la catégorie A concerne toutes les régions de France et toutes les tranches d’âges, même si elle est plus forte chez les jeunes (− 2,4 %).

Elle s’explique avant tout par des bascules de chômeurs qui ont repris une activité réduite courte (catégorie B, moins de 78 heures par mois) et surtout longue (catégorie C, plus de 78 heures par mois, en hausse de 23 600).

Avant la mise en place du confinement à la fin d’octobre, le nombre de demandeurs d’emploi ne semble pas avoir subi les conséquences du couvre-feu dans certains secteurs (spectacle, restauration…), qui ont pu recourir à l’activité partielle.

La Dares n’observe pas encore de très forte hausse des entrées à Pôle emploi pour licenciement économique, malgré la hausse des plans sociaux, du fait du décalage entre les annonces et la mise en œuvre effective d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE).

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Le Monde avec AFP

Mode enfantine : la fin de Kidiliz conduit plus de 1 000 salariés au chômage

Déjà fragile avant la crise liée au Covid-19, Kidiliz avait été placé en redressement judiciaire en septembre 2020.

C’est un nouveau coup dur pour le secteur du commerce. Le tribunal de commerce de Paris a prononcé, lundi 23 novembre, la liquidation du groupe de mode enfantine Kidiliz. Faute de candidat à une reprise totale de l’entreprise, en redressement judiciaire depuis septembre, ses actifs seront attribués à sept entreprises, parmi lesquelles ID Kids, CWF ou l’américain Hanes. Elles se partageront les enseignes et marques du groupe, dont Roger Zannier et sa sœur, Josette Redon, ont jeté les bases à Saint-Chamond (Loire) en 1962, lors de la création de Z, spécialisé dans la mode enfantine bon marché.

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Pour l’heure, 497 de ses 2 600 salariés dans le monde sont repris – et seulement 356 postes en France, soit moins de 30 % des contrats à durée indéterminée. Dans l’Hexagone, ce jugement devrait entraîner le licenciement sec de plus de 1 000 salariés, à la suite de la fermeture de boutiques Catimini et Z partout sur le territoire, et du site de Saint-Chamond. « Les jugements portant sur les filiales italienne, belge et luxembourgeoise [625 employés au total] seront annoncés le 1er décembre », précisent les administrateurs judiciaires. 

Les salariés de Kidiliz auront essuyé revers sur revers depuis la cession de l’entreprise par ses fondateurs au chinois Zhejiang Semir Garment, en 2018. L’entreprise cotée à la Bourse de Shenzhen « ne s’est jamais investie à la hauteur de son projet », estiment les élus du personnel. Elle n’a pas « pris la mesure des restructurations nécessaires », affirme aussi Patrick Puy, nommé directeur général du groupe en juillet 2020, deux mois avant sa mise en redressement judiciaire.

Chute d’activité vertigineuse

Car, en 2019, alors que ses pertes atteignaient 38 millions d’euros, le projet de cession de Z, l’ancien sponsor du cyclisme, capote. Par la suite, la situation financière de Kidiliz continue de se dégrader. « Près de 80 millions d’euros de pertes » étaient prévus en 2020, selon M. Puy. Vient ensuite le printemps noir de 2020. Kidiliz paie chèrement la fermeture administrative de ses magasins lors du premier confinement, de la mi-mars à la mi-mai. La chute d’activité est vertigineuse : 260 millions d’euros de ventes prévues cette année, contre 388 millions en 2019.

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Dès lors, il devient impossible d’éviter la cessation de paiements. La procédure de redressement judiciaire se révèle ardue. La crise due au Covid-19 décourage les repreneurs et complique la recherche de candidats. Pis : début novembre, ces derniers revoient leurs offres à la baisse. « Par crainte de la conjoncture », note Patrick Puy. ID Kids s’est ainsi ravisé. A la fin d’octobre, il jurait pouvoir sauver 615 emplois en France.

Deux semaines plus tard, le groupe qui exploite Okaïdi, Jacadi et Oxybul, et totalise 892 millions d’euros de ventes présente une copie plus chiche : 229 postes seulement pour 79 magasins et plusieurs marques, dont Absorba. CWF, fabricant de vêtements sous licence, préserve, lui, 87 emplois, tandis que l’américain Hanes et l’italien Vincenzo Zucchi reprennent respectivement 87 et 173 salariés.