Archive dans 2020

Emploi à domicile : trois situations permettent de bénéficier du chômage partiel

Les employeurs de salariés à domicile n’ayant pas le droit d’exercer leur activité pendant le confinement (cours de musique, cours de sport, etc.) ont accès, pour novembre, au dispositif d’activité partielle.

Contrairement à ce qu’il avait initialement annoncé, le gouvernement a décidé de réactiver, pour le mois de novembre, un dispositif d’activité partielle pour les particuliers qui emploient des salariés à domicile.

Mais les conditions d’accès à ce dispositif sont plus restrictives que celles en vigueur lors du premier confinement. Et les modalités d’indemnisation moins avantageuses.

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Ce nouveau dispositif est réservé :

  • aux salariés qui n’ont pas le droit d’exercer leur activité pendant le confinement, en particulier aux personnes qui donnent des cours à domicile autres que du soutien scolaire : cours de musique, cours de sport, etc. ;
  • aux salariés d’une personne qui exerce une activité indépendante arrêtée du fait des mesures sanitaires : il s’agit notamment des commerçants à la tête de magasins qui n’ont pas pu accueillir du public pendant le confinement ;
  • aux salariés « vulnérables » susceptibles de développer des formes graves de Covid-19 : personnes de plus de 65 ans, femmes au troisième trimestre de leur grossesse et personnes développant une maladie listée dans un décret du 10 novembre 2020 (diabète, insuffisance rénale, cancer, etc.).

Vous ne bénéficiez pas du dispositif si…

Contrairement à ce qui prévalait durant le premier confinement, vous ne pouvez pas bénéficier de ce dispositif – et vous êtes obligé de maintenir le salaire de votre salarié à domicile – si vous lui avez demandé de ne pas venir travailler pour « convenances personnelles ».

Pas de chômage partiel donc, par exemple, si vous avez demandé à votre personnel de ménage de ne pas venir parce que vous avez télétravaillé en novembre et que vous ne vouliez pas être dérangé. Pas de chômage partiel non plus si vous êtes allés vous-même chercher vos enfants à la sortie de l’école et que vous n’avez pas eu recours à votre nounou. Ni si vous n’avez pas eu besoin de votre salarié à domicile parce que vous étiez confiné dans votre maison de campagne…

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Le dispositif n’est pas non plus ouvert aux particuliers employeurs qui, en raison de la crise sanitaire, traversent une période financièrement difficile. Ni même aux particuliers employeurs « vulnérables » et susceptibles de développer une forme grave de Covid-19 : si vous avez demandé à votre salarié de ne pas venir travailler chez vous pour vous « protéger », vous ne pouvez pas bénéficier de la mesure.

A l’inverse, si c’est votre employé qui a décidé de ne pas venir, vous n’êtes pas obligé de le rémunérer.

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« Pouvoir bénéficier du RSA dès 18 ans : une nécessité en ces temps de crise »

Tribune. Depuis la première vague de la pandémie de Covid-19, la France est plongée dans une crise économique sans précédent. Les jeunes comptent au nombre des premières victimes. Si la fragilité de cette population n’est pas un fait nouveau, les crises sanitaires et économiques ont amplifié ce phénomène de paupérisation. Plus souvent en contrats précaires, plus souvent en période d’essai et durement exposés au travail ubérisé, les jeunes sont les premières et premiers à subir les effets de la crise économique sur l’emploi. Au dernier trimestre 2020, près d’un jeune sur quatre est au chômage. A celles et ceux qui ont perdu leur emploi s’ajoutent les centaines de milliers d’autres arrivés en septembre au terme de leur formation sur un marché de l’emploi saturé et dégradé. Ne disposant d’aucune épargne et étant exclus des mécanismes de solidarité nationale, ces jeunes sont plus vulnérables à la perte de revenu et ils sont de plus en plus nombreuses et nombreux à tomber dans la grande précarité.

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Face à ce contexte inédit, le gouvernement a lancé le 23 juillet le Plan 1 jeune, 1 solution. Manifestement, celui-ci n’est pas à la hauteur. Faute de solutions, de nombreux jeunes se retrouvent sans emploi ni formation et surtout sans aucun revenu. Et pour cause, ce plan ne propose pas suffisamment de solutions, et les mesures ne prévoient que des contrats précaires sans aucun mécanisme d’accompagnement. Après plusieurs mois, force est de constater que le plan d’urgence du gouvernement ne fonctionne pas. La situation est pire que celle de l’été dernier. Le nombre de jeunes en recherche d’emploi augmente drastiquement et le nombre des moins de 25 ans vivant sous le seuil de pauvreté ne cesse de croître alors même que des impacts de la crise économique actuelle sur l’emploi sont encore à venir.

Filet de sécurité nécessaire

La majorité est fixée à 18 ans depuis plusieurs décennies. Les jeunes de 18 à 25 ans peuvent voter, se salarier, payer des cotisations, être prélevés de l’impôt sur le revenu, mais se voient pourtant refuser l’accès au RSA. Cette exception est injustifiable et doit cesser.

Bien que n’étant pas l’alpha et l’oméga d’une politique jeunesse, l’ouverture du RSA pour les moins de 25 ans représente un filet de sécurité nécessaire au vu du contexte. Non seulement cette mesure permettrait d’éviter qu’un trop grand nombre de jeunes ne tombent dans l’extrême précarité, mais elle doit également permettre d’accompagner l’ensemble de ces jeunes vers des mécanismes d’insertion professionnelle ou de formation. Les mécanismes d’accompagnement du RSA doivent ainsi être renforcés et permettre de sécuriser davantage les parcours de vie. En plus d’apporter une sécurité financière, il doit permettre d’amener les jeunes vers une sécurité d’emploi ou de formation.

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Covid-19 : dix chambres occupées sur 208 au Plaza Athénée, plongée dans ce palace parisien déserté

Le Relais du Plaza

CAMILLE MILLERAND / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

Par

Publié aujourd’hui à 01h33

Début novembre, un livreur Uber Eats a poussé la porte tambour du Plaza Athénée et déposé au concierge le contenu de son sac isotherme. Le room service a réchauffé et disposé les plats sur la vaisselle du Plaza, mis l’ensemble sous cloche et monté le repas au client confiné. Dans cette scène qu’ils n’auraient jamais cru vivre, les employés du palace parisien ont trouvé un point de repère : les plats portaient la marque Ducasse, le chef du Plaza ayant lancé son service de restaurant à domicile. On ne sait, du livreur ou du concierge en redingote, qui a été le plus chamboulé par cette rencontre inédite entre le plat à emporter et le chic parisien. Mais elle raconte un monde passé de la dentelle à la débrouille, en attendant des jours meilleurs.

Le restaurant gastronomique du Plaza, dont le chef est  Alain Ducasse, à Paris, le 16 novembre.

Dans la nuit noire de l’avenue Montaigne (8e arrondissement), temple effondré de la haute couture – dont les enseignes ont rouvert samedi 28 novembre –, le Plaza incarne une petite lueur d’espoir. Moins un phare qu’une lampe à pétrole. Le palace est bien ouvert, mais, à deux reprises, sa directrice de la communication nous introduit ainsi : « Monsieur fait un reportage sur l’hôtel fermé. » Un lapsus qui s’explique : les employés du Plaza ont le sentiment de ne pouvoir satisfaire leur clientèle, fût-elle rare. Lundi 30 novembre, 10 chambres du Plaza Athénée étaient occupées sur 208. Offrir un café au visiteur est interdit et la restauration autorisée se limite au service en chambre. Le directeur du Plaza, François Delahaye, en est malade : « Refuser de vous servir un verre d’eau, pour nous, dont le métier est d’être au service des autres, c’est horrible ».

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Il n’empêche : les géraniums aux balcons du 25, avenue Montaigne et l’agent de sécurité masqué devant l’entrée ont eu, durant ce deuxième confinement, quelque chose de rassurant. Lorsque M. Delahaye a demandé au sultanat de Bruneï, également propriétaire du Meurice, s’il convenait de fermer les deux palaces, il lui a été répondu : « Pas tant que d’autres sont ouverts. » Hors de question de laisser la poignée d’habitués se tourner vers le Ritz, le George V, Le Bristol et La Réserve, derniers résistants au confinement parmi les 11 palaces parisiens. Comme ses concurrents, le Plaza reste discret sur les chiffres, mais il dit perdre entre 1 million et 2 millions d’euros chaque mois.

En septembre, 15 % de chambres occupées

Le seuil de rentabilité de l’hôtel se situe autour de 40 % de taux d’occupation, ou 60 %, si l’on inclut les amortissements et la fiscalité. En septembre, 15 % des chambres seulement étaient occupées, à un prix moyen de 1 300 euros la nuit. La chute des vols long-courriers est fatale à tous les palaces parisiens. L’hôtel s’est vidé fin octobre, lors de l’annonce du deuxième confinement.

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Budget des ménages : ce qui change le 1er décembre

Pour le cinquième mois consécutif, les tarifs réglementés du gaz sont en hausse en décembre, de 2,4 % en moyenne.

En attendant le 1er janvier, traditionnellement marqué par un grand nombre de mouvements tarifaires et d’entrées en vigueur de mesures affectant le budget des ménages, les nouveautés sont peu nombreuses ce 1er décembre. Plusieurs échéances fiscales sont toutefois à noter.

  • Changer de mutuelle à tout moment est autorisé

A compter de ce 1er décembre, il est possible de résilier son contrat de complémentaire santé à tout moment, dès lors qu’il a au moins douze mois. Sans frais, et sans avoir à justifier sa décision.

Jusqu’ici, à quelques exceptions près, on ne pouvait changer de mutuelle qu’une fois dans l’année, en s’y prenant au moins deux mois avant la date d’échéance du contrat.

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La règle est donc désormais la même que pour les assurances auto, moto ou encore habitation. Attention, en revanche : s’il a été question ces dernières semaines d’appliquer aussi à l’assurance emprunteur cette possibilité de résiliation à tout moment de l’année, la mesure n’a finalement pas été adoptée par les parlementaires et la résiliation annuelle (possible une fois par an) reste donc de vigueur pour ce type d’assurance, pour les contrats de plus de douze mois.

  • + 2,4 % pour les tarifs réglementés du gaz

Pour le cinquième mois consécutif, les tarifs réglementés du gaz sont en hausse en décembre, de 2,4 % en moyenne. Dans le détail, « cette augmentation est de 0,6 % pour les clients qui utilisent le gaz pour la cuisson, de 1,4 % pour ceux qui ont un double usage, cuisson et eau chaude, et de 2,5 % pour les foyers qui se chauffent au gaz », précise la Commission de régulation de l’énergie (CRE).

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Cela « s’explique notamment par l’évolution des prix sur le marché mondial du gaz », indique la CRE, ajoutant que depuis début 2019 ces tarifs ont « baissé en tout de 17,2 % ».

Elle rappelle par ailleurs qu’à partir de ce 1er décembre « les tarifs réglementés de vente de gaz naturel sont supprimés pour tous les consommateurs professionnels ; les consommateurs professionnels disposant d’un contrat aux tarifs réglementés de vente de gaz naturel et n’ayant pas souscrit une offre de marché basculeront automatiquement en offre de marché par défaut chez leur fournisseur historique ».

  • Revalorisation pour les professionnels des établissements de santé et des Ehpad

Dans le cadre du Ségur de la santé avait été actée, cet été, une revalorisation en deux étapes des professionnels des établissements de santé du secteur public et des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de la fonction publique hospitalière : au 1er septembre 2020 puis au 1er mars 2021.

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« Territoires zéro chômeur », une nouvelle arme contre l’exclusion

Une nouvelle étape est sur le point d’être franchie dans les politiques de lutte contre l’exclusion. Lundi 30 novembre, l’Assemblée nationale devait adopter définitivement une proposition de loi qui permet de prolonger et d’étendre une expérimentation en faveur des personnes privées de travail depuis des mois. Celle-ci porte un nom aussi long qu’intrigant : « territoires zéro chômeur de longue durée ».

A l’heure actuelle, elle est mise en œuvre dans une dizaine de municipalités. Le texte soumis au vote des députés permettra d’y ajouter – au moins – cinq fois plus de bassins d’emploi.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Colombelles, la ville qui se veut « territoire zéro chômeur longue durée »

Le dispositif a vu le jour sous la précédente législature grâce à une loi de février 2016, approuvée à l’unanimité – ce qui démontre à la fois l’intérêt et l’adhésion qu’il recueille parmi les élus de tous bords. Promue, en particulier, par l’association ATD-Quart Monde, la démarche repose sur un modèle économique qui se veut innovant : il s’agit de créer des entreprises dites « à but d’emploi », qui n’embauchent, en CDI et au smic, que des hommes et des femmes au chômage depuis au moins un an.

Les entreprises en question développent des activités répondant à des besoins locaux, à condition de ne pas entrer en concurrence avec des employeurs déjà implantés à proximité. Les biens et services mis en vente prennent des formes diverses : maraîchage, recyclage de tissus, petits travaux à domicile, boutiques solidaires…

Des chiffres modestes

Autre caractéristique importante à rappeler : les entreprises à but d’emploi reçoivent des crédits apportés par des collectivités publiques (Etat, département…), une des idées fondatrices de l’expérimentation étant d’« activer des dépenses passives ». En clair, les prestations versées aux individus, lorsqu’ils n’avaient aucun poste (allocation-chômage, RSA…), sont réaffectées dans le financement de productions nouvelles, créatrices d’emploi. Des institutions privées apportent également des subsides.

Lire la chronique : Dominique Méda : « Territoire zéro chômeur : pour la généralisation d’un dispositif d’utilité sociale »

Depuis la création du dispositif, environ 1 000 individus ont été recrutés dans les entreprises à but d’emploi – certains d’entre eux les ayant quittées par la suite, explique Laurent Grandguillaume, le président de l’association nationale Territoires zéro chômeur de longue durée et ex-député (PS, Côte-d’Or), initiateur de la loi de février 2016.

D’autre part, le lancement de l’expérimentation a contribué à remettre en selle de 500 à 600 autres personnes, qui ont décroché un contrat de travail en dehors des entreprises à but d’emploi : ce sont les « externalités positives » de la mesure, selon la formule de Marie-Christine Verdier-Jouclas, députée LRM du Tarn et rapporteure de la proposition de loi examinée lundi à l’Assemblée nationale.

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Au Royaume-Uni, la chute de l’empire du tycoon Philip Green

Philip Green, propriétaire du groupe Arcadia, le 6 juin 2013, à Hong Kong.

Le groupe britannique de prêts-à-porter Arcadia, qui comprend les enseignes Topshop, Evans, Dorothy Perkins ou encore Miss Selfridge, est au bord du dépôt de bilan, mettant en péril 13 000 emplois. Le risque de faillite, qui serait la plus importante de la crise liée à la pandémie de Covid-19 au Royaume-Uni, symbolise la chute de Philip Green, son patron, autrefois surnommé « l’Empereur ». Pour ce résident fiscal de Monaco, connu pour ses yachts et ses fêtes démesurées, surnommé « le visage inacceptable du capitalisme » en 2016 par un groupe parlementaire, il s’agit d’une descente aux enfers faite d’ego surdimensionné, de méthodes de « cost killer » de court terme et de modèle économique dépassé.

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Vendredi 27 novembre, la chaîne d’information Sky News a révélé qu’Arcadia rencontrait de graves difficultés. Dans la foulée, le groupe s’est fendu d’un communiqué reconnaissant l’urgence du problème : « Les fermetures obligées de nos magasins pour une période prolongée à cause de la pandémie de Covid-19 ont eu un impact important sur notre activité. En conséquence, le conseil d’administration d’Arcadia travaille sur un certain nombre d’options de secours. » Un dépôt de bilan, complet ou partiel, pourrait avoir lieu dans les prochains jours.

Ajoutant l’humiliation à la catastrophe financière pour M. Green, Mike Ashley, son grand rival, autre milliardaire self-made-man du commerce britannique, a fait savoir qu’il lui proposait un prêt de 50 millions de livres sterling (55 millions d’euros). Il n’était évidemment pas question d’accepter pour le propriétaire d’Arcadia, qui préfère encore vendre les actifs de son groupe au plus offrant que de se tourner vers son concurrent. La somme nécessaire pour renflouer Arcadia est de toute façon certainement bien supérieure. En 2018, le groupe réalisait un chiffre d’affaires de 1,8 milliard de livres. Il possède aujourd’hui quelque 500 magasins.

« Fast fashion »

La chute de M. Green, encore porté aux nues il y a moins d’une décennie, est spectaculaire. Jusqu’en 2015, Topshop était montrée en exemple, admirée pour avoir su s’imposer dans la « fast fashion », cette mode peu chère qui s’adapte en permanence aux goûts de ses clients, proposant à toute vitesse de nouveaux modèles « inspirés » de ceux des défilés de prêt-à-porter. En fabriquant en Asie tout en présentant ses propres défilés à la semaine de mode de Londres pour créer l’événement, et en collaborant avec la mannequin Kate Moss et la chanteuse Beyoncé, l’enseigne était devenue l’incontournable succès du début du XXIe siècle. A son pic, la part de marché au Royaume-Uni d’Arcadia, dominée par Topshop, a atteint 6 %. Elle a depuis été divisée par deux.

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Malgré la crise, le robinet des dividendes reste ouvert

« Le choix de maintenir le versement de dividendes peut paraître cynique, voire incohérent en période de crise. Il s’agit toutefois d’une stratégie payante pour s’attirer les bonnes grâces des investisseurs. »

La consigne était claire. « Les entreprises qui ont besoin de trésorerie aujourd’hui, en particulier les grandes entreprises, et qui demandent l’aide de l’Etat, ne peuvent pas, ne doivent pas verser de dividendes », avait décrété en mars Bruno Le Maire sur BFMTV. Alors que les pouvoirs publics engageaient des milliards d’euros pour tirer les entreprises de la crise due au coronavirus, le ministre de l’économie avait ajouté, catégorique : « Nous veillerons à ce que ce soit respecté. »

Ces appels à la modération n’ont pas été entendus de tous. Parmi les entreprises du SBF 120, un indice qui englobe les 120 premières entreprises françaises cotées en Bourse, près de la moitié ont fait le choix d’annuler le versement de dividendes cette année. Dans l’aéronautique et l’hôtellerie, secteurs touchés de plein fouet par la crise, Air France, Accor ou encore Airbus ont logiquement décidé de ne pas verser de dividendes.

A l’unanimité, les grandes banques françaises ont fait une croix sur le versement de coupons. Il faut dire que la Banque centrale européenne (BCE) avait exigé ce geste des établissements bancaires, afin de préserver leur trésorerie. De grands groupes industriels, tels qu’Alstom ou Thales, y ont aussi renoncé.

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Mais contre vents et marées, d’autres sociétés ont décidé de maintenir le versement de dividendes. Alors que leur montant se décide généralement au printemps, une trentaine avaient alors décidé de le revoir à la baisse ; près de vingt l’ont maintenu inchangé. Des sociétés dans des secteurs qui se portent bien, comme Ipsen (pharmaceutique) ou L’Oréal (cosmétiques). Mais aussi des entreprises qui ont finalement annoncé des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ou des fermetures de sites, telles Total, Elior et Verallia (qui est sortie du SBF 120 en juin).

En actions et non en cash

Malgré l’annonce de son « plan de transformation », Verallia a choisi de maintenir le versement de ses dividendes en 2020, « au regard de sa bonne performance dans le monde ». La société réfute le chiffre de 100 millions avancé par la CGT, faisant valoir que 87 % des dividendes versés l’ont été en nouvelles actions Verallia et non en cash. Quant au recours au chômage partiel, « ce n’est qu’après avoir utilisé au maximum les congés des salariés, le compte épargne temps et les RTT que Verallia a mis en place des mesures d’activité partielle », tente de justifier la société.

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Du côté de la grande distribution, l’assemblée générale de Carrefour avait décidé en mai de maintenir le versement du dividende, tout en divisant par deux son montant. Six mois plus tard, le géant de la grande distribution a placé une large majorité de ses salariés au chômage partiel : 78 000 sur un total de 95 000 en France.

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L’argot de bureau : le « blurring » ou la journée qui ne s’arrête jamais

8 heures du matin : devant votre petit-déjeuner, vous vérifiez les e-mails sur votre téléphone. 11 heures : vous profitez d’un creux dans le travail pour prendre rendez-vous chez le coiffeur. 15 heures : vous vous perdez sur le site du Monde. 21 heures : un SMS du patron ! Vous répondez immédiatement. Vous vous êtes reconnu dans cette situation ? Sachez que vous êtes victime de blurring, en bon jargon managérial.

Le blur, en anglais, c’est le flou, ce qui est brouillé : d’aucuns savent que le blurring est une technique de maquillage qui consiste à camoufler les imperfections de la peau. En management, il s’agit aussi de camouflage : le blurring désigne l’effacement de la frontière entre vie privée et vie professionnelle. Puisqu’il est question d’interférences, nous parlerons en français de « brouillage professionnel ».

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A la base, il y a une dizaine d’années, le blurring devait être une opportunité, une preuve d’ouverture d’esprit de la part de l’employeur, pour rendre raison à Socrate : « La liberté consiste à travailler quand on veut, et à ne pas travailler quand on ne veut pas. » Moins de flicage, moins de présentéisme des salariés, et plus de travail en autonomie. Que demande le peuple ? Le blurring, c’était déculpabiliser les petites pauses prises pour gérer des affaires personnelles, ou ces moments où l’on glisse distraitement sur les réseaux sociaux ou des sites d’achat en ligne. Vous voulez finir de lire ce dossier plus tard, car votre banquier vous appelle ? Pas de soucis, on vous fait confiance ! Faites-le dans les transports en rentrant chez vous ! Ou même après…

Un état de veille permanent

Mais c’est là que le bât blesse : s’il n’y a plus d’emploi du temps, tout devient possible. Regarder ses 178 e-mails non lus à 3 heures du matin sur le smartphone fourni par la boîte, être joignable depuis son transat au beau milieu du mois d’août… C’est la consécration d’un état de veille permanent, pour des salariés hyperconnectés.

Cette habitude peut vite tourner à l’addiction, simplement pour être bien vu de sa hiérarchie. Voire en une sorte de servitude volontaire : La Boétie nous met pourtant en garde depuis 1574, et il n’a jamais eu de smartphone (Discours de la servitude volontaire).

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Pourquoi ces réflexes ? Serait-ce la peur de rater quelque chose (ce que les anglophones appellent « FOMO », ou fear of missing out), de perdre le contrôle ?

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« On nous a vendu un rêve différent de la réalité » : de l’école à l’agence, les désillusions des jeunes architectes

Feda Wardak, jeune architecte de 29 ans, a pris des chemins de traverse en créant son agence. Il pose ici en forêt de Bondy (Seine-Saint-Denis) où il réalise une installation qui interroge la « pression foncière » exercée sur les milieux naturels.

Chaque matin, Chloé (le prénom a été modifié) se rendait à l’agence comme si elle allait « à l’usine ». Assise sur sa chaise, à l’étage inférieur d’un gros cabinet parisien, la fraîchement diplômée en architecture répliquait la même mission à l’infini. Une semaine, elle dessinait des dizaines de portes sur un plan. L’autre elle s’occupait exclusivement de vues en coupes de bâtiment. Des « monotâches à la chaîne » confiées à un socle d’une trentaine de jeunes, bien éloignées de ses intenses et « passionnantes » études à l’Ecole nationale supérieure d’architecture (ENSA) Paris-Val-de-Seine.

« On faisait les petites mains. Quasiment que du redessin, raconte-t-elle. C’était très frustrant, après avoir passé cinq ans à apprendre à faire de la conception, à trouver une idée forte pour un territoire, un geste artistique. » Chloé n’en retrouvera rien pendant les deux ans qui suivent sa sortie d’école, malgré les horaires à rallonge qu’on lui demande de réaliser à l’agence, week-ends compris. « Je rentrais dans le bureau et je mettais mon cerveau sur pause », se souvient-elle.

Salaires au plancher

Nombre de jeunes diplômés en architecture sont saisis par cette forme de désillusion lors de leur entrée sur le marché du travail. « Ils se retrouvent dans une chaîne de production avec une activité assez segmentée, bien réduite par rapport à la vision globale du projet qu’on a pu leur inculquer pendant leurs études, observe Laura Brown, sociologue des professions à l’université de Bordeaux, architecte de formation. L’aspect création, central en école, se perd, avec l’impression souvent d’être de simples gratteurs de plan. Pour beaucoup, c’est la douche froide. »

A ces déceptions se combinent des salaires souvent bas, beaucoup démarrant au smic. Selon la dernière étude Archigraphie 2020 de l’ordre des architectes (à paraître courant décembre), le salaire moyen à temps plein s’élève à 2 000 euros net par mois après trois ans d’exercice. Pour un quart des jeunes architectes, il tombe à moins de 1 700 euros mensuels. « Il est rassurant de voir qu’ils sont 74 % à trouver un emploi dans les six mois, pointe Elizabeth Gossart, conseillère nationale de l’ordre des architectes. Mais il est vrai que c’est une profession à risque, précaire et soumise à une certaine instabilité. » Notamment en cette période marquée par le Covid-19, où les offres d’emploi ont chuté de moitié, indique le cabinet de recrutement ArchiBat RH.

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« L’emploi garanti pourrait participer à la transition écologique et sociale tout en résolvant la question du chômage de masse »

Tribune. Dix millions de pauvres, trois cent mille personnes sans domicile fixe. Telle est la situation sociale à laquelle la France doit faire face à court terme suite à l’aggravation de la situation économique et à l’explosion du chômage, qui devrait toucher huit millions de personnes d’ici à la fin de l’année.

Une situation qui risque de se dégrader encore à terme, avec les effets probables du deuxième épisode de confinement et la mise à l’arrêt de l’activité des secteurs « bruns », tels que l’aérien ou l’automobile, dont la transition indispensable vers un modèle bas carbone n’a toujours pas été préparée.

En plus de la perte de revenu, le chômage inflige aux individus et à leurs familles des coûts considérables allant des conséquences de la faible estime de soi à la détérioration de la santé mentale et physique, et même à une mortalité accrue. Face à ce constat et à ces perspectives dramatiques, il est plus qu’urgent de repenser nos politiques d’emploi pour passer d’une politique de l’incitation et de l’offre à une politique de l’action.

Gâchis d’argent public

En effet, c’est un paradoxe bien documenté que coexistent, au sein du capitalisme financiarisé, un chômage de masse et des besoins sociaux insatisfaits. Cela n’a pourtant rien d’une fatalité, et résulte très largement des politiques mises en œuvre depuis plus de quatre décennies.

Ces politiques se sont essentiellement concentrées sur les incitations à la reprise d’emploi, comme si le chômage résultait avant tout de la fainéantise des personnes sans emploi ; et sur les politiques de l’offre, en premier lieu les coûteuses subventions à l’embauche. Leur échec est flagrant.

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C’est ainsi que le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), censé redonner des marges de manœuvre aux entreprises pour leur permettre de regagner en compétitivité et d’embaucher, a coûté plus de 90 milliards d’euros en cinq ans et n’a permis de créer qu’environ 100 000 emplois. Sur les entreprises en ayant bénéficié, seul un quart a effectivement embauché, les trois quarts restants se contentant de bénéficier de cette manne !

Il est donc temps de renoncer à ces politiques de gâchis d’argent public, si précieux en temps de crise, et avec elles au fatalisme et à la résignation.

Quatre constats

Les urgences auxquelles nous faisons face nous invitent à investir dans les filières d’avenir, à remettre en place une véritable politique industrielle, à s’engager dans la formation et la reconversion massive des travailleurs des industries les plus touchées. Et à proposer un emploi correspondant aux besoins de la société afin notamment de lutter contre la dégradation de notre patrimoine écologique et social. Autrement dit une politique de « garantie d’emploi ».

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