Archive dans novembre 2020

Crise sanitaire : « Près de 20 000 personnes handicapées supplémentaires pourraient perdre leur emploi »

Lors de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, à Paris, le 14 novembre 2016.

A l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, qui se déroule du lundi 16 au dimanche 22 novembre, Didier Eyssartier, directeur général de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agfiph), revient sur la situation dramatique de l’emploi, à l’heure du Covid-19.

Les personnes en situation de handicap sont-elles plus touchées par la crise économique actuelle ?

Rappelons que près de 500 000 chômeurs sont reconnus handicapés, avec un taux de chômage qui dépasse les 18 %. Selon nos estimations, ce sont près de 20 000 personnes handicapées supplémentaires qui pourraient perdre leur emploi, ce qui casserait la dynamique d’amélioration de ces dernières années, qui s’est traduite par une baisse du chômage de 5 % en 2019. Depuis dix ans, le taux d’emploi des handicapés dans les entreprises est passé de 2,5 % à 3,5 %.

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Nous avons conduit avec l’Ifop trois vagues d’enquêtes, en mai, juin et septembre 2020. La légère embellie observée en juin s’est inversée en septembre, avec de fortes inquiétudes, notamment en termes de risques psychosociaux.

Quelles actions avez-vous engagées ?

Nous avons mis en place des mesures de soutien de l’emploi, notamment pour favoriser le télétravail, la mobilité hors transports en commun et la formation à distance. Nous avons également accru nos aides à la création d’entreprises et majoré le soutien aux contrats en alternance. Au total, nous pourrions dépenser 40 millions d’euros, soit près de 10 % de notre budget total.

Le plan de relance est-il adapté à cette population ?

Il prévoit une prime de 4 000 euros pour l’embauche d’une personne en situation de handicap, des mesures spécifiques sur l’alternance, très efficace pour cette population, et un soutien au secteur protégé, c’est-à-dire les entreprises adaptées – dont le personnel est composé à plus de 55 % de personnes handicapées – et les établissements et services d’aide par le travail.

S’il est probable que le système social français joue un rôle d’amortisseur, les effets de la crise seront sans doute importants et diffus dans le temps. Et l’on peut craindre pour les personnes en situation de handicap que leur taux de chômage, comme la durée de leur temps de chômage pour les chômeurs de longue durée, s’accroisse.

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Du côté des entreprises, le risque s’estime au niveau de la dynamique perçue ces dernières années. Du fait de la crise économique, elles risquent de ne pas faire de l’emploi des personnes handicapées une priorité de gestion des ressources humaines. C’est pourquoi il est essentiel pour nous de continuer à sensibiliser et à appuyer les entreprises pour faciliter les embauches ou sécuriser les parcours de personnes en situation de handicap par les différentes voies qui leur sont proposées : service public de l’emploi, Cap emploi, entreprises adaptées, emploi accompagné…

Le plan France Relance est-il inclusif ?

Nous serons attentifs à ce qu’il le soit, notamment au niveau de la formation. Car si ce plan de 100 milliards d’euros a bien un volet spécifique, doté de 100 millions sous forme de prime pour toute embauche de personne en situation de handicap jusque fin février 2021, et s’il s’agit de l’une des priorités du quinquennat, est-ce que l’ensemble des mesures de soutien aux personnes ou aux entreprises prévoit des mesures handicap/santé au travail, quel que soit l’âge de la personne ? Pas vraiment, et c’est pourtant ce qui serait susceptible de favoriser une vraie inclusion dans le monde du travail.

Rémunération variable : les commerciaux « dans l’angle mort » de la crise

En temps de crise, quelle protection pour les salariés rémunérés en fonction de leurs résultats ? La CFE-CGC Assurances s’inquiète de la situation des commerciaux, dont le revenu dépend en bonne partie de leurs performances sur le terrain. Le syndicat de l’encadrement a envoyé un courrier aux sociétés d’assurances début novembre, leur demandant de faire un geste afin de garantir leur rémunération. Alors que le reconfinement freine de nouveau l’activité, leurs performances sont forcément moins bonnes.

« Lors du premier confinement, la plupart des commerciaux avaient été mis au chômage partiel, ce qui avait permis de compenser les pertes de rémunération liées à l’activité », indique Joël Mottier, président de la fédération CFE-CGC Assurances. En effet, la base de calcul du chômage partiel inclut les commissions touchées par les salariés. « Mais, cette fois-ci, les commerciaux sont restés sur le terrain. » De fait, le service des statistiques du ministère du travail estime qu’au 8 novembre les salariés relevant d’une demande d’activité partielle étaient deux fois moins nombreux (5,3 millions) qu’en avril, lors du premier confinement.

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Pour les commerciaux restés en activité, difficile de faire leur chiffre habituel, alors que les Français demeurent confinés chez eux et que de nombreuses entreprises se trouvent en difficulté. Malgré cette conjoncture dégradée, leurs employeurs n’ont prévu aucune compensation financière pour pallier cette baisse d’activité, affirme Joël Mottier : « Pour le moment, nous n’avons pas eu de retour dans ce sens. » Et le syndicaliste d’ajouter : « Les commerciaux sont dans un angle mort. »

Remboursement des avances

Des salariés se voient même dans l’obligation de rembourser des avances qui leur avaient été faites pour compenser leurs pertes de revenus. Une source anonyme nous indique que cette situation s’est présentée chez BNP Paribas Real Estate, la branche immobilier du groupe. Lors du premier confinement, la société avait fait le choix de ne pas recourir au chômage partiel.

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Contactée, la société nous a apporté ces précisions : « Afin de traiter la situation particulière des collaborateurs dont la variable représente une part importante de la rémunération globale et dont l’activité s’est vue interrompue durant le premier confinement, nous avons mis en place un dispositif visant à leur permettre de bénéficier d’une avance de trésorerie. Ce dispositif leur offrait la possibilité de percevoir une avance sur les commissions perçues à partir de la reprise de l’activité. Il s’agit donc d’une avance sur salaire, dont le remboursement est lissé sur le reste de l’année. »

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Revalorisation du salaire des enseignants en 2021 : les syndicats saluent un « premier pas » mais demandent un effort durable

Jean Castex et Jean-Michel Blanquer participent à une conférence de presse le 29 octobre.

Le montant des revalorisations des enseignants pour l’année 2021 a été annoncé aux organisations syndicales, lundi 16 novembre. Après plusieurs mois de négociation, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a tranché : à partir de mai 2021, les professeurs toucheront 100 euros net en plus par mois à l’échelon 2 – soit la première année après le stage – quel que soit leur corps de rattachement.

Cette « prime d’attractivité » sera ensuite dégressive sur les quinze premières années de la carrière. De 100 euros pour les plus jeunes, elle descendra à 36 euros net par mois pour les professeurs à l’échelon 7. La mesure touchera 31 % des enseignants titulaires.

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Une « prime d’équipement informatique » de 150 euros sera également versée, en janvier 2021 puis chaque année à la même période. Celle-ci est dite « universelle » – elle concerne tous les enseignants et psychologues de l’éducation nationale. Elle sera versée de manière indifférenciée aux stagiaires, titulaires, contractuels, enseignants à temps complet ou à temps partiel. « Avec la prime d’équipement informatique, on a quelque chose de concret et qui concerne tout le monde », se félicite Catherine Nave-Bekhti, du SGEN-CFDT.

« Démarche pluriannuelle »

Le ministère de l’éducation nationale prévoit aussi d’autres mesures grâce à l’enveloppe de 400 millions d’euros – 500 millions en année pleine – dévolue aux augmentations. Le taux de promotion à la hors classe, un grade de fin de carrière, passera ainsi de 17 % à 18 % ; 1 700 enseignants supplémentaires en bénéficieront chaque année. Une enveloppe de 21 millions d’euros de primes pour les directeurs d’école, accordée à titre exceptionnel en 2020, va également être pérennisée – selon des modalités de répartition qui restent à définir.

En choisissant d’accorder la même prime aux trois corps de l’enseignement – professeurs des écoles, certifiés, agrégés –, le ministre accède à une demande des organisations syndicales. D’autres scénarios prévoyaient des primes différenciées, les professeurs des écoles étant les moins bien rémunérés. « Nous étions favorables à ce scénario sans distinction entre les corps de l’enseignement, précise ainsi Stéphane Crochet, du SE-UNSA. Il existe des écarts de rémunération à rattraper entre les différents corps, mas la prime d’attractivité n’est pas le bon outil pour y parvenir. »

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Air France-KLM recherche 6 milliards d’euros supplémentaires pour assurer son avenir

A l’aéroport international Paris-Charles-de-Gaulle, en avril.

C’est la douche écossaise pour Air France. Ces dernières semaines, les mesures de reconfinement, adoptées un peu partout en Europe, ont renvoyé aux calendes grecques les espoirs d’une reprise, au moins ponctuelle, de l’activité pour les vacances de Noël. Un mauvais coup pour l’entreprise, qui avait anticipé, « malgré la crise, un potentiel de croissance de 21 % entre novembre 2020 et février 2021 » vers les Antilles et La Réunion.

Dans le même temps, les annonces de la mise au point toute proche de plusieurs vaccins contre le Covid-19, ont fait flamber le cours de Bourse d’Air France-KLM. En une semaine, le titre de la compagnie franco-néerlandaise a gagné 27 %, pour s’établir un peu au-dessus de 4 euros.

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Il n’empêche, même un peu revigorée sur les marchés, Air France-KLM sait déjà que les prochains mois vont être très difficiles. Son activité est au plus bas, et les perspectives de redémarrage s’éloignent. « Les scénarios de reprise doivent être révisés à la baisse, et les perspectives à court et moyen terme ne sont pas encourageantes », avoue la direction. Alors qu’elle prévoyait une activité en baisse, en décembre, de seulement 20 % par rapport à 2019, Air France s’attend désormais à un repli de 60 %.

Selon nos informations, la compagnie perdrait 15 millions d’euros par jour. « Nous nous rapprochons du montant des pertes que nous avons connues lors de la première phase de l’épidémie », s’inquiète un syndicaliste. Il faut dire que les vols d’Air France sonnent creux, avec « un taux de remplissage moyen de 30 % », signale un autre dirigeant syndical de la compagnie. Seule consolation, la très bonne tenue du fret, qui rapporte désormais 48 % des revenus des vols long-courriers.

La compagnie n’échappera pas à une recapitalisation

Au rythme de ses pertes quotidiennes, les 7 milliards d’euros déjà apportés par l’Etat (et les 3,4 milliards apportés par les Pays-Bas) « fondent comme neige au soleil », rappelle Christelle Auster, présidente du Syndicat national des personnels navigants commerciaux. D’ici au printemps 2021, les caisses seront vides.

La compagnie n’échappera donc pas à une recapitalisation. Or, pour séduire les marchés, Air France doit aussi, comme l’indique un dirigeant syndical, « ramener du cash pour présenter un bilan plus flatteur ». Depuis le début de la crise, la dette de la compagnie aérienne a explosé et dépasse désormais 12 milliards d’euros.

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La difficile implantation d’Amazon près de Rouen

La plate-forme logistique d’Amazin, à Lauwin-Planque (Nord), le 16 avril 2020.

C’est en terrain miné qu’avance, discrètement, un géant américain du commerce en ligne, dans la banlieue de Rouen, en Seine-Maritime. Dans sa conquête du Grand Ouest, où il n’est pas encore implanté, Amazon – contacté, le groupe n’a pas donné suite – entend ouvrir une gigantesque plate-forme logistique de plus de 160 000 m2, sur trois niveaux, sur les 35 hectares de l’ancien site industriel de la raffinerie Petroplus, à Petit-Couronne, en zone portuaire.

Ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre, cette usine à colis permettrait de distribuer 330 000 paquets par jour et de créer « 1 839 emplois à temps plein en période de pic d’activité ». Le projet est porté par le fonds chinois Gazeley, spécialiste en immobilier logistique, auquel Amazon fait souvent appel. Une promesse de vente a été signée avec la société Valgo, qui avait acheté le site de l’ex-raffinerie, en 2014, pour le dépolluer et le commercialiser.

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Si le nom de la firme de Jeff Bezos n’apparaît sur aucun document officiel, il est sur toutes les lèvres depuis des mois. « C’est un secret de Polichinelle », déclare au Monde le président PS de la Métropole Rouen Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol, qui a « échangé avec les gens d’Amazon avant l’été ». La récente ouverture d’une petite agence de livraison Amazon, à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, témoigne également du fort intérêt du groupe pour ce bout de Normandie.

« Le projet reprend son cours »

La partie s’avère cependant loin d’être gagnée. Au-delà de l’opposition politique, associative et commerçante croissante, le premier caillou dans la chaussure d’Amazon est d’ordre sécuritaire. L’enquête publique a abouti à un avis favorable, fin octobre, mais le risque incendie, dans une métropole marquée par la catastrophe industrielle de Lubrizol, s’est invité dans le dossier. Deux rapports alarmants, rédigés par le service d’incendie et de secours de Seine-Maritime, soulignent que « les sapeurs-pompiers seraient confrontés à une impossibilité opérationnelle de limiter la propagation d’un incendie, en cas de non-maîtrise de ce dernier par le système » d’extinction automatique.

En conséquence, le préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, à qui appartiendra la décision finale d’autorisation d’exploitation, a décidé, début novembre, de prolonger de six mois, soit jusqu’à la fin juillet 2021, le délai d’instruction du dossier au plan environnemental. « Afin de permettre à la société Gazeley (sollicitée, sans succès) de répondre à ces interrogations », indique la préfecture. Ce dont ne doute pas le PDG de Valgo, François Bouché : « Ce n’est qu’une affaire de moyens supplémentaires. Le projet reprend son cours. »

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Les sociétés qui gèrent les distributeurs automatiques de boissons et snacking en difficultés

Les discussions à la machine à café… Une de ces habitudes dont la disparition avec la généralisation du télétravail provoquée par la pandémie de Covid-19 n’est pas sans conséquence économique : le suisse Selecta, l’un des leaders du marché, a annoncé un plan de licenciements de 492 de ses 1 552 salariés en France. L’entreprise, propriété du fonds d’investissement américain KKR, prévoit une baisse de 50 % de son chiffre d’affaires pour 2020 et indique n’avoir « aucune assurance d’un retour à la normale en 2021 ».

La crise liée au Covid-19 a accéléré les difficultés des dernières années, liées notamment à une concurrence accrue des sandwicheries dans les gares. Selecta a, en outre, perdu plusieurs marchés-clés, dont celui du métro parisien : ses derniers distributeurs auront disparu des stations fin décembre. « Mais ils n’ont pas mis assez de moyens pour garder les clients. Les plus petits ont été délaissés au profit des grands, déplore Catherine Denis, déléguée FO. Le télétravail n’a rien arrangé. »

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« Je crains fort qu’il y ait de nombreux licenciements dans nos entreprises, lorsque les aides dont nous bénéficions seront retirées », prévient Pierre Albrieux, président de Navsa, le syndicat professionnel des ventes et services automatiques, un secteur qui revendique 15 000 emplois directs et 40 000 indirects : « Même si nous sommes autorisés à fonctionner, en pratique, beaucoup d’entreprises, et surtout des administrations, ont condamné leurs machines à café. Elles nous disent craindre les contaminations autour de ces points de rassemblement. »

« La crise la plus violente »

Le millier d’entreprises du secteur, dont 90 % de PME ou TPE, se retrouve ainsi plus ou moins pénalisé, selon que leurs 590 000 distributeurs de boissons ou snacks sont logés dans un supermarché, une usine aéronautique près de Toulouse ou une station-service. « Nous avons subi, pendant le premier confinement, des baisses d’activités variant entre 30 % et 80 %, selon les régions et les emplacements. Le second confinement devrait produire les mêmes effets, poursuit le dirigeant d’une entreprise de 20 salariés à Vaulx-en-Velin (Rhône). Un de nos exploitants a pour seul client [l’école de formation d’artistes le] Cours Florent, dont les locaux sont fermés ».

La filière avait déjà connu deux coups durs par le passé. Le premier, en 2006, lorsque l’interdiction totale de fumer dans les bureaux avait réduit la consommation de cafés pendant la pause cigarette. Le second, en 2015, à l’entrée en vigueur d’une loi prohibant les distributeurs automatiques dans les établissements scolaires, pour limiter l’accès des élèves aux boissons sucrées et confiseries. Quelque 9 000 automates avaient dû être retirés. « La crise liée au Covid est la plus violente jamais subie par la profession », assure M. Albrieux. Pour autant, il ne voit pas la crise se prolonger si le télétravail devient un mode de vie : « on en parle depuis longtemps, mais cette expérience grandeur nature a montré les inconvénients du travail à distance. Après le Covid, la situation va se stabiliser et on aura la visibilité nécessaire pour diriger nos entreprises. »

Handicap : Jean Castex et une vingtaine de ministres annoncent de nouvelles mesures

La secrétaire d’Etat chargée du handicap, Sophie Cluzel, lors d’une réunion sur l’emploi des personnes handicapées organisée dans le quartier d’affaires de La Défense, près de Paris, le 10 novembre 2020.

De nouvelles aides pour mieux concilier handicap et parentalité, un soutien prolongé aux embauches, une communication officielle plus accessible : le gouvernement doit présenter, lundi 16 novembre, de nouvelles mesures en faveur des personnes handicapées. Et montrer qu’il ne « ralentit pas » les réformes, malgré la crise sanitaire.

Un « comité interministériel du handicap » (CIH), organisé à Matignon dans la matinée autour de Jean Castex et de sa secrétaire d’Etat chargée du handicap, Sophie Cluzel, doit réunir une vingtaine de ministres, dont Jean-Michel Blanquer (éducation), Elisabeth Borne (travail) et Gérald Darmanin (intérieur), mais également les représentants des associations de personnes concernées.

« L’axe majeur, c’est qu’on ne ralentit pas les réformes, malgré cette crise [du Covid-19] », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) Mme Cluzel, qui entend « réaffirmer haut et fort les chantiers en cours ».

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Aide à la parentalité

Ce CIH est aussi l’occasion pour le gouvernement d’annoncer certaines mesures nouvelles. Le dispositif de la prestation de compensation du handicap (PCH), qui permet de financer des aides, humaines ou matérielles, sera ainsi étendu dès le 1er janvier 2021 pour couvrir les aides à la parentalité.

Concrètement, les parents concernés pourront rémunérer un intervenant, une heure par jour, pour qu’il les aide à s’occuper de leur enfant. Mais ils auront également droit, désormais, à la prise en charge de certains équipements – comme, par exemple, une table à langer à hauteur réglable, s’ils se déplacent en fauteuil roulant.

Quelque 17 000 parents en situation de handicap sont concernés, et potentiellement bien plus, puisque l’un des objectifs de la réforme est d’éviter que des personnes renoncent à devenir parents en raison de leur handicap.

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A l’occasion de la 24e Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, qui débute lundi, le gouvernement doit également annoncer la prolongation des aides à l’embauche mises en œuvre dans le cadre du plan de relance. La fin de ce dispositif, initialement fixée au 28 février, est repoussée au 30 juin. L’aide est de 4 000 euros pour chaque personne handicapée recrutée – en CDI ou CDD de plus de trois mois.

Autre annonce : la « sanctuarisation » de dix millions d’euros pour permettre à l’ensemble des discours des ministres d’être sous-titrés et traduits en langue des signes, afin d’être accessibles aux personnes sourdes et malentendantes.

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Le Monde avec AFP

Reconfinement : la soudaine portée symbolique des librairies

La librairie Mollat à Bordeaux pratique le click and collect pour le deuxième confinement, le 30 octobre.

Analyse. Les libraires sont devenus le symbole du deuxième confinement. Ils prétendent incarner l’injustice puisque le gouvernement, en excluant le livre de la liste des biens à caractère essentiel, bafouerait le postulat de l’exception culturelle française. Un dogme sacro-saint depuis André Malraux. Déjà, l’arrêté du 14 mars 2020 n’incluait pas les librairies dans la liste des commerces indispensables.

Cette décision avait certes choqué, mais n’avait pas fait des libraires des sacrifiés sur l’autel de la culture. Emmanuel Macron lançait le 16 mars aux Français : « Lisez, retrouvez ce sens de l’essentiel. » Un appel hédoniste à la lecture, donc. « Comme si tout le monde, plongé dans l’oisiveté, allait voir ses habitants tourner négligemment des pages, se perdre dans les rayonnages de sa bibliothèque et, pourquoi pas, relire ses classiques », s’amuse Tanguy Habrand dans Le Livre au temps du confinement (Les Impressions nouvelles, 144 pages, 14 euros).

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Pourtant, Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, avait proposé le 19 mars un déconfinement des librairies, afin qu’elles puissent fonctionner normalement et recevoir des clients. Cette main tendue avait été sèchement refusée par le Syndicat de la librairie française (SLF). Son ­président, Xavier Moni, affirmait alors que les livres ne constituaient pas une marchandise vitale et que la santé des salariés primait. A ses yeux, les conditions sanitaires n’étaient pas réunies pour assumer un tel risque. Ce rejet permettait aussi aux libraires de mettre tout leur personnel au chômage technique en profitant des aides de l’Etat, ce qui n’aurait pas été possible si une partie travaillait aux commandes et aux livraisons.

Les libraires ont changé d’avis

Seule une minorité de libraires – 400 sur les 3 300 que compte l’Hexagone – s’était alors lancée dans la livraison à domicile et le « click and collect ». Une violente querelle avait opposé dans la profession partisans et opposants à cette pratique, adoptée sans difficulté par nos voisins européens. Les ventes de livres s’étaient effondrées de 95 % par rapport à 2019 entre mi-mars et le 11 mai, jour de la réouverture des librairies, selon l’Observatoire de la librairie. Mais un plan d’aide gouvernemental de 230 millions d’euros annoncé début juin pour sauver la librairie et l’édition avait calmé les esprits.

Plus organisé, le Syndicat de la librairie française s’est assuré du soutien de toute la chaîne du livre, des éditeurs et des auteurs les plus renommés

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La restauration collective paye cher la généralisation du télétravail

Les plans de suppressions d’emplois se succèdent, mais certains semblent émouvoir plus que d’autres. Loin du fracas provoqué par la fermeture de l’usine Bridgestone, qui compte 863 salariés à Béthune (Nord), la décision des géants de la restauration collective de supprimer près de 4 000 postes en France n’a déclenché aucune émotion publique : 1 888 postes pourraient pourtant disparaître chez Elior, au moins 2 083 chez Sodexo.

« C’est historique, cela ne s’est jamais produit chez nous », souligne Gilles Garnes, coordinateur FO chez Elior. « Alors que nos politiques sont au chevet de l’aéronautique, nos métiers de services passent toujours au second plan », s’indigne Eric Villecroze, délégué syndical central FO chez Sodexo. « L’absence de réaction des politiques nous met très en colère, renchérit Fabienne Dos Santos, coordinatrice CGT chez Sodexo. On est les invisibles, on ne nous voit qu’une heure par jour au déjeuner. Mais, du plongeur au cadre dirigeant, tout le monde est touché. Il va y avoir énormément de casse dans notre secteur. Nous sommes les premiers, mais ce n’est pas fini. »

Selon nos informations, la négociation d’une rupture conventionnelle collective impliquant la suppression de plus d’un millier de postes serait en cours chez Compass, autre multinationale du secteur. Et d’autres plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) se préparent chez de plus petits acteurs, comme MRS, qui pourrait réduire ses effectifs d’un tiers en Ile-de-France. Plus de 20 % des 27 000 salariés de la restauration collective d’entreprises seraient ainsi menacés, selon les estimations des syndicats.

« A 10 % du trafic habituel »

« C’est un drame, alors que nos entreprises jouent un rôle social essentiel en permettant la montée en compétence de salariés sans qualification », soupire Esther Kalonji, déléguée générale du Syndicat national de la restauration collective. Si les hôpitaux, les établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et même les établissements scolaires, depuis la rentrée de septembre, ont quasi maintenu leurs services de restauration, les stades et les salles de spectacle ont baissé le rideau. « Environ 60 % de nos sites dans les entreprises sont ouverts en ce moment. Le problème, c’est surtout la fréquentation : à certains endroits, on est à 10 % du trafic habituel », souligne Sylvia Metayer, directrice de la stratégie de croissance chez Sodexo.

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