Archive dans novembre 2020

Reconfinement : « Certaines victimes ont d’ores et déjà tombe ouverte dans le cimetière de la pandémie : les entrepreneurs »

Tribune. La séquence politique et médiatique autour du reconfinement annoncée mercredi 28 octobre par le président de la République promet de balayer tous les sujets de préoccupation et de sidérer les opinions publiques plus encore qu’au mois de mars. Si la maladie frappe les Français au hasard, certaines victimes ont d’ores et déjà tombe ouverte dans le grand cimetière de la pandémie : les entrepreneurs.

La France dit les porter en bandoulière. Pourtant, le problème de leur protection sociale reste totalement sous-estimé encore à ce jour. Les conséquences s’annoncent lourdes, à la suite de la fermeture des boîtes de nuit, des salles de sport, du restaurant près du bureau pourtant apprécié mais lui aussi emporté par la vague des comorbidités engendrées par le couvre-feu et un deuxième confinement.

Derrière ces entreprises, ils sont des centaines de milliers, femmes et hommes, entrepreneurs engagés pour leur territoire, inclusifs socialement et économiquement, facteurs de concorde sociale. En Espagne, en Italie, ils ont perdu patience. La France saura-t-elle démontrer la différence de son modèle social ?

Des victimes collatérales

Chaque année en France, jusqu’en 2019, 50 000 femmes et hommes dirigeants mettent la clé sous la porte, soit 140 par jour, dans une indifférence quasi générale. De ce qui relève de la catastrophe, le Covid-19 va l’élever au rang de cataclysme puisque ce chiffre sera multiplié par trois à la suite de la crise que nous affrontons encore ! Au bas mot, de 100 000 à 150 000 chefs d’entreprise, au premier rang desquels les dirigeants de très petites entreprises (TPE), vont disparaître.

S’ils font vivre une famille de quatre personnes, plus d’un demi-million de personnes seraient des victimes collatérales. Seul 1 % d’entre eux a anticipé une éventuelle situation de catastrophe et dispose d’un filet de sécurité. Le drame économique, social, humain est devant nous. Rappelons que sans chef d’entreprise, pas d’entreprise, et donc pas de salariés, pas de création de richesses pour notre pays.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Je ne me suis pas payée pendant deux mois » : pour les petites et moyennes entreprises, la rentrée sonne l’heure de vérité

Et 99 % de ceux qui ne se relèveront pas perdront toutes leurs ressources pour payer les factures familiales et remplir leur réfrigérateur. Sans désir de comparer, encore moins d’opposer, mais seulement d’expliquer, comprenons qu’un salarié perdant son emploi peut, par ses cotisations obligatoires mensuelles, et c’est une excellente chose, s’appuyer sur un système d’assurance-chômage, structuré, automatique et fléché. Il n’en est rien pour les entrepreneurs qui, contrairement aux idées reçues, n’ont pas droit au chômage, quel que soit leur statut.

Il vous reste 45.35% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

« Je ne veux pas que mon établissement tombe aux mains des charognards » : face au confinement, la colère monte chez les restaurateurs

Devant le restaurant

Au restaurant Le Mesturet, dans le quartier de l’Opéra Garnier à Paris, pas question de renoncer à la tradition du beaujolais nouveau cette année. Les amateurs pourront le déguster le 19 novembre. « Je vais le proposer en vente à emporter. Il faut se donner du baume au cœur, ne pas lâcher », affirme Alain Fontaine, patron de cet établissement et président de l’Association française des maîtres restaurateurs.

Et pourtant, le moral n’est pas au beau fixe. « Je ressens une profonde colère et une amertume », dit-il. Le deuxième confinement, instauré depuis jeudi 29 octobre à minuit, a vidé une nouvelle fois Le Mesturet de ses clients. Dans la salle de restaurant, les chaises sont empilées sur les tables. Près de la porte, sur un tonneau, les multiples flacons de gel hydroalcoolique ont été regroupés. Témoins de mesures sanitaires renforcées prises récemment par la profession pour tenter de maintenir l’activité des bars et restaurants. Las. La recrudescence des cas de Covid-19 en France a contraint le gouvernement à instaurer une salve de restrictions, entraînant leur arrêt.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Covid-19 : « la colère gronde » chez les cafetiers et restaurateurs

Un nouveau choc, après celui brutal de la fermeture administrative décrétée, le 17 mars, lors du premier confinement national. « Nous avions dû donner et jeter une partie de la marchandise. Cela a représenté une perte de 7 000 euros », se souvient M. Fontaine. Rien de tel cette fois, car l’établissement continue de tourner au ralenti grâce à la vente à emporter. Une option choisie le 12 mai, après près de deux mois de fermeture, pour relancer la machine, avant la réouverture autorisée des terrasses puis des salles de restauration en juin.

Livraison réfrigérée

« Je propose toute la carte sauf les grillades », précise M. Fontaine. Mais l’activité reste limitée. « J’ai facturé l’équivalent de 1 000 euros vendredi 30 octobre, à comparer à un chiffre d’affaires moyen habituel quotidien de 7 000 à 8 000 euros », précise M. Fontaine. Il se refuse à céder aux sirènes des plates-formes de livraison à domicile. « Je ne veux pas travailler avec Deliveroo qui paie ses impôts en Hollande ou avec Uber Eats qui n’en paie pas », dit-il soulignant que ces entreprises prennent une commission de 25 % à 30 % qui oblige à augmenter les prix.

Il n’est pas le seul à s’interroger sur les alternatives alors que nombre de restaurants se sont organisés pour élaborer un menu à déguster chez soi. A l’exemple de la chef étoilée Stéphanie Le Quellec, qui propose une livraison réfrigérée dans toute la France avec l’appui du service Chronofresh. Quant à Jean-François Piège, qui a créé une offre baptisée « Jean-François Piège à la maison », il a choisi de travailler avec Olvo, une coopérative de coursiers à vélo couvrant la ville de Paris.

Il vous reste 52.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Le monde associatif frappé de plein fouet par la crise liée au Covid-19

Par

Publié aujourd’hui à 03h18, mis à jour à 09h07

Alors que la France retrouvait le confinement le 30 octobre, une période de grande incertitude s’est ouverte pour les associations. L’année 2020 aura été, pour beaucoup d’entre elles, un calvaire. Selon le Mouvement associatif, 66 % des associations ont été appelées à suspendre leurs activités ou à revoir leur mode de fonctionnement au printemps. Nombre d’entre elles ne sont pas sûres de pouvoir s’adapter à un nouveau coup d’arrêt : à la rentrée, on comptait 4 000 associations employeuses menacées de disparaître et près de 30 000 associations en risque de dépôt de bilan.

La crise due au Covid-19 a frappé de plein fouet les associations sur le plan financier. A la sortie du premier confinement, le Mouvement associatif annonçait 1,4 milliard d’euros de pertes sur mars et avril. « Des pertes qui devraient encore augmenter d’ici à la fin de l’année », prédit Philippe Jahshan, président du Mouvement associatif.

Lors du premier confinement, 86 % d’entre elles ont été contraintes d’annuler des événements majeurs générant des revenus. C’est le cas du CCFD-Terre solidaire (Comité catholique contre la faim et pour le développement), qui n’a pas pu faire sa collecte de carême. A cela s’ajoute la baisse importante des dons et du mécénat.

Baisse des effectifs salariés et bénévoles

La crise sanitaire a également touché les associations au niveau de l’emploi. A la rentrée, 55 000 associations ont déclaré qu’elles ne pourraient pas maintenir leurs effectifs salariés en l’état. Parmi celles-ci, 30 000 en comptent moins de cinq. « Dans le secteur associatif employeur, on note, au premier semestre, une diminution de 3,5 % des effectifs, soit 60 000 emplois. Aujourd’hui, seuls 8 % des associations prévoient de recruter », précise Philippe Jahshan.

L’impact de la crise se fait également sentir au niveau de l’engagement associatif. Alors que depuis vingt ans, 70 000 associations étaient créées en moyenne chaque année, le réseau d’experts Recherches & Solidarités annonce une baisse de 40 % des créations associatives sur 2020. Les adhésions sont également en nette diminution : les secteurs du sport, du loisir et de la culture font état d’un recul allant de 25 % à 40 %.

Un coup dur pour ces associations où les cotisations représentent entre 20 % et 35 % du budget annuel. « Ce sont autant d’impacts sur le lien social qui maille le territoire », s’inquiète le président du Mouvement associatif. La crise a également privé les associations du bénévolat senior, particulièrement vulnérables au SARS-CoV-2, le virus responsable
du Covid-19.

Il vous reste 54.26% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Inquiétude grandissante chez les salariés de Lagardère

Les tractations entre Bernard Arnault, PDG de LVMH et allié d’Arnaud Lagardère, et Vincent Bolloré, premier actionnaire du groupe Lagardère à travers Vivendi, inquiètent sérieusement les salariés du groupe Lagardère. L’hypothèse d’une cession des activités internationales d’Hachette à Vivendi le propriétaire d’Editis, numéro deux français de l’édition, fait grincer des dents.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au sein d’Hachette Livre, des salariés réduits à compter les points

Jeudi 5 novembre, lors de la présentation des résultats du troisième trimestre encore sérieusement secoués par la crise, avec un chiffre d’affaires en recul de 38 % à 1,2 milliard d’euros obligeant le groupe à poursuivre sa stratégie de réduction des coûts, Arnaud Lagardère, le gérant de Lagardère SCA, a opposé un démenti à ce qu’il qualifie de « rumeurs ».
« Il n’existe actuellement aucune négociation sur une cession au sein du groupe, ni sur un quelconque changement dans sa structure en commandite par actions », a-t-il déclaré, tout en ajoutant un énigmatique : « Nous avons, bien sûr, des discussions avec tous les actionnaires. »

« Pas naïfs »

Les salariés du groupe sont, néanmoins, sortis de leur habituelle réserve. Les membres du comité de groupe qui représentent les 25 000 salariés des différentes branches ont condamné « par avance toute orientation visant à démanteler [le groupe] pour en tirer un avantage purement financier ou pour exercer des influences politiques ». « Interloqués par la violence feutrée du rapport de force qui oppose les actionnaires [et] inquiets des conséquences [de] ces grandes manœuvres », ils ont appelé de leurs vœux « une stratégie de long terme guidée par une vision industrielle », tout en refusant de « prendre parti pour l’un ou l’autre des camps qui s’affrontent ».

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Lagardère : les clans Bolloré et Arnault négocient au sujet de l’avenir du groupe

« Nous allons croire notre président Arnaud Lagardère, mais nous avons des doutes », affirme, pour sa part, Noëlle Genaivre, secrétaire du comité de groupe et du CEE du groupe Lagardère. « Il nous avait déjà dit, par exemple, que Elle, c’était sacré”, ce qui ne l’a pas empêché de le vendre. On peut une fois de plus avoir des doutes, il y a eu pas mal de cessions, on n’est pas naïfs. (…) Vendre à la découpe fragiliserait encore plus le livre », assure-t-elle.

Les élus du comité social et économique central d’Hachette Livre Edition et Distribution ont également envoyé, jeudi, une lettre à Emmanuel Macron, à Jean Castex et à la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, en leur demandant également d’éviter « le découpage d’une entreprise en bonne santé » – son chiffre d’affaires a augmenté de 6 % à 704 millions d’euros au troisième trimestre – et « d’intervenir dans cet imbroglio politico-financier ». Ces élus affirment s’opposer « fermement au démantèlement, injustifié socialement et économiquement » d’Hachette Livre.

Il vous reste 20.89% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Eurosport va subir une cure d’amaigrissement

La nouvelle a douché les salariés d’Eurosport et de Discovery. Mercredi 4 novembre, ils ont appris que les effectifs allaient subir une importante cure d’amaigrissement. Selon nos informations, la nouvelle leur a été communiquée au lendemain d’un comité social et économique (CSE) au cours duquel la direction a annoncé que 59 postes allaient être supprimés. Soit environ 10 % des effectifs, qui atteignent 500 personnes. Ce plan doit concerner tout le bureau parisien, qui comprend les chaînes Eurosport France, Eurosport International et Discovery France, filiale de la maison mère américaine Discovery, qui a racheté Eurosport en 2015 à TF1.

La direction le justifie par une perte de revenus, notamment dans l’activité de diffusion traditionnelle des programmes (par opposition aux nouvelles formes de consommation de la télévision, comme le replay), rapporte une source. « Nous ne sommes pas à l’abri des importantes perturbations auxquelles est confrontée l’industrie des médias. Cependant, nous nous sommes préparés à ce paysage grâce à des investissements importants », précise l’entreprise.

Attendre les Jeux olympiques

Parmi les équipes touchées, les techniciens vidéo et le personnel qui s’occupe de la gestion de l’antenne pourraient être concernés. Mais à ce stade, « personne ne sait qui s’en va », indique un salarié, qui pense que la société pourrait attendre les Jeux olympiques de Tokyo, qui devaient se tenir cette année, avant d’être reportés à l’an prochain, pour mettre en œuvre ce plan.

De fait, les JO représentent un important investissement pour Eurosport, qui avait signé fin 2019 un accord avec Canal+ et France Télévisions pour l’édition 2020, l’ajoutant à celles de Pékin 2022 et de Paris 2024. Les jeux de Tokyo faisaient partie d’un ensemble de compétitions qui devaient se tenir entre 2014 et 2020, acquis à l’origine par France Télévisions en 2011 pour un montant estimé à 140 millions d’euros.

Eurosport se concentre surtout autour de deux sports phares, le tennis et le cyclisme

Ces derniers mois, Eurosport-Discovery a connu plusieurs changements de direction. Début septembre, le groupe avait annoncé à la surprise générale, le rattachement de l’antenne Eurosport France à l’Espagne, et par conséquent, le départ de Laurent Prud’homme, le patron de Discovery France, qui pilotait l’ensemble des activités. Ce dernier était en poste depuis seulement un an. Il avait succédé, à l’automne 2019, à Julien Bergeaud, parti pour diriger Mediapro, nouveau détenteur de la Ligue 1 et aujourd’hui en difficulté.

Ce n’est pas la première fois que le groupe audiovisuel mène un plan d’économies dans l’Hexagone. Fin 2018, Eurosport avait signé avec les syndicats une « rupture conventionnelle collective » portant sur la suppression de 26 postes, dont 12 journalistes. A ce jour, Eurosport se concentre surtout autour de deux sports phares, le tennis et le cyclisme.

Hasard de calendrier, la maison mère Discovery a publié ses résultats du troisième trimestre le 5 novembre. Sur les neuf premiers mois de l’année, son chiffre d’affaires mondial a reculé de 4 %, à 2,56 milliards de dollars, tandis que le résultat net a chuté de 40 %, à 948 millions. L’entreprise ne donne pas de détails pays par pays, mais il apparaît que le résultat d’exploitation de l’activité internationale (hors Etats-Unis) a baissé de 29 %, à 527 millions.

« La Provence » prévoit 18 licenciements économiques

Au siège de « La Provence », à Marseille, en 2012.

A quelques minutes d’entrer en comité social et économique (CSE), jeudi 5 novembre après-midi, la direction de La Provence s’est vu remettre une motion de défiance. Un texte énergique, apporté en réponse de l’annonce, le 22 octobre, de la prochaine mise en œuvre de deux procédures de licenciement pour raisons économiques de neuf personnes en deux exemplaires : l’un, pour la société éditrice La Provence, l’autre, adressé à la régie du groupe, La Provence Media. Consultés, les élus doivent rendre leur avis, purement consultatif, le 23 novembre au plus tard.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Incertitudes et inquiétudes s’accumulent à « La Provence »

« De nombreux collègues de la rédaction, et au sein de l’entreprise, ont dit être choqués, abasourdis par cette procédure inhumaine, abjecte et brutale », s’insurgent les 124 signataires (sur 182 journalistes en CDI) de la motion. Au-delà de ce plan de licenciement économique, le premier depuis 1997, c’est la manière dont l’information a circulé qu’ils fustigent. « Tandis que les élus du CSE sont tenus à la confidentialité, détaillent-ils, des médias ont publié dès le lendemain qu’il s’agissait de quatre cadres de la rédaction en chef. Aucun démenti n’a été fait par la direction, et la rumeur ne fait qu’enfler depuis. »

Evénementiel à l’arrêt

La hiérarchie du journal se résumerait à la seule personne du directeur des rédactions, Guilhem Ricavy, sans qu’« aucun plan cible de réorganisation » n’ait été présenté pour pallier les manques, blâme Audrey Letellier, déléguée syndicale SNJ, majoritaire dans l’entreprise. Contacté, le PDG Jean-Christophe Serfati n’a pas souhaité faire de commentaire.

Ces annonces interviennent au moment où le deuxième confinement s’apprête à tendre un peu plus une situation économique déjà compliquée. Selon plusieurs sources internes, la direction anticiperait des pertes d’environ sept millions d’euros en 2020, après en avoir perdu 2,8 millions l’an dernier. Comme au printemps, les éditions régionales sont de nouveau passées de 10 à 6, tandis que les difficultés de la distribution de la presse nationale dans la région de Marseille, consécutive à la liquidation de Presstalis, n’aurait pas permis au quotidien régional d’en tirer parti pour lui-même. Enfin, la crise sanitaire a sévèrement touché la partie événementielle du groupe, pratiquement à l’arrêt. Autant d’inquiétudes que la mise en liquidation de l’actionnaire majoritaire de La Provence, Groupe Bernard Tapie, le 30 avril 2020, ne permet pas d’apaiser.

Il vous reste 23.21% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

La Fondation Aventinus rachète le quotidien suisse « Le Temps »

Rassemblement, en 2017, à l’occasion de la suppression du magazine « L’Hebdo » par le groupe Ringier Axel Springer, également propriétaire du « Temps ».

C’est une première en Suisse. Une fondation à but non lucratif s’est emparée, mardi 3 novembre, du quotidien Le Temps, titre de référence de la presse francophone en Suisse, en grande difficulté financière depuis de nombreuses années. Il luttait pour sa survie dans un contexte publicitaire déprimé et sur fond de chute continue de son nombre d’abonnés – estimé à 20 000, deux fois moins qu’il y a cinq ans –, sans compter que, dans la Confédération, les ventes en kiosque sont traditionnellement anémiques.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Suisse, « L’Hebdo » tire sa révérence

Récemment, le journal a certes amélioré son offre en ligne, mais sans parvenir encore à attirer un nombre d’abonnés suffisant pour changer de modèle d’affaires. Pour l’instant, il n’en compte que 14 000. Pire, avec le SARS-CoV-2, les rentrées publicitaires ont encore chuté de 80 % au premier semestre dans la presse romande. Urgente pour pouvoir sauver le patient, l’opération de rachat était en cours depuis près d’une année, mais il a fallu des mois pour dénouer les fils d’une négociation complexe entre la Fondation Aventinus et le propriétaire du journal, le groupe Ringier Axel Springer, coentreprise entre le premier éditeur helvétique (Ringier), installé à Zurich, et le géant berlinois (Axel Springer).

Ni le montant de la transaction – estimé par la Radio télévision suisse à 6,5 millions d’euros – ni le montant de la dette reprise au passage ne sont connus, quand bien même le président de la Fondation Aventinus, l’ex-ministre genevois François Longchamp, a précisé que l’un des objectifs du nouvel équipage était « la transparence ».

Trouver un modèle

Pour Le Temps, c’est plus qu’un bol d’air, presque une intervention divine. Comme l’ensemble des titres de presse du pays, il vivait sous la menace permanente de plans sociaux successifs, alors que la pression, sur la rédaction, de l’éditeur, obsédé par le rendement et les marges bénéficiaires, n’avait jamais cessé. « L’objectif financier n’est pas prioritaire, confirme M. Longchamp, mais cela ne veut pas dire que la fondation est un puits sans fond. Nous demanderons aux équipes d’établir un projet qui corresponde à un budget établi, et qui doit surtout trouver son marché et son public. Nous ne voulons pas subventionner le journal d’une génération qui s’en va, mais développer un titre ambitieux. »

Lancée en 2019, la Fondation Aventinus est abondée par trois autres fondations. Elle a pour objectif d’aider une presse indépendante et de qualité. Derrière elle, on retrouve les fondations genevoise Hans Wilsdorf (montres Rolex) et vaudoise Leenaards (vieille fortune belge du « roi de la capsule de bouteille » installé à Lausanne il y a des décennies), ainsi que la Fondation Jan Michalski, de Vera Michalski, une héritière du groupe pharmaceutique Hoffmann-La Roche, à Bâle, elle-même propriétaire du groupe d’édition Libella. En plus d’Aventinus, cinq banquiers privés genevois, désireux de garder l’anonymat, participent à l’opération.

Il vous reste 27.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous êtes intérimaire ou en CDD ? Témoignez

En un an, le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de près de 9 % entre le troisième trimestre 2019 et le troisième trimestre 2020. Depuis le début de la crise sanitaire, l’aggravation du chômage a surtout touché des personnes qui étaient en contrat précaire.

Vous êtes intérimaire ou en CDD. Avez-vous réussi à travailler depuis le printemps ? Si oui, était-ce dans votre domaine ? Combien de temps ? Si vous avez perdu votre emploi pendant le premier confinement, en avez-vous retrouvé un depuis ? Si non, avez-vous pu bénéficier de l’assurance-chômage ? Comment vivez-vous cette période ? Comment envisagez-vous le futur ?

Votre témoignage pourra être utilisé dans le cadre d’un article à paraître dans Le Monde. N’oubliez pas de saisir une adresse électronique que vous consultez souvent ou un numéro de téléphone, afin que nous puissions vous contacter pour vous demander des précisions. Votre témoignage pourra être publié anonymement si vous le souhaitez.

VOTRE TÉMOIGNAGE

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée et ne sera utilisée que dans le cadre exclusif de cet appel à témoignage.

Voir les conditions de dépôt

1 – Le Monde.fr, site édité par Le Monde interactif, présente une sélection de témoignages, sous forme d’écrits, de photographies et de vidéos qui lui sont soumis librement par ses internautes. 2 – Les textes, photographies et vidéos sont toujours présentés avec mention du nom de l’auteur. 3 – Les participants autorisent l’utilisation de leurs témoignages pour une publication sur le site Le Monde.fr, dans le groupe Dailymotion du Monde.fr (http://www.dailymotion.com/lemondefr) ou dans le quotidien « Le Monde ». 4 – L’utilisation de ces écrits, photographies et vidéos ne peut donner lieu à un versement de droit d’auteur ou à une rétribution sous quelque forme que ce soit. 5 – Le Monde interactif s’engage à prendre le plus grand soin des œuvres confiées dans le cadre de ce service, mais ne peut en aucun cas être tenu pour responsable des pertes ou dommages occasionnés aux œuvres. 6 – L’équipe du Monde.fr se réserve le droit de refuser des témoignages, notamment : – les témoignages contraires à la loi (racisme, appel à la violence ou à la haine, diffamation, pornographie, pédophilie, sexisme, homophobie, …) ; – les témoignages contraires aux règles de conduite du Monde.fr (mauvaise orthographe, propos non conforme au sujet demandé, forme peu soignée, …) ; – les témoignages dont le sujet ou la forme présente peu d’intérêt pour les lecteurs ; – les témoignages déjà été proposés et publiés ou similaires à un témoignage récemment publié ; – la représentation d’une personne physique pouvant être identifiée, en particulier les personnes mineures ; – la représentation d’une œuvre pouvant relever du droit d’auteur ; – les photographies et vidéos dont la qualité technique est insuffisante (photos floues, vidéos illisibles ou de mauvaise définition, bande son inaudible, …). 7 – Les internautes qui déposent leur témoignage recevront un e-mail confirmant ou infirmant leur acceptation et publication. Les témoignages qui n’auront pas été validés ne seront pas conservés par Le Monde interactif et ne pourront faire l’objet d’une restitution à leur auteur.

RÈGLEMENT

En participant à cet appel à témoignages, vous autorisez la publication totale ou partielle de votre contibution sur le site Le Monde.fr, dans le quotidien Le Monde, dans « M, le Magazine du Monde » ou sur tout autre site où la Société éditrice du Monde publie du contenu éditorial (Facebook, Twitter, Digiteka, Instagram, etc.). Tout témoignage contenant des propos contraires à la loi est proscrit et ne sera évidemment pas publié. Une orthographe et une mise en forme soignées sont exigées (pas de textes en lettres capitales, pas d’abréviations ou d’écrits de type « SMS »). Vous devez impérativement préciser la date et le lieu où ont été pris vos documents photographiques ou vidéo et rédiger une légende descriptive. Votre témoignage doit être signé de vos prénom et nom. Les demandes d’anonymat en cas de publication seront examinées par la rédaction au cas par cas. L’intégralité des conditions de dépôt de témoignage est accessible sous le formulaire ci-contre.

Sanofi : le projet de création d’un champion européen des principes actifs suscite la méfiance des syndicats

Les discussions s’annoncent houleuses. Lors d’un comité de groupe, jeudi 5 novembre, la direction de Sanofi devait détailler à ses syndicats le projet « Pluton », qui prévoit la création d’un leader européen de la production de principes actifs – les molécules essentielles entrant dans la composition des médicaments. « Nous entamons la phase 2 du projet, l’élaboration du plan d’action technique nécessaire à la phase 3, la mise sur orbite », s’enthousiasme le directeur des affaires industrielles, Philippe Luscan.

Lire aussi Sanofi et GSK commencent les tests sur l’homme pour leur vaccin contre le Covid-19

Annoncé en grande pompe fin février 2020, Pluton ne consistera pas, dans un premier temps, à ouvrir de nouvelles usines, mais à externaliser six sites européens existants du groupe pharmaceutique (dont deux français, Saint-Aubin-lès-Elbeuf, en Seine-Maritime, et Vertolaye, dans le Puy-de-Dôme), pour les réunir au sein d’une entité autonome, dont Sanofi détiendra 30 %.

Outre leur spécialité en chimie, ces six sites ont comme point commun de travailler majoritairement (à 55 %) pour des laboratoires tiers. Une activité qui, selon la direction, ne peut se développer qu’affranchie de la marque Sanofi, les clients rechignant à se fournir en principes actifs chez un concurrent. « Nous allons doubler la croissance de cette activité à 6-10 % par an en augmentant notre catalogue de produits, et en rapatriant certaines productions en Europe », promet M. Luscan, en pleine recherche d’investisseurs.

Valorisation impossible

En plus des actionnaires privés, le groupe espère convaincre « un ou deux acteurs institutionnels », comme la banque publique Bpifrance. L’entrée au capital devrait avoir lieu au premier trimestre 2022, tout comme l’introduction en bourse.

Elaboré avant la crise du coronavirus, Pluton a acquis une dimension politique au moment de la première vague, lorsque le pays a pris conscience de sa dépendance à l’égard de l’Asie, où sont fabriqués environ 80 % des principes actifs des médicaments. Le 18 juin, le gouvernement lançait un plan d’action pour favoriser les relocalisations dans l’industrie de la santé. Dans ce contexte, Bercy voit Pluton d’un bon œil : « Ce projet va dans le sens d’une sécurisation de l’approvisionnement. Mais nous serons très attentifs à ce que cet objectif soit maintenu, et l’emploi préservé. »

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Ils ne s’arrêtent jamais » : les syndicats de Sanofi s’indignent d’un énième plan social

L’emploi est évidemment la principale préoccupation des syndicats, encore exaspérés par l’annonce faite par le groupe, fin juin, de la suppression sur trois ans de 1 700 emplois en Europe, dont un millier en France. « Pour Pluton, la direction nous dit “c’est la meilleure chose qui puisse vous arriver”. Nous, on demande à voir des éléments qui prouvent que c’est un projet de santé publique et pas une opération financière », prévient Jean-Luc Piat, secrétaire du comité de groupe France pour la CFDT.

Il vous reste 50.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Covid-19 : en grève ou en droit de retrait, des enseignants protestent contre les conditions sanitaires de la rentrée

Au collège Gustave-Flaubert dans le 13e arrondissement de Paris, le 2 novembre.

L’agitation se poursuit dans les établissements scolaires. Aux critiques dès le jour de la rentrée, lundi 2 novembre, sur les modalités de l’organisation de l’hommage à Samuel Paty, se sont ajoutées celles sur le non-respect des consignes sanitaires. Depuis mardi, ils sont de plus en plus nombreux à juger inapplicable ce protocole « renforcé » sans basculer sur une organisation en demi-groupes – en particulier dans les lycées, mais aussi dans certains collèges – réclamée par les syndicats.

Lundi et mardi, des enseignants d’établissements de la petite couronne parisienne, à Romainville, l’Ile-Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) ou encore à Grigny (Essonne), mais aussi en région, ont réclamé l’organisation des classes en demi-groupes pour reprendre le travail. Des « droits de retrait » ont également été déposés, en région parisienne mais aussi à Montpellier ou à Perpignan. Certains étaient toujours en grève mercredi, jour où les mobilisations sont habituellement moins fortes. Ni les syndicats ni le ministère de l’éducation nationale n’ont souhaité se prononcer sur un chiffre précis d’écoles ou d’établissements touchés par le mouvement, même si les premiers témoignent d’une « exaspération » du corps enseignant, y compris chez ceux qui ne choisissent pas le moyen de la grève.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Covid-19 : dans les établissements scolaires, le « protocole renforcé » inquiète

« La mobilisation devrait repartir jeudi, précise Sophie Venetitay, du SNES-FSU, lorsque les enseignants vont regagner leurs établissements après le traditionnel creux du mercredi. Elle pourrait même s’amplifier dans l’académie de Versailles », où l’antenne locale du SNES a appelé à la grève jeudi. Le syndicat national, lui, soutient les professeurs qui militent pour les demi-groupes, et a proposé une journée de « grève sanitaire » mardi 10 novembre « partout où les conditions sanitaires ne seront pas réunies ». Dans le premier degré, le SNUipp-FSU, majoritaire, dit « débattre » de la possibilité d’une grève, également la semaine du 9 novembre.

« Jeudi, nous déposons un droit de retrait, s’il n’est pas accepté, on reconduit la grève, rapporte Camille, enseignante en histoire-géographie au collège Pablo-Neruda, à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Notre principale revendication est le dédoublement des classes, car la distance physique ne peut être respectée dans les salles, dans les couloirs et dans la cour. » Les grévistes de l’établissement demandent aussi le remplacement des infirmières, en arrêt maladie, et l’affectation d’assistants d’éducation dont le nombre réduit complique encore l’application du protocole.

Il vous reste 47.34% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.