Archive dans octobre 2020

Les éditeurs diversifient à bon compte les revenus de leurs auteurs

Dans une librairie de Mulhouse (Haut-Rhin), le 11 mai 2020.

Comment arrondir les fins de mois des auteurs sans grever le porte-monnaie des éditeurs ? Le numéro deux français de l’édition, Editis, vient de mettre en place un « bureau des auteurs ». Deux cents écrivains de quarante-huit maisons du groupe ont donné leur accord pour participer à des conférences au sein d’entreprises ou de collectivités. Un service « pour les entreprises friandes de donner du sens à leurs salariés », explique Michèle Benbunan, directrice générale d’Editis.

Pour l’heure, L’Oréal, Bel et une banque d’affaires ont donné leur feu vert. Les auteurs seront payés entre 5 000 euros et 10 000 euros la conférence, un tarif sur lequel Editis prélèvera 10 %. Ce revenu dépasse largement les à-valoir payés à un jeune romancier. Depuis plus de deux ans, Hachette Livre organise le même type de prestations pour des entreprises. Sauf cette année, où ce marché s’est effondré avec la crise sanitaire.

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Toujours pour diversifier les revenus des auteurs, Editis a créé, fin avril, des sessions mensuelles de présentation virtuelle d’ouvrages destinés à des adaptations audiovisuelles ou cinématographiques. « Plus de 200 producteurs y participent et trois projets sont en négociations très avancées », détaille Clément Pelletier, directeur du développement.

Opacité des ventes

Aiguillonnés par le rapport de Bruno Racine, « L’auteur et l’acte de création », publié en janvier par le ministère de la culture, les éditeurs se préoccupent enfin de l’épineuse question de l’opacité des ventes. Depuis septembre, Hachette Livre propose à ses auteurs de littérature générale un portail qui leur donne accès à des informations sur les tirages et les ventes de leurs livres, recensées par l’institut GfK. Cette plate-forme, déjà proposée au Royaume-Uni, sera déployée dans les autres maisons d’édition du groupe, au-delà de la littérature. Chez Editis, Michèle Benbunan souhaite mettre en œuvre un système identique, donnant les ventes en temps réel et le montant des droits d’auteurs.

Le reste de l’édition devrait suivre. D’ici à 2021, « nous allons créer un GIE [groupement d’intérêt économique], regroupant les éditeurs, les plates-formes, les libraires et les auteurs, avec un tiers de confiance qui pourrait redistribuer l’information aux éditeurs et aux auteurs », indique Pierre Dutilleul, le directeur général du syndicat national de l’édition (SNE). D’ores et déjà, « tous les flux ont déjà été recensés, chez les éditeurs, les libraires, les distributeurs, GfK, etc. », indique-t-il, en sachant que les libraires disposent de trois mois pour retourner aux éditeurs les livres qu’ils n’ont pas vendus.

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« Pourquoi aide-t-on tout le monde et pas nous ? » : le désarroi des extras de la restauration événementielle

Manifestation d’extras de la restauration évenementielle à l’appel de la CGT, à Paris, le 30 juin.

Son texto est arrivé à 14 h 42, juste après la déclaration du premier ministre, jeudi 15 octobre. Une simple photo de son écran de télé, branchée sur BFM-TV, qui suffisait à décrire son drame. « Mesures partout en France : toutes les fêtes privées (mariages, soirées étudiantes…) interdites », disait l’infographie à l’image. « Je suis K.-O. debout », a dit le texto suivant.

La veille, Yann (les témoins ont requis l’anonymat), 49 ans, maître d’hôtel spécialisé dans les réceptions de mariage, partageait encore sa joie de pouvoir enfin travailler ce week-end, lors d’une cérémonie en Eure-et-Loir. Jusqu’aux annonces de Jean Castex. « Le seul truc qui me restait, c’est fini… », commente-t-il, sonné.

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Ses neuf derniers mois, comme ceux de tous ses collègues de la restauration dans l’événementiel, ressemblent à l’un de ces cauchemars qui réveillent la nuit : ceux où l’on glisse dans un monde parallèle oppressant, qu’on a hâte d’oublier au matin, soulagé de retrouver sa « vraie » vie.

Il y a un an encore, ils orchestraient fièrement cocktails, réceptions, cérémonies, salons. Servant champagne, plats ou petits-fours de Roland-Garros à l’Elysée, du Stade de France à la Foire de Paris, en passant par tous les « clubs de direction » des groupes du CAC 40. Ils vivaient confortablement d’un système pourtant inconfortable, et très peu connu, qui concernerait de 15 000 à 20 000 personnes : celui des extras ou « permittents ».

Ni chômage partiel, ni fonds de solidarité

Employés depuis parfois vingt ou trente ans en contrats à durée déterminée (CDD) d’usage, ils alternent contrats courts – avec beaucoup d’heures sur peu de jours – et périodes d’inactivité. Un genre d’intermittence qui ne dit plus son nom, depuis 2014 et la perte de leur régime spécifique d’assurance-chômage, qui était plus favorable que le régime général auquel ils sont soumis aujourd’hui.

Mais, en février, tout bascule : leur secteur est le premier arrêté par les mesures anti-Covid-19 limitant les rassemblements. Suivent le confinement puis le déconfinement. Et l’annulation de tous les événements qui font d’habitude du printemps la période faste qui leur permet de recharger leurs droits au chômage. Depuis, comme dit Yann, ils ont « mangé » leurs jours d’indemnisation. Tablant sur une reprise à l’automne.

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Les mesures annoncées cette semaine, couplées à l’annulation du Salon de l’agriculture fin février 2021, font figure de coup de grâce. C’est à plus d’un an sans travail dans leur branche qu’il faut qu’ils se préparent. Et cela, jusqu’ici, sans aucune aide de l’Etat, qui a soutenu les entreprises du secteur mais n’a rien prévu pour ces CDD d’usage. Pour eux, ni gel des droits, ni chômage partiel, ni fonds de solidarité, ni prêt garanti par l’Etat. Rien non plus de la part de leurs employeurs.

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Les salariés de Technicolor interpellent l’Etat sur les licenciements

Manifestation de salariés de Technicolor, à Rennes, le 17 septembre.

« L’argent de [la banque publique d’investissement] Bpifrance va-t-il permettre à la direction de Technicolor de délocaliser en Inde ? Comment l’Etat peut-il financer des délocalisations ? » Ce sont les questions que posent aux pouvoirs publics les salariés du site Technicolor de Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine), spécialisé dans les décodeurs numériques, depuis qu’ils ont appris, le 2 juillet, la suppression de 110 postes (sur 286). Les représentants des salariés soutiennent que l’activité de développement de logiciel sera transférée en Inde, avec embauche d’ingénieurs localement et transmission de savoir-faire. Une délocalisation, en somme, que la direction de Technicolor aurait reconnue lors de la première réunion du comité social et économique (CSE) cet été, mais qu’elle n’a voulu ni confirmer ni infirmer au Monde.

L’entreprise replace ces licenciements dans « un plan de transformation » ayant pour objectif de « poursuivre la rationalisation » de ses sites R&D, dont beaucoup ont déjà été fermés à l’étranger. Ces licenciements interviennent surtout à un moment critique pour Technicolor, placée sous procédure de sauvegarde par le tribunal de commerce cet été alors que, très endettée, elle risquait de ne pouvoir rembourser une échéance de prêt. Le plan de sauvetage s’est déroulé en deux temps : une restructuration de ses créances et l’entrée d’argent frais. C’est là qu’intervient Bpifrance.

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Actionnaire de Technicolor (ex-Thomson) depuis 2013, la banque publique détenait, avant les opérations financières de l’été, 7,58 % du capital, et des droits de vote proportionnels. Dans le cadre de la procédure de sauvegarde, elle s’est engagée, comme tous les actionnaires, à souscrire de nouvelles actions. Elle a ainsi réinjecté 20 millions d’euros dans l’entreprise fin août. Après, donc, l’annonce du plan de licenciements, s’indignent les salariés. « Bpifrance a remis au pot en sachant qu’ils délocalisaient !, insiste Nicolas Grelier, porte-parole de l’intersyndicale. Comment a-t-elle pu soutenir le plan financier sans plus de conditions sur l’emploi ? On est surpris qu’ils aient laissé passer cela si facilement. » « On a du mal à comprendre le rôle de Bpifrance », renchérit la députée LRM d’Ille-et-Villaine Laurence Maillart-Méhaignerie, qui a été reçue avec les salariés et le maire de Cesson-Sévigné, le 2 septembre, au ministère de l’économie.

« Restructuration financière »

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Baisse record des recrutements de cadres en 2020

A la Défense, près de Paris, en novembre 2017.

« L’emploi des cadres marquera un nouveau record en 2020 », annonçait en février 2020 l’Association pour l’emploi des cadres (APEC). Record il y aura, mais pas celui attendu : « Sur les recrutements, le choc est de 30 % à 40 %. Le niveau d’incertitude sur la fin d’année laisse présager un recul de 40 % plutôt que de 30 % par rapport à 2019 », analyse Gilles Gateau, le directeur général de l’APEC.

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L’association qui ajuste habituellement ses prévisions de recrutements annuels au cours de l’été a réinterrogé les entreprises en septembre, pour faire un bilan qui tienne compte des conséquences économiques de la pandémie. L’enquête révèle que seuls 170 000 à 200 000 cadres seraient recrutés en 2020. Entre 37 000 et 47 000 recrutements sont encore prévus pour le quatrième trimestre, mais ils restent à confirmer, l’enquête ayant été faite avant la nouvelle dégradation de la situation sanitaire.

« Il faut remonter à la guerre du Golfe pour retrouver une baisse similaire, étalée sur quatre ans »

La forte progression des embauches ininterrompue depuis 2016 était pourtant appelée à se poursuivre durant plusieurs années. L’emploi cadre porté par la transformation numérique et l’investissement des entreprises n’avait d’ailleurs pas ressenti l’essoufflement de la croissance en 2019. « Les entreprises savent que la pénurie des cadres sur le marché peut constituer un frein à leur croissance », explique Gaël Bouron, responsable adjoint du pôle études de l’APEC. Un dépassement du seuil de 300 000 recrutements était même annoncé pour 2022, lors de la présentation en février des intentions d’embauches. Mais l’investissement des entreprises a reculé de 14,9 % au deuxième trimestre et les offres d’emploi se sont effondrées, passant dès le mois d’avril de 90 000 à moins de 50 000. La perspective de 296 600 embauches prévues en février pour 2020 n’a pas survécu au Covid.

Les précédentes crises économiques n’avaient pas eu le même impact : la baisse des recrutements enregistrée en 2013 avait été de 10 %, et même la crise financière de 2008 n’avait provoqué qu’un recul de 28 % en 2009. « Il faut remonter à la guerre du Golfe pour retrouver une baisse similaire, étalée sur quatre ans. De 1991 à 1994, le nombre de recrutements de cadres avait reculé de 13 % par an en moyenne, et sur des volumes qui n’ont rien à voir. Le point bas avait été de 76 000 embauches en 1993, contre 170 000 attendues cette année », explique M. Gateau.

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« Nous nous opposons avec vigueur à toute idée d’une directive européenne sur les salaires minimums »

Tribune. Depuis quelques années, la France s’est lancée dans un vaste programme de réforme, en particulier sur le marché du travail. C’est un projet ambitieux dont l’un des objectifs est de rendre les relations entre les partenaires sociaux plus fortes mais aussi plus flexibles, dans le but de renforcer la compétitivité et la capacité d’adaptation au changement du pays. Le président Emmanuel Macron a cité les pays scandinaves en exemple.

En tant que représentants des organisations syndicales et patronales du secteur privé en Suède, nous sommes surpris et très préoccupés par le fait que la France ne s’oppose pas au projet de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen de présenter une proposition juridiquement contraignante portant sur les salaires minimums dans l’Union européenne (UE). Cette proposition devrait être rendue publique le 28 octobre.

L’intention de la Commission est bonne. En Suède, les organisations syndicales et patronales collaborent depuis longtemps pour faire évoluer et améliorer les conditions des travailleurs et des entreprises. Il reste naturellement encore beaucoup à faire, mais notre modèle a fait ses preuves.

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Ce n’est pas l’ambition, mais la méthode choisie par la Commission qui nous préoccupe. Les employeurs, les syndicats et les gouvernements des pays scandinaves membres de l’UE sont tous d’accord sur ce point : une directive européenne, instrument juridiquement contraignant pour les Etats membres, est une voie très mal choisie.

Innovation et cohésion sociale

En 2017, la France et la Suède ont conclu un partenariat stratégique pour l’innovation, où figurent des objectifs de prospérité durable, de création d’emplois et de cohésion sociale. Ce partenariat s’étend aussi au développement de stratégies communes au niveau de l’UE. Sur la base de ce partenariat, il serait étrange que la France agisse à l’opposé du point de vue du gouvernement suédois en ce qui concerne les salaires minimums ; une question qui joue un rôle très important quant à la capacité d’innovation, à la création d’emplois et à la cohésion sociale.

En 2019, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen ont annoncé dans une déclaration commune que l’UE devait aller vers l’articulation de salaires minimums. Selon eux, ces salaires devaient être « fixés chacun selon ses règles » dans les vingt-sept Etats membres. Ceux qui connaissent le modèle du marché du travail dans les pays nordiques comprennent que cette condition exclut automatiquement une directive. Pour respecter l’ambition déclarée du président Macron – renforcer le dialogue entre syndicats et patronat –, les partenaires sociaux doivent disposer d’une grande autonomie.

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Plan de relance, assurance chômage… Les syndicats dictent leurs exigences dans une lettre au gouvernement

C’est une initiative rare. Les cinq numéros uns syndicaux – Laurent Berger (CFDT), Philippe Martinez (CGT), Yves Veyrier (FO), François Hommeril (CFE-CGC) et Cyril Chabanier (CFTC) – ont pris la plume, mercredi 14 octobre, pour s’adresser au premier ministre, Jean Castex, dans un courrier, avec copie au président de la République, Emmanuel Macron. A quelques heures de l’interview télévisée du chef de l’Etat, la démarche est d’autant plus notable que le ton de cette lettre est très offensif.

Dialogue social, plan de relance, assurance chômage, retraites : ils formulent un certain nombre d’exigences afin que le gouvernement tienne compte des conséquences de la crise sanitaire et économique qui s’avèrent « dramatiques » et « violentes pour l’emploi, les perspectives d’emplois, les salaires et les conditions de vie d’une partie importante de la population, la moins favorisée, les jeunes en particulier ».

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Si la plupart de ces dirigeants syndicaux s’étaient félicités, à l’arrivée de M. Castex à Matignon en juillet, de son esprit d’ouverture, leur regard a changé depuis. « Dans une telle période d’incertitude et d’inquiétude tant pour la santé que pour l’emploi, il nous paraît essentiel que le dialogue social se traduise par une écoute et une réponse effective de la part des pouvoirs publics et le respect de l’autonomie de la négociation collective. »

« Rétablir les droits de représentation collective »

Pour les cinq responsables confédéraux, les délégués syndicaux et représentants du personnel, qui ont « joué un rôle important » depuis le début de la crise, voient leurs capacités d’initiative entravées par « des restrictions importantes, notamment en matière syndicale, en ce qu’elles limitent de fait l’exercice régulier du droit de réunion et de manifestation ». Il faut une « réunion rapide » pour évaluer les conséquences des ordonnances travail, votées en 2017, « afin de rétablir les droits de représentation collective des salariés à la hauteur des enjeux actuels ».

Autre préoccupation : instaurer des obligations aux entreprises qui perçoivent des aides « massives » dans le cadre du plan de relance. « De véritables engagements doivent être exigés en contrepartie et contrôlés quant à leur mise en œuvre effective à court, moyen et long terme, a contrario de ce que nous avons connu et constatons trop souvent, critiquent-ils. Ce contrôle doit être exercé de l’entreprise aux territoires jusqu’au niveau national. »

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En Californie, la « gig economy » soumise à référendum

Un chauffeur dénonce la « proposition 22 » défendue par Uber, Lyft et d’autres plates-formes de livraison, lors d’une manifestation à Los Angeles (Californie), le 20 août.

Si l’issue du match Trump-Biden ne fait aucun doute en Californie, Etat majoritairement démocrate, le suspense est entier, en revanche, sur le sort de la « proposition 22 », le référendum sur le statut des travailleurs de l’économie à la carte qui doit être soumis aux électeurs mardi 3 novembre, en même temps que le scrutin présidentiel. Une mesure qui relance le débat opposant la Californie, terreau de la Silicon Valley, aux entreprises technologiques qui ont propulsé le travail à la demande au rang de phénomène mondial : les travailleurs de la « gig economy » (« l’économie à la tâche ») doivent-ils être considérés comme des employés ou des contractuels free-lance ?

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La Californie croyait avoir soldé le débat en 2019, lorsque ses élus, à une large majorité, avaient adopté une loi requalifiant les contractuels en employés. Entrée en vigueur le 1er janvier 2020, la loi AB5 impose aux plates-formes d’accorder aux chauffeurs, livreurs et autres intérimaires de l’économie numérique une partie des prestations accordées aux employés « classiques » : assurance-chômage, congé maladie, salaire minimum…

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Les entreprises concernées ne l’ont jamais appliquée, estimant qu’elle imposerait une augmentation de 30 % de leurs coûts d’exploitation. Après moult péripéties devant les tribunaux, et la menace d’Uber et de Lyft de se retirer de Californie, le contentieux a été mis entre parenthèses, en août, par la justice, le temps de connaître le résultat du référendum de novembre sur la proposition 22.

Un compromis

L’initiative est soutenue par Uber, Lyft, Instacart, DoorDash et autres plates-formes de livraison. Elle se présente comme un compromis : les patrons de la gig economy offrent de subventionner l’assurance-maladie des chauffeurs, de leur procurer un revenu minimum garanti et une assurance contre les accidents de travail. Pour échapper au débat employés versus contractuels, ils préconisent de créer une nouvelle catégorie de travailleurs : les « chauffeurs dépendant d’une application » (« app-based drivers »), une formule alliant flexibilité des horaires et (modestes) avantages sociaux.

Les parrains de la proposition 22 ont déployé des moyens sans précédent : 186 millions de dollars en publicité, soit 158 millions d’euros, ce qui en fait, selon le site Ballotpedia, le référendum le plus coûteux jamais organisé aux Etats-Unis – cela, alors que les chauffeurs ont dû batailler pour obtenir des équipements de protection contre le Covid-19. Uber et Lyft, qui n’ont jamais dégagé de bénéfices, ont, ensemble, mis 100 millions de dollars sur la table. DoorDash a mis 47,5 millions, Instacart, 27,5 millions, et Postmates 10 millions.

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Le plan de relance n’aura qu’un effet limité sur la croissance en 2021, estime l’OFCE

Malgré son ampleur – 100 milliards d’euros – le plan de relance mis en place à la rentrée 2020 ne fera pas de miracle, en tout cas pas en 2021. Du fait de la multiplicité des mesures qu’il contient, de leur étalement dans le temps et, surtout, du délai nécessaire à leur mise en œuvre, l’effet sur la croissance serait de 1,1 point l’an prochain, selon les estimations réalisées par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et rendues publiques mercredi 14 octobre.

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En tenant compte de cette impulsion supplémentaire, la croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2021 serait de 7 %, alors qu’elle aurait été de 6 % en son absence. Le PIB de la France reviendra ainsi, à la fin de l’année 2021, à un niveau proche de celui atteint fin 2019, mais « cela ne veut pas pour autant dire que l’économie française aura comblé ses pertes », avertissent les experts de l’OFCE. En effet, par rapport à la croissance potentielle qui avait été estimée en 2019, le recul sera de 2,7 points de PIB à la fin de l’année prochaine. D’une manière générale, l’Observatoire estime que la crise du Covid aura fait perdre deux années de croissance à l’économie mondiale.

« Lenteur du lancement »

En comparaison au plan de relance, les mesures d’urgences prises dès le début de la crise et régulièrement prolongées – activité partielle, dispositifs d’aide aux PME-TPE en difficulté à travers le fonds de solidarité, aides aux indépendants et exonérations de cotisations sociales pour les secteurs les plus touchés – auront eu un impact bien plus significatif, puisqu’elles ont permis de réduire la chute d’activité de 3,4 points de PIB.

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Pour expliquer cet impact relativement faible des mesures de relance, l’OFCE note qu’en 2021, une proportion significative du plan, à savoir 38 %, sera concentrée sur un soutien, non ciblé, aux entreprises, en particulier à travers la baisse des impôts de production. « Ces mesures, dans un contexte de forte incertitude, seront peu efficaces pour redynamiser l’investissement à court terme », note l’Observatoire. L’effet sur la croissance sera donc faible l’année prochaine.

Au passage, ces mesures viendront amputer les recettes publiques de l’ordre de 9 milliards d’euros. De même, « si le plan de relance fait le pari de l’investissement public » – 36 % des montants en jeu – l’ampleur sera limitée en 2021, en raison de « la lenteur du lancement des projets ».

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Dernière ligne droite pour le bilan des six ans d’évolution professionnelle

« La date butoir initiale était le 7 mars 2020 mais, crise sanitaire oblige, un délai a été accordé aux entreprises. »

Il reste peu de temps. D’ici au 31 décembre, les entreprises devront avoir mené les entretiens professionnels pour tous leurs salariés ayant au moins deux ans d’ancienneté et avoir dressé le tout premier état des lieux récapitulatif pour ceux présents depuis au moins six ans. La date butoir initiale était le 7 mars 2020 mais, crise sanitaire oblige, un délai a été accordé. « Une chose est sûre, ce n’est pas le Covid-19 qui sera responsable des manquements des entreprises en la matière, estime Yvan Ricordeau, secrétaire national de la CFDT chargé de la formation professionnelle. C’est tout simplement qu’elles n’auront pas inscrit le sujet dans leur agenda social. »

Né de la loi du 5 mars 2014 sur la formation professionnelle, complétée par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel de septembre 2018, l’entretien professionnel doit se tenir tous les deux ans. Il est destiné à envisager les perspectives d’évolution professionnelle du salarié (qualification, changement de poste, promotion…) et les formations qui peuvent y contribuer. Le bilan professionnel, lui, doit avoir lieu tous les six ans.

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C’est l’occasion de s’assurer que le salarié a bien bénéficié de trois entretiens professionnels et de faire un état des lieux de son parcours. Philosophie : développer l’employabilité des salariés et faire en sorte que chacun soit acteur de son évolution professionnelle. « Si cet état d’esprit est classique chez les cadres, ce n’est pas toujours le cas pour les autres populations, constate Mathilde Bourdat, manageuse chargée de l’expertise formation chez Cegos. Il s’agit de donner à tous les salariés les moyens de mener une réflexion sur leur parcours. » L’entreprise, quant à elle, peut bâtir son plan de développement des compétences en faisant le lien entre sa stratégie et les aspirations de ses salariés.

Une contrainte juridique supplémentaire

Les entreprises seront-elles prêtes dans les temps ? « Nous sommes bien partis pour être dans les clous », se réjouit Margaux Salitot, responsable du développement des ressources humaines (RH) de Pileje, fabricant et distributeur de solutions de santé (micronutrition, phytothérapie…), qui compte 500 salariés en France. Même son de cloche dans le groupe Stago, spécialisé dans le diagnostic biologique. « Le confinement a été un élément perturbant, mais nous faisons tout pour être prêts fin décembre », explique Odile Pellier, directrice du développement RH de la société, qui compte environ 1 300 salariés en France.

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