Archive dans mai 2020

Amazon entame la réouverture de ses six entrepôts en France

La bataille entre les syndicats et la direction d’Amazon, qui s’opposent sur les mesures de protection apportées aux salariés, connaît une trêve. Le spécialiste de la vente en ligne a annoncé, mardi 19 mai, renoncer à se pourvoir en cassation.

Saluant dans un communiqué la réouverture mardi de son entrepôt de Brétigny-sur-Orge (Essonne), la direction d’Amazon France dit se « réjouir que le dialogue avec les représentants du personnel, conduit dans une logique d’amélioration continue, permette d’aboutir à une reprise sereine et durable ».

« Au terme de la consultation, les deux parties ont accepté d’abandonner les recours en cours », ajoute le communiqué, précisant que « cela inclut la décision de porter notre affaire devant la Cour de cassation ».

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Une reprise du travail sur la base du volontariat

Les six entrepôts d’Amazon en France étaient fermés depuis le 16 avril, à la suite de deux jugements enjoignant à l’entreprise de procéder à une évaluation des risques liés au coronavirus avec les représentants du personnel.

La cour d’appel de Versailles avait confirmé le 24 avril une ordonnance du 14 avril qui demandait à Amazon de limiter son activité à des produits essentiels (informatique, santé, nutrition, épicerie…) sous astreinte de 100 000 euros par infraction.

Le géant du commerce en ligne, jugeant impossible de se plier à cette contrainte sans risquer d’infraction, avait préféré fermer ses entrepôts, tout en poursuivant les livraisons depuis ses plates-formes à l’étranger. La justice relevait des manquements de sécurité, notamment dans les vestiaires ou aux portiques d’entrée, et surtout demandait à Amazon de consulter les représentants du personnel et non d’imposer unilatéralement des mesures.

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Un accord a finalement été trouvé vendredi avec les organisations syndicales CFDT, CGT, FO et SUD. « Nos sites sont sûrs et l’ont toujours été », assure le communiqué mardi. A la suite d’une procédure de consultation et d’information avec les comités socio-économiques de l’entreprise, ils « ont pu reprendre leur activité avec un socle de mesures déjà en place avant la suspension d’activité, auxquels ont pu être apportés quelques ajustements ».

La reprise à 100 % doit s’étaler sur trois semaines, les salariés reprenant le travail « sur la base du volontariat », a précisé mardi le directeur général d’Amazon France, Frédéric Duval.

Le Monde avec AFP

« On est les oubliés » : les « permittents » de la restauration dans l’événementiel réclament des aides

Maîtres d’hôtel et cuisiniers de la restauration dans l’événementiel ont étalé vestes et chemises blanches pour alerter sur la situation de leur secteur, touché de plein fouet par les mesures contre l’épidémie de Covid-19, mardi 19 mai, à Paris.
Maîtres d’hôtel et cuisiniers de la restauration dans l’événementiel ont étalé vestes et chemises blanches pour alerter sur la situation de leur secteur, touché de plein fouet par les mesures contre l’épidémie de Covid-19, mardi 19 mai, à Paris. Aline Leclerc

Drôle de ballet aux aurores, mardi 19 mai, place du Trocadéro, à Paris. En costumes noirs et nœuds papillon, maîtres d’hôtel et cuisiniers de la restauration événementielle ont étalé 400 chemises et vestes blanches au sol pour alerter sur leur situation. Un « happening » inspiré d’une action de cuisiniers sur la Grand-Place de Bruxelles, le 7 mai.

D’habitude, en cette période, ils cuisinent, servent, orchestrent cocktails, réceptions, cérémonies, salons… autant d’événements qui ont été annulés en série depuis la mi-février, date des premières mesures interdisant les rassemblements pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. « Notre business, c’est la réunion d’êtres humains, souligne François Choux, responsable maître d’hôtel. Notre secteur sera le dernier à repartir. »

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En attendant, ces hommes et ces femmes exclusivement employés en CDD d’usage – ce qu’on appelle des « extras » ou « permittents » qui alternent contrats courts et période d’inactivité – n’ont plus de travail. Or, les périodes fastes comme le printemps leur permettent d’habitude de recharger leurs droits au chômage, dont ils touchent les allocations pendant les périodes creuses. Un genre d’intermittence qui ne dit plus son nom, depuis 2014 et la perte de leur régime spécifique d’assurance-chômage plus favorable que le régime général auquel ils sont soumis depuis.

« On n’a plus l’assurance de travailler à court terme »

Ces deux derniers mois, non seulement ces travailleurs n’ont pas fait les contrats habituels, mais ils ont utilisé leurs droits d’indemnisation chômage. Flore, 46 ans, maître d’hôtel, élève seule deux enfants. « Je suis habituée à budgéter, lors des grosses rentrées, mes mois de disette. D’ordinaire, ça ne m’inquiète pas. Mais là, c’est différent. On n’a plus l’assurance de travailler à court terme. Donc je prospecte, j’envoie des CV pour trouver du travail dans d’autres secteurs. J’ai mes enfants, mon loyer. Je ne peux pas me permettre d’attendre de voir ce qu’il va se passer. » A ses côtés Virginie, 46 ans. Alors qu’en cette période, elle gagne d’ordinaire 3 000 euros par mois minimum, elle ne touche que 800 euros d’allocation-chômage.

« Jusqu’ici, aucune aide exceptionnelle n’a été prévue pour nous. On est les oubliés ! On ne va pas pouvoir s’en sortir dans les prochains mois comme ça », s’inquiète M. Choux. Ils demandent le gel « du décompte de leurs jours de Pôle emploi » jusqu’en 2021, comme ce qu’ont obtenu récemment les intermittents du spectacle.

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En Europe, le filet de sécurité sans précédent du chômage partiel

Reprise progressive du travail dans une usine de chaussures à Castelnuovo Vomano (Italie), le 4 mai.
Reprise progressive du travail dans une usine de chaussures à Castelnuovo Vomano (Italie), le 4 mai. Domenico Stinellis / AP

La pandémie a mis en place une expérience économique grandeur nature : d’un côté, les Etats-Unis comptent 36 millions de nouveaux chômeurs depuis le début du confinement ; de l’autre, en Europe, au moins 40 millions de personnes sont désormais enregistrées au chômage partiel, une large partie de leur salaire étant pris en charge par l’Etat. Deux visions du traitement social de la crise provoquée par la pandémie : du côté américain, l’acceptation d’un choc violent et immédiat avec l’espoir que la reprise donnera lieu à un rebond dynamique de l’emploi, et du côté européen, la volonté d’amortir le choc au prix de milliards d’euros en prenant le risque de soutenir des emplois qui seront quand même perdus d’ici quelques mois.

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Qui a raison ? Pour l’instant, les économistes défendent très majoritairement l’approche européenne, qui doit permettre d’éviter les licenciements de masse et leur cortège catastrophique de conséquences sociales. « Ça fait sens, explique Daniela Ordonnez, économiste à Oxford Economics. Il s’agit d’une crise d’une violence inédite, mais qui doit être de relativement courte durée. Le chômage partiel permet non seulement de conserver l’emploi, mais aussi d’aider à orienter les dépenses des ménages : au moment de la reprise, si les gens ont conservé leur travail, la confiance et le rebond de la consommation seront plus forts. »

Un indicateur en retard

Felix Huefner, économiste allemand à UBS, est d’accord avec ces arguments, mais il avertit : « Le chômage partiel est un très bon outil si le choc économique est limité dans le temps. Si on a une reprise en V(avec reprise rapide), ce sera de l’argent bien dépensé. Mais si on n’a pas de rebond économique, il va falloir débrancher à un moment ou un autre. Plus la crise sera longue, moins cet outil sera utile. »

Depuis le début de la pandémie, la France (12,4 millions de demandes), l’Allemagne (10,1 millions) et le Royaume-Uni (7,5 millions) forment la vaste majorité du bataillon de chômeurs partiels. Au total, selon Oxford Economics, le taux de chômage « fantôme » (chômeurs + chômeurs partiels) atteint 25 % en zone euro, le double du pic d’après la crise de la monnaie unique. Aux Etats-Unis, le taux de chômage en avril était de 15 % mais cet indicateur a du retard et il devrait dépasser 20 % dans les mois à venir.

Infographie Le Monde

La France offre de loin le plus généreux des systèmes de chômage partiel. Il couvre 84 % du salaire net (80 % en Allemagne et au Royaume-Uni) mais surtout le plafond est beaucoup plus élevé, à hauteur de quatre fois et demi le salaire minimum. « On a fait sauter toutes les limites en France et il ne reste presque rien à la charge des entreprises », estime Mme Ordonnez.

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Chômage partiel : polémique autour d’une réduction progressive du dispositif

Usine Renault, à Flins, le 6 mai.
Usine Renault, à Flins, le 6 mai. GONZALO FUENTES / REUTERS

Le gouvernement a commencé à préparer les esprits depuis fin avril : le dispositif du chômage partiel, massivement déployé durant la crise sanitaire pour éviter des licenciements en cascade, va être moins généreux à partir du 1er juin. Ce mécanisme, sollicité – potentiellement – pour plus de 12 millions de personnes, assure un niveau de prise en charge très élevé par l’Etat et par l’assurance-chômage : les travailleurs du privé, qui en bénéficient, touchent 70 % de leur salaire brut (100 %, pour ceux qui sont au smic) – la somme étant intégralement remboursée aux employeurs dans la limite de 4,5 smic. L’exécutif veut revoir ces paramètres, le but étant d’« encourager les entreprises à reprendre l’activité ».

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Selon un dirigeant patronal, « l’Etat ne couvrirait plus désormais que 60 % du salaire brut, mais toujours 100 %, pour les personnes au smic ». « Ils veulent faire des économies et sont persuadés qu’il y a des boîtes qui se complaisent dans le chômage partiel, confie cette même source. La nouvelle formule durerait pendant l’été mais en septembre, on ne sait pas ce qu’ils comptent faire. » Combien coûte le dispositif ? Plusieurs estimations ont été avancées, Bercy évoquant 24 milliards d’euros à la mi-avril. Des chiffrages incertains, car on ne connaît pas encore le nombre d’individus effectivement indemnisés.

Entreprises de proximité

Quoi qu’il en soit, les organisations d’employeurs sont hostiles à l’idée que l’Etat réduise la voilure. Ce serait « une erreur majeure » d’accroître la contribution des entreprises, à partir du 1er juin, parce qu’elles « tourneront encore à un rythme faible », a indiqué Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, dans un entretien au Monde (nos éditions datées du 14 mai). Son mouvement aimerait qu’un « dispositif complémentaire de longue durée » voit le jour à la rentrée, en s’inspirant de celui instauré en Allemagne lors de la crise de 2008-2009. « Il faut de la cohérence dans la politique gouvernementale : les entreprises doivent continuer à être accompagnées, sinon on aura payé pour rien », renchérit Alain Griset, le numéro un de l’Union des entreprises de proximité.

Une analyse assez largement partagée par les syndicats. « La meilleure solution, ce n’est ni de réduire drastiquement ni brutalement [ce mécanisme] car les difficultés d’emploi vont être fortes », affirme Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT insiste cependant sur la nécessité de « contrôler les entreprises pour éviter les effets d’aubaine ». Pour lui, « hors de question » d’amputer la somme allouée aux salariés. S’agissant des employeurs, l’aide apportée par la collectivité peut, selon M. Berger, être modulée selon les secteurs professionnels. « Si on arrête le chômage partiel, le risque est grand que ça se transforme en chômage tout court », résume Michel Beaugas (FO).

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Déconfinement : les multiples questions du chômage partiel

COLCANOPA

L’assouplissement du chômage partiel est l’une des premières mesures mises en place au début de la crise du Covid-19 pour éviter que les entreprises à l’arrêt procèdent à des licenciements massifs. Plus de 1 million d’entre elles, représentant 12,4 millions de salariés, a demandé à en bénéficier. Mais la reprise doit conduire à une sortie du dispositif comme l’a rappelé lundi 18 mai Bruno Le Maire.

Le chômage partiel « c’est une situation d’urgence », a souligné le ministre de l’économie, « mais maintenir 100 % de prise en charge du chômage partiel pour les entreprises par l’Etat, ce n’est pas une situation souhaitable sur le long terme ». Le gouvernement planche donc sur une révision de ces conditions afin de pousser les entreprises à reprendre à l’activité. D’ici là, quelles sont modalités du chômage partiel ? Qui est encore éligible ? Quelles sont les obligations du salarié ? Quelles sont les conditions de rémunération ?

Qui est éligible ?

Tout le monde n’est pas éligible. Un salarié qui ne retournerait pas au travail par crainte de prendre les transports en commun, peut rester en télétravail, mais ne peut pas être au chômage partiel. « Le recours au dispositif n’est pas une décision individuelle. C’est une demande de l’employeur, qui ne peut pas avoir recours au chômage partiel pour des raisons de sécurité sanitaire », précise un porte-parole du ministère du travail.

Le dispositif dit d’activité partielle existait avant le Covid-19 dans des conditions relativement strictes et continuera pour faire face aux aléas conjoncturels des entreprises. La loi d’état d’urgence sanitaire du 23 mars a permis au gouvernement de l’étendre à de nouvelles catégories de bénéficiaires et, surtout, d’adapter « de manière temporaire » le régime social applicable aux indemnités.

C’est ce cadre provisoire qui, dans la loi, peut être maintenu jusqu’au 31 décembre, mais qui va changer pour certains à partir du 1er juin. D’ici là, trois types de salariés de droit privé peuvent bénéficier du chômage partiel : ceux qui sont empêchés de travailler par les circonstances exceptionnelles du Covid-19, parce que leur entreprise a fermé partiellement ou totalement. A savoir les entreprises dont la fermeture a été décidée par le gouvernement (centres commerciaux, restaurants, etc.), celles dont l’activité a été contrainte par des problèmes d’approvisionnement et de conjoncture et, enfin, celles qui ne pouvaient pas assurer la protection des salariés (gestes barrières, télétravail).

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San Francisco : « Pourquoi rester dans une ville aussi chère quand on peut partir avec son ordinateur dans la Sierra Nevada ? »

À San Francisco, le 26 février.
À San Francisco, le 26 février. JEFF CHIU / AP

Un petit sentiment d’exode tout à coup à San Francisco. « On déménage ! », annonce une amie. Le coronavirus a changé leur vie. Walter, son mari, est analyste financier. Le fonds d’investissements où il exerce a décidé que l’entière division travaillerait de la maison jusqu’en juin 2021. Trop de monde à réintégrer pour respecter la nouvelle exigence de distanciation physique. Il faut gagner de la place dans les locaux.

Sylvia, elle, a été licenciée de la salle de fitness où elle travaillait à mi-temps. Elle s’est inscrite sur « Contrace » une plate-forme qui met en relation les nouveaux chômeurs avec les services de santé publique qui, dans tout le pays cherchent frénétiquement à recruter des « contacts tracers », les « détectives » qui remontent les filières de contamination du virus. L’un de ces métiers devenus indispensables à l’heure de la pandémie.

Bref, tous les deux sont libres comme l’air. Vive le télétravail. Oublié le loyer exorbitant dans la métropole californienne. Walter et Sylvia ont déjà fait leurs valises. Direction : le Texas. Non pas, comme certains, pour des raisons idéologiques (comparé à la Californie et sa panoplie de réglementations environnementales, le Texas est le paradis des individualistes anti-impôts) mais parce que la famille a de quoi les reloger.

San Francisco n’est pas près de redevenir comme avant. Les « techies » ont envie d’espace et de grandes maisons. Plus rien ne les retient. Pourquoi rester dans une ville aussi chère quand on peut partir avec son ordinateur dans la Sierra Nevada ? A Hawaï ? Quand tout ce qui faisait l’attrait de la ville – les restaurants, les matchs de basket des Warriors – est fermé ou suspendu ?

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Apple fait figue d’exception

La pandémie a accéléré le mouvement – entamé depuis quelques années – de délocalisation de la « tech » dans les Etats de la région : le Nevada, où Reno est devenu un « hub » d’ingénierie, autour de l’usine Tesla ; l’Arizona et même l’Utah, à Salt Lake City. Au point de changer la sociologie de l’électorat dans nombre de circonscriptions, comme les républicains l’ont constaté à leur détriment dans les derniers cycles électoraux.

Le télétravail va s’incruster. Selon une étude de l’association patronale Bay Area Council, sur cent vingt-trois grandes entreprises de la région, 90 % d’entre elles pensent poursuivre le travail à distance lorsqu’elles rouvriront. 18 % comptent même avoir 100 % de leurs effectifs en WFH (ou « work from home », le nouveau sigle incontournable). Deux tiers pensent alterner équipes et horaires pour réduire le nombre de salariés présents en même temps dans les locaux.

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Uber, affecté par la pandémie de Covid-19, licencie près d’un quart de ses employés

Un chauffeur Uber, reconverti dans la livraison de nourriture à domicile pendant la pandémie, le 22 avril à Miami.
Un chauffeur Uber, reconverti dans la livraison de nourriture à domicile pendant la pandémie, le 22 avril à Miami. CHANDAN KHANNA / AFP

Le groupe Uber, qui avait déjà annoncé la suppression de 3 700 emplois au début du mois de mai, va licencier 3 000 salariés supplémentaires, a fait savoir son PDG, lundi 18 mai. Touchée de plein fouet par les restrictions de déplacement prises pour endiguer la pandémie de Covid-19, la plate-forme réduit ainsi, en quelques semaines, d’environ un quart ses effectifs. Une quarantaine de ses bureaux dans le monde, sur plusieurs centaines au total, vont en outre être fermés.

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Uber prévoit également de se concentrer sur son cœur de métier, le transport de passagers et la livraison de nourriture avec Uber Eats, en abandonnant plusieurs projets considérés comme « non essentiels ». La société va notamment réduire la voilure de son laboratoire consacré à l’intelligence artificielle et son incubateur de projets. Elle étudie également des « alternatives stratégiques » pour Uber Works, le service qui ambitionnait de mettre en relation entreprises et travailleurs.

Critiques

Les nouvelles suppressions de postes sont réparties dans la plupart des divisions du groupe et dans l’ensemble des régions du monde. Elles ne concernent pas les chauffeurs, qui ne sont pas considérés comme des salariés par Uber.

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Le groupe s’est attiré des critiques ces derniers jours alors que circulait sur Internet une vidéo montrant la directrice du service clientèle annoncer leur licenciement à apparemment plusieurs milliers de salariés en même temps. Interrogé par l’Agence France-presse, Uber n’a pas souhaité faire de commentaires sur ce sujet. Mais plusieurs sociétés américaines ont recouru ces dernières semaines à des services de téléconférence pour annoncer des suppressions de poste en masse.

Le Monde avec AFP

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Le groupe McDonald’s poursuivi devant l’OCDE pour « harcèlement sexuel systématique »

Devant un restaurant du groupe McDonald’s, à Londres, le 13 mai.
Devant un restaurant du groupe McDonald’s, à Londres, le 13 mai. HENRY NICHOLLS / REUTERS

Une coalition internationale de syndicats a annoncé avoir porté plainte lundi 18 mai devant l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) contre le groupe McDonald’s, accusé d’avoir échoué à lutter contre un « harcèlement sexuel systématique » dans ses restaurants dans plusieurs pays. La plainte a été transmise à un centre néerlandais de l’OCDE, chargé de sa supervision.

Deux banques d’investissement − la néerlandaise APG Asset Management et la norvégienne Norges Bank − qui possèdent des parts dans le capital du géant mondial de la restauration, à hauteur de 1,7 milliard de dollars, sont également visées, ont précisé les syndicats.

Il s’agit, selon la coalition, de la première plainte pour « harcèlement sexuel généralisé dans une société multinationale » dans le cadre des principes directeurs de l’OCDE. Ceux-ci prévoient notamment que les multinationales et leurs actionnaires respectent le droit du travail, tels que la protection des salariés contre les violences sexuelles.

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90 % des restaurants franchisés

Les syndicats ont rassemblé des témoignages, avec des allégations allant de « commentaires vulgaires à des agressions physiques » à l’encontre de salariés en Australie, au Brésil, au Chili, en Colombie, en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

« La violence et le harcèlement basés sur le genre font partie de la culture de McDonald’s. »

« Les salariés de McDonald’s ont sonné l’alarme depuis des années sur le harcèlement sexuel et la violence basée sur le genre, mais l’entreprise ayant une culture pourrie depuis le sommet a échoué à prendre des mesures », affirme Sue Longley, secrétaire générale de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA).

La plainte doit être étudiée par le gouvernement néerlandais, qui décidera d’ici à trois mois s’il entame une procédure de médiation avec l’entreprise.

McDonald’s, dont le siège est aux Etats-Unis, affirme à tort ne pas être responsable des conditions de travail des employés car 90 % de ses restaurants sont franchisés, selon la plainte. Les syndicats ont choisi les Pays-Bas car le pays est le « centre nerveux » de McDonald’s en Europe et le siège de la banque APG.

Le Monde avec AFP

Coronavirus : l’angoisse et les attentes des équipementiers automobiles français

A l’usine Renault de Flins (Yvelines), le 6 mai.
A l’usine Renault de Flins (Yvelines), le 6 mai. Gonzalo Fuentes / REUTERS

Il se présente parfois comme « la Jeanne Calment du décolletage ». Roger Pernat, 75 ans dont cinquante ans de mécanique de précision dans la vallée de l’Arve, entre Genève et Chamonix, en a vu passer des crises, du choc pétrolier de 1973 à l’effondrement financier de 2008-2009. Mais celle-là, le président du groupe Pernat – 90 millions d’euros de chiffre d’affaires, 500 employés – lui aura fait baisser la tête comme à un boxeur qui aurait pris un coup sévère à l’estomac. « Cela ne fait que commencer, commente-t-il. On peut s’attendre à des effets de trésorerie mortels pour les entreprises qui ne sont pas bordées de cash. Il y aura de la casse. »

La casse, c’est-à-dire la cessation de paiement, le tribunal de commerce, la liquidation, le chômage… La casse, elle a déjà commencé, avec la mise en redressement judiciaire, le 11 mai, de Novares, spécialiste des pièces plastiques, 12 000 salariés, un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros, brûlant 4 millions d’euros par jour, incapable d’honorer ses factures et qui, désormais, attend son repreneur pour la fin mai.

Ils sont ainsi des dizaines de patrons de la filière amont de l’automobile française, dirigeants de petites, moyennes et parfois assez grandes entreprises, à mal dormir la nuit. Au moins 120 sociétés, représentant 72 000 emplois si on s’en tient aux seuls adhérents de la Fédération des industries des équipements pour véhicules (FIEV), qui fédère les équipementiers.

« La chute de notre chiffre d’affaires est vertigineuse en avril »

Au-delà des mastodontes que sont Faurecia, Valeo ou Plastic Omnium, se cachent de belles réussites industrielles françaises méconnues : Lisi Automotive (fixation mécanique), ARaymond (solutions d’assemblage), Le Bélier (pièces d’aluminium), Punch (boîtes de vitesses), GMD (pièces métalliques et plastiques), des plasturgistes comme Plastivaloire, ou Akwel, qui se propose de reprendre Novares. Ces sociétés oscillent entre 0,5 et 1,5 milliard d’euros de ventes. Elles ont créé des milliers d’emplois. Elles se sont développées hors de France. Et, aujourd’hui, elles souffrent.

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« La chute de notre chiffre d’affaires est vertigineuse en avril, constate François Liotard, directeur général de Lisi Automotive, avec − 80 % ou 90 % dans certains sites français. C’est irréel. Ce sont des magnitudes qui n’ont pas de précédent. Quant à la reprise de mai, elle reste faible, avec 40 % des volumes habituels. » « Jusqu’ici, ces entreprises vivaient avec les factures de janvierfévrier et sans besoin de fonds de roulement, puisque l’activité était à l’arrêt et que le chômage partiel avait pris le relais, explique Marc Mortureux, directeur général de la Plateforme automobile (PFA), l’entité publique qui coordonne les entreprises du secteur. Mais, en juin, nous entrons dans une période très dangereuse. L’absence des factures de mars et avril va se faire sentir au moment où il faut de l’argent pour le redémarrage. Beaucoup de sociétés vont être étranglées. »

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A La Roche-sur-Yon, des « Michelin » plus très sereins sur leur reclassement

A l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon, en avril 2016.
A l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon, en avril 2016. JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Jean-Louis Divet demande à ce qu’on le rappelle plus tard dans la journée. « J’ai un rendez-vous en visioconférence avec le cabinet Altedia, il ne faut pas que je le rate. A 50 ans, si je veux retrouver du boulot, je dois me donner à 100 %. » Le reclassement, cet ancien responsable d’équipe connaît. « C’était en 1993, lors de la fermeture d’un atelier de l’usine de Tours. Je suis passé d’un site Michelin à un autre. Aujourd’hui, c’est différent, on parle d’un arrêt total d’activité. »

Communiquée le 10 octobre 2019, la fermeture de l’usine de La Roche-sur-Yon prendra effet fin 2020. Un coup de massue pour les 619 salariés du dernier fleuron français de confection de pneus poids lourds, rapidement atténué par la promesse d’un bassin d’emplois vendéen comme amortisseur à ces centaines de licenciements annoncés. A tel point que 78,7 % des ouvriers se sont prononcés à 96,1 % en faveur de négociations dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Sept mois et une double crise sanitaire et économique plus tard, ce reclassement s’avère bien plus compliqué à mener que prévu.

« Ça a bougé », reconnaît Laurent Bador, délégué central CFDT, qui a pourtant fait le déplacement depuis Clermont pour acter, le 13 mai, quatre nouvelles promesses d’embauche en CDI. « La réalité, nuance Nicolas Robert, de SUD Michelin, c’est que, sur les vingt CDI déjà engagés, la majorité a soit été repoussée, soit transformée en CDD. » Contactés, certains des salariés concernés n’ont pas souhaité donner suite à nos sollicitations. « Le contexte étant ce qu’il est, je préfère ne pas me griller », a fini par déclarer un « ex-Michelin ».

« Difficile de se projeter »

Paralysées par une situation économique fortement dégradée, la majorité des 24 000 entreprises recensées par la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Vendée ont cumulé près de 400 millions d’euros d’aides et de reports de crédits. « Des chiffres qui permettent de mesurer l’ampleur des dégâts », a réagi Arnaud Ringeard, président de la CCI, lors de la présentation d’une enquête réalisée auprès de 2 115 entrepreneurs vendéens, entre le 29 avril et le 11 mai.

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Anticipant le recours massif au chômage partiel (en avril, 26,4 millions d’heures de travail ont été autorisées pour 60 000 salariés vendéens) et les problèmes de trésorerie à venir, la CGT s’est rapidement inquiétée du respect des règles du PSE auprès de la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi.

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