Archive dans mai 2020

Face à la pandémie, le Royaume-Uni a choisi un modèle économique européen

A Londres, le 11 mars 2020.
A Londres, le 11 mars 2020. TOLGA AKMEN / AFP

Le pays d’Adam Smith et de Margaret Thatcher semble avoir oublié la main invisible. Face à la pandémie, le Royaume-Uni a effectué un virage économique, pariant sur le grand retour de l’Etat. Boris Johnson, le premier ministre britannique, se refuse même à parler d’« austérité », préférant évoquer devant la chambre des communes « le mot en A », comme s’il s’agissait d’un juron. « Nous n’avons absolument aucune intention d’y retourner », assurait-il mercredi 6 mai.

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« Le choix d’un modèle européen a clairement été fait, en protégeant les employés et les entreprises pendant le confinement, à l’opposé du modèle américain, en laissant les gens se retrouver au chômage, constate David Owen, économiste à la banque Jefferies. On verra dans un an lequel de ces deux modèles marche le mieux, mais pour l’instant, les statistiques américaines [30 millions de nouveaux chômeurs] sont atroces. »

Brouillard des chiffres

Jeudi 7 mai, la Banque d’Angleterre est venue souligner l’ampleur de la crise actuelle, alors que le Royaume-Uni est le pays européen qui a le pire bilan humain de la pandémie, avec un nombre officiel de morts de plus de 30 000. Face au brouillard des chiffres, elle a renoncé à faire une prévision mais publie quand même un « scénario central » : récession de 14 % en 2020, flambée du chômage à près de 10 % (contre 4 % actuellement), consommation des ménages en baisse de 14 %…

Elle continue cependant à parier sur un fort rebond, avec 15 % de croissance dès 2021. « L’objectif de la politique du gouvernement, ainsi que la nôtre, est de limiter les dégâts de long terme », explique Ben Broadbent, vice-gouverneur de la Banque d’Angleterre. A l’instar de la France ou de l’Allemagne, l’approche est donc de mettre l’économie sous perfusion, le temps du confinement : chômage partiel généralisé pour éviter les licenciements, prêts d’urgence aux entreprises pour limiter les faillites…

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Le plus spectaculaire a été le chômage partiel. Le Royaume-Uni n’avait pas de système similaire préexistant, et il a donc fallu le créer de toutes pièces en un temps record. Désormais, six millions d’employés perçoivent 80 % de leur salaire, payé directement par l’Etat (dans la limite de 2 500 livres par mois, 2 850 euros, soit le salaire médian). « Les premières indications sont que ce système fonctionne et permettra d’aider à un redémarrage plus doux de l’économie », assure Andrew Bailey, le gouverneur de la Banque d’Angleterre.

Les autoentrepreneurs, qui représentent 15 % de la main-d’œuvre, sont eux aussi sur le point de recevoir des aides équivalant à trois mois de leurs revenus. Là aussi, il a fallu inventer un nouveau système administratif, et les autorités fiscales, qui s’en occupent, viennent de commencer à contacter les intéressés. Même le secteur caritatif, très développé outre-Manche, a eu droit à son plan de sauvetage.

Une « réaction inévitable »

A ces aides directes s’ajoute un soutien à toute une série d’entreprises. Les sociétés ferroviaires ont été de facto « nationalisées » temporairement, en ce sens que leurs pertes seront épongées par l’Etat pour les six prochains mois. Jeremy Corbyn, l’ancien leader du Parti travailliste, en avait rêvé, Boris Johnson l’a fait.

La Banque d’Angleterre participe également au soutien de l’économie. En plus de baisser son taux d’intérêt (de 0,75 % à 0,25 %) et de mener un grand programme de rachats de dette, celle-ci travaille main dans la main avec le gouvernement. Elle a accepté d’acheter directement, pour le compte des autorités publiques, la dette de certaines entreprises qui apportent une « contribution significative » à l’économie britannique.

Cet énorme plan de relance va bien entendu creuser le déficit, qui pourrait atteindre 11 % du PIB cette année, selon Oxford Economics. Pour les Britanniques, qui sortent d’une décennie d’austérité, c’est le fruit d’années d’efforts qui s’envole. Mais, cette fois-ci, pas question de reproduire la même chose. Déjà interrogé à deux reprises sur le sujet depuis son retour de convalescence, M. Johnson a vivement écarté cette hypothèse. S’il n’a jamais été un conservateur intéressé par la rigueur budgétaire, il n’a guère le choix politiquement. Il a été élu triomphalement fin décembre sur la promesse de réaliser le Brexit, mais aussi de lancer d’importants travaux d’infrastructures, d’investir dans les services de santé et de mieux aider le nord de l’Angleterre, plus pauvre que le reste du pays.

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« Il faut faire attention cependant à ne pas trop tirer de leçons définitives sur l’action du gouvernement à ce stade, avertit Alistair Darling, ancien chancelier de l’Echiquier, aux commandes pendant la crise de 2008. En partie, il s’agit d’une réaction inévitable de l’Etat face à la crise, pas d’un choix politique. Mais c’est vrai que cela fait longtemps qu’on voit des forces pousser pour plus d’intervention de l’Etat dans les trains, l’eau, l’énergie… Je pense que les compagnies ferroviaires, par exemple [qui sont privées], ne s’en remettront pas. »

Face au déficit abyssal, il estime qu’une hausse des impôts à moyen terme est inévitable. L’idée d’un impôt sur la fortune, poussée par des économistes proches du Parti travailliste, fait son retour. Le Royaume-Uni, inventeur de l’Etat-providence au lendemain de la seconde guerre mondiale, fera-t-il de nouveau école à travers l’Europe ?

Le secteur de la culture prudent après les annonces d’Emmanuel Macron : « Nous attendons les chiffres après les déclarations »

Le ministre de la culture Franck Riester et Emmanuel Macron, mercredi 6 mai à l’Elysée.
Le ministre de la culture Franck Riester et Emmanuel Macron, mercredi 6 mai à l’Elysée. LUDOVIC MARIN/REUTERS

S’il voulait surprendre les artistes, voire prendre certains d’entre eux à rebrousse-poil, le président de la République y est parvenu, mercredi 6 mai, en dévoilant son plan pour la culture à l’issue d’une rencontre par visioconférence avec une douzaine de personnalités – l’actrice Norah Krief, le metteur en scène Stanislas Nordey, la chanteuse Catherine Ringer, le scénariste et réalisateur Eric Toledano… Si certaines mesures ont été jugées plutôt bienvenues, à défaut d’être précises (le fonds d’indemnisation pour les tournages annulés notamment) et de couvrir tous les secteurs, d’autres ont largement déconcerté. Le chef de l’Etat a souhaité agir vite, alors que la colère montait dans le monde de l’art : entre autres, une tribune signée par de nombreux artistes, publiée dans Le Monde du 30 avril, reprochait à l’Elysée son « oubli » de l’art et de la culture pendant la crise sanitaire.

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Emmanuel Macron a pu apparaître maladroit lorsqu’il a proposé par exemple une sorte de « pacte » avec les intermittents, annonçant d’un côté le prolongement de leur assurance-chômage « jusqu’au 31 août 2021 », de l’autre son intention de les faire intervenir dans les écoles à l’heure où celles-ci doivent réinventer l’accueil des élèves.

Ce n’est certes pas du donnant-donnant, mais Emmanuel Macron a prononcé cette phrase qui valait presque avertissement : « Je fais confiance à tous les intermittents. Et il se trouve que moi j’ai besoin de gens qui savent faire des choses, inventer pour nos jeunes. » Etonnante aussi cette image du « tigre » que l’on doit enfourcher, a dit le chef de l’Etat, le fauve étant censé représenter la menace du virus. Emmanuel Macron voulait exhorter la profession à innover, à foncer, afin que les lieux de création se remettent à vivre. « Là on entre dans une période où l’on doit en quelque sorte enfourcher le tigre, et donc le domestiquer », a-t-il déclaré, tandis que le ministre de la culture, Franck Riester, haussait les sourcils d’étonnement…

Une annonce forte mais encore vague sur les intermittents Annonce majeure de son intervention, l’engagement d’Emmanuel Macron de prolonger jusqu’au 31 août 2021 le droit à l’assurance-chômage des intermittents du spectacle a été accueilli favorablement par celles et ceux qui s’étaient mobilisés pour réclamer une « année blanche » afin de faire face à l’« année noire » endurée par la culture, à l’arrêt depuis la mi-mars. « C’est une annonce forte qui va dans le bon sens », reconnaît Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT-spectacle, mais, ajoute-t-il, « nous serons très vigilants sur son application ».

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A Saint-Martin-de-Crau, la crise sanitaire menace la récolte de pêches

Dans les vergers du domaine de la Cabanasse à Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône), les pêches ont à peine la taille de prunes en ce début du mois de mai. Les nectarines, elles, brillent joliment au soleil mais ne sont guère plus développées. Le temps fort de la récolte est encore loin, mais la perspective d’une saison rendue difficile par la fermeture des frontières pour cause de Covid-19, perturbe déjà le quotidien de Patrice Vulpian, propriétaire de cette exploitation de 45 000 arbres.

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Sous un ciel bleu limpide, une quinzaine de ses salariés, essentiellement des femmes, est en plein « éclaircissage ». L’étape est capitale. Il s’agit d’éliminer plus de la moitié des fruits pour permettre aux autres de s’épanouir. « Pour cette partie, on est dans les temps. Ce qui nous préoccupe, c’est plutôt la récolte. Les abricots commencent doucement la semaine prochaine. Si les frontières dans l’espace Schengen n’ouvrent pas le 1er juin, cela va être compliqué », détaille M. Vulpian, 60 ans, masque chirurgical sur le nez.

Des ouvriers coincés au Maroc

A la Cabanasse, on produit et emballe 1 500 tonnes de pêches et nectarines et 300 tonnes d’abricots chaque année. De mi-mai à fin septembre, une cinquantaine d’employés en CDD travaille dans les vergers. La station de conditionnement, grand hangar doté de deux chaînes d’emballage, accueille, elle, une autre quarantaine de salariés. Une exploitation de taille moyenne dans cette partie de la Provence, où, dans un diamètre de quinze kilomètres, les vergers occupent 2 000 hectares. « En plein été dans la Crau, plus de 1 000 personnes travaillent à la récolte et 1 000 autres dans les stations fruitières », calcule l’arboriculteur, qui copréside la Fédération nationale des producteurs de fruits.

Dans les Bouches-du-Rhône, la FDSEA estime que 6 000 salariés en contrats en durée déterminée ou en contrats de l’Office français de l’immigration et de l’intégration ne pourront rejoindre les 4 200 exploitations du département si les frontières ne rouvrent pas. Marocains, Tunisiens, Roumains, Espagnols ou encore Equatoriens, employés par l’intermédiaire des agences d’intérim ibériques.

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A la Cabanasse, douze ouvriers marocains sont arrivés en février pour des contrats de six mois. Quatre les ont rejoints début mars. Mais vingt autres salariés, qui reviennent chaque été dans l’exploitation, sont restés coincés au Maroc depuis la mi-mars et la fermeture des frontières. « Mon frère et deux de mes cousins devraient être là », témoigne Hakim Karam, un des dix salariés permanents du domaine. « Mon beau-frère aussi. Il bricole un peu en attendant au Maroc, mais, pour lui et sa famille, ne pas venir ici c’est une catastrophe économique », ajoute Nordine Zanboui, 49 ans. Seuls dans un champ, les deux hommes attachent consciencieusement des jeunes pêchers à des guides. « On emploie les mêmes personnes depuis plusieurs dizaines d’années… Des ouvriers qui ont l’habitude de ce qu’il faut faire ici, qu’on peut laisser en autonomie. En les perdant, on perd tout un savoir-faire », regrette Patrice Vulpian.

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Air France-KLM enregistre des pertes abyssales avec la crise due au coronavirus

Les quinze jours d’arrêt total de son activité ont coûté très cher à Air France-KLM, qui a annoncé une perte de 1,8 milliard d’euros au premier trimestre. Malgré un bon démarrage en début d’année, le confinement, à partir de la mi-mars, a fait plonger le transporteur aérien franco-néerlandais dans la crise. La compagnie dirigée par Ben Smith a enregistré une perte d’exploitation de 815 millions d’euros.

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Ces premières pertes devraient se poursuivre et s’amplifier au deuxième trimestre. Sans surprise, la direction prévient déjà qu’elle affichera « une perte au niveau du résultat d’exploitation nettement plus élevée au deuxième trimestre qu’au premier ». En effet, en mars, la compagnie n’avait réduit son activité « que » de 35 %. Depuis avril, Air France-KLM est quasiment à l’arrêt avec la « suspension d’environ 95 % des capacités prévues pour le deuxième trimestre 2020 ».

« Une lente reprise »

Toutefois, le groupe est assuré de survivre à cette crise grâce à l’appui financier de la France et des Pays-Bas. L’Etat français s’est engagé en effet à verser 7 milliards d’euros à Air France sous forme de prêts garantis, tandis que La Haye apportera 4 milliards à KLM. En outre, Air France a aussi obtenu la prolongation jusqu’en décembre des mesures de chômage partiel qui touchent toutes les catégories de personnels de la compagnie.

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A court terme, la direction table sur « une lente reprise de l’activité à l’été 2020, avec la levée progressive des restrictions aux frontières ». Néanmoins, au deuxième trimestre, l’activité de la compagnie sera en baisse de 95 % par rapport à la même période il y a un an. Au troisième trimestre, elle ne prévoit qu’une légère amélioration avec une activité en recul de 80 % par rapport à 2019.

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Selon la compagnie, le trafic passagers ne devrait pas revenir à son niveau d’avant la crise « avant plusieurs années ». Dans l’attente de ce retour à la normale, Air France va tailler dans ses effectifs. Il ne devrait pas y avoir de licenciements secs. En revanche, l’entreprise devrait avoir recours à des plans de départs volontaires (PDV) et à la mobilité. Ces mesures devraient être précisées en juin. Au même moment, Ben Smith devrait préciser les contours du nouveau « plan stratégique et de reconstruction du groupe ».

Une offre court et moyen-courrier réduite

Comme sa rivale allemande Lufthansa, Air France-KLM sera plus petite après la crise qu’avant. Elle va notamment tailler dans son offre court et moyen-courrier, largement déficitaire. Des coupes claires qui devraient profiter à Transavia, la filiale à bas coûts du groupe.

Pour redresser la compagnie, le directeur général devra aussi batailler contre les velléités d’indépendance récurrentes de KLM, sa filiale néerlandaise. Dans un courrier en date du 4 mai, c’est le Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL), première organisation chez les navigants d’Air France, qui est monté au créneau contre des déclarations des dirigeants du comité d’entreprise de KLM. Selon ces derniers, KLM se porterait mieux si elle faisait cavalier seul. Dans son courrier, le SNPL a sèchement répliqué au comité d’entreprise qu’il « est illusoire de penser que KLM tirerait mieux son épingle du jeu sans Air France ». Le syndicat a eu beau jeu de rappeler « que, sans Air France, KLM devrait payer plus du double pour maintenir le même niveau d’investissement et de fonctionnalité qu’aujourd’hui ».

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Les agriculteurs recherchent toujours des bras

Récolte des asperges en plein champ a Brumath (Bas-Rhin), le 29 avril.  Les producteurs ne manquent plus de bras pour les cueillir, mais la fermeture des restaurants et marchés perturbe leur commercialisation.
Récolte des asperges en plein champ a Brumath (Bas-Rhin), le 29 avril.  Les producteurs ne manquent plus de bras pour les cueillir, mais la fermeture des restaurants et marchés perturbe leur commercialisation. Elyxandro CEGARRA / PANORAMIC / Elyxandro CEGARRA / PANORAMIC

« Il va nous falloir encore une quinzaine de personnes pour la récolte », estime Sylvie Eydaleine qui exploite avec son mari 35 hectares de vergers à Saint-Gilles dans le Gard. Les abricots seront à point dans trois semaines, puis viendront les pêches et les nectarines. Le recrutement se fera peut-être par la plate-forme Internet Desbraspourtonassiette. Avis aux amateurs. L’exploitation gardoise s’est, en effet, inscrite sur ce site, dès mi-avril. « Nous recevons quatre fois par semaine un mail avec des CV. Dans les champs actuellement, il y a cinq personnes qui viennent de cette plate-forme », affirme Mme Eydaleine.

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Cette plate-forme de recrutement de main-d’œuvre prête à aller dans les champs a bénéficié d’un lancement très médiatisé avec le soutien du ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, et du syndicat agricole FNSEA, le 24 mars, une semaine après l’entrée en confinement de la France. Les candidatures spontanées ont afflué. « Nous avons toujours de nouvelles inscriptions. Nous totalisons 330 000 comptes ouverts dont 284 000 travailleurs inscrits et identifiés », assure Jean-Baptiste Vervy, directeur de la plate-forme WiziFarm qui héberge la page Desbraspourtonassiette.

« La débrouille »

Toutes ces bonnes volontés prêtes à se déconfiner n’ont pas trouvé la clé des champs, par ce biais. Loin s’en faut. Les agriculteurs ont été bien moins nombreux à se placer devant ce portillon numérique. « Il y a 6 000 offres en ligne émanant des agriculteurs, soit cinquante fois moins que de demandes, et au total 1 400 missions se sont concrétisées en un mois et demi », dit M. Vervy. Il reconnaît qu’il a fallu gérer la frustration des inscrits en apportant des réponses par les réseaux sociaux. « Nous avons expliqué que les agriculteurs souhaitaient une main-d’œuvre experte, productive et disponible jusqu’à la fin de la saison. »

« Après le 11 mai, certains ne sont plus disponibles, des personnes en chômage partiel reprennent le travail »

« La débrouille », c’est ainsi que Bruno Darnaud, arboriculteur dans la Drôme et président de l’AOPn abricots, pêches, nectarines, résume la façon dont les agriculteurs ont dû gérer les problèmes de main-d’œuvre liés à la crise due au Covid-19. Le confinement et la fermeture soudaine des frontières ont, en effet, suscité inquiétudes et tensions. Certains, comme Laurent Bergé, maraîcher à côté de Nantes en Loire-Atlantique et président de l’AOPn tomates et concombres de France, ont été confrontés au phénomène d’absentéisme dans leurs équipes. « Début avril, au plus fort de la crise, 17 salariés sont restés chez eux pour s’occuper de leurs enfants ou pour des raisons de santé sur un effectif de 90. Mais toutes les personnes sont revenues progressivement », affirme M. Bergé.

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Pour les routiers « les conditions de travail sont devenues très dures »

Le restaurant routier la barbe grise sur la départementale 940 est fermé depuis les mesures de confinement dû à l’épidémie de coronovirus COVID19. Coullons (45720). département du Loiret. région Centre-Val de Loire. France.

GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »

Publié aujourd’hui à 09h02

Quand on quitte la région parisienne en empruntant l’autoroute A6, les voitures disparaissent. Les aires d’autoroute sont silencieuses, les stations-service presque à l’arrêt, et les boutiques n’ont souvent qu’un guichet pour seul accès. Des marquages au sol encadrent les machines à café pour délimiter la distanciation sociale, mais il n’y a personne alentour.

Depuis le 17 mars, les mesures de confinement imposées par le gouvernement ont vidé les routes de France. Il ne reste plus que les chauffeurs professionnels.

L’aire Orléans-Saran, sur l’autoroute A10, durant le confinement imposé pour lutter contre l’épidémie due au coronavirus, le 23 avril.
L’aire Orléans-Saran, sur l’autoroute A10, durant le confinement imposé pour lutter contre l’épidémie due au coronavirus, le 23 avril. GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »
Un chauffeur routier sort des toilettes, où il s’est lavé, sur l’aire de repos Orléans-Saran. Au sol, des marquages pour faire respecter la distanciation sociale près des machines à café.
Un chauffeur routier sort des toilettes, où il s’est lavé, sur l’aire de repos Orléans-Saran. Au sol, des marquages pour faire respecter la distanciation sociale près des machines à café. GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »
Un restaurant routier le long de la départementale D2007, dans le Loiret, fermé depuis les mesures de confinement. Avant la crise, il faisait 150 couverts par jours et pouvait accueillir 80 camions sur son parking.
Un restaurant routier le long de la départementale D2007, dans le Loiret, fermé depuis les mesures de confinement. Avant la crise, il faisait 150 couverts par jours et pouvait accueillir 80 camions sur son parking. GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »

Pierre Audet, 47 ans, a passé la nuit dans son camion, garé à la sortie de la ville de Souesmes (Loir-et-Cher), le long de la route départementale D724. Ce matin, il fait sa toilette en utilisant l’eau de son jerrican. « Les conditions de travail sont devenues très dures. Avec la fermeture des restaurants routiers, nous avons moins accès aux sanitaires, et prendre une douche devient compliqué », raconte M. Audet en buvant un café dans la cabine de son 44 tonnes, un camion avec remorque, qui peut transporter 38 palettes.

« La première semaine de confinement, c’était le chaos. On n’avait pas prévu la fermeture des restos. Les parkings étaient bloqués. Et les sanitaires, fermés. On avait vraiment l’impression d’être des pestiférés. » Depuis, la situation s’est un peu améliorée. En Ile-de-France, par exemple, quatre aires de repos ont été ouvertes par la région, le 20 avril, pour pallier le manque de douches et de toilettes.

Le 22 avril, Pierre Audet, chauffeur routier, attend sur le parking de la société FM de plate-forme logistique alimentaire, à Fontenay-Trésigny (Seine-et-Marne), de livrer 25 tonnes d’huiles.
Le 22 avril, Pierre Audet, chauffeur routier, attend sur le parking de la société FM de plate-forme logistique alimentaire, à Fontenay-Trésigny (Seine-et-Marne), de livrer 25 tonnes d’huiles. GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »
Au bord de l’A10, un magasin Ikea, d’habitude très fréquenté. Un peu plus loin, la zone commerciale de Villabé.
Au bord de l’A10, un magasin Ikea, d’habitude très fréquenté. Un peu plus loin, la zone commerciale de Villabé. GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »
L’aire d’autoroute de Limours-Janvry (Essone), sur l’A10.
L’aire d’autoroute de Limours-Janvry (Essone), sur l’A10. GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »

Pourtant essentiels pour assurer les approvisionnements et éviter toute pénurie alimentaire, les chauffeurs routiers se plaignent également du manque de matériel de protection et de leurs conditions de travail. Certains ont fait valoir leur droit de retrait. Jeudi 7 mai, l’UFR-CFDT, premier syndicat du transport routier, appelle à la grève afin de réclamer des aides pour les salariés « de la deuxième ligne ».

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« Les gens ont une mauvaise image de nous. Pourtant sans nous les marchandises ne circuleraient pas. En continuant à rouler, malgré la crainte d’attraper le Covid-19, on participe à l’effort national. Si on ne roulait pas, cela serait la guerre civile. On fait parti des invisibles, essentiels au fonctionnement de la société. Après vingt-quatre ans de carrière, je suis seulement payé 11,20 euros de l’heure. »

Banderole de soutien aux chauffeurs routiers sur l’autoroute 77.
Banderole de soutien aux chauffeurs routiers sur l’autoroute 77. GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »
A gauche : Pierre Audet, chauffeur routier, fait sa toilette au bord de la route avant de commencer sa journée. A droite : un chauffeur routier se prépare à manger sur le parking de la société FM de plate-forme logistique alimentaire à Fontenay-Trésigny (Seine-et-Marne).
A gauche : Pierre Audet, chauffeur routier, fait sa toilette au bord de la route avant de commencer sa journée. A droite : un chauffeur routier se prépare à manger sur le parking de la société FM de plate-forme logistique alimentaire à Fontenay-Trésigny (Seine-et-Marne). GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »
Restaurant routier abandonné, le long de la départementale D2007, dans le Loiret, le 23 avril.
Restaurant routier abandonné, le long de la départementale D2007, dans le Loiret, le 23 avril. GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »

Depuis le début du confinement, Pierre Audet prévoit une semaine de nourriture avant chaque départ le lundi. Sur la route, les restaurants fermés défilent, sans que l’on sache s’ils étaient abandonnés avant le confinement, comme les nombreuses boutiques des centres-villes.

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Emplois à domicile : le chômage partiel reconduit jusqu’au 1er juin

Si vous n’avez pas recours en mai à votre employé de ménage ou votre garde d’enfant habituel, vous pouvez, comme en avril, utiliser le dispositif d’activité partielle.
Si vous n’avez pas recours en mai à votre employé de ménage ou votre garde d’enfant habituel, vous pouvez, comme en avril, utiliser le dispositif d’activité partielle. Wavebreak Media / Photononstop

Personnel de ménage, garde d’enfant, etc. : le dispositif d’activité partielle, mis en place au début de la crise sanitaire en faveur des salariés des particuliers employeurs, est reconduit au mois de mai, ont annoncé les ministres de la santé et des finances fin avril. Il devrait cesser à compter du 1er juin.

En mars, plus de la moitié des particuliers employant des salariés à leur domicile (55 %) ont eu recours à ce dispositif temporaire d’indemnisation partielle. Sur Pajemploi, la plate-forme destinée à ceux qui font garder leurs enfants par une assistante maternelle ou une nounou à domicile, le taux de recours a été de 32 %. Au total, cette mesure a permis à 361 770 salariés d’être indemnisés, pour un montant total de 76 millions d’euros.

Fin du dispositif pour garde d’enfant

Ce dispositif est en outre étendu, depuis le 1er mai, aux salariés qui bénéficiaient du dispositif dérogatoire d’indemnisation des arrêts de travail mis en place au début de la crise : les parents contraints de garder leur enfant, les personnes présentant un risque de développer une forme sévère de la maladie ou les personnes cohabitant avec celles-ci. Les salariés concernés basculent automatiquement dans le dispositif d’activité partielle.

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En pratique, à la fin du mois de mai, si votre salarié n’a pas travaillé, il vous suffira de remplir, comme fin avril, le formulaire de demande d’indemnisation exceptionnelle, accessible sur les sites Cesu et Pajemploi, en indiquant les heures qui auraient dû être effectuées et qui ne l’ont pas été en raison du confinement, ainsi que leur taux horaire.

Une fois le formulaire validé, vous recevrez un mail vous confirmant l’acceptation de votre demande et vous indiquant la somme à verser à votre salarié. Elle est égale à 80 % du salaire net correspondant aux heures non rémunérées. Ce montant vous sera remboursé dans les jours qui suivent par virement sur votre compte bancaire.

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Il ne vous restera plus qu’à verser cette somme à votre salarié, augmentée, le cas échéant, d’un complément correspondant à la fraction du salaire non prise en charge par l’Etat – les 20 % restant. Ce complément qualifié de « don solidaire » n’est pas soumis aux cotisations sociales et ne devrait pas vous permettre, a priori, de bénéficier du crédit d’impôt pour emploi d’un salarié à domicile, ni du complément libre choix du mode de garde.

Coronavirus : chez Renault à Flins, la production remonte progressivement en cadence

Des employés portant des masques de protection travaillent sur la ligne de montage de la Renault Zoé, dans l’usine de Flins (Yvelines), mercredi 6 mai.
Des employés portant des masques de protection travaillent sur la ligne de montage de la Renault Zoé, dans l’usine de Flins (Yvelines), mercredi 6 mai. GONZALO FUENTES / REUTERS

Du haut de son double mètre, l’homme embrasse du regard la ligne de montage où s’affairent des dizaines d’ouvriers masqués, comme lui, autour des Renault Zoé (et quelques Nissan Micra) en cours d’assemblage. Derrière le tissu, on devine le sourire satisfait malgré la molle cadence de la chaîne de montage. « On est à 75 % de notre vitesse d’avant le confinement, précise-t-il. Mais ce n’est pas si important. L’essentiel dans cette phase de reprise, c’est de donner confiance à nos opérateurs. »

Lui, c’est Jose-Vicente de Los Mozos, le directeur fabrication et logistique de la firme au losange. Il a la lourde tâche de faire redémarrer le moteur industriel de Renault, ses 53 usines et centres logistiques dans 16 pays qui ont presque tous été mis à l’arrêt par la pandémie due au coronavirus. En ce mercredi 6 mai, le patron industriel est à Flins (Yvelines), dans le cadre d’une tournée des usines françaises. Ces dernières ont, pour la plupart, repris il y a deux semaines et commencent à remonter en cadence à l’approche du déconfinement du 11 mai.

Le réveil industriel

Après une hibernation forcée d’une cinquantaine de jours, toute la filière automobile semble s’ébrouer dans une Europe terrassée par le Covid-19. Renault a rouvert toutes ses usines du Vieux Continent (sauf en Russie où il lui a fallu refermer après une reprise prématurée).

En France, c’est aussi le réveil industriel. Le site français de Toyota à Valenciennes s’est remis à tourner il y a deux semaines, puis ce fut Renault dans la foulée, qui atteint désormais la cadence de 1 500 à 2 000 véhicules produits par jour dans l’Hexagone (deux fois moins qu’avant l’épidémie). Le losange a été plutôt en avance, comparé au grand rival PSA. Cette semaine, la production du groupe au lion redémarre au Maroc, au Portugal et en Slovaquie. Quant aux sites français de Peugeot-Citroën, ils ne reprendront qu’à partir du 11 mai. Le principe pour PSA est de coller au commerce : « Nous souhaitons absolument être tirés par l’activité commerciale et pas l’inverse », explique Yann Vincent, directeur industriel de PSA.

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Pour Renault, la logique est plutôt celle d’un deux temps : phase 1, on habitue les équipes à produire dans un nouvel environnement ; phase 2 on augmente la cadence au fur et à mesure que les ventes reprennent, alors que la marque va rouvrir 90 % de ses concessions le 11 mai. « Nous aurons besoin d’un rebond commercial pour faire repartir pleinement l’outil industriel, souligne M. de Los Mozos, mais la première phase a été importante psychologiquement. En Espagne, durant les premiers jours du redémarrage, la peur était palpable chez les salariés. Puis, peu à peu, les opérateurs se sont familiarisés avec notre protocole de sécurité. »

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Restaurateurs, régisseurs, guides… ces métiers de la culture menacés par la crise

Au Palais de la Porte-Dorée à Paris, fin février, on ne pouvait rater les douze grands vitraux, retraçant la vie et l’œuvre de Christian Louboutin. « Un an de travail », sourit avec fierté Emmanuelle Andrieux, patronne de la Maison du Vitrail qui les avait façonnés. Trois mois plus tard, sa PME attend toujours le règlement de la commande. Une autre facture est en souffrance auprès des Galeries Lafayette, dont elle assurait la restauration de la coupole depuis juillet 2019. « Avec le confinement, tout est devenu compliqué », soupire la jeune femme.

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Depuis qu’elle a dû mettre ses 11 salariés en chômage partiel, elle essaye de ne pas rester les bras croisés dans son atelier du 15e arrondissement parisien. Restaurateur de meuble et objets d’art dans le nord de la France, fournisseur du Mobilier national depuis 2007, Patrice Bricout aurait, lui, bien trois-quatre meubles à remettre d’aplomb. « Je suis bloqué parce que je travaille avec d’autres artisans, notamment un doreur et un gainier, qui ont dû arrêter toute activité », confie-t-il.

Problèmes de trésorerie

Tous deux redoutent une chute de 40 % de leur chiffre d’affaires annuel. Selon une enquête réalisée par l’Institut national des métiers d’art, 58 % des artisans rencontrent aujourd’hui des problèmes de trésorerie, 41 % ont subi des annulations de commande, et 58 % subissent des difficultés d’approvisionnement ou de sous-traitance.

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Ces métiers indispensables aux musées forment avec d’autres professions invisibles mais essentielles un « deuxième front » de la culture qui subit de plein fouet les effets de la crise liée au coronavirus. Selon une enquête du CIPAC, la fédération des professionnels de l’art contemporain, les indépendants du secteur des arts visuels, tels que les régisseurs ou médiateurs, ont vu 72 % de leurs activités annulées ou reportés. Perrin Keller est de ceux-là. Autoentrepreneur depuis cinq ans, ce régisseur monte habituellement des expositions à la Fondation Fernet-Branca, à Saint-Louis dans le Haut-Rhin, ou au château de Montbéliard (Doubs). En trois mois, il accuse déjà un manque à gagner de 4 000 euros et, malgré un chantier privé auquel il doit s’atteler après le déconfinement, son horizon reste flou.

Habitués à la précarité comme au travail saisonnier, les guides conférenciers tremblent aussi à l’approche d’un été qui s’annonce pourri. Traditionnellement, ils réalisent près de 50 % de leur chiffre d’affaires annuel de mai à septembre. Guide sur les plages du débarquement, Sylvain Kast, qui travaille à 95 % avec une clientèle américaine, chiffre ses pertes à 6 000 euros pour mars et avril. Pour l’été, il n’a reçu aucune demande de visite et n’imagine pas une reprise du tourisme avant… mars 2021. « On a reçu l’aide de 1 500 euros en mars, mais le fonds de solidarité ne va pas durer. Comment tenir ce long tunnel ? », s’interroge Kijun Kou, guide en langue chinoise.

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L’Institut Montaigne souhaite une augmentation du temps de travail pour « rebondir face au Covid-19 »

L’Institut Montaigne propose notamment de permettre aux entreprises de « déroger au temps de repos minim[al] quotidien de 11 heures minimum par jour ».
L’Institut Montaigne propose notamment de permettre aux entreprises de « déroger au temps de repos minim[al] quotidien de 11 heures minimum par jour ». ARNOLD JEROCKI / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

Des journées de travail plus longues, un jour férié en moins, une semaine de vacances scolaires qui saute, un recours accru au forfait jour dans la fonction publique… dans une note publiée mercredi 6 mai, l’Institut Montaigne, un think tank libéral, plaide pour une augmentation du temps de travail après le confinement.

« Les périodes de confinement strict ou assoupli, et la nécessité de travailler en coexistant durablement avec un virus en circulation vont bouleverser durablement nos organisations productives », peut-on lire dans cette note.

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Pour « rebondir face au Covid-19 », l’Institut Montaigne propose d’« assouplir quelques verrous juridiques persistants » en permettant aux entreprises de « déroger au temps de repos minimum [sic] quotidien de 11 heures minimum par jour ». Autre mesure suggérée : autoriser l’employeur « à titre temporaire (par exemple jusqu’en 2022) à imposer le rachat de jours de RTT pour les salariés au forfait sans majorations ».

« Diminuer le nombre de RTT dans la fonction publique »

L’Institut souhaite un « accroissement du temps de travail sans pour autant que la rémunération supplémentaire correspondante ne [sic] soit versée immédiatement ». Par exemple, en intégrant le versement des heures supplémentaires « dans la formule de calcul de la réserve minimale de participation versée l’année suivante », voire ultérieurement.

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Autres mesures défendues par le centre de réflexion, la suppression du jeudi de l’Ascension comme jour férié, en maintenant les écoles ouvertes, et la suppression en 2020 de la première semaine des vacances scolaires de la Toussaint.

La fonction publique fait l’objet de plusieurs propositions, telles que la hausse temporaire de la durée de travail pour les « fonctionnaires de secteurs d’activité nécessaires à la vie économique ou en tension (), en contrepartie d’une rémunération supplémentaire et après concertation avec les organisations syndicales ». Pour être crédible, l’Etat devrait d’abord solder les heures supplémentaires impayées, souligne-t-il.

La note prône également d’« accroître les catégories éligibles aux forfaits jours dans la fonction publique » et de « diminuer le nombre de RTT dans la fonction publique, à titre provisoire ».

L’Ugict-CGT, qui a publié mardi ses propositions pour sortir de la crise, a, au contraire, appelé à plus d’embauches. « Plutôt que d’augmenter la durée hebdomadaire ou annuelle de travail, au risque de surexposer et d’affaiblir les personnels par une charge et un temps de travail excessifs, il convient de débloquer les budgets pour opérer des recrutements, réduire le temps effectif de travail et répartir l’activité sur un plus grand nombre d’individus pour la sécuriser. »

Le Monde avec AFP