Archive dans mars 2020

Dix astuces pour télétravailler (à peu près) dans la joie et l’harmonie

Télétravailler demande toute une organisation.
Télétravailler demande toute une organisation. Jamie Jones/Ikon Images / Photononstop / Jamie Jones/Ikon Images / Photononstop
  • 1. Coucou le matin, ça ne coûte rien

Il est important de baliser son temps de travail de manière explicite. C’est vrai si vous travaillez en free-lance, et ça l’est encore plus si vous êtes en équipe : accordez-vous sur des horaires à respecter, idéalement ceux de la vie de bureau. Surtout, faites savoir à vos collègues et à vos supérieurs quand votre journée commence et quand elle se termine. Un simple « bonjour » (ou « télétravailleur en position ») le matin, comme un « à demain » ou « je déconnecte pour aujourd’hui » peuvent suffire. Ils vous permettent, ainsi qu’aux autres, de savoir quand vous pouvez être sollicité et quand vous ne l’êtes plus.

  • 2. Un coin pour bosser

Pour sa propre santé mentale, mieux vaut s’aménager un espace de travail spécifique, à la fois pour s’isoler et marquer une différenciation avec le reste de la maison, et pouvoir « couper ». Plus facile à dire qu’à faire si vous habitez dans un quinze mètres carrés à Paris plutôt que dans une maison au cœur des Vosges. A tout le moins, organisez-vous une séparation symbolique entre vos activités professionnelles et personnelles, par exemple en fermant complètement votre ordinateur à 18 heures et en désactivant les applications de travail de votre téléphone.

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  • 3. Utilisez des logiciels appropriés

Ô joie de la technologie, vous pouvez désormais rester en contact avec votre boss, même à 600 kilomètres de lui ! Elle est pas belle, la vie ? De nombreux logiciels et applications sont particulièrement pratiques en télétravail. Du côté des messageries instantanées, citons Hangouts sous Gmail (très légère), WhatsApp (qui permet de créer des groupes), et surtout Slack (avec ses fonctionnalités très pratiques de partage de fichiers et d’organisation par thématiques). Pour la visioconférence, Skype et FaceTime sont des valeurs sûres, mais on peut leur préférer Whereby (gratuit jusqu’à 4 écrans), OVH (gratuit jusqu’à 50 participants), ou l’excellent mais peu sécurisé Zoom.us. La suite Google est, elle, très pratique pour travailler en simultané dans les mêmes documents.

  • 4. L’importance du « qui fait quoi »

Il est essentiel d’organiser le travail à distance avec l’équipe : réunion hebdomadaire, agenda partagé, communications informelles et contrôle du suivi des dossiers. Le management à distance ne peut se passer de contrôle. Cela peut se faire grâce à un tableur Google Sheets mis à jour quotidiennement avec les tâches de chacun et leur état d’avancement. Il n’est pas illégal d’avoir un canal spécifique pour s’échanger du contenu humoristique.

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  • 5. Hiérarchisez vos moyens de communication

De la même façon que personne n’apprécie le fait d’être interrompu dans un open space, il existe des règles implicites en matière de télétravail : les coups de téléphone non sollicités sont plutôt réservés aux questions impératives, urgentes, ou aux « explications de texte ». Pour les sujets complexes, rien ne remplace un bon vieux courriel explicatif, ou un document partagé. Pour les conversations plus informelles, que ce soit en duo ou en groupe, privilégiez les messageries instantanées.

  • 6. Les émojis, c’est plutôt oui

Cela peut paraître anodin, mais le télétravail s’accompagne naturellement de la disparition de tout le langage paraverbal : votre plaisanterie, tout le monde n’en saisira pas forcément l’ironie par écrit, sans voir vos petits yeux plissés derrière l’écran. Or l’un des principaux risques de la communication textuelle est celui du malentendu. N’hésitez donc jamais à expliciter vos propos, relancer pour obtenir une validation claire, et décorer autant de fois que nécessaire vos messages de smileys ou émojis pour mieux faire passer les messages – tout en manifestant le plus de bienveillance possible. Pour en terminer avec la question de la communication, il convient de faire rapidement connaître à votre manageur les problèmes engendrés par le télétravail. Il ne peut pas tout deviner.

  • 7. Soyez transparents sur vos moments d’indisponibilité

Pour un ou une chef d’équipe, la plus grande angoisse est d’ignorer ce que font ses équipes et de ne pas savoir s’il est possible de compter sur elles. Or parfois, c’est la vie : vous pouvez momentanément ne pas être joignable. Au bureau, tout le monde accepte que vous alliez passer un coup de fil personnel. En télétravail, il est important de prévenir. Accessoirement, lorsque vous effectuez un déplacement pendant votre temps de travail, votre supérieur doit en être informé, car, en cas d’accident, la responsabilité de l’entreprise sera engagée.

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  • 8. Bougez (mais pas devant le clavier)

Vous avez réussi. Vous vous êtes extirpé de votre lit à 8 h 53, et, moyennant un effort surhumain, vous êtes devant votre ordinateur à 8 h 58, la brosse à dents encore dans la bouche. Pour cela, vous avez marché cinq mètres… et ce sera peut-être les seuls cinq mètres que vous parcourrez de toute votre journée. Pour ne pas laisser votre corps se transformer heure après heure en arbre voûté devant un écran bleu, il est urgent d’accepter de faire des pauses, de s’aérer, et, surtout, de bouger. Rien ne vaut une pause sport à midi, que ce soit en salles ou (dans le contexte actuel) à l’air libre, pour se dégourdir et se défouler.

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  • 9. Gare à la sécurité !

Ne pas laisser votre ordinateur non verrouillé à disposition de toute la famille. La sécurité de l’entreprise n’est pas un jeu. De même, s’il est tentant et agréable de travailler à la terrasse d’un café, attention : les wifi publics sont mal sécurisés. Enfin, gare aux regards indiscrets si vous travaillez sur des projets confidentiels importants.

  • 10. Faites-vous beau

Un dernier conseil : ne négligez pas votre image devant la caméra. Ce n’est pas parce qu’on travaille en caleçon que ça doit devenir l’image de l’entreprise.

Coronavirus : Emmanuel Macron déclare la mobilisation générale pour les entreprises, « quoi qu’il en coûte »

Le président de la République, Emmanuel Macron, et le premier ministre, Edouard Philippe, ont convoqué un conseil de défense réunissant plusieurs membres du gouvernement pour gérer la crise du Covid-19, à Paris, samedi 29 février.
Le président de la République, Emmanuel Macron, et le premier ministre, Edouard Philippe, ont convoqué un conseil de défense réunissant plusieurs membres du gouvernement pour gérer la crise du Covid-19, à Paris, samedi 29 février. POOL / REUTERS

Rassurer, à tout prix. Si son allocution a largement porté sur la crise sanitaire ouverte par la pandémie de Covid-19, Emmanuel Macron n’a pas manqué d’évoquer dans ses propos, jeudi 12 mars, ses conséquences économiques. « Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires […] pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies quoi qu’il en coûte », a-t-il d’abord martelé, avant de promettre une « mobilisation générale sur le plan économique ». « Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et nos entreprises, quoi qu’il en coûte, là aussi », a-t-il assuré.

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Bruno Le Maire a été encore plus clair, vendredi matin sur BFM-TV et RMC. « Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour soutenir les entreprises. […] Cela coûtera des dizaines de milliards d’euros », a asséné le ministre de l’économie et des finances au micro de Jean-Jacques Bourdin.

« Mécanisme exceptionnel de chômage partiel »

La veille, le chef de l’Etat avait confirmé la création d’un « mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel ». « L’Etat prendra en charge l’intégralité de l’indemnisation de tous les salariés placés en chômage partiel, quelle que soit leur rémunération [soit 85 % du net pour tous les salariés]. Ce sera probablement le dispositif le plus coûteux, mais le plus efficace », a précisé M. Le Maire. Objectif : que les entreprises ne perdent pas leurs salariés et puissent rebondir plus rapidement après la crise, comme cela avait été le cas en Allemagne après celle de 2008, explique-t-on à Bercy. Depuis lundi, l’Etat indemnisait déjà jusqu’à hauteur d’un smic net (8,04 euros par heure) les employeurs dont les salariés sont contraints de rester chez eux. Les indépendants seront également concernés.

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Par ailleurs, « toutes les entreprises qui le souhaitent pourront reporter sans justification, sans formalité, sans pénalité le paiement des cotisations et impôts dus en mars », a indiqué le président. Il s’agit, en fait, de généraliser la mesure en vigueur ces dernières semaines, qui visaient essentiellement les TPE-PME les plus fragilisées. « Quels que soit la taille et le secteur, on dit aux entreprises : vous n’avez qu’à appeler la direction générale des finances publiques et on reporte automatiquement vos échéances (cotisations Urssaf, impôts…) », précise Bercy. Vendredi, Bruno Le Maire a ajouté que ce serait valable « jusqu’à la fin de la crise ».

Jeudi, à l’issue d’une rencontre avec des chefs d’entreprise à Colombes (Hauts-de-Seine), le ministre de l’économie avait déjà musclé le dispositif de soutien aux entreprises. A travers la BPI, l’Etat va désormais garantir les prêts des banques aux PME, mais aussi aux entreprises de taille intermédiaire, à hauteur de 90 % et non plus 70 %. De plus, les modalités d’un fonds de solidarité « réservé aux entreprises les plus modestes, les plus petites, qui sont à court de trésorerie » devraient être annoncées lundi.

« Qui va garder les enfants ? »

De son côté, le gouvernement travaille à « un plan de relance national et européen », a indiqué, jeudi soir, le chef de l’Etat, assurant que « nous ne laisserons pas une crise financière et économique se propager » et évoquant une coordination avec les pays membres du G7 et du G20. Alors que les ministres des finances de la zone euro doivent se réunir lundi 16 mars, notamment pour évoquer la souplesse nécessaire dans l’application des règles budgétaires européennes, la France appelle depuis plusieurs jours à une initiative commune.

Pour Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, tout cela est « positif ». « La santé des Français passe avant toute chose mais le président de la République a beaucoup insisté sur l’impact économique de la crise, déclare-t-il au Monde. Il ne laissera pas tomber les entreprises. » Il salue aussi la volonté annoncée jeudi par le ministre de l’économie de créer un fonds de solidarité pour « les secteurs qui sont vraiment en difficulté, victimes des mesures sanitaires qui sont prises ».

Seul bémol : les conséquences de la fermeture des écoles, qui sera effective à partir de lundi. « Qui va garder les enfants ? », s’interroge M. Roux de Bézieux, qui rappelle que « 50 % des salariés ont des enfants » et que « le télétravail ne permet de couvrir que 25 % des postes ». « Il faut trouver d’urgence un moyen de régler ça dans les boîtes », estime-t-il, indiquant sa volonté de se tourner vers la ministre du travail, Muriel Pénicaud, pour élaborer « un système de compensation » grâce à « la solidarité nationale ».

En écho à la phrase de M. Macron affirmant que tout sera fait « quoi qu’il en coûte », le numéro un du Medef juge que la règle des 3 % de déficit « ne peut pas être un débat quand le monde s’écroule ». Et de citer la phrase de l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, « whatever it takes »tout ce qui sera nécessaire » – utilisée lors de la crise de l’euro, en 2012. Un état d’esprit radicalement nouveau, désormais partagé jusqu’à Bercy. Interrogé vendredi matin sur les critères de Maastricht, M. Le Maire a rétorqué que « ce n’est plus le sujet ».

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Impact économique du coronavirus : « Je devais bosser 138 heures ce mois-ci, je vais faire zéro ! »

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, rend visite aux traiteurs de Butard Enescot pour évoquer l’impact du coronavirus, à Colombes, le 12 mars.
Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, rend visite aux traiteurs de Butard Enescot pour évoquer l’impact du coronavirus, à Colombes, le 12 mars. ERIC PIERMONT / AFP

« Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises quoi qu’il en coûte », a promis Emmanuel Macron lors de son allocution sur le coronavirus, jeudi 12 mars. Une annonce alors que la pandémie a déjà contraint 3 600 entreprises à mettre en place des mesures de chômage partiel. Soit quatre fois plus qu’en fin de semaine dernière. Aujourd’hui, environ 60 000 salariés français sont concernés.

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Le président de la République a annoncé pour « les jours à venir », « un mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel » allant « plus loin » que les mesures actuelles. L’idée est de maintenir les niveaux de salaire même au chômage partiel. Ce dispositif permet d’éviter les licenciements en cas de baisse d’activité, l’Etat prenant en charge l’indemnisation des salariés. Selon la ministre du travail, Muriel Pénicaud, la situation est particulièrement inquiétante dans quatre secteurs : le tourisme, la restauration, l’événementiel et les transports.

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Gérant de L’Aunette Cottage, petit hôtel de quatorze chambres à Chamant, dans l’Oise, Jean-Philippe Aelvoet évoque une « catastrophe ». « Pour le mois de mars, on était complet de chez complet. En avril, quasi. On comptait dessus pour rattraper l’hiver, compromis par les grèves. » Mais voilà que, le 26 février, le premier décès dû au coronavirus en France est un habitant du département. « Dès le lendemain, les gens ont commencé à annuler. Je n’ai plus de réservation pour mars, et on commence à avoir beaucoup d’annulations en avril », se désole M. Aelvoet, qui a mis ses deux salariés en chômage partiel.

Avec 25 000 euros de charges mensuelles, sa trésorerie s’enfonce dans le rouge. « Je suis à moins 15 000 euros, et encore parce que mes parents m’ont prêté de l’argent. A cette heure, personne d’autre ne m’a aidé financièrement. » Il loue, cependant, les premières mesures d’aides annoncées par Bercy, notamment le report des cotisations sociales et des impôts.

Mesures d’urgence

« C’est comme si l’Oise était un département pestiféré !, constate de son côté Pierre Robert, propriétaire de l’Hôtel Le Chenal, à Beauvais. Les groupes ne veulent plus venir, congrès et formations sont annulés. On souffre plus de la psychose que du virus ! » Selon une enquête de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), 72 % des sociétés de l’Oise subiraient une perte d’activité.

Le laboratoire Boiron, spécialiste de l’homéopathie, supprime 646 postes en France

Une employée du laboratoire Boiron de Messimy, près de Lyon, le 5 février.
Une employée du laboratoire Boiron de Messimy, près de Lyon, le 5 février. ROMAIN LAFABREGUE / AFP

Boiron a fait dans le remède de cheval, voire la médecine dure, comme le redoutaient employés et syndicats. Le laboratoire lyonnais, spécialisé dans les produits homéopathiques, a annoncé, mercredi 11 mars, la suppression de 646 postes en France, soit le quart de ses effectifs dans l’Hexagone. Il justifie ce plan social sans précédent par « les attaques virulentes, injustifiées et réitérées contre l’homéopathie en France », deux ans après la décision du gouvernement de supprimer progressivement son remboursement par les caisses d’assurance-maladie (le déremboursement sera total en 2021).

Créé en 1932, le groupe emploie 3 700 personnes dans le monde, mais seules ses activités hors de France sont épargnées. Au total, 13 des 31 sites français seront fermés : l’usine de Montrichard (Loir-et-Cher), l’un de ses trois centres de production sur le territoire, et douze établissements de préparation-distribution, comme ceux d’Avignon, de Grenoble, de Paris-Ivry, de Rouen et de Strasbourg. L’entreprise va aussi « réorganiser » ses équipes commerciales « pour s’adapter à cette nouvelle donne », ce qui entraînera des licenciements. Le plan de sauvegarde de l’emploi sera un peu atténué par la création de 134 postes. Et, pour l’heure, une seconde vague de licenciements semble exclue par la direction.

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Ce plan est le prix à payer, selon le laboratoire, leader mondial de ce secteur, pour « pérenniser l’entreprise et assurer son avenir et celui des salariés qui restent ». Le marché hexagonal représente, en effet, près de 60 % de ses ventes. Or celles-ci ont chuté depuis le début des déremboursements (de 30 % à 15 % au 1er janvier 2020). Selon les résultats d’activité de 2019 publiés à la fin janvier, le chiffre d’affaires est tombé à 557 millions d’euros (– 8,6 %) et les ventes ont plus fortement reculé (– 12,6 %) dans l’Hexagone, avec un recul encore plus net au quatrième trimestre (− 14,9 %). Le bénéfice net, publié mercredi 11 mars, jour de l’annonce du plan, s’en ressent : il a chuté de plus de 29 % (à 40,6 millions d’euros).

« La direction nous avait avertis il y a quelques jours, mais c’est quand même un coup de massue, réagit Isabelle Fréret, responsable de la branche industrie pharmaceutique à la CFE-CGC. La direction cherche des mesures pour éviter tout débordement social, mais à moindre coût. » Les syndicats et les salariés soulignent que l’entreprise dispose encore d’une trésorerie solide de 210 millions d’euros et pointent la responsabilité du gouvernement dans cette situation.

De la « poudre de perlimpinpin »

« Il va falloir sortir des sentiers battus, a assuré Christine Place, directrice générale déléguée adjointe chargée des ressources humaines. Nous allons tout faire pour accompagner chaque salarié et travailler avec les syndicats sur deux axes : les mesures d’aide les plus adaptées permettant à chacun de retrouver un emploi dans sa région, et l’accompagnement des nombreux salariés en fin de carrière. »

Comment rebondir, alors que le déremboursement de l’homéopathie porte un coup dur à l’image de Boiron à l’étranger, où il se développe depuis des années avec une présence dans quelque cinquante pays représentant de gros marchés (Europe, Etats-Unis, Inde, Brésil…) ? Et que les granules représentent près de 95 % de son activité ? Si les autorités sanitaires françaises rejettent ces traitements, c’est bien qu’il y a un doute sur leur efficacité.

Il fut un temps où certains produits étaient remboursés à 65 %. C’était au début des années 1980, sur décision de la ministre des affaires sociales, Georgina Dufoix, avant que ce taux ne soit ramené à 30 %. L’homéopathie est, en effet, critiquée depuis longtemps par les dirigeants de la Caisse nationale d’assurance-maladie des travailleurs salariés, qui la considéraient comme de la « poudre de perlimpinpin ». Mais ils n’avaient jamais pu obtenir qu’une baisse du taux de remboursement.

Lire le reportage : Au laboratoire Boiron, le blues des granules

Elle a surtout été dénoncée par les Académies de médecine et de pharmacie et par l’ordre national des médecins, bien que de nombreux généralistes la prescrivent. En revanche, une pétition de soutien avait recueilli 1,3 million de signatures en 2018-2019. Boiron assurait alors que jusqu’à 1 000 emplois seraient menacés en France (sur 2 500) en cas de suppression des remboursements.

Pour asseoir sa décision sur des arguments médicaux, le gouvernement avait saisi la Haute Autorité de santé, à la mi-2018. Sur la base de plus de 800 études relatives aux bénéfices de l’homéopathie pour les patients, elle avait conclu qu’il n’y avait pas lieu de maintenir son remboursement, puisque son efficacité est égale à celle d’un placebo. Autrement dit, aucun service médical rendu ne serait scientifiquement prouvé. Agnès Buzyn, alors ministre de la santé, avait annoncé le déremboursement en juillet 2019.

Entreprises : Il faudra « un changement drastique de la façon de sourcer nos fournisseurs »

« Des décennies de stratégies achat orientées prix ont contribué à détruire le tissu industriel occidental au bénéfice des pays à bas coûts, avec aujourd’hui des conséquences désastreuses que nul n’a vu venir » (SARS-CoV-2  au microscope électronique, le 27 février).
« Des décennies de stratégies achat orientées prix ont contribué à détruire le tissu industriel occidental au bénéfice des pays à bas coûts, avec aujourd’hui des conséquences désastreuses que nul n’a vu venir » (SARS-CoV-2  au microscope électronique, le 27 février). HANDOUT / AFP

Tribune. Depuis des décennies, les directions des achats des entreprises ont eu pour mandat de réduire les prix négociés auprès de leurs fournisseurs. Cela a été pendant longtemps le principal résultat attendu des acheteurs, évalués et rémunérés principalement en proportion des économies obtenues. Pour y parvenir, la méthode utilisée a été la mise en concurrence systématique et frontale des fournisseurs entre eux.

Avec l’accélération de la mondialisation, les fournisseurs issus des pays dits à « bas coûts » sont entrés dans la compétition, proposant des prix toujours plus bas. Les industriels occidentaux n’ont alors eu d’autres choix que de s’aligner sur ces offres concurrentes pour ne pas perdre leurs clients.

Cette politique de la terre brûlée a payé pour les fournisseurs des pays à bas coûts : ils n’ont eu qu’à attendre que les fabricants occidentaux mettent la clé sous la porte à force de baisser leurs prix. Quand bien même les acheteurs n’avaient pas déjà, par choix délibéré, décidé de s’approvisionner dans ces pays à bas coûts – une des stratégies enseignées dans les écoles d’achat se nomme d’ailleurs « Low Cost Country Sourcing Strategy » – ils n’ont plus eu d’autres choix que se tourner vers ceux-ci, une fois les fournisseurs occidentaux acculés à la faillite.

Destruction du tissu industriel occidental

Il y a pourtant mille raisons de ne pas acheter au prix le plus bas. Le problème est que ces mille raisons sont très difficilement chiffrables, leur impact sur la balance des pertes et profits (« Profit and Loss » ou P & L, dans le jargon managérial) n’est pas toujours clair, parfois impossible à isoler.

Comment identifier l’impact sur le P & L du risque qu’un virus extrêmement contagieux survienne et bloque une partie de l’économie mondiale en quelques semaines parce que les filières d’approvisionnement (« sourcing ») ont été délocalisées à l’autre bout du monde pour des questions de prix ? Qui aurait suivi l’acheteur qui aurait intégré ce risque dans ses calculs économiques ?

Un rapport du cabinet d’études Dun & Bradstreet indique que parmi le Top 1 000 des sociétés mondiales, 938 ont un fournisseur de rang 1 ou de rang 2 impacté par le Covid-19 !

Aujourd’hui, l’économie mondiale se trouve devant l’impensable, l’inimaginable, l’inquantifiable. Un rapport du cabinet d’études Dun & Bradstreet indique que parmi le top 1 000 des sociétés mondiales, 938 ont un fournisseur de rang 1 ou de rang 2 impacté par le Covid-19 ! Des décennies de stratégies achat orientées prix, des mises en concurrence poussées à l’extrême, ont contribué à détruire le tissu industriel occidental au bénéfice des pays à bas coûts, avec aujourd’hui des conséquences désastreuses que nul n’a vu venir.

Le distributeur de presse Presstalis au bord du dépôt de bilan

L’heure est grave pour les journaux français. Presstalis, qui distribue sur tout le territoire 75 % de la presse, est en grande difficulté. Malgré plusieurs plans de sauvetages, l’entreprise, détenue à 73 % par les magazines et à 27 % par les quotidiens, continue de subir de plein fouet la baisse des ventes au numéro des journaux. Lestées d’une dette comprise entre 500 et 600 millions d’euros, en déficit chronique, et en proie à la concurrence féroce de son concurrent, les Messageries lyonnaises de presse (MLP), les ex-Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP) seront confrontées, fin mars, à des échéances financières qu’elles ne peuvent honorer.

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Nommé à la mi-février, son nouveau président, Cédric Dugardin, est chargé d’élaborer un énième plan de redressement, sous la surveillance du comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), autrement dit de l’Etat. Selon nos informations, M. Dugardin a déjà acté que le dépôt de bilan était inévitable, et a construit un plan dont le montant atteindrait 100 millions d’euros, reposant sur cette douloureuse étape. Elle est loin d’être neutre, même si ce type d’opération permet d’apurer une partie du passif. Une fois déclaré en faillite, Presstalis laissera une importante ardoise auprès des éditeurs, en particulier des magazines. Ces derniers vont perdre entre 120 et 140 millions d’euros, selon les estimations. Ces sommes sont liées aux dernières semaines de ventes en kiosque, dont le produit est reversé aux journaux avec un certain délai. Certains petits éditeurs indépendants pourraient ainsi ne pas survivre à cette faillite. Autre population mise en difficulté par cette défaillance, les kiosquiers et autres maisons de la presse, censés recevoir 17 millions d’euros en mars de la part de l’entreprise.

Deux nouvelles sociétés

Point le plus sensible du plan, la lourde restructuration à venir cristallise les inquiétudes. Plus de la moitié des 900 postes de Presstalis pourrait être supprimés. Les effectifs du centre de distribution situé à Bobigny et du siège pourraient être divisés par deux. Les dépositaires, qui distribuent les titres en région et perdent entre 20 et 30 millions d’euros chaque année, seraient fermés ou vendus.

Une saignée sans précédent pour l’entreprise. « On ne restera pas à l’extérieur du débat. L’organisation syndicale est contre le démantèlement », prévient Laurent Joseph, de la CGT-SGLCE. Par le passé, le syndicat a montré qu’il était capable de perturber pendant plusieurs semaines la distribution de la presse pour se faire entendre. Il a rappelé ces derniers jours sa capacité d’action en bloquant un centre de distribution du Parisien.

« Bâtissons une protection sociale pour tous les auto-entrepreneurs »

« Dans cet arrêt, c’est la connexion à la plate-forme numérique Uber, et donc à l’algorithme, qui crée le lien de subordination entre le chauffeur et la société » (Blocage du périphérique parisien à l’appel des VTC, en janvier 2019).
« Dans cet arrêt, c’est la connexion à la plate-forme numérique Uber, et donc à l’algorithme, qui crée le lien de subordination entre le chauffeur et la société » (Blocage du périphérique parisien à l’appel des VTC, en janvier 2019). Alexis Sciard / IP3 PRESS/MAXPPP

Tribune. La Cour de cassation a requalifié le 4 mars en contrat de travail la relation contractuelle entre la société Uber et un chauffeur aux motifs qu’il n’avait pas la possibilité de se constituer sa propre clientèle, ni la liberté de fixer ses tarifs, ni celle de définir les conditions d’exécution de sa prestation de service.

Partout dans le monde, les plates-formes sont mises à mal par les recours qui fleurissent en Europe et aux Etats-Unis, visant à requalifier tous les chauffeurs VTC (véhicules de tourisme avec chauffeurs) en salariés. Pourtant, souhaitons-nous collectivement que les plates-formes de VTC et de livraison ferment leurs portes, nous qui les avons intégrées à notre quotidien, en recourant massivement à la livraison à domicile ou aux transports avec chauffeurs ? Et les travailleurs de ces plates-formes, la plupart chauffeurs et livreurs, le souhaitent-ils aussi, eux qui nous disent qu’ils sont avant tout attachés à leur indépendance ?

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Et si la décision de la Cour de cassation provoquait un électrochoc, en nous faisant enfin réaliser qu’elle fait courir le risque de porter un coût d’arrêt aux plates-formes et à l’économie collaborative, mais aussi à leurs travailleurs devenus salariés, en renchérissant le coût du service de façon insupportable pour le client ?

Dans cet arrêt, c’est la connexion à la plate-forme numérique Uber, et donc à l’algorithme, qui crée le lien de subordination entre le chauffeur et la société, faisant pour la première fois rentrer dans les critères de requalification un élément objectif, l’algorithme, et non plus des pratiques individuelles d’entreprises.

Une intermédiation difficilement contrôlable

L’évolution des plates-formes et de leurs algorithmes a transformé le B2B (« business to business ») en B2B2C (« business to business to consumers »), créant une intermédiation difficilement contrôlable. La loi d’orientation des mobilités de 2019 a tenté d’y apporter des solutions mais, on l’a vu, de façon contestable, avec la tentative de mise en place de chartes censées offrir aux travailleurs des plates-formes des garanties en matière de conditions de travail et de protection sociale.

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Finalement, tout cela s’est vu justement sanctionné par le Conseil constitutionnel. Plus récemment, les annonces de regroupement de certaines plates-formes n’ont pas plus convaincu, car elles n’apportent pas de gages de leur capacité à répondre aux problèmes sociaux de leurs travailleurs. Car pour éviter les situations de requalification, l’objectif n’est pas de protéger les plates-formes, mais bien ceux qui y travaillent !

Santé : la traque du radon débute en entreprise

« Dans le Finistère, Anne-Claude Phily-Darruau, médecin du travail au centre Santé au travail en Iroise, indique avoir déjà suivi deux organisations qui ont procédé à des travaux suite à des mesures de concentration supérieures à 300 becquerels/m3 .Photo Radon (tableau périodique).
« Dans le Finistère, Anne-Claude Phily-Darruau, médecin du travail au centre Santé au travail en Iroise, indique avoir déjà suivi deux organisations qui ont procédé à des travaux suite à des mesures de concentration supérieures à 300 becquerels/m3 .Photo Radon (tableau périodique). William Andrew/GO Free / GraphicObsession

A l’occasion de leur congrès national, en juin 2020, à Strasbourg, les professionnels de la médecine et de la santé au travail pourront assister à un symposium autour du thème : « Le radon, un risque méconnu ». Un intitulé qui reflète au mieux la situation actuelle sur le sujet. De fait, les dangers de ce gaz radioactif sont aujourd’hui encore largement ignorés au sein des entreprises.

« Le radon ? Je sais que le secteur de la construction s’y intéresse car nos sols volcaniques représentent une zone à risque. Mais je n’ai jamais reçu d’information ni de consigne sur le sujet pour ma propre entreprise », résume la DRH d’une PME auvergnate du secteur agroalimentaire. « La méconnaissance peut même toucher les acteurs de la prévention », constate Romain Mouillseaux, expert d’assistance conseil à l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS).

Comme le note Géraldine Ielsch, chef du bureau d’étude et d’expertise du radon à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), « il reste encore un important travail de pédagogie à réaliser. » Il s’agit de faire connaître les nouvelles obligations des entreprises en la matière.

Elles doivent, en effet, depuis juillet 2018, intégrer l’exposition de leurs salariés au radon à leur évaluation des risques professionnels. La communication en direction des organisations visant, dans le même temps, à rappeler les dangers parfois sous-estimés du radon pour la santé. Ce gaz radioactif naturel émis par les sols est en effet classé, depuis 1987, comme « cancérigène certain pour le poumon » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). « Il est à l’origine de cancers broncho-pulmonaires et on lui attribue environ 3 000 décès annuels », explique l’IRSN, soit 10 % de ce type de cancer.

La Bretagne et l’Auvergne

L’exposition répétée à ce gaz sur plusieurs dizaines d’années représente ainsi « un risque sanitaire chronique dont il faut se préoccuper », note Mme Ielsch. Un « risque fortement augmenté par l’association avec le tabagisme », précise M. Mouillseaux. Cela vaut au domicile comme dans les locaux de l’entreprise, où les salariés passent une part importante de leurs journées.

Le sujet est l’objet d’une attention toute particulière dans certaines régions, où les émissions naturelles de radon sont plus importantes. C’est le cas des zones aux sols granitiques ou volcaniques comme la Bretagne et l’Auvergne. Pour autant, « toutes les entreprises sont concernées par la réglementation, notamment celles dont l’espace de travail est situé en sous-sol ou au rez-de-chaussée de bâtiments et dans le cas d’activités réalisées en souterrain, explique M. Mouillseaux. Elles doivent au minimum se poser la question du risque radon ».