Archive dans février 2020

Pourquoi des groupes incitent leurs salariés à créer leur entreprise

L’accompagnement proposé aux salariés tentés par la création d’entreprise prend différentes formes : temps, argent, formation et contacts.
L’accompagnement proposé aux salariés tentés par la création d’entreprise prend différentes formes : temps, argent, formation et contacts. ALAIN LE BOT / PHOTONONSTOP

Voilà un an que Carole Neves a quitté le cocon de Sanofi pour voler de ses propres ailes, après vingt ans en R&D au sein du géant pharmaceutique. Elle a créé BiotechStudio, une start-up spécialisée dans les innovations en santé. Un envol qui s’est fait tout en douceur car Sanofi l’a aidée dans le cadre de sa politique d’« essaimage ».

Sofiane Belaïd a lui aussi créé sa société LinkiLab, une plate-forme de mise en relation entre des experts scientifiques et techniques, en janvier 2019, avec l’appui de son employeur, IFP Energies nouvelles (organisme de recherche dans les domaines de l’énergie, du transport et de l’environnement).

Cet accompagnement proposé aux salariés tentés par la création d’entreprise prend différentes formes : du temps, de l’argent, de la formation et des contacts. « J’ai pu consacrer un mi-temps à mon projet durant quelques mois tout en étant rémunéré comme si je travaillais à temps plein », apprécie Sofiane Belaïd. Le congé légal de création d’entreprise ne prévoit en effet pas de rémunération.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi La France devient un pays d’entrepreneurs

Chez Air France, un consultant spécialisé propose un accompagnement individuel, et une formation interne de cinq jours est offerte en collectif. La compagnie aérienne propose également une aide financière allant de 15 000 euros pour un autoentrepreneur à 24 000 euros pour la création d’une société. L’entreprise mère peut aussi participer au capital de départ. Ainsi, avec une mise de 150 000 euros, IFP Energies nouvelles est entrée au capital de LinkiLab à hauteur de 5 %. Enfin, l’entreprise de départ peut mettre à disposition des créateurs son réseau : banques, assureurs, juristes…

Un accompagnement à la reconversion

La formule séduit. « La conjoncture est propice à l’entrepreneuriat, estime Mano Madi, responsable du pôle création d’entreprise de Sodesi, filiale d’Air France chargée d’accompagner la reconversion professionnelle du personnel navigant commercial. Il y a vingt ans, les jeunes diplômés souhaitaient travailler dans des grands groupes. La création d’entreprise n’était alors envisagée que par défaut. Aujourd’hui, c’est l’inverse. »

« Les seniors qui se sentent un peu à l’étroit en fin de carrière ou qui sont réfractaires à l’idée de retraite sont aussi tentés par la création ou la reprise d’entreprise », complète Laurent Legendre, président de Développement de l’initiative et de l’entrepreneuriat chez les salariés des entreprises (Diese), une association créée en 2000 qui regroupe une vingtaine de grands groupes pratiquant l’essaimage, dont Airbus, Orange, Schneider Electric, EDF, Saint-Gobain ou Thales.

Mineurs isolés étrangers : « Mes petits gars ne peuvent pas travailler »

Abdoulaye Konaté, Samuel Diallo et Sagata Diakité sur leur lieu d'apprentissage du métier de bordureur à La Courneuve le 6 février.
Abdoulaye Konaté, Samuel Diallo et Sagata Diakité sur leur lieu d’apprentissage du métier de bordureur à La Courneuve le 6 février. CAMILLE MILLERAND / DIVERGENCE

L’histoire relèverait de l’anecdote si elle ne se déroulait pas dans un territoire où les questions migratoires sont centrales. Avec 1 500 mineurs isolés étrangers pris en charge par les services de la protection de l’enfance (trois fois plus qu’en 2015), la Seine-Saint-Denis est le troisième département concerné par les flux migratoires de jeunes non accompagnés.

Autant de personnes dont l’insertion professionnelle est un enjeu central. Or, un des patrons de société de Saint-Denis, Francis Dubrac, à la tête d’une entreprise de travaux publics presque centenaire, Dubrac TP, reproche à la préfecture de ne pas l’autoriser à recruter une vingtaine de ces mineurs en apprentissage.

Alors que les grands chantiers des Jeux Olympiques de 2024, mais aussi du réseau de transport Grand Paris Express ou de rénovation urbaine, lui font convoiter de beaux marchés, Francis Dubrac n’arrive pas à embaucher de manœuvres et autres maçons de voirie dans le cinquième département le plus peuplé de France (plus de 1,6 million d’habitants).

Besoins de main-d’œuvre

D’aussi loin qu’il se souvienne, ce patron sait que les vagues migratoires, du Maghreb, du Portugal et du Mali, sont souvent venues répondre aux besoins de main-d’œuvre de l’entreprise familiale spécialisée dans l’aménagement de route. Les effectifs se renouvelaient par « cooptation », les personnels étaient formés par « compagnonnage » dans cette entreprise gérée de façon paternaliste, même si son dirigeant goûte peu cette qualification.

« Mais tous ceux qui dépassent la deuxième génération d’immigration, ils ne veulent plus bosser dans le BTP, constate-t-il depuis un moment. On embauche dix jeunes de quartier, il en reste cinq à l’arrivée. »

« Ce sont des gamins ponctuels, courageux, qui s’intègrent dans les équipes sans problème », note Francis Dubrac, à la tête d’une boîte de travaux publics.

Pour faire face à ses besoins d’embauches croissants, M. Dubrac, qui est aussi vice-président de la Chambre des métiers de l’artisanat du département, décide de mettre sur pied une formation de maçon de voirie par alternance et mobilise les acteurs locaux autour de lui (organismes de formation et intercommunalité) pour constituer une promotion d’une trentaine d’élèves. L’initiative rencontre un succès en demi-teinte, car seuls dix-sept apprentis signent. « Comme pour plein de métiers pénibles, peu valorisants, il y a une grosse problématique de main-d’œuvre », reconnaît Anne Gillet, mandatée par l’intercommunalité Plaine Commune pour accompagner cette démarche.

Air Italy annonce sa mise en liquidation

Un Boeing d’Air Italy, en mars 2018 à Washington.
Un Boeing d’Air Italy, en mars 2018 à Washington. JASON REDMOND / AFP

La compagnie aérienne italienne en difficulté Air Italy, qui a accumulé des centaines de millions d’euros de pertes, a annoncé mardi 11 février sa mise en liquidation, précisant que les vols seront assurés jusqu’au 25 février « par d’autres compagnies aux horaires et aux jours prévus ». « Tous les passagers ayant réservé des vols au départ ou à l’arrivée après le 25 février seront remboursés intégralement ou reprogrammés », indique la compagnie dans un communiqué.

Air Italy, ex-Meridiana, est détenue à 51 % par le prince Aga Khan et à 49 % par Qatar Airways. La compagnie avait convoqué une assemblée des actionnaires qualifiée mardi de « très délicate » par le quotidien italien La Repubblica. « Dans le cas, probable, où la recapitalisation ne se ferait pas, l’assemblée des actionnaires a comme autre hypothèse la liquidation de la société », écrivait le quotidien, rappelant qu’Air Italy emploie environ 1 200 personnes.

Lancée en grande pompe il y a deux ans, Air Italy avait misé sur « les difficultés d’Alitalia », le principal transporteur aérien italien, selon le quotidien spécialisé Il Sole-24 Ore, un calcul qui s’est révélé erroné. Selon ce journal, Air Italy a perdu 164 millions d’euros en 2018 et selon La Repubblica la perte en 2019 est d’environ 200 millions d’euros.

Réunion urgente demandée

L’annonce de la mise en liquidation est intervenue alors que la ministre des transports, Paola De Micheli, a demandé une « réunion urgente » avec la direction d’Air Italy, invitant cette dernière à « suspendre toute décision jusqu’à la réunion avec les ministères compétents ». « La décision de mettre en liquidation une entreprise de telle dimension, sans en informer au préalable le gouvernement, et sans examiner sérieusement d’éventuelles alternatives n’est pas acceptable », a déclaré Mme De Micheli, citée dans un communiqué.

Une rencontre consacrée à Air Italy pourrait se tenir mercredi matin au ministère du développement économique à Rome entre des dirigeants de ce ministère et des représentants de la région Sardaigne, où se trouvent environ 600 des 1 200 emplois menacés. Cette rencontre a été annoncée à la mi-journée par la partie sarde, peu de temps avant la décision sur la liquidation de la compagnie, et il n’était pas clair dans l’immédiat si cette réunion serait maintenue ni si des représentants de la compagnie aérienne seraient également présents.

« J’arrive parfois à tripler mon salaire » : ces enseignants qui ont un deuxième métier

Cela fait vingt ans que Nicolas, professeur d’histoire-géographie dans un collège de l’Eure, exerce son métier qu’il « aime énormément ». Et pourtant, il cumule depuis presque autant de temps ses cours en classe avec des activités annexes. Et elles sont nombreuses : vacations à l’université, rédaction de cours de géographie pour le Centre national d’enseignement à distance (CNED), participation régulière à la rédaction de contenus ou de fiches de révisions pour des éditeurs scolaires ou des sites spécialisés.

Pourquoi mène-t-il cette double vie professionnelle ? Entre autres, pour des raisons financières, reconnaît-il : « Ma femme est professeure des écoles, avec le salaire qui va avec… Notre point d’indice est bloqué depuis une dizaine d’années. Il arrive souvent qu’on compte nos sous à la fin du mois. »

Mais il précise que l’argent est loin d’être sa première motivation. C’est d’abord un besoin d’« être plus stimulé intellectuellement et pédagogiquement face à un cadre scolaire qui peut être sclérosant au fil des années ».

A l’heure où le « malaise » du monde enseignant s’exprime plus fortement ces derniers mois, où la question de la revalorisation du métier est en négociation au ministère, ces enseignants qui cumulent les activités ont de quoi interroger l’éducation nationale.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Fins de mois : « Enseignante, je vis toujours dans un studio »

Sont-ils plus nombreux ces dernières années ? Impossible de répondre à cette question. Aucune donnée n’est disponible, ni côté ministère ni dans la poignée de rectorats contactés. Les demandes individuelles sont seulement annexées au dossier de chaque agent et ne font pas l’objet de compilation.

Dévoués à la cause commune

Dans les salles des professeurs, on n’en parle peu. Et même si compléter son salaire avec d’autres revenus est moins tabou qu’il y a quelques années, selon les enseignants interrogés, le sujet reste délicat. Les professeurs qui s’en font l’écho prennent le risquent d’irriter à la fois ceux qui fantasment sur le « temps libre » des enseignants, mais aussi les défenseurs d’un service public composé uniquement d’agents « totalement » dévoués à la cause commune, et désintéressés.

Officiellement, les enseignants des établissements publics ou privés sous contrat d’association avec l’Etat, comme tous les fonctionnaires, doivent « passer l’intégralité de leur temps sur leur mission, commente le juriste Bernard Toulemonde. La loi prévoit cependant des dérogations pour des activités accessoires » : bénévolat, productions d’« œuvres de l’esprit », création ou reprise d’une entreprise, etc. Mais aussi des activités privées à caractère sportif ou culturel (animation de colonies de vacances, par exemple), ou bien liées à la fonction de l’agent (enseignement pour les professeurs), « à condition d’en avoir l’autorisation préalable de sa hiérarchie et sous réserve que cette activité ne porte pas atteinte au fonctionnement normal, à l’indépendance ou à la neutralité du service ».

Les syndicats enseignants s’inquiètent des scénarios de revalorisation

Alors que l’examen du projet de loi sur la réforme des retraites stagne à l’Assemblée, le ministère de l’éducation nationale avance à petit pas dans le grand chantier de la revalorisation des enseignants. Vendredi 7 février, la direction générale des ressources humaines a présenté aux syndicats quatre scénarios de répartition des augmentations, pour une enveloppe de 500 millions d’euros en 2021. Les professeurs des écoles en début de carrière, les plus désavantagés par la réforme des retraites, pourraient toucher entre 93 et 157 euros de plus par mois selon les scénarios, sans conditions. Cependant, une partie de l’enveloppe serait consacrée à d’autres leviers d’augmentation, comme le financement d’heures supplémentaires. Un camouflet pour les syndicats, qui y voient le spectre de « contreparties » demandées en échange des revalorisations.

Quatre scénarios proposés

Comme l’enveloppe globale des revalorisations reste fixée à 500 millions, le montant des primes dépend du nombre d’enseignants concernés. Dans le premier scénario, seuls les enseignants qui sont dans les neuf premières années de leur carrière – soit 14 % d’entre eux – seraient revalorisés. Un professeur des écoles qui a entre un et deux ans d’ancienneté serait alors augmenté de 157 euros net par mois.

Dans le second scénario, qui porte sur les douze premières années de carrière – soit 23 % des enseignants –, le même enseignant toucherait au maximum 128 euros net de plus par mois, puis 114 euros dans le troisième scénario qui porte sur les dix-huit premières années de carrière et concernerait 44 % des enseignants, et enfin 93 euros dans le dernier scénario, qui revaloriserait d’un coup 76 % des enseignants.

Dans tous les cas, les primes seraient dégressives à mesure que l’on avance dans les échelons. Ainsi, dans le premier scénario, les professeurs des écoles au 5e échelon – le dernier concerné par les primes – toucheraient seulement 64 euros de plus par mois. Au-delà de cet échelon, ils ne gagneront rien de plus. Dans le deuxième scénario, les professeurs du dernier échelon toucheront une prime de 49 euros, puis de 14 euros dans les scénarios 3 et 4.

Lire aussi Enseignants : l’indispensable revalorisation

« Décevants » pour les syndicats

En toute logique, ce sont les enseignants en début de carrière qui seront les plus avantagés quel que soit le scénario choisi. Mais ce sont eux aussi qui seront les plus touchés par la réforme des retraites. Le ministère a néanmoins rappelé qu’il comptait augmenter tous les professeurs y compris les plus âgés, qui ne connaîtront pas le nouveau système à points.

« Le patron de Ford sent la mitraille se rapprocher, et son conseil d’administration s’impatienter »

Jim Hackett, PDG de Ford, le 12 juillet 2019 à New York.
Jim Hackett, PDG de Ford, le 12 juillet 2019 à New York. JOHANNES EISELE / AFP

Chronique. A quoi sert un patron ? A prendre et à assumer des décisions bien sûr, mais aussi à incarner l’échec ou la réussite d’une politique, qu’il en soit directement responsable ou pas. Dans les milieux du management circule la blague des trois enveloppes préparées à l’intention de son successeur par le PDG d’une entreprise remercié par ses actionnaires. A n’ouvrir qu’en cas de crise grave ! Au premier pépin, le nouveau venu ouvre la première. Il y est écrit « dites que c’est la faute de votre prédécesseur ». Puis survient un nouveau pépin. Dans l’enveloppe numéro deux, il est marqué « dites que c’est la faute du marché ». Et enfin, à la troisième rechute, le patron ouvre la troisième, qui contient le conseil suivant : « préparez trois enveloppes ». A ces postes de haute altitude, on laisse rarement plus de trois chances au pilote.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ford double son effort d’investissement pour rattraper son retard dans l’électrique

Isabelle Kocher, la patronne d’Engie, remerciée jeudi 6 février, en était probablement à la troisième enveloppe. Le patron de Ford, Jim Hackett, n’y est pas encore, mais il sent la mitraille se rapprocher, et son conseil d’administration s’impatienter. Comme il ne peut plus blâmer son prédécesseur, parti depuis plus de trois ans, il exécute ses proches collaborateurs. Exit donc Joe Hinrichs, vétéran et gourou de la fabrication, qui dirigeait toutes les opérations. Il se retire à 53 ans, en dépit de sa popularité chez ses fournisseurs, employés et collègues. Le patron de Ford lui préfère son acolyte Jim Farley aux manières plus rudes.

Place aux gladiateurs

Il faut dire que l’entreprise est en fâcheuse posture. Elle a perdu de l’argent au dernier trimestre de l’année 2019, et, sur l’ensemble de l’exercice, elle n’affiche qu’un tout petit profit de 47 millions de dollars (43 millions d’euros) contre près de 3,7 milliards en 2018. Et ses perspectives pour l’année en cours ne sont pas brillantes. Pertes abyssales à l’étranger, notamment en Chine, lancements de produits ratés, rentabilité déclinante aux Etats-Unis, Ford s’enfonce dans la crise au moment où la baisse des marchés se combine à la transition vers la voiture électrique. La firme vaut désormais en Bourse quatre fois moins que Tesla.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La préoccupation de Ford n’est plus tant la productivité de ses ouvriers que celle de ses cadres »

On comprend l’impatience de Bill Ford, l’arrière-petit-fils du fondateur et président du conseil d’administration. Jim Hackett doit passer la main dans les dix-huit mois qui viennent, puisqu’il aura 65 ans en 2020, mais la valse des dirigeants déstabilise l’entreprise. Trois ans après sa nomination, Mark Fields, vétéran du groupe, a été débarqué en 2017 en dépit de ses bons résultats, car il n’allait pas assez vite dans le domaine de la voiture électrique. Désormais, son successeur est sur la sellette.

En France, le nombre de jeunes « décrocheurs » baisse

Ils ont entre 16 et 25 ans, ont quitté l’école, ne suivent pas de formation professionnelle, n’ont pas d’emploi et, dans plus d’un cas sur deux, n’en recherchent pas. En 2018, ces jeunes – regroupés sous l’acronyme anglais NEET (Not in Education, Employment or Training), selon la dénomination de l’institut Eurostat – étaient 963 000 en France, soit un jeune sur sept (12,9 %). Un chiffre en baisse par rapport à 2015, lorsqu’ils étaient 1 250 000, selon les études présentées, vendredi 7 février, par la Dares et l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep). « Une baisse sans doute pour partie liée à l’amélioration de la situation sur le marché du travail », admet Benjamin Nefussi, sous-directeur à la Dares.

Est-ce à dire que près d’un million de jeunes en France sont dans une situation difficile ? « Ces jeunes sont dans des situations très hétérogènes, qui ne correspondent pas toutes à de la vulnérabilité », tempère l’Injep. Environ la moitié d’entre eux vivent une période de transition et semblent en bonne voie pour s’insérer sur le marché du travail : il s’agit principalement de ceux qui ont terminé leurs études supérieures, ont déjà parfois travaillé et recherchent un emploi, des bacheliers qui font des petits boulots en attendant de reprendre leurs études, les diplômés de l’enseignement professionnel (CAP, BEP, bac pro) qui recherchent du travail depuis moins d’un an.

L’autre moitié, soit quelque 480 000 jeunes, les « inactifs », présente un profil plus inquiétant. Parmi ceux-là, les deux tiers ne souhaitent pas travailler. Et parmi ceux qui souhaitent travailler, seul un sur huit recherche effectivement un emploi. « Ceux qui appartiennent à cette catégorie présentent des difficultés qui ne sont pas liées exclusivement au marché du travail », analyse Benjamin Nefussi.

Un problème de garde pour beaucoup

En effet, les raisons pour lesquelles ces jeunes adultes restent en inactivité sont plutôt d’ordre personnel ou familial : des démarches administratives en cours, un handicap ou des problèmes de santé, ou le fait d’assumer la garde d’un jeune enfant ou d’une personne âgée ou malade.

Cette situation concerne à 86 % les jeunes femmes. D’une manière générale, pour les jeunes inactifs, la présence d’un enfant vivant sous le même toit apparaît clairement comme un obstacle au retour vers l’emploi. Parmi la population des jeunes femmes n’ayant ni emploi ni formation, plus d’une sur trois invoque un problème de garde (enfant ou personne âgée) pour expliquer son souhait de ne pas travailler. Les hommes, eux, n’avancent ce type de difficulté qu’une fois sur cent. La France, de ce point de vue, est en ligne avec les autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques, où plus de la moitié des femmes attribuaient en 2016 leur inactivité aux responsabilités familiales.