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Fin du concours d’aide-soignant, baisse de la pénibilité… Les propositions d’El Khomri sur les métiers du grand âge

L’ex-ministre du travail a remis à Agnès Buzyn, mardi 29 octobre, un rapport pour réformer un « système devenu complètement fou ».

Par Publié hier à 11h49, mis à jour à 09h11

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Marie Tassus, aide à domicile à Vimoutier (Orne), accompagne Jeannine Racine, le 28 octobre.
Marie Tassus, aide à domicile à Vimoutier (Orne), accompagne Jeannine Racine, le 28 octobre. Florence Brochoire

« J’ai envie de me battre pour ces femmes ! », confiait-elle début septembre en quittant l’école d’infirmières et d’aides-soignants de la Croix-Rouge, à Romainville (Seine-Saint-Denis). L’ancienne ministre du travail de François Hollande, Myriam El Khomri, a remis son plan de bataille, mardi 29 octobre, à Agnès Buzyn, la ministre de la santé et des solidarités, sous la forme d’un épais rapport appelant à une « mobilisation générale en faveur des métiers du grand âge », pour la période 2020-2024.

Au terme d’une mission de près de quatre mois menée avec l’appui d’une petite douzaine d’experts, d’élus et de professionnels, Mme El Khomri enjoint au gouvernement de « réformer un système devenu complètement fou, dit-elle, où l’organisation administrative et les enjeux tarifaires ont pris le dessus sur la qualité du service et du travail des salariés ». Il s’agit ni plus ni moins, explique-t-elle, que de « réhumaniser » les métiers des quelque 830 000 salariés qui soignent, accompagnent, soutiennent le dernier âge de la vie.

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Mme El Khomri propose une « réforme organique » qui se décline en 59 mesures. Leur mise en œuvre impliquerait de dégager 825 millions d’euros dès 2020. « Votre proposition constitue une feuille de route à la fois courageuse, innovante et opérationnelle », a salué Agnès Buzyn lors de la présentation du rapport.

Ce dernier rappelle un constat déjà fait dans un autre travail réalisé par Dominique Libault et remis à Mme Buzyn en mars : les métiers du grand âge souffrent d’une pénurie de candidats alors que les besoins vont aller croissant dans les prochaines années. Symptôme de cette désaffection, le nombre d’inscrits au concours d’aide-soignant a baissé d’un quart en six ans.

Supprimer le concours

La première urgence est donc de relancer le recrutement. Le rapport estime qu’il faudrait créer 93 000 postes en quatre ans dans les maisons de retraite et les services de soin à domicile. Cela permettrait d’augmenter de 20 % le taux d’encadrement en personnels dans les ehpad. Or, le projet de loi de finance de la sécurité sociale pour 2020 prévoit de ne financer que 5 200 postes dans les ehpad pour l’an prochain. Myriam El Khomri porte le besoin à 18 500 dès 2020. Le coût annuel de ces recrutements est estimé à 450 millions d’euros.

Auxiliaire de vie, « une vocation » et un « métier de cœur »

MARIE TASSUS, AIDE A DOMICILE, EST CHEZ JEANINE RACINE QUI VIT DANS LA RESIDENCE JEANNE LACROIX DANS LE QUARTIER LES PRES GATEAUX. REPORTAGE SUR LES AIDES A DOMICILE, ASSOCIATION UNA, VIMOUTIERS, NORMANDIE, LUNDI 28 OCTOBRE 2019.

FLORENCE BROCHOIRE POUR « LE MONDE »

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Publié aujourd’hui à 11h37

Il suffit qu’il fasse beau. Quand Dominique Delignou sonne à la porte, Jeannine Racine, 84 ans, lâche ses aiguilles à tricoter, enfile ses chaussures, attrape sa canne. Bras dessus, bras dessous, elles sortent faire le tour du foyer pour personnes âgées où vit Mme Racine, à Vimoutiers (Orne). Ce vendredi d’octobre, la balade dure une petite demi-heure. Comme toujours, Dominique n’a pas pu s’attarder.

Jean Bonnet, 78 ans, la guette par la fenêtre. Chez lui, le rituel est toujours le même. Une bassine d’eau tiède à côté d’elle, Dominique y plonge un gant et le frictionne énergiquement. Il s’assoit, se redresse, s’allonge dans son lit, l’aide tant qu’il peut pour que la toilette soit complète en un rien de temps. « Enfiler des bas de contention sur des jambes encore mouillées, ça c’est pas facile ! », fait-elle mine de râler. Elle prend de ses nouvelles, lui en donne. Le vieux monsieur, rhabillé, pousse son déambulateur dans le couloir, et la voilà repartie.

Dominique Delignou en visite chez Jean Bonnet, à Vimoutiers (Orne), le 28 octobre.
Dominique Delignou en visite chez Jean Bonnet, à Vimoutiers (Orne), le 28 octobre. FLORENCE BROCHOIRE POUR « LE MONDE »
Chez Jean Bonnet, à Vimoutiers (Orne), le 28 octobre.
Chez Jean Bonnet, à Vimoutiers (Orne), le 28 octobre. FLORENCE BROCHOIRE POUR « LE MONDE »

En ville, certains disent qu’elle est « aide ménagère », d’autres la croient « femme de ménage ». « Tant qu’on nous appelle pas boniche ! », s’esclaffe-t-elle. Assistante de vie depuis dix-sept ans, Dominique a longtemps parcouru 150 kilomètres chaque jour pour enchaîner les visites aux quatre coins du Calvados : « J’avais l’impression de passer ma vie dans ma voiture. » Elle ne roule aujourd’hui plus que 20 kilomètres par jour, dans un territoire qui couvre la moitié de la commune de Vimoutiers. Le planning de ses visites est calculé pour lui éviter les longs trajets. Moins fatiguée, elle est plus disponible pour cultiver le lien avec ses collègues avec lesquelles, au sein de son équipe, elle se relaie chez les personnes âgées.

Un « métier de cœur »

La vie de Dominique a changé depuis qu’elle travaille à l’UNA-Pays d’Ouche, d’Auge et d’Argentan. Directeur général de cette structure associative qui emploie 290 aides à domicile, Sébastien Chevalier a été un des premiers dans le secteur à chercher d’autres modes d’organisation du travail et fait donc figure de pionnier dans le milieu.

En créant des équipes par secteur, M. Chevalier a pu faire des économies sur le paiement des temps de trajets, qu’il a converties en primes pour ses employées. Mais il n’a pu augmenter les salaires faute de financements supplémentaires du département. Dominique gagne toujours 1 030 euros net par mois… à temps plein. Une misère.

Ce que la réforme des retraites devrait changer pour la pénibilité au travail

Les perdants de la réforme portée par Jean-Paul Delevoye sont tout désignés : les travailleurs affiliés à un régime spécial et les agents publics non régaliens émargeant dans une catégorie active.

Par et Publié aujourd’hui à 04h27

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Emmanuel Macron lors du débat sur les retraites à Rodez (Aveyron), le 3 octobre.
Emmanuel Macron lors du débat sur les retraites à Rodez (Aveyron), le 3 octobre. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »

Pour indisposer Emmanuel Macron, il suffit de prononcer trois mots : pénibilité au travail. Le président de la République n’« adore pas » que l’on présente les choses ainsi « parce que ça donne le sentiment que le travail, ça serait pénible », comme il l’a déclaré, le 3 octobre, lors du débat sur les retraites à Rodez. Cette opinion, M. Macron l’avait déjà défendue, en mars 2017 durant la campagne présidentielle, sur un ton encore plus direct devant le Medef : « Le terme pénibilité (…) induit que le travail est une douleur et ne correspond pas à ce dont nous avons besoin car le travail, c’est l’émancipation qui vous donne une place. »

Le chef de l’Etat va pourtant devoir s’y faire : la reconnaissance de l’usure professionnelle représente un des enjeux de la réforme des retraites. Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire en charge du dossier, y a même consacré plusieurs pages dans son rapport remis en juillet. Mais l’opposition – à gauche – et de nombreux responsables syndicaux considèrent que le gouvernement n’a, en la matière, que des ambitions très limitées.

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A l’heure actuelle, la pénibilité est prise en considération de diverses manières – que ce soit au travers des différents plans santé au travail, de référentiels de branches professionnels ou d’accords d’entreprise spécifiques. Dans le secteur privé, il y a également le compte professionnel de prévention (C2P) pour les salariés exposés à des conditions de travail éprouvantes : ce mécanisme permet aux personnes concernées d’accumuler des points qui financent des formations, un passage à temps partiel sans baisse de la rémunération ou de partir deux ans plus tôt à la retraite. S’ajoutent au C2P d’autres dispositifs qui offrent la possibilité de cesser sa carrière de façon précoce (notamment celui pour incapacité permanente).

« Objectif d’équité »

La fonction publique, elle, abrite le système dit des « catégories actives » : grâce à lui, les agents dont le métier s’avère dangereux ou difficile physiquement (policier, agent hospitalier…) peuvent réclamer le versement de leur pension entre 52 et 57 ans, soit plus tôt que dans le privé (62 ans). Idem pour les salariés de plusieurs entreprises publiques (RATP, SNCF…), qui sont affiliés à des régimes spéciaux de retraites.

Grève de 200 agents à la SNCF, les deux tiers des TGV Atlantique ne rouleront pas mardi

La SNCF est contrainte de réduire la cadence de ses TGV Atlantique en raison d’un mouvement suivi depuis jeudi par des agents du technicentre de Châtillon.

Le Monde avec AFP Publié hier à 17h26, mis à jour à 09h50

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Un TGV sur trois seulement sera en circulation mardi sur l’axe Atlantique en raison de la poursuite d’une grève de 200 agents spécialisés dans la maintenance en banlieue parisienne, a annoncé lundi 28 octobre la direction de la SNCF.

Dans le détail, six allers-retours sont prévus sur la ligne Paris-Nantes et huit allers-retours sur la ligne Paris-Bordeaux. Pour la liaison Paris-Rennes, la situation reste inchangée, avec deux allers-retours programmés. Les autres destinations seront desservies au compte-gouttes, comme Paris-Poitiers (un aller-retour), Paris-Toulouse (deux allers-retours) et Paris-Quimper (un aller-retour), et certains arrêts seront ignorés.

En plein milieu des vacances scolaires, la SNCF est contrainte de réduire la cadence de ses TGV Atlantique en raison d’un mouvement suivi depuis jeudi par 200 agents du technicentre de Châtillon (Hauts-de-Seine), spécialisé dans la maintenance quotidienne des trains.

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Suppression des repos compensateurs

Selon Julien Troccaz, secrétaire fédéral du syndicat SUD-Rail qui a appelé à cette grève et qui s’est exprimé plus tôt dans la semaine, les cheminots ont protesté contre « une remise en cause des conditions de travail par la direction sans aucune concertation » avec le personnel.

La direction du site avait annoncé une suppression des repos compensateurs pour le travail en soirée et le week-end, avait déclaré pour sa part Erik Meyer, également secrétaire fédéral de SUD-Rail. « Les agents ont eu une réaction épidermique, à la hauteur de la violence des annonces du management », avait-il jugé.

Grève le 5 décembre

Une grève est programmée à partir du 5 décembre par plusieurs syndicats de la SNCF contre la réforme des retraites. Philippe Martinez, secrétaire général de la confédération générale du travail (CGT), rencontrera le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, mardi.

Jeudi, une rencontre est également prévue entre M. Delevoye, le secrétaire d’Etat aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, et les syndicats de cheminots pour une première séance de concertation. Le lendemain, le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, passera le flambeau à Jean-Pierre Farandou.

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Les premiers jours en CDI, pour le meilleur et pour le pire

Si certains jeunes diplômés sont très accompagnés, pour d’autres, cette première entrée stable sur le marché du travail peut s’avérer déroutante.

Par Publié aujourd’hui à 15h45

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Jamie Jones/Ikon Images/Photononstop

15 avril 2019. Premier jour en CDI pour Raphaël Leclercq, tout droit sorti de l’Insa de Lyon. Le jeune ingénieur atterrit dans le monde du travail, et pour lui, cela ressemble à un débarquement sur une autre planète. Alors, il commence par observer. « Je suis arrivé une demi-heure en avance. Je me suis installé à la machine à café, pour voir passer tous mes collègues », raconte le jeune homme de 23 ans, embauché dans une PME spécialisée dans la surveillance. « Je me sentais comme lors d’une finale sportive : j’étais partagé entre stress et excitation. Et comme j’avais changé de région pour ce job et embarqué ma copine avec moi, je voulais tout faire pour que ça se passe bien. »

Alors que l’âge moyen d’accès à un premier emploi stable est passé, selon un rapport du Conseil économique, social et environnemental, de 20 ans en 1975 à 27 ans aujourd’hui, les jeunes diplômés vivent toujours leurs premiers jours en CDI comme un moment important. Un symbole qui marque l’entrée dans l’âge adulte. « En France, les nouvelles générations voient toujours le CDI comme le Graal, constate Romain Delès, enseignant-chercheur en sociologie à l’université de Bordeaux. Quand un jeune en décroche un, il ressent une certaine pression pour honorer le nouveau statut qui lui est conféré. »

« Si ces jeunes sont bien accueillis et intégrés dès le départ, ils peuvent avoir envie de s’investir à fond pour l’entreprise »

Le manageur a alors un rôle-clé pour permettre aux jeunes recrues de prendre de l’assurance et de trouver leur place. « Si ces jeunes sont bien accueillis et intégrés dès le départ, ils peuvent ressentir un effet “waouh” et avoir envie de s’investir à fond pour l’entreprise », observe Clotilde du Mesnil, coach en orientation et insertion chez CoWin Coaching. Ce fut le cas pour Clarisse Bergère, une étudiante d’Epitech Rennes, qui, en parallèle de son cursus, a été engagée en juillet comme développeuse dans une société de services en ingénierie informatique à Pacé (Ille-et-Vilaine). Elle s’en dit ravie. « Je n’avais pas encore pris mes fonctions qu’on m’avait déjà donné les clés des locaux et un accès à tous les outils informatiques internes. On m’a aussi proposé de participer aux afterworks et aux comités collaboratifs mensuels. » Son intégration dans l’équipe n’en a été que plus facile. « Dès mon arrivée, on m’a attribuée un parrain, qui avait fait la même école que moi, explique-t-elle. Cela m’a permis de lui poser toutes les questions sans avoir peur de déranger. »

« Le président “disruptif” Emmanuel Macron a tempéré son libéralisme pour devenir plus colbertiste »

Alors qu’il semblait annoncer une politique aux antipodes de l’Etat intervenant à tout va, Emmanuel Macron montre, avec le « pacte productif », qu’il n’a pas oublié l’Etat stratège ni l’Etat pompier, analyse dans sa chronique Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 11h26 Temps de Lecture 4 min.

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Chronique. Bruno Le Maire était arrivé sur le site de General Electric (GE), à Belfort, sous les sifflets de centaines de salariés et d’une poignée de « gilets jaunes ». C’était le 3 juin, peu après l’annonce de la suppression de 792 emplois dans la fabrication des turbines à gaz. Brocardé… et attendu comme le sauveur. « Le gouvernement est le seul à pouvoir nous aider, le seul à pouvoir négocier avec les patrons américains de GE », lançait Philippe Petitcolin, délégué CFE-CGC, au cours d’une assemblée générale chauffée à blanc. Il n’avait pas tort.

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S’il revient sur le site belfortain, le ministre de l’économie et des finances a peu de chances d’être accueilli avec fleurs et hourras, même s’il a fait plus qu’aider à sauver 307 emplois – au prix d’un plan d’économies qui rognera des avantages acquis. Il a décroché un plan B que la direction de GE excluait en obtenant une négociation sur la relance industrielle du site. M. Le Maire a arraché au téléphone, mardi 15 octobre, les ultimes arbitrages au « boss » de GE, Lawrence « Larry » Culp, peu habitué à ce genre d’interventions politiques.

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L’Etat avait de bonnes raisons de jouer le médiateur, et pas seulement parce que les syndicats avaient d’emblée choisi la politique de la chaise vide. Certains députés Les Républicains attendaient Emmanuel Macron au tournant. Secrétaire général adjoint de l’Elysée, puis ministre de l’économie, il avait soutenu le rachat du pôle énergie d’Alstom par le conglomérat américain, avec la promesse de 1 000 créations d’emplois et le maintien d’un centre de décisions à Belfort. Des engagements non tenus par le géant de Boston.

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La Cité du lion vaut aussi son pesant de symboles, avec ses TGV et ses gros équipements électriques qui fournissent la SNCF et EDF. Berceau de l’industrie française au XIXe siècle, elle fait partie de ces lieux de mémoire industrielle où se cristallisent les angoisses d’un déclassement économique et d’un abandon du territoire. Enfin, le gouvernement juge qu’un pays ne peut tenir son rang sans un puissant secteur manufacturier. Tout plaide pour lui : qualifications et salaires plus élevés, dynamisme de la R&D, gains de productivité, aménagement du territoire. Sauf la création d’emplois, devenus l’apanage des services depuis quarante ans.

En quête du « choc de compétitivité »

Les handicaps de l’industrie sont connus : difficultés à recruter, impôts de production sept fois plus élevés qu’en Allemagne (72 milliards d’euros par an), produits moyens de gamme, affaiblissement de filières naguère solides (agroalimentaire, nucléaire…), outil de production vieillissant et surexploité, numérisation et robotisation en retard… La France est toujours à la recherche du « choc de compétitivité » préconisé en 2012 par le rapport Gallois.

Des salariés d’AC Environnement, leader du diagnostic immobilier, surexposés à des substances cancérogènes

Des employés ont déposé plainte contre X pour mise en danger d’autrui après avoir été soumis à des concentrations de chloroforme vingt-cinq fois supérieures aux normes.

Par Publié aujourd’hui à 06h02, mis à jour à 09h24

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AC Environnement occupe la place revendiquée de « leader » sur le marché florissant du diagnostic immobilier.
AC Environnement occupe la place revendiquée de « leader » sur le marché florissant du diagnostic immobilier. CHARLY TRIBALLEAU / AFP

La société AC Environnement n’est pas connue du grand public. Nombre de propriétaires font pourtant appel à ses services, parfois sans le savoir, avant de vendre ou de louer un appartement ou une maison.

Avec près de soixante-dix agences (dont trente-trois en franchise), 670 collaborateurs et un chiffre d’affaires de 53 millions d’euros, AC Environnement revendique la place de « leader » sur le marché florissant du diagnostic immobilier.

Amiante, plomb… : cette société a réalisé plus de 320 000 diagnostics en 2018 dans le cadre de ventes ou de locations, mais aussi avant des travaux ou une démolition, et dans le cas de dépollutions d’immeubles ou de sites industriels. Elle vient notamment d’obtenir le marché des sites devant accueillir les futures infrastructures (village olympique, centre des médias) des Jeux de Paris 2024.

Hépatite, infertilité, complications de grossesse…

AC Environnement érige en priorité absolue « la sécurité et la santé des personnes qui vivent et/ou travaillent » dans les bâtiments qu’elle diagnostique et met en avant « la rigueur de ses méthodes ». Mais l’entreprise ne semble pas apporter le même soin à ses employés.

Selon les informations du Monde, une trentaine de salariés et ex-salariés de ses laboratoires de Gentilly (Val-de-Marne) et de Riorges (Loire) ont décidé de saisir la justice. Ils ont déposé deux plaintes contre X pour « mise en danger d’autrui », le 21 octobre, respectivement devant le tribunal de grande instance de Paris et celui de Roanne.

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Ils se plaignent de plusieurs problèmes de santé : hépatite, infertilité, complications de grossesse, douleurs neurologiques, asthénies ou nausées. Tous ont en commun d’avoir manipulé des solvants très toxiques comme le chloroforme, l’acétone et l’éthanol dans le cadre de leur travail de laborantin afin d’évaluer, notamment, la présence d’amiante dans les échantillons collectés. Ces produits chimiques sont considérés comme cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR).

Fin mars et début avril, les salariés des deux laboratoires apprennent qu’ils ont été exposés à des niveaux très excessifs de chloroforme depuis au moins 2016. Un rapport établi par la société Oxygenair en juin 2016 relève des concentrations de chloroforme atteignant jusqu’à 242,6 milligrammes par mètre cube (mg/m3) d’air sur une durée de huit heures dans le laboratoire de Gentilly. Soit près de vingt-cinq fois la valeur limite d’exposition professionnelle, fixée à 10 mg/m3. Selon des documents internes, « 200 personnes ont été exposées durant trois ans à 200 mg/m3 ».

« L’heure d’hiver est mieux adaptée aux horloges biologiques des individus »

En vue de la disparition, en 2021, du changement d’heure, les chronobiologistes préconisent dans une tribune au « Monde » d’adopter l’heure « standard », qui resynchronise le rythme circadien.

Publié le 26 octobre 2019 à 12h00, mis à jour à 09h23 Temps de Lecture 4 min.

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Changement d’heure à Dresde (Allemagne), le 22 mars 2018.
Changement d’heure à Dresde (Allemagne), le 22 mars 2018. DPA / PHOTONONSTOP

Tribune. L’alternance du jour et de la nuit résulte de la rotation de la Terre autour de son axe en vingt-quatre heures. Pour anticiper et s’adapter à ces rythmes journaliers, les organismes ont développé un système de mesure du temps constitué d’horloges biologiques internes capables de coordonner l’ensemble des fonctions biologiques, de l’activité des cellules jusqu’au comportement et à la performance de l’individu dans son ensemble.

Tous nos rythmes sont organisés dans le temps pour assurer une adaptation maximale aux cycles jour/nuit. Ainsi, durant notre sommeil, la sécrétion de cortisol, la pression sanguine, l’activité métabolique et nos performances cognitives augmentent, par anticipation à l’éveil de notre organisme.

En lien avec ce rôle d’anticipation, ces rythmes journaliers persistent même en l’absence de cycles lumière-obscurité, une propriété vérifiée chez tous les organismes, dont l’humain. Ainsi, les organismes privés de leurs repères temporels externes continuent d’avoir un rythme régulier proche de vingt-quatre heures, appelé « rythme circadien ».

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Dans la majorité de la population, le rythme interne de l’horloge est supérieur à vingt-quatre heures, entraînant une dérive de l’activité vers le soir, qui est naturellement corrigée par l’effet synchroniseur de la lumière en début de journée.

Changement semestriel devenu impopulaire

Lorsque l’exposition à la lumière en début de jour est faible ou absente, ou lorsqu’il y a une forte exposition en fin de journée, l’horloge prend du retard et notre corps a plus de mal à s’adapter aux exigences biologiques du moment de la journée. Une telle désynchronisation des rythmes peut conduire à des troubles biologiques et à des pathologies.

Les accidents au travail, les troubles mentaux, les infarctus du myocarde et les AVC augmentent dans les jours ou les semaines qui suivent le passage à l’heure d’été

A la suite du choc pétrolier de 1976, pour réduire les besoins en éclairage, plus de soixante-dix pays ont décidé d’avancer d’une heure chaque printemps et de retarder d’une heure chaque automne le cycle éveil/sommeil des citoyens. Par conséquent, des millions de personnes vivent pendant six mois de l’année (printemps, été) avec une avance de deux heures par rapport à l’heure solaire.

Même si aucune étude épidémiologique n’a encore démontré d’effet néfaste à long terme de ce changement semestriel, de nombreuses études scientifiques ont montré que la durée du sommeil diminue et que les accidents automobiles, les accidents au travail, les troubles mentaux, et le nombre d’infarctus du myocarde et d’accidents vasculaires cérébraux augmentent dans les jours ou les semaines qui suivent le passage à l’heure d’été.

Chômage : le plan de formation monte en puissance

Deux ans après sa présentation, le dispositif intitulé plan d’investissement dans les compétences s’attaque au noyau dur du chômage.

Par Publié le 26 octobre 2019 à 10h12, mis à jour à 08h21

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Deux ans après avoir été présenté par le premier ministre Edouard Philippe, le plan d’investissement dans les compétences (PIC) est sur le point d’atteindre sa vitesse de croisière. Cet ambitieux programme, financé à hauteur de 15 milliards d’euros, a vocation à s’attaquer au noyau dur du chômage : il prévoit de former, entre 2018 et 2022, un million de demandeurs d’emploi peu qualifiés et un million de jeunes sans qualification. Un chantier colossal coordonné par un haut-commissaire, Jean-Marie Marx : le dispositif associe de multiples acteurs, au premier rang desquels les régions, qui disposent de prérogatives fortes en matière de formation continue, et Pôle emploi.

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Après une première phase dite d’« amorçage », le PIC est entré dans le vif du sujet en 2018. Cette année-là, « environ 200 000 entrées en formation ont pu être réalisées dans le cadre du plan », affirme M. Marx. L’objectif est de doubler ce chiffre en 2019 : « Nous sommes sur le point de l’atteindre », assure le haut-commissaire. Pour les exercices suivants (de 2020 à 2022, donc), il table sur un flux annuel d’environ 450 000.

« Changement assez durable »

Parmi les bénéficiaires, il y a notamment des allocataires du RSA, des personnes en rupture avec le monde du travail et des jeunes à la recherche d’un poste, qui ne sont pas inscrits à Pôle emploi. A ces publics fragiles sont, le plus souvent, proposées des formations longues et des formations certifiantes, afin de leur garantir, autant que possible, une insertion professionnelle de long terme. L’accent est mis sur le numérique, à la fois sur le plan de la méthode (cours à distance) mais aussi dans le contenu des enseignements (utilisation d’outils digitaux).

Le plan s’est déployé avec le concours de la plupart des conseils régionaux. Seuls deux d’entre eux n’ont pas conclu de pacte avec l’Etat : Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans ces territoires, c’est Pôle emploi qui assure la mise en œuvre du PIC.

Cet ambitieux programme prévoit de former, entre 2018 et 2022, un million de demandeurs d’emploi peu qualifiés et un million de jeunes sans qualification

« Mon sentiment est positif et largement partagé par d’autres », confie David Margueritte, élu (LR) de Normandie chargé du dossier à Régions de France, l’association qui regroupe les conseils régionaux. « Contrairement au plan 500 000 formations pour les chômeurs, engagé sous le quinquennat précédent, on n’est pas dans une logique quantitative, de remplissage », estime-t-il. D’après lui, les collectivités qui ont signé une convention avec l’Etat disposent d’une grande liberté de manœuvre pour définir les actions, que ce soit sur les modalités pédagogiques ou sur les aides à apporter aux stagiaires. Un exemple, parmi beaucoup d’autres : pour « accrocher » le public-cible, fréquemment en butte à des difficultés pour se déplacer, « nous avons augmenté [en Normandie] la prise en charge des frais de transport », rapporte M. Margueritte.