Archive dans 2019

Donald Trump amplifie la crise structurelle de la sidérurgie européenne

Le secteur est déjà malmené par le ralentissement de l’industrie manufacturière, notamment l’automobile, et d’importantes surcapacités de production.

Par Publié aujourd’hui à 09h41

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L’usine British Steel de Scunthorpe, dans le nord-est de l’Angleterre, en septembre 2016.
L’usine British Steel de Scunthorpe, dans le nord-est de l’Angleterre, en septembre 2016. LINDSEY PARNABY / AFP

Après une relative accalmie en 2017-2018, en partie liée au dynamisme d’une industrie automobile très gourmande en acier, la sidérurgie européenne est de nouveau entrée dans une période de fortes turbulences. A quelques jours d’intervalle, deux événements ont confirmé que la restructuration du secteur, difficile et chaotique, était loin d’être achevée dans une Europe souffrant à la fois d’une baisse de la demande et de surcapacités de production : l’annonce du rachat de British Steel en faillite par le conglomérat chinois Jingye Steel et l’abandon par ArcelorMittal de son projet de reprise de l’aciériste italien Ilva.

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Si la demande globale d’acier devrait progresser de 3,9 % cette année dans le monde, notamment tirée par la Chine, la consommation européenne va baisser de 1,2 %. Or l’Europe reste très exposée au commerce mondial de l’acier en raison de l’ouverture de son marché au nom de la concurrence défendue par la Commission. Celle-ci a bien pris des mesures pour plafonner les importations, mais le lobby Eurofer (Association européenne de l’acier) les juge insuffisantes et fait pression sur Bruxelles pour qu’elles soient « adaptées aux conditions du marché actuel ».

« La Chine, la Russie et la Turquie ont vu le marché américain se fermer et exportent leurs surplus vers l’Europe », constate un important industriel

Car les industriels ne prévoient pas de rebond en 2020. « Le ralentissement actuel du secteur manufacturier dans l’Union européenne [UE] ne devrait pas se terminer rapidement », prévenait, fin octobre, le directeur général d’Eurofer, Axel Eggert. A cela s’ajoutent les différends commerciaux entre les Etats-Unis et leurs partenaires, et les incertitudes entourant le Brexit.

La situation s’est en effet dégradée depuis que Donald Trump a augmenté de 25 % les droits de douane sur les importations d’acier étranger en 2018. « Nous sommes à la peine en raison du désordre qu’il a mis sur le marché mondial », dénonce un important industriel. « La Chine, la Russie et la Turquie ont vu le marché américain se fermer et exportent leurs surplus vers l’Europe », constate-t-il. Les importations y ont crû de 12 % en 2018, entraînant la baisse des prix de vente et obligeant les aciéristes européens à réduire leur offre, notamment par l’arrêt de hauts-fourneaux.

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C’est dans ce contexte que les groupes opérant sur le Vieux Continent doivent poursuivre la restructuration de leurs activités. Leur part dans la production mondiale d’acier brut (1,8 milliard de tonnes) est tombée en dix ans de 15 % à 9,3 %. Les experts évaluent les surcapacités globales à environ 500 millions de tonnes, dont les deux tiers imputables à la Chine. « Pour l’Europe, qui produit 170 millions de tonnes, elles se situent entre 30 et 50 millions de tonnes », note Marcel Genet, spécialiste du secteur et PDG du cabinet Laplace Conseil, en rappelant que c’est le rouleau compresseur chinois qui a changé la donne, passant d’une modeste production en 2000 à 54 % du marché aujourd’hui.

Handicap : « Une expérimentation a été mise en place pour que les apprentis puissent intégrer la fonction publique »

Françoise Descamps-Crosnier, présidente du Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), revient pour « Le Monde » sur l’insertion et le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés dans le public.

Propos recueillis par Publié aujourd’hui à 06h00

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Quelle est la situation des travailleurs handicapés dans la fonction publique ?

Françoise Descamps-Crosnier.- Le taux des bénéficiaires de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH) se rapproche de l’objectif des 6 % fixé par la loi [il a atteint 5,61 % en 2018, contre 5,49 % en 2017]. Cela traduit une évolution positive. Certes, une partie de cette augmentation est due au vieillissement des effectifs. Mais cette progression s’explique également par les efforts qui ont été faits pour sensibiliser des employeurs et maintenir les agents dans l’emploi, au niveau des aménagements de poste notamment.

Il existe aussi de grandes disparités entre les trois versants de la fonction publique : avec 6,76 % de travailleurs handicapés, la fonction publique territoriale dépasse le seul des 6 %, contre 5,67 % dans la fonction publique hospitalière et 4,65 % dans la fonction publique d’Etat.

Comment s’expliquent ces disparités ?

Les personnels de la fonction publique territoriale viennent en majorité des catégories B et C, catégories où l’on voit survenir plus souvent des situations d’usure professionnelle et donc de handicap. Les métiers techniques ou en lien avec des enfants, par exemple, peuvent occasionner des postures inadaptées. C’est aussi vrai dans la fonction publique hospitalière. Au demeurant, c’est aussi dans ces secteurs que l’on rencontre le plus d’absentéisme.

Les travailleurs handicapés dans la fonction publique rencontrent-ils des problèmes spécifiques ?

Toutes les personnes en situation de handicap rencontrent des difficultés semblables pour trouver ou conserver leur emploi : les préjugés des recruteurs, les postes inadaptés… Il est vrai que les agents titulaires intègrent la fonction publique par la voie du concours, ce qui semble limiter le risque de discrimination. Mais ce n’est pas le cas des agents non titulaires : les CDD, les contrats aidés…

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Par ailleurs, même si des aménagements peuvent être mis en place pour les candidats en situation de handicap qui passent des concours d’entrée dans la fonction publique [un temps d’épreuve supplémentaire, par exemple], ils ne sont pas toujours suffisants.

Quel bilan faites-vous de la loi de transformation de la fonction publique, adoptée cet été, qui comprend un certain nombre de dispositions concernant les travailleurs handicapés ?

Plusieurs sont positives, comme le fait que les agents puissent conserver leur aménagement de poste en cas de changement d’employeur. Auparavant, il fallait refaire toutes les demandes ! Il est aussi prévu d’expérimenter un mécanisme de détachement et d’intégration directe pour la promotion des fonctionnaires en situation de handicap. Cela nous semble important de favoriser le maintien dans l’emploi, mais aussi l’évolution professionnelle et tout ce qui permet à la personne de se former.

Harcèlement sexuel au travail : « Au-delà de la sanction, la prévention est aujourd’hui indispensable »

Le professeur à l’Essec Arnaud Gilberton évoque la démission du directeur général de McDonald’s pour expliquer, dans une tribune au « Monde », pourquoi il faut intervenir en amont par la formation et l’information des managers dans les cas de harcèlement sexuel au travail.

Publié aujourd’hui à 11h00 Temps de Lecture 3 min.

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« Dans la plupart des cas, les directions des ressources humaines réagissent promptement par des sanctions internes, allant du simple avertissement disciplinaire au licenciement pour faute grave. »
« Dans la plupart des cas, les directions des ressources humaines réagissent promptement par des sanctions internes, allant du simple avertissement disciplinaire au licenciement pour faute grave. » Michaela Begsteiger/ImageBroker / Photononstop

Tribune. Le récent licenciement de Steve Easterbrook, directeur général de McDonald’s, au motif d’avoir eu une relation avec l’une de ses employées, a connu un retentissement mondial. Au même moment, Katie Hill, élue démocrate de la Chambre des Représentants annonçait à son tour sa démission pour des raisons similaires. Depuis l’affaire Weinstein, les entreprises américaines ont pour la plupart élevé le niveau de vigilance et adopté des mesures draconiennes pour prévenir tout risque de sexisme et d’agressions sexuelles, allant même jusqu’à bannir certaines relations pourtant consenties.

Si ses répercussions n’ont été aussi importantes au sein des entreprises françaises, le mouvement Metoo a permis – et c’est heureux – de libérer la parole au sujet du harcèlement sexuel au travail, déchirant le voile d’opacité sur l’ampleur du problème. Pour cause, 32 % des femmes ont déjà été confrontées à au moins une situation de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail, selon une étude réalisée par l’institut IFOP en février 2018.

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Derrière ce terme se cachent en réalité des situations très diverses qu’il faut rappeler : agressions sexuelles, chantages à la promotion, agissements sexistes répétés, ou encore tentatives de séduction inappropriées sur le lieu de travail. Elles touchent toutes les entreprises, avec une prédominance notable dans des organisations peu féminisées au sein desquelles une culture sexiste a gagné les esprits. Par ailleurs, contrairement à une idée répandue, le harcèlement vient moins de supérieurs hiérarchiques que de collègues, de clients ou de fournisseurs, ce qui le rend d’autant plus difficile à détecter.

Crainte de la médiatisation

Dans la plupart des cas, les directions des ressources humaines réagissent promptement par des sanctions internes, allant du simple avertissement disciplinaire au licenciement pour faute grave. La crainte de la médiatisation et des risques pour la réputation de l’entreprise a sans aucun doute durci les réactions des organisations concernées.

Cependant, les cas de harcèlement restent trop souvent identifiés tardivement, alors que les préjudices sont déjà réels. En cause d’abord, la crainte des répercussions pour certaines victimes qui tendent à minimiser les faits ou espérer que la situation rentre dans l’ordre. Ainsi, Marie, cadre d’une grande entreprise rencontrée lors d’une enquête, nous confiait récemment : « Pendant longtemps, j’ai passé sous silence des propos déplacés, en minimisant leur portée, de peur également que cela ait des impacts trop importants sur ma réputation professionnelle ».

« La nature de l’autorité au sein des entreprises est en train de changer »

Les salariés en quête de sens et d’autonomie ne peuvent plus légitimer des dirigeants d’entreprises parés de leur seule position hiérarchique et ignorant la réalité du travail, observe, dans une tribune au « Monde », Thibaut Champey, lui-même directeur général d’un site de stockage et de partage de fichiers.

Publié aujourd’hui à 06h30 Temps de Lecture 3 min.

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« Il existe bien un ras-le-bol des salariés face à une certaine forme d’autorité, une autorité aveugle, sans connaissance du métier du salarié sur laquelle elle s’exerce, focalisée sur les objectifs plutôt que sur les solutions. »
« Il existe bien un ras-le-bol des salariés face à une certaine forme d’autorité, une autorité aveugle, sans connaissance du métier du salarié sur laquelle elle s’exerce, focalisée sur les objectifs plutôt que sur les solutions. » Image Source G / Photononstop

Tribune. L’ambiance au sein des entreprises serait-elle devenue quasi insurrectionnelle ? 88 % des Français jugent qu’il y a trop de « petits chefs abusant de leur autorité » dans les entreprises, selon une étude d’OpinionWay pour Dropbox réalisée en mai ; 54 % des salariés estiment qu’il y a trop de chefs, selon une autre étude d’Opinion Way pour Lumio.

Les salariés sont-ils pour autant en révolte ouverte ? Non. Selon ces études, huit Français sur dix estiment que l’autorité en entreprise est respectée, et les deux tiers des salariés ressentent même le besoin de davantage d’autorité dans l’entreprise. Face à cette contradiction apparente, les directions restent perplexes.

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Pourtant, le message est on ne peut plus clair pour qui veut bien l’entendre : il existe bien un ras-le-bol des salariés face à une certaine forme d’autorité – une autorité aveugle, sans connaissance du métier du salarié sur laquelle elle s’exerce, focalisée sur les objectifs plutôt que sur les solutions. Ce manager-là, presque tous les Français en ont connu un et il a souvent été caricaturé. Impulsif, autoritaire, on l’imagine volontiers se gargariser de ses titres et des signes extérieurs de sa fonction. C’est précisément ce que les salariés dénoncent.

Compétence

La nature même de l’autorité au sein des entreprises est en train de changer. Les fondements traditionnels de la légitimité, tels que le titre, la détention du capital, ou l’âge, sont proches de ne plus valoir un kopeck. Un rapport de force s’est subrepticement inversé : il faut désormais faire preuve de sa compétence auprès des salariés, et d’une capacité à mobiliser les ressources suffisante pour qu’ils suivent le mouvement.

Un mouvement que confirme la sociologue Danièle Linhart, qui estime dans une interview au Monde (« Les responsables du bonheur en entreprise ne soignent pas la souffrance au travail à sa source », Le Monde du 23 mars) que « les salariés, et notamment les plus jeunes, demandent à leur hiérarchie de l’expertise et de la compétence, d’avoir une connaissance réelle des métiers de leurs subordonnés et de pouvoir les aider à trouver des solutions quand se posent des problèmes professionnels ». Le supérieur n’est plus seulement suivi parce qu’il est le chef ; il l’est parce que ses salariés le reconnaissent comme étant le meilleur à cette place, tout simplement. Position inconfortable pour celui qui s’était habitué à ce que seuls les autres aient à faire leurs preuves…

Formation : le gouvernement lance une application qui sera « une vraie révolution » selon Muriel Pénicaud

La ministre du travail et le premier ministre Edouard Philippe présenteront jeudi l’application « Moncompteformation » qui permettra d’avoir immédiatement accès à au moins 100 000 sessions de formation professionnelle.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 01h13

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La ministre du travail Muriel Pénicaud (ici à gauche, à l’Elysée, le 30 octobre 2019) présentera jeudi 21 novembre l’application mobile et le site internet « Moncompteformation ».
La ministre du travail Muriel Pénicaud (ici à gauche, à l’Elysée, le 30 octobre 2019) présentera jeudi 21 novembre l’application mobile et le site internet « Moncompteformation ». LUDOVIC MARIN / AFP

Le gouvernement présentera, jeudi 21 novembre au forum des Halles à Paris, un site internet et une application pour smartphone dédiés à la formation tout au long de la vie professionnelle.

« L’application mobile Moncompteformation et le site internet qui l’accompagne sont une vraie révolution », assure, dans une interview au Journal du dimanche du 17 novembre, la ministre du travail Muriel Pénicaud, pour qui ces deux outils « vont permettre à notre pays d’entrer dans une société des compétences » et qui rappelle qu’« un métier sur deux évoluera profondément d’ici dix ans ».

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Le compte personnel de formation (CPF) « existait depuis 2015, mais il était virtuel : à peine 2 millions de Français l’ont utilisé », souligne Mme Pénicaud, expliquant que « dès jeudi, ce droit devient réel pour 25 millions de salariés ».

« Nous construisons un nouveau service public qui crée un droit attaché à la personne. Un peu comme un Livret A de la formation », explique-t-elle encore, soulignant qu’« au moins 100 000 sessions de formation seront immédiatement disponibles sur l’application, pour plus de 40 000 formations » différentes.

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« Une nécessité économique et sociale »

Pour éviter les formations « bidon », « seuls les organismes agréés préparant à un titre professionnel ou à un diplôme peuvent être référencés », explique encore Mme Pénicaud : « on ne trouvera donc que des formations ayant une valeur sur un CV ».

La ministre du travail rappelle que « le premier marqueur du chômage, c’est l’absence de formation », qui touche « 6,5 % des personnes qualifiées contre 18 % des non-qualifiés ».

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Si les cadres des grands groupes en bénéficient, « les autres, beaucoup moins », souligne-t-elle. « Or l’absence de formation continue accroît les écarts de qualification qui préexistaient, ce qui contribue à bloquer l’ascenseur social ».

« En 1971, quand Jacques Delors lançait l’idée de la formation tout au long de la vie, elle était humaniste. Désormais, elle devient une nécessité économique et sociale », résume Mme Pénicaud.

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Intelligence artificielle : « Les humains sont loin d’avoir perdu leur place en entreprise »

Selon Cyril Le Mat, chef de données IA dans une société spécialisée en ressources humaines, l’intelligence artificielle sert à humaniser le travail et non à le remplacer, dit-il dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 11h22 Temps de Lecture 2 min.

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« L’intelligence artificielle doit être abordée comme une opportunité technologique qui permet de dégager du temps au salarié et de l’aider à prendre des décisions. »
« L’intelligence artificielle doit être abordée comme une opportunité technologique qui permet de dégager du temps au salarié et de l’aider à prendre des décisions. » Luciano Lozano/Ikon Images / Photononstop

Tribune. Nous sommes aujourd’hui submergés d’articles, d’entretiens et de tweets sur l’intelligence artificielle (IA) émanant de personnes déconnectées de la réalité technique, mais qui puisent sans vergogne dans un imaginaire de concurrence et de soumission afin de générer toujours plus d’émotion et de clics.

En tant qu’expert et praticien de l’IA en entreprise, ma volonté est ici d’éclairer sur les enjeux du développement de ces nouveaux outils qui se révèlent plus humains qu’on ne pourrait le penser. Car la réalité est là : ce qu’on appelle l’intelligence artificielle n’est qu’une succession d’outils spécialisés, chacun consacré à l’optimisation d’une unique tâche répétitive. Exemple classique : l’imagerie médicale où un algorithme va analyser pour un cancer précis des centaines d’images afin de proposer au médecin un diagnostic. Œuvre de l’humain, l’IA n’est rien de plus que ce que l’on décide d’y mettre.

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L’IA permet avant tout d’automatiser des actions souvent répétitives, parfois ingrates, jusque-là opérées par des collaborateurs. Il faut en finir avec l’idée reçue qui remettrait aux mains des machines la majorité de l’activité humaine de l’entreprise. L’IA doit être abordée comme une opportunité technologique qui permet de dégager du temps au salarié et de l’aider à prendre des décisions.

Du sens au travail

Le collaborateur va donc pouvoir se concentrer sur d’autres missions plus « humaines », où il aura plus de valeur ajoutée. Il pourra d’un côté se focaliser sur sa créativité, son innovation et son analyse ; de l’autre, se consacrer aux relations humaines, qu’elles soient internes ou externes à l’entreprise : par exemple, une infirmière pourra consacrer plus de temps à ses patients. En cela, l’IA redonne du sens au travail, quête essentielle pour les jeunes générations.

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Opaque dans son fonctionnement, l’IA est un outil qui nécessite une interaction, par certains aspects, similaire à celle entre humains. Sur ce point, les solutions connues du grand public sont encore loin de la maturité. En effet, les GAFA [Google, Apple, Facebook et Amazon] ont pour principal but de garder captifs leurs utilisateurs en ne leur fournissant ni outils de pilotage ni justification. Il faut pourtant s’assurer qu’humain et IA se comprennent tant sur les questions que sur les réponses ! La collaboration avec l’humain est un enjeu-phare pour les solutions d’entreprise dont la progression va affecter positivement la réalité du travail.

Ne soyons pas naïfs, des suppressions d’emplois causés par l’IA auront lieu. Mais la réalité sera loin des nombreuses prédictions de certains groupes de réflexion ou d’essayistes hors sol annonçant selon les cas la suppression de 30 % à 90 % des emplois actuels. Les humains sont loin d’avoir perdu leur place en entreprise. Avec le développement des solutions IA au travail, les salariés se tourneront vers des missions plus enrichissantes pour des carrières plus épanouissantes.

Les risques du télétravail « sauvage »

En l’absence de contrat ou d’avenant instaurant et organisant le télétravail avec des plages horaires, le salarié risque de ne pas se voir reconnaître un accident de travail s’il se produit au lieu et au temps de travail, explique l’avocate Jacqueline Cortès dans sa chronique.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 2 min.

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« L’employeur peut se voir reprocher une violation de son obligation de protection de la santé et de la sécurité du salarié. Cette obligation de droit commun s’impose à la situation de télétravail. »
« L’employeur peut se voir reprocher une violation de son obligation de protection de la santé et de la sécurité du salarié. Cette obligation de droit commun s’impose à la situation de télétravail. » Quentin Hugon / Le Monde

Question de droit social. Le télétravail, assoupli par les ordonnances du 22 septembre 2017, peut exposer l’entreprise à de multiples risques. Les ordonnances Macron ont en effet instauré un quasi-droit au télétravail, en obligeant l’employeur à motiver un éventuel refus. Le télétravail peut être organisé par accord collectif, dans une charte ou à défaut par « tout moyen » en accord direct avec le salarié.

Dans les faits, le ministère du travail constatait, dans une étude publiée le 4 novembre, que plus de la moitié des salariés pratiquent le télétravail en dehors de toute formalisation contractuelle.

Les avantages du télétravail sont nombreux pour le salarié comme pour l’employeur : supprimer le trajet domicile-entreprise, et donc réduire la fatigue, mieux concilier vie privée et vie professionnelle, diminuer les accidents de trajet et la pollution routière, etc. Il peut également faciliter l’emploi de personnes en situation de handicap ou de proches aidants. Mais installer le travail à domicile est une modification considérable des conditions de travail qui génère aussi des risques spécifiques.

Amende significative

Le salarié risque de ne pas se voir reconnaître un accident de travail, qualifié comme tel par l’article L1222-9 du code du travail, s’il se produit au lieu et au temps de travail. En effet, en l’absence de contrat ou d’avenant instaurant et organisant le télétravail avec des plages horaires, c’est le salarié qui aura la charge de démontrer le lieu et le temps de travail.

L’employeur peut, quant à lui, se voir reprocher une violation de son obligation de protection de la santé et de la sécurité du salarié. Cette obligation de droit commun s’impose à la situation de télétravail. Encore faut-il que l’entreprise se soit assurée que le poste de travail au sein du domicile est conforme aux normes de sécurité et d’ergonomie, afin d’éviter accidents et maladies. La sécurité des données personnelles est une autre prise de risque pour l’employeur, lorsque le salarié utilise du matériel personnel. Or l’amende peut être significative (4 % du chiffre d’affaires).

Enfin, l’éventuelle dégradation de la santé psychique du salarié liée à l’isolement est un risque pour tous : ainsi, dans le cas d’un salarié en télétravail licencié pour avoir menacé une collègue, la Cour de cassation a jugé qu’il fallait rechercher si le comportement du salarié n’était pas lié à un état de santé dégradé par son isolement professionnel (Cass. soc. 21 juin 2011, no 10-12116). S’il est généralement vécu comme source de souplesse dans l’organisation de travail du salarié, le télétravail doit toujours être instauré dans un cadre préalablement défini avec l’employeur, sans oublier les procédures de communication.

Le plan de Radio France prévoit 299 suppressions de postes

La direction a annoncé, jeudi, son plan d’économies et promet la création de 76 postes, dont 50 pour le numérique.

Par Publié le 14 novembre 2019 à 16h00, mis à jour à 09h55

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Le siège de Radio france en janvier 2018.
Le siège de Radio france en janvier 2018. LUDOVIC MARIN / AFP

Le plan de réduction budgétaire de Radio France entre dans sa seconde phase. A l’occasion d’un long comité social et économique (CSE), qui a duré plus de dix heures, jeudi 14 novembre, Sibyle Veil a enfin précisé l’ampleur des départs, qui doivent lui permettre de réaliser 60 millions d’euros d’économies à l’horizon 2022.

Ainsi, la présidente de la radio publique prévoit 299 suppressions de postes, sur un effectif total de 4 600 équivalents temps plein environ. En parallèle, 76 postes seront créés, dont 50 pour le numérique. « J’ai veillé à limiter au strict nécessaire le nombre de départs volontaires de salariés. Nous avons pris en compte les départs déjà prévus dans les prochaines années et les postes actuellement vacants », a assuré Sibyle Veil dans un courrier adressé jeudi matin au personnel.

Du coup, 236 salariés seront invités à participer à ce plan de départs volontaires. Les sept radios (Franceinfo, France Inter, France Culture, France Musique, Mouv’, France Bleu et FIP) ainsi que les quatre formations musicales sont conservées. En revanche, le chœur symphonique va être sérieusement amputé : son effectif va passer de 93 à 60 personnes.

Deux autres départements seront également très touchés. La direction de la production et des antennes va fondre de 10 % avec la disparition de 41 postes de techniciens, dont 25 spécifiquement dédiés au son. Les réalisateurs et les assistants-réalisateurs, surtout présents chez France Culture et France Musique, vont perdre 30 postes, pour tomber à 92 salariés. « Certaines directions ne seront pas touchées par ces départs, à cause de leur organisation. Comme, par exemple, France Bleu », a également tweeté le syndicat SNJ, présent à la réunion.

Des coupes auront lieu un peu partout dans le groupe

Ensuite, des coupes chirurgicales auront lieu un peu partout dans le groupe, aussi bien chez les administratifs que chez les journalistes. La moitié des postes de femmes de ménage va disparaître. Chez FIP, par exemple, « la direction supprime les flashs (quatre journalistes en moins) (…) et les animatrices en région », a précisé le SNJ.

Ces départs s’étaleront sur trois ans et concerneront soit des salariés partant à la retraite, soit des personnes ayant un projet précis à l’extérieur. En revanche, les accompagnements financiers des partants « sont au ras des pâquerettes », estime une source syndicale, prenant l’exemple des quatre mois de bonification qui seront proposés aux futurs retraités. « C’est en dessous de la convention, car, souvent, ces gens ont trente-cinq à quarante ans d’ancienneté. »

Pour le moment, la direction a renoncé à évoquer la suppression de jours de congés, contrairement à ce qu’elle laissait entendre avant l’été. « C’est censé venir dans un second temps », dit un témoin de la réunion. Dans un rapport explosif de février 2019, la Cour des comptes avait estimé que « le temps de travail dans l’entreprise, fixé par l’accord du 27 janvier 2000, demeurait particulièrement faible ».

Les syndicats doivent se réunir vendredi pour décider de la suite à donner à ces annonces. Le même jour, Sibyle Veil s’exprimera également devant les salariés. Un nouveau CSE doit se réunir les 25 et 26 novembre pour « négocier », explique un syndicaliste, qui ne voit pas « trop ce qu’il y a à négocier ». Une première journée de grève avait été très suivie le 18 juin.

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Elle faisait suite à la présentation par Sibyle Veil de Radio France 2022, un plan prévoyant une modernisation de l’entreprise publique pour aller vers les métiers du numérique (création de podcasts ou d’une offre « jeunes »), mais surtout 60 millions d’euros d’économies à réaliser pour un budget total de 671 millions d’euros, dont 600 millions d’euros de ressources publiques, selon les chiffres de 2018.

Perspective d’une holding

Objectif : faire face à la baisse de la dotation de l’Etat de 20 millions d’euros, à la hausse mécanique des charges de 20 millions d’euros et à une dépense supplémentaire de 20 millions d’euros pour financer le numérique.

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En toile de fond du plan, la perspective d’une holding chapeautant à la fois France Télévisions et Radio France, que le gouvernement souhaite créer dans le cadre du projet de loi sur l’audiovisuel qui doit être adopté en 2020, inquiète à tous les étages de la « maison ronde ». Ce plan ne serait-il pas un « affaiblissement organisé avant un mariage forcé avec France Télévisions ? », s’interroge le SNJ. « Le risque, c’est de voir la radio publique aspirée par la télévision. Que restera-t-il alors de sa créativité, de son agilité ? », met en garde l’un des dirigeants du groupe public.

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Léger coup d’arrêt à la baisse du chômage, selon l’Insee

Selon les données diffusées jeudi, le taux de chômage s’est accru de 0,1 point au troisième trimestre pour passer à 8,6 % de la population active. Néanmoins, selon l’institut de la statistique, la tendance globale à la baisse enclenchée en 2015 se maintient.

Par Publié aujourd’hui à 11h21

Temps de Lecture 2 min.

Un stand d’information du forum pour l’emploi de Saint-Herblain (Loire-Atlantique).
Un stand d’information du forum pour l’emploi de Saint-Herblain (Loire-Atlantique). Alain Le Bot / Photononstop

Il s’agit d’une légère dissonance dans le concert de bonnes nouvelles qui, jusqu’à présent, tombaient sur le front de l’emploi. Selon les données diffusées jeudi 14 novembre par l’Insee, le taux de chômage s’est accru de 0,1 point au troisième trimestre pour passer de 8,5 % à 8,6 % de la population active sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, mais sans Mayotte). Il faut remonter aux trois premiers mois de 2018 pour retrouver la trace d’une hausse de cet indicateur.

« C’est une petite surprise, car nous avions anticipé, dans notre dernière note de conjoncture, une poursuite de la diminution pour la période allant de début juillet à fin septembre, commente Sylvain Larrieu, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail à l’Insee. Mais nous l’interprétons comme une quasi-stabilité, car le nombre de chômeurs a progressé de seulement 10 000. Ce n’est pas un retournement. »

Une situation « relativement bonne »

A ses yeux, la tendance à la baisse, enclenchée depuis la mi-2015 de façon presque ininterrompue, se maintient, sur un rythme d’environ 0,5 point par an. Les chiffres rendus publics jeudi doivent d’autant plus être relativisés, selon M. Larrieu, qu’ils comportent un petit aléa statistique, lié au fait que le taux de chômage est calculé à partir d’une enquête auprès d’un échantillon représentatif d’environ 100 000 personnes.

Une analyse partagée par Bruno Ducoudré, de l’Observatoire français des conjonctures économiques. « Les dernières données de l’Insee vont un peu à contre-courant de la situation de l’emploi, qui s’avère relativement bonne », affirme-t-il. Au troisième trimestre, les effectifs dans le secteur privé ont progressé d’un peu plus de 54 000, soit une augmentation de 0,3 % (contre +0,2 %, de début avril à fin juin). Sur un an, l’évolution est encore plus nette : +1,4 %, grâce à quelque 263 200 créations net de postes, ce qui, dans l’absolu, « est suffisant pour faire reculer le nombre de personnes à la recherche d’une activité », ajoute M. Ducoudré. « Chaque année, depuis 2015, le taux de chômage a rebondi sur un trimestre, sans que cela ne stoppe le reflux. Pour le moment, nous ne sommes pas confrontés à une inversion de ce mouvement. »

L’objectif d’Emmanuel Macron de parvenir à un taux de chômage de 7 % à la fin de son mandat s’annonce difficile à tenir.

Il n’en demeure pas moins que le coup d’arrêt constaté par l’Insee, entre début juillet et fin septembre, ternit la communication du gouvernement sur les performances de sa politique économique. L’objectif d’Emmanuel Macron de parvenir à un taux de chômage de 7 % à la fin de son mandat s’annonce, plus que jamais, difficile à tenir.

A l’heure actuelle, il y a près de 2,53 millions de chômeurs, au sens du Bureau international du travail qui fait foi pour l’Insee. Un chiffre nettement moins élevé que celui issu des fichiers de Pôle emploi : au troisième trimestre, quelque 3,62 millions d’individus sans aucune activité s’étaient signalés auprès de l’opérateur public. L’écart entre ces deux mesures, qui existe depuis plusieurs années, tient au fait que les méthodes et définitions retenues ne sont pas les mêmes. Des approches différentes qui peuvent aussi expliquer que les données de Pôle emploi soient orientées à la baisse entre juillet et septembre, contrairement à celles de l’Insee.