Le secteur de la construction est un moteur de l’emploi en Espagne
En 2018, 566 000 emplois nets ont été créés en Espagne en 2018(+ 3 %), dont 136 000 dans le secteur de la construction. Le taux de chômage redescend à 14,45 %, mais les emplois restent précaires.
Les forêts de grues sont revenues dans le paysage espagnol. Tout autour de Madrid, la vigueur du secteur de la construction saute aux yeux et se traduit aussi dans les chiffres de l’emploi. En 2018, 566 000 emplois net ont été créés en Espagne (+ 3 %), principalement dans le secteur des services (428 000), mais aussi dans la construction (136 000), selon l’institut national de statistique. Le taux de chômage est ainsi redescendu à 14,45 % des actifs, alors qu’il frôlait les 27 % en 2013.
La banlieue nord de Madrid, la plus cotée, ne compte plus les chantiers résidentiels, comme à Majadahonda, à 16 kilomètres de la capitale, où s’affaire José Luis Gutierrez. « Je coordonne la construction de cinquante pavillons par cent vingt ouvriers », montionne ce chef de chantier quinquagénaire, dans le bruit des bétonneuses et des camions. Alors que, derrière lui, d’autres grues travaillent à l’édification de pavillons individuels et d’immeubles, il assure avoir des difficultés pour recruter car, « durant dix ans, plus personne n’a appris les métiers, et nous manquons de personnel expérimenté ».
« Après une traversée du désert très difficile pour le secteur, cela fait maintenant trois ans que la construction récupère le terrain perdu, explique Daniel Cuervo, secrétaire général de l’Association des promoteurs et constructeurs d’Espagne. En 2018, près de 100 000 permis de construire ont été accordés, contre 50 000 en 2015. La demande interne est repartie, et les acheteurs internationaux représentent près de 20 % des transactions d’achat-vente. » Il témoigne que les constructeurs peinent à trouver des travailleurs qualifiés. « Beaucoup d’étrangers ont quitté le pays durant la crise, et les plus âgés de la main-d’œuvre locale sont partis à la retraite. Et, malheureusement, la construction n’est pas un secteur attractif pour les jeunes. Nous devons nous réinventer et introduire plus de technologie pour qu’elle le devienne… », déclare-t-il.
Les conditions de travail se sont dégradées
L’Espagne reste loin des niveaux d’activité de 2008, lorsque le pays vivait un boom économique appuyé par une bulle immobilière. Si près de 1,4 million de personnes travaillent maintenant dans le secteur de la construction, ce qui correspond à 8,7 % des emplois, ils étaient 3 millions en 2008. Surtout, les conditions de travail se sont dégradées, comme l’assure, Alejandro Beas, ouvrier sidérurgiste de 54 ans : « Avant la crise, pour neuf heures de travail par jour, je gagnais 1 800 euros mensuels. Aujourd’hui, pour dix heures, on me paie 1 300 euros. » Hassan, 39 ans, lui, se réjouit d’être embauché « depuis un an, sans pause », ce qui ne lui était pas arrivé ces huit dernières années.
Le Medef, qui avait claqué la porte lundi de la discussion sur l’assurance-chômage pour protester contre les déclarations d’Emmanuel Macron sur le « bonus-malus », va revenir à la table des discussions, a présenté jeudi 31 janvier son président Geoffroy Roux de Bézieux, dans une conversation au Parisien :
« Je vais proposer à nos instances – et je ne doute pas qu’elles acceptent – de revenir dans la négociation, même si elle est difficile. »
Les organisations patronales avaient arrêté lundi leur contribution à la négociation, fâchées par la « détermination » affichée par Emmanuel Macron, lors de sa rencontre jeudi avec des citoyens dans la Drôme, à mettre en place le « bonus-malus » sur les contrats courts réclamé par les syndicats pour lutter contre la précarité.
« Désinciter à la précarité des contrats »
Mais le premier ministre, Edouard Philippe, a assuré mercredi à l’Assemblée que c’était aux organisations patronales et syndicales de conduire la négociation, sans prononcer le mot « bonus-malus » honni par les organisations patronales :
« C’est à elles qu’il revient de définir les façons, les instruments, les moyens pour faire en sorte que notre système d’indemnisation du chômage puisse être à nouveau équilibré (…), favoriser le retour à l’emploi et, en tout état de cause, favoriser la pérennité des contrats et “désinciter” à la précarité des contrats. »
Le désaccord de lundi avait causé l’annulation d’une séance de négociations jeudi, au cours de laquelle le patronat devait présenter un texte global sur tous les points délicats, dont la lutte contre les contrats courts, la gouvernance du système et les règles d’indemnisation.
Lorsqu’une nouvelle séance sera programmée une autre fois, « nous allons faire des propositions alternatives [au bonus-malus] », a répété M. Roux de Bézieux. L’objectif est de conclure la négociation le 20 février. De sa part, le secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), Jean-Eudes Du Mesnil, a déclaré que son organisation considérait « positivement les déclarations du premier ministre » et allait « très rapidement consulter ses instances pour décider » d’un retour aux négociations.