Archive dans 2018

Travailler le dimanche concerne déjà un salarié sur cinq

« Aujourd’hui, travailler le week-end est loin d’être exceptionnel : 4,2 millions de salariés ont travaillé au moins un dimanche par mois en 2015 ».

Serpent de mer des débats publics, le travail du dimanche refait à nouveau surface. Dans une tribune parue le 19 août dans le JDD, plusieurs députés de La République en marche (LRM) plaident pour un nouvel assouplissement de la législation encadrant le travail dominical.

les établissements dont le fonctionnement est rendu nécessaire par l’activité ou les besoins du public ont le droit d’ouvrir le dimanche

Aujourd’hui, travailler le week-end est loin d’être exceptionnel : 4,2 millions de salariés ont travaillé au moins un dimanche par mois en 2015, selon le service des statistiques du ministère du travail (Dares), soit près d’un salarié sur cinq. Quant aux indépendants : ils sont plus d’un million à travailler au moins un dimanche par mois, soit 37 % de cette catégorie d’actifs.

Il faut dire que la loi permet déjà à de nombreuses entreprises d’exercer leur activité le dimanche, sous conditions. Si le Code du travail précise que « dans l’intérêt des salariés, le repos hebdomadaire est donné le dimanche », il prévoit aussi de nombreuses exceptions. Et les majorations de salaire en cas de travail dominical ne sont pas toujours prévues.

Ainsi, les établissements dont le fonctionnement est rendu nécessaire par l’activité ou les besoins du public ont le droit d’ouvrir le dimanche. La liste est vaste : les restaurants, les hôpitaux, mais aussi les magasins de bricolage ou les entreprises de spectacle sont concernés. Tous ces établissements peuvent déroger de droit à la règle du repos dominical, sans majoration obligatoire de salaire. Même chose pour le commerce de détail alimentaire, où le repos dominical peut être accordé seulement à partir de 13 heures le dimanche. Les salariés « rattrapent » alors leur repos hebdomadaire un autre jour.

Les entreprises industrielles dont les équipes travaillent par roulement peuvent également déroger à la règle du repos hebdomadaire : soit par accord collectif ou d’entreprise,…

Jeunes diplômés, attention aux fausses croyances avant de commencer le travail :

Après des années d’études, l’arrivée des jeunes diplômés sur le marché d’emploi est un saut dans un nouveau monde. Il est temps pour eux de prendre conscience de ce qui les attend.

L’entreprise est un lieu d’innovation

Sans doute s’agit-il d’une incompréhension. La créativité dans l’entreprise est prise au sens d’améliorations continues, pas à pas, mais nous sommes loin des révolutions créatives. L’entreprise est  un lieu d’optimisation des marges, des coûts et des clients. On y parle de normes, de standards et d’objectifs, de rendement, d’efficacité mais surtout pas de révolution.

Le monde de l’entreprise est rationnel, logique et cohérent :

Si vous pensez que l’entreprise est un monde rationnel et cohérent, vous faites fausse route. Dans la réalité, l’entreprise est traversée de multiples logiques paradoxales : les commerciaux s’opposent aux administratifs, les responsables de la qualité aux responsables de la fabrication. Coopérer devient un exploit que l’on vous demande d’accomplir quotidiennement, avec bonne humeur.

Tout le monde peut devenir un leader

Nous ne sommes pas tous des Angela Merkel, des Bill Gates, des Marc Zuckerberg ; nous ne sommes pas tous charismatiques. Il faudra faire avec. Faire son job, le mieux que l’on peut, n’est déjà pas très facile.

Il existe une vraie crise de leadership dans les organisations

Vrai. Il y a une vraie crise du leadership dans les entreprises. Il est très difficile de trouver des hommes ou des femmes capables de supporter des pressions venues sur 360° : collègues, hiérarchie, collaborateurs, clients. Pour gravir les échelons, il faut du temps pour comprendre ce qui se passe dans son entreprise. Toute forme de précipitation conduit les étoiles filantes du management en fines poussières.

Ceux qui parlent bien, qui savent se vendre auront des promotions plus facilement que les autres

Les donneurs de leçon, les politiciens en herbe, les péroreurs agacent plus qu’ils ne se valorisent. Vous les détestez ? Alors mettez-vous à la place de ceux qu’ils flattent et demandez-vous ce qu’ils en pensent vraiment ?

Adopter un profil bas

Vrai. Ceci est un corollaire du point précédent. Faites votre job d’expert, devenez la personne indispensable, en qui l’on a confiance, soignez vos relations avec les autres et laissez la politique et la stratégie aux grands.

Mon chef n’y comprend rien

Si vous pensez cela vous êtes déjà en difficulté. Votre chef a été nommé par une hiérarchie après de longues discussions. Ses qualités techniques et managériales ont été reconnues. Vous ne pouvez strictement rien contre lui. Au contraire, plus vous vous opposerez plus il vous exclura de ses réflexions et des promotions simplement parce qu’il pense que vous n’êtes pas crédible.

Dernier point, il faut beaucoup d’expérience pour progresser. Malheureusement.

Mathilde Ramadier : « Echouer, un privilège que s’arrogent les patrons de la Silicon Valley »

« Fail fast, fail often. » Echouez vite, échouez souvent. C’est l’un des mantras les plus répétés dans la Silicon Valley – si bien que son écho rebondit jusque dans nos oreilles. En France aussi, à Bercy, Toulouse ou encore Grenoble, on organise désormais des « failcon », des conférences sur l’échec, calquées sur le modèle californien. Le nom fait sourire, mais force est de constater que cela a quelque chose de réjouissant. Lors de ces conférences, on y apprend non seulement qu’on a droit à l’échec mais qu’on peut même le provoquer, à bon escient.

Bill Gates, Steve Jobs et Mark Zuckerberg, pour ne citer qu’eux, en ont eu marre de l’élite des premiers de la classe et l’ont répété maintes fois : inutile d’être bon à l’école les gars, « you’re too cool for school » (« vous êtes trop cool pour aller à l’école »), renoncez à la fac, « drop out ! » Lors de son discours prononcé le 12 juin 2005 à l’université Stanford, Steve Jobs, alors PDG d’Apple, enjoignait même les étudiants à rester « déraisonnables ». Chic, pourrait-on se dire, c’en est fini de la tyrannie de la réussite, de l’excellence à la française ! On sait qu’on peut toujours compter sur la Silicon Valley pour nous apporter un peu de disruption.

J’ai, pour ma part, un souvenir vivace de l’esprit de compétition qui régnait au lycée, avec ses filières plus prisées que d’autres et les résultats de contrôles annoncés dans l’ordre décroissant. En prépa, en école d’art, où l’on prônait pourtant le droit à l’expérimentation, certains enseignants nous accueillaient en cours avec les cinq meilleurs travaux punaisés au mur. On devait prendre exemple sur ceux qui n’échouaient pas. Les créations les moins abouties, qu’on aurait pu commenter pour permettre de progresser, n’avaient pas droit de cité. On continuait de faire le tri entre les bons élèves et ceux qui seraient « en échec ».

Quittons la cour d’école pour les open spaces. De quels échecs parle-t-on, dans la…

L’accès à la totalité de l’article est protégé Déjà abonné ?

A Marseille, la justice suspend la fermeture du McDo des quartiers nord

La justice a renvoyé au 3 septembre l’examen d’un projet de cession de six McDonald’s marseillais, contesté par les salariés. Cette cession, suspendue, prévoit la reprise de cinq restaurants gérés par un franchisé, Jean-Pierre Brochiero, par un autre franchisé marseillais, et la transformation du sixième, dans le quartier de Saint-Barthélemy, en un restaurant asiatique halal.

Le comité d’entreprise et le CHSCT des restaurants demandaient l’interdiction du projet, car ils estiment que le projet de restaurant asiatique n’est pas viable, et qu’il mettrait en péril 77 emplois. Les salariés et les habitants du quartier se mobilisent aussi pour préserver le McDo, poumon économique et vecteur de lien social.

Une prochaine audience doit se tenir le 27 août, cette fois à la demande du franchisé, qui réclame l’annulation de la suspension de la procédure de cession.

Lire notre reportage :   Les quartiers nord de Marseille se battent pour garder leur McDo

Emploi : Auvergne-Rhône-Alpes, 4ème position dans les régions les plus dynamiques de France

Selon le site internet RegionJob, la région Auvergne-Rhône-Alpes serait classée en 4ème position dans les régions les plus dynamiques de France. Pour preuve, l’augmentation de 38 % au premier semestre du nombre d’offres d’emplois. Le Rhône, l’Isère et la Haute-Savoie seraient les départements qui recrutent le plus.

L’étude est réalisée par le site internet RegionJob qui est le « second acteur privé de l’emploi et du recrutement en France ». Le site s’appuie sur un total de « 11 millions de mises en relation candidats-recruteurs en un an ».

Selon cette étude, Auvergne-Rhône-Alpes aurait proposé 38% de postes en plus au premier semestre 2018 et se classerait donc à la 4ème place des régions les plus « dynamiques » de France.

Dans le détail, c’est le Rhône qui continuerait à proposer le plus d’offres d’emplois (31%), suivi de l’Isère (12 %) , de la Haute-Savoie (9%), de la Drôme (8%) et de l’Ain (7%).

Voici les secteurs qui proposent le plus d’offres :

– Service aux entreprises
– Energie / environnement
– Transport / logistique
– Production manufacturière
– Industrie agro-alimentaire
– Construction BTP
– Distribution
-Informatique
– Banque/assurance/finance
– Industrie automobilse/mécanique /navale.

Enfin, toujours selon RegionJob, 68 % des offres d’emplois seraient des CDI dans cette région.

Air France KLM : le nouveau directeur général touchera jusqu’à 4,25 millions d’euros par an

Le directeur général du groupe Air France-KLM, Benjamin Smith, en juin 2016.

La rémunération de Benjamin Smith, nommé directeur général du groupe Air France-KLM, pourra atteindre un montant maximum de 4,25 millions d’euros par an, soit plus du triple de celle de son prédécesseur, a indiqué vendredi 17 août une source proche du dossier.

Cette somme comprend une part de rémunération fixe de 900 000 euros et une part variable en fonction des résultats atteints, d’un maximum de 150 % du salaire fixe (1,350 million), selon la même source. Le reste des 4,25 millions est une rémunération en actions soumise à la réalisation de l’ensemble des objectifs fixés au directeur général.

Lire aussi :   Le Canadien Ben Smith prend les commandes d’Air France-KLM

En 2017, selon le document de référence du groupe, le montant de la rémunération fixe annuelle de Jean-Marc Janaillac, PDG du groupe, avait été de 600 000 euros, un montant inchangé depuis sept ans, et sa rémunération variable avait atteint 522 000 euros. Soit un salaire annuel total de 1,122 million d’euros. M. Janaillac avait décidé de renoncer à une partie de sa rémunération variable pour la garder à 510 000 euros, au même niveau de celle qui lui avait été attribuée pour 2016. Il n’avait pas bénéficié d’une rémunération variable pluriannuelle ni de rémunération exceptionnelle.

La part variable de la rémunération de M. Janaillac (80 % de sa rémunération fixe et un maximum de 100 % de cette rémunération) reposait sur plusieurs critères de performances financière et qualitative liés à l’efficacité de la gouvernance et à la réalisation des objectifs stratégiques et de développement fixés.

« Rémunération choquante »

Benjamin Smith, un Canadien de 46 ans qui était jusqu’alors numéro 2 d’Air Canada, a été nommé jeudi directeur général d’Air France-KLM. Le montant évoqué pour sa rémunération a immédiatement provoqué la polémique dans les rangs de la gauche de la gauche, de la droite et de l’extrême droite.

« Pourquoi doit-il gagner trois fois plus que son prédécesseur ? Alors qu’on refuse toute augmentation aux salariés », a demandé le député de La France insoumise Alexis Corbière dans un tweet. « Il faut revenir sur ce salaire mirobolant », c’est une décision « honteuse », a également critiqué le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles sur LCI. Le nouveau patron, Benjamin Smith, est « le même qui va expliquer aux salariés d’Air France qu’il faut aller vers la modération salariale », s’est-il insurgé.

Pour le député UDI Bertrand Pancher, « la hauteur de sa rémunération est choquante », a-t-il dit au Parisien, et il faut une « explication de texte » du gouvernement – sachant que l’Etat détient 14,3 % du capital de la compagnie. La commission du Développement durable à l’Assemblée nationale va auditionner M. Smith en septembre, a précisé M. Pancher.

Le porte-parole du Rassemblement national (RN, ex-FN), Sébastien Chenu, a abondé dans le même sens en dénonçant « un dirigeant étranger poussé par un groupe concurrent, au salaire exorbitant… La France recule, avec la bénédiction d’Emmanuel Macron », en a-t-il conclu.

Au sein de la majorité LRM, le député Aurélien Taché a remarqué que si « le conseil d’administration d’Air France a validé ce salaire, c’est qu’il pense certainement que la compétence et l’expérience de M. Smith le justifient ». Or, le nouveau patron a selon lui « un bilan remarquable » et un « parcours (qui) laisse penser qu’il est vraiment l’homme de la situation ».

Lire aussi :   Air France-KLM : une compagnie sans pilote

Le patron du « Financial Times » devra rendre son augmentation de salaire

John Ridding, le patron du « Financial Times », à Londres,  le 30 novembre.

C’est une petite ligne à la page 20 du rapport annuel du Financial Times, publié discrètement sur le registre du commerce britannique le 27 juillet, qui a mis le feu aux poudres. Conformément à la loi, le salaire du directeur général, John Ridding, y était inscrit : 2,6 millions de livres (2,9 millions d’euros) pour 2017. Soit une hausse de 25 % par rapport à l’année précédente, de 50 % par rapport à 2015 et de 170 % par rapport à 2012.

De quoi provoquer la bronca chez les salariés. Si le quotidien financier britannique est un journal qui va plutôt bien et est en train de réussir son virage numérique, les budgets sont malgré tout serrés. Les journalistes peinent à faire approuver leurs notes de frais et la trésorerie est surveillée de près. « M. Ridding a empoché 2,6 millions de livres la même année qu’on a demandé au FT d’économiser 2,5 millions de livres sur son budget éditorial, provoquant une réduction de vingt emplois de journalistes », s’agace un syndicaliste, dans un courriel interne que Le Monde s’est procuré.

Mercredi 15 août, M. Ridding a dû reconnaître sa défaite. Quelques heures avant une réunion syndicale qui risquait d’être houleuse, il a annoncé qu’il rendait son augmentation de 510 000 livres. Etant donné qu’il a déjà payé des impôts sur cette somme, il ne retournera précisément que 280 000 livres.

Dans un courriel interne au ton agacé, il s’est d’abord justifié de sa rémunération, soulignant les bons résultats du Financial Times. En particulier, le nombre d’abonnés (en ligne et sur papier) a augmenté de 65 000 personnes en 2017, à 910 000. Puis, M. Ridding admet : « Bien que nos résultats aient été solides, je reconnais que la taille du bond dans ma rémunération en 2017 paraît anormale et a provoqué la contrariété. De nombreuses décisions importantes me reviennent, mais le dur travail collectif du FT sous-tend notre succès. »

Un soupçon d’hypocrisie

Lequel succès reste cependant mince : d’après le bilan 2017, le bénéfice opérationnel de la bible de la City était de 4 millions de livres. Le salaire de son patron représentait donc plus de la moitié de ce bénéfice. Le Financial Times, qui a été racheté par l’entreprise de presse japonaise Nikkei en 2015, rétorque que les résultats publiés au registre du commerce britannique sont incomplets, ne comprenant pas l’ensemble des ressources internationales : le vrai bénéfice opérationnel serait de 20 millions de livres.

Quelle que soit la vérité des chiffres, l’augmentation du salaire de M. Ridding a provoqué le malaise. Elle pointe aussi vers un soupçon d’hypocrisie, le Financial Times se montrant régulièrement dur contre l’envolée des salaires des grands patrons. Le 1er janvier de cette année, son éditorial était limpide. « Le capitalisme a besoin d’un nouveau contrat social. (…) Les salaires disproportionnés des patrons restent une menace incendiaire pour la confiance (envers les entreprises). Les sociétés, leurs conseils d’administration et les patrons doivent faire preuve de sens de la mesure et d’autocontrôle s’ils veulent éviter de se voir imposer des limites législatives plus lourdes. » On ne saurait mieux dire.

Sauver la planète, ensemble

« Petit manuel de résistance contemporaine », de Cyril Dion (Actes Sud, 160 pages, 15 euros).

Livre. On vous répète à l’envi que prendre une douche plutôt qu’un bain permettra d’économiser les ressources hydriques de la planète ? En réalité, 92 % de l’eau utilisée sur la planète l’est par l’agriculture et l’industrie. Vous triez, vous compostez ? Mauvaise nouvelle, les déchets des ménages représentent seulement 3 % de la production totale de déchets aux Etats-Unis et 8,3 % en Europe. Aussi incroyable que cela puisse paraître à tous ceux qui sont habités par un sentiment d’urgence écologique absolue, ce sujet n’attire pas les foules.

d’après de nombreux scientifiques, il ne resterait plus que quelques années pour réagir. Mais comment ?

Les mobilisations contre le changement climatique sont ridiculement faibles et, bien souvent, les néo-écolos « ne savent pas très bien par quoi commencer, s’épuisent dans des petites actions à faible impact, s’épanouissent dans des projets qui ne font pas encore système avec les organisations sociales, politiques, économiques qui les entourent » affirme Cyril Dion. Son ouvrage, Petit manuel de résistance contemporaine, explore les meilleures stratégies pour résister face à un danger « d’une ampleur comparable à celui d’une guerre mondiale ».

Le livre s’ouvre sur un chapitre désagréable, mais indispensable, pour établir la réflexion sur des bases solides. De quelle situation écologique parlons-nous exactement ? Accélération du réchauffement planétaire, disparition de 80 % des insectes en Europe et de 50 % des populations de vertébrés ces quarante dernières années… d’après de nombreux scientifiques, il ne resterait plus que quelques années pour réagir. Mais comment ?

Transformer notre façon de voir

Manifester, signer des pétitions, agir localement, occuper des lieux, boycotter… Toutes ces propositions faites dans d’innombrables ouvrages, articles, émissions et réseaux sociaux « n’ont aucune utilité, ou presque, si elles sont mises en œuvre de façon…

Universités : La province séduit de plus en plus d’étudiants

Auparavant la proximité géographique était un critère très important dans le choix de ses études…mais maintenant s’inscrire dans une fac à l’autre bout de l’hexagone, une démarche de plus en plus courante chez les bacheliers, y compris chez les Parisiens, séduits par la province.

De nombreux jeunes bacheliers s’apprêtent à commencer leur vie d’étudiant loin de papa et maman.  À en croire les rares chiffres qu’est en mesure de transmettre le ministère de l’Enseignement supérieur, les bacheliers semblent plus que jamais prêts à s’installer à l’autre bout de la France pour se ménager sinon une place au soleil, au moins un siège dans un amphi correspondant un tant soit peu à leur rêve de cursus post-bac.

Une concurrence moins forte

Le chiffre est d’autant plus saisissant que la région parisienne est de loin la plus dense en matière de formations prestigieuses ou valorisantes sur un futur CV. Il atteste que, dans un contexte de pression démographique où les baby-boomers des années 2000 investissent en masse le monde universitaire, certains peuvent tenter leur chance « en province » avec l’espoir que la concurrence y sera moins forte.

Un pari pas toujours juste : la cohue n’épargne en fait aucune grande ville universitaire.

À Lyon,par exemple où la population étudiante croît de 2,5 % par an, contre 1 % en moyenne ailleurs, le rectorat vient d’enregistrer 152 064 souhaits d’inscriptions de lycéens pour ses universités, IUT, BTS ou autres écoles post-bac. Les trois quarts (111 190) provenaient de jeunes non domiciliés dans la région lyonnaise !

Certes, une partie de ces candidatures « hors secteur » sont le fait d’habitants d’académies voisines, pour qui la capitale des Gaules est bien plus proche en temps que Grenoble ou Clermont-Ferrand. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’impressionnante capacité de mobilité des générations de l’an 2000.

Des filières mieux connues

« Ils sont tout simplement très habitués à bouger, en tout cas pour ceux qui ont grandi dans des milieux plutôt favorisés », remarque Laurent Champaney, directeur général du réseau d’écoles d’ingénieurs Arts et métiers, qui avoue n’avoir « aucun mal » à remplir les programmes bachelors de ses campus d’Angers ou Châlons-en-Champagne, villes pourtant peu connues pour leur effervescence universitaire. Les bacheliers qui y débutent ont 18 ans et viennent de toute la France.

De fait, c’est l’offre pédagogique et les issues professionnels des établissements, bien avant tout le reste, qui attirent les nouveaux Rastignac. À La Rochelle, qui s’est fait un nom avec ses masters spécialisés dans l’environnement et le monde portuaire, un tiers des effectifs en 2016-2017 n’étaient pas originaire de Poitou-Charentes « sans qu’on ait fait la moindre campagne pour attirer à l’extérieur », précise la communication de l’université.

En tout cas, « l’existence de plateformes numériques, comme Parcoursup, permet aux jeunes d’avoir beaucoup plus de lisibilité sur l’offre de formation au niveau national et, par ce fait, de candidater partout où existe la filière qui les intéresse », remarque Anne Giroir-Fendler, vice-présidente de l’université Lyon-1 en charge de la vie étudiante. Elle en est sûre : « Nous allons avoir de plus en plus d’étudiants qui viennent d’ailleurs dans les années à venir. »