Handicap : malaise dans le secteur « protégé et adapté »
Pour les personnes durement handicapées, les établissements et services d’aide par le travail (ESAT) et les entreprises adaptées (EA) représentent bien souvent la seule porte d’entrée vers l’emploi. Ces structures sociales, qui composent ce que l’on appelle « le secteur adapté et protégé » ont pour mission d’accueillir les personnes les plus éloignées de l’emploi du fait de leur handicap. Mais tout n’est pas rose au sein de ces établissements. A l’instar des entreprises en milieu « ordinaire », les Esat et les EA ne sont pas épargnées par des tensions en leur sein.
Ces dernières années, des difficultés sporadiques ont agité plusieurs établissements du secteur protégé et adapté. A Reims, dans les Pyrénées-Atlantiques, dans l’Ain, à Lourdes… aucune région de France n’est épargnée. Un exemple parmi d’autres : fin juin, une partie du personnel de l’ESAT Claude-Martinière à Scaër, ainsi que d’autres établissements gérés par l’Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH), s’est mis en grève pour protester contre la dégradation de ses conditions de travail.
« On nous demande de faire toujours plus avec moins », regrette Antoine Gougeon, éducateur spécialisé et délégué syndical FO action sociale. Une dégradation consécutive aux coupes budgétaires liées à la « décentralisation », selon l’éducateur, qui affecte directement les établissements gérés par l’APAJH. Et les travailleurs lourdement handicapés accueillis par la structure en paient le prix. « Alors que l’on accueille de plus en plus de personnes vieillissantes et dont le handicap s’aggrave, il y a un déficit d’encadrement certain et des exigences croissantes en termes d’adaptabilité qui pèsent sur elles », regrette Antoine Gougeon.
Pressions
Attaché en grande partie des subventions publiques, ces établissements doivent répondre aux exigences des donneurs d’ordre pour lesquelles ils travaillent, tout en tenant compte du handicap de leur personnel. A la fois humain et financier, cet équilibre n’est pas simple à trouver. A fortiori pour les EA, qui sont des entreprises à part entière et doivent donc être rentables (les Esat, qui accueillent les travailleurs les plus lourdement handicapés, sont des établissements médico-sociaux).