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« Lorsque l’IA invente une décision de justice et que le juriste ne la vérifie pas, ce n’est plus une erreur mais une faute »

Damien Charlotin.

Docteur en droit, Damien Charlotin enseigne à l’Ecole des hautes études commerciales (HEC) de Paris et à Sciences Po Paris, où il conduit des recherches sur l’adaptation du droit et des juristes à la technologie et à l’intelligence artificielle (IA). Depuis le début de l’année, il tient à jour sur son site une base de données des cas problématiques d’utilisation d’IA par des juristes.

Vous avez fait une liste des cas d’« hallucination » de l’IA dans des affaires juridiques. De quoi s’agit-il exactement ?

Au tribunal, les avocats s’appuient toujours sur des affaires déjà jugées pour soutenir leur défense. La base de données que j’ai créée recense les cas où, lors de plaidoiries, certains d’entre eux ont présenté au juge une jurisprudence inventée ou erronée en raison des « hallucinations » d’un outil d’intelligence artificielle qu’ils avaient mal utilisé : soit la décision de justice présentée n’existe pas, soit le verbatim de celle-ci est faux, soit elle a été sortie de son contexte et utilisée à tort.

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L’Unédic demande à Matignon de réduire la ponction de l’Etat sur ses finances

Le logo de l’Union nationale interprofessionnelle pour l’emploi dans l’industrie et le commerce (Unédic), à Paris, le 12 juin 2025.

Sauf coup de théâtre, leur demande restera lettre morte mais ils tiennent malgré tout à se faire entendre. Les responsables syndicaux et patronaux, qui copilotent l’assurance-chômage par le biais de l’association paritaire Unédic, viennent de demander au premier ministre, Sébastien Lecornu, de revoir à la baisse la ponction que l’Etat doit effectuer en 2026 sur les finances du régime. Cette démarche des acteurs sociaux survient alors que le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi est sous pression, du fait du ralentissement de l’activité économique.

Les instances de l’Unédic se sont manifestées auprès de Matignon à travers une lettre datée de lundi 27 octobre, qui est cosignée par le président, Jean-Eudes Tesson (Medef), et par la vice-présidente, Patricia Ferrand (CFDT) – ces deux personnalités exprimant une position unanime du « bureau » dans lequel sont représentées les organisations d’employeurs et de salariés dans leur ensemble.

Au cœur de leurs préoccupations, il y a la quatrième et dernière « tranche » du prélèvement de 12,05 milliards d’euros que les pouvoirs publics ont imposé au régime sur une période allant de 2023 à 2026. Dans ce cadre, 4,1 milliards doivent être soustraits à l’assurance-chômage en 2026, ce qui lui causerait un déficit estimé à 1,3 milliard d’euros. M. Tesson et Mme Ferrand souhaitent que la contribution exigée par l’Etat soit ramenée à 2,8 milliards (soit l’excédent qui serait dégagé s’il n’y avait pas de ponction), de manière que le système reste à l’équilibre en 2026.

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Chômage : une hausse en trompe-l’œil

Dans une agence France Travail, à Paris, le 4 février 2025.

La situation économique morose du pays n’empêche pas le marché du travail de continuer de se porter relativement bien. Les chiffres publiés, mardi 28 octobre, par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), qui dépend du ministère du travail, et par France Travail, confirment cette tendance. Des données devenues assez complexes à analyser depuis la loi « pour le plein-emploi » qui porte notamment la réforme du revenu de solidarité active (RSA) depuis le 1er janvier.

De prime abord, il apparaît qu’au troisième trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail sans aucune activité (catégorie A) a augmenté de 1,6 % par rapport au trimestre précédent. Plus de 3,2 millions de personnes sont désormais enregistrées auprès de l’opérateur public sur l’ensemble du territoire (hors Mayotte) soit 51 000 de plus qu’au second trimestre.

Sur un an l’augmentation est encore bien plus nette, à 7,6 %. Si l’on ajoute les personnes en catégorie B, en activité réduite courte (moins de soixante-dix-huit heures par mois), et C (plus de soixante-dix-huit heures), la croissance du nombre de demandeurs d’emploi est de 1,5 % sur ce trimestre et de 5,3 % sur an, pour s’établir à plus de 5,6 millions de personnes.

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Les IA vont-elles remplacer les mathématiciens ?

Jusqu’où iront les technologies d’intelligence artificielle (IA) dans leurs capacités à battre les humains ? Elles traduisent à la volée dans toutes les langues ou presque, écrasent des champions du monde au go, génèrent des textes, images et vidéos plus vrais que nature sur simple demande… Maintenant, elles se piquent de mathématiques, considérées comme l’un des sommets de l’intelligence.

Cet été, plusieurs de ces systèmes ont obtenu l’équivalent d’une médaille d’or au prestigieux concours des Olympiades internationales de mathématiques, qui réunissent les meilleurs jeunes de moins de 20 ans dans cet exercice.

Cinq problèmes sur six ont été résolus par les IA, Gemini de Google, un logiciel d’OpenAI, mais aussi Seed-Prover de ByteDance (propriétaire du chinois TikTok), ou Aristotle, de la start-up américaine Harmonic. Ces programmes ont seulement « séché » sur un exercice combinatoire de pavage d’un plan, résolu par quatre participants humains.

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Amazon : la vague de licenciements qui se profile sera-t-elle la première de l’ère de l’IA ?

Le logo Amazon, le 11 février 2025.

Ce qui touche Amazon affecte tous les Etats-Unis, pas seulement parce que la multinationale est le deuxième employeur privé du pays, mais parce qu’elle a redéfini, à travers ses services de commerce en ligne, le rapport au travail et à la consommation. Alors quand le géant de la tech prévoit, selon des informations obtenues par Reuters diffusées lundi 27 octobre, de licencier 30 000 personnes dans l’immédiat, et qu’une vague plus importante encore semble se profiler à l’horizon, le pays retient son souffle.

Les premiers départs devaient intervenir dès mardi 28 octobre et pourraient s’étaler sur plusieurs semaines, selon les détails publiés dans la presse américaine et que l’entreprise a refusé de commenter. Ils devraient concerner jusqu’à 10 % des fonctions support, soit les cols blancs de l’entreprise, qui sont 350 000 en tout. Plus précisément, les ressources humaines, la logistique, les services de cloud et le secteur des jeux vidéo devraient être affectés. Amazon compte 1,5 million d’employés à travers le monde dont plus des deux tiers travaillent aux Etats-Unis, notamment dans les grands entrepôts ou à la livraison des colis. Ces deux secteurs ne seraient pas directement touchés à ce stade.

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Game One, la chaîne spécialisée dans les jeux vidéo, va fermer en décembre

L’animateur Marc « Marcus » Lacombe, dans l’émission Retro Game One, diffusée sur Game One le 7 février 2024.

Elle faisait le lien entre télévision, jeux vidéo et culture geek. Mais après vingt-sept ans d’existence, la chaîne Game One s’apprête à tirer sa révérence : sa fermeture prochaine a été officialisée aux salariés dans l’après-midi du mardi 21 octobre par Philippe Larribau-Lavigne, directeur général de Paramount France. La chaîne – regardée par environ 3 millions de personnes chaque mois sur la période de janvier à juin 2025, selon Médiamétrie – cessera d’émettre courant décembre, sans qu’une date précise soit pour l’heure fixée.

Cet arrêt survient quelques mois après l’annonce du rachat du groupe Paramount par Skydance, géant californien des médias, pour 8,4 milliards de dollars (7 milliards d’euros) en juillet. La fusion en découlant entraîne une vaste restructuration des activités du conglomérat, qui cherche la parade face aux services de streaming.

Ainsi, d’autres chaînes appartenant au groupe (MTV Hits, BET, et Paramount Network) fermeront également leurs portes dans l’Hexagone, entraînant la suppression de 60 postes sur près d’une centaine au total. MTV, Comedy Central et les chaînes jeunesse Nickelodeon, en revanche, continueront d’exister en France. Contactée, la firme américaine Paramount, propriétaire de Game One, n’a pas souhaité faire de commentaire.

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Dans le Sud-Ouest, les entreprises papetières en difficulté

L’usine des Papeteries de Condat durant un blocage, le 28 août 2023.

Du nord au sud de la France, la liste des défaillances d’entreprise dans l’industrie du papier s’allonge. En août 2024, l’usine de l’italien RDM, à Blendecques (Pas-de-Calais), fermait ses portes, licenciant 170 salariés. En octobre de la même année, la Papeterie Saint-Michel, en Charente, cessait son activité, supprimant 65 postes. Un mois plus tard, en novembre 2024, c’est au tour de Stenpa, à Stenay (Meuse), de baisser le rideau.

En juin, Lecas Industries, filiale du groupe Hamelin à Nersac (Charente), est placée en liquidation judiciaire et 69 personnes se retrouvent sur le carreau. Il y a aussi le géant de l’emballage Tetra Pak dont l’activité des 207 salariés de son usine située à Longvic (Côte-d’Or) a cessé. Sans parler du dossier à multiples rebondissements depuis la fermeture annoncée en 2019 de la Chapelle d’Arblay à Grand-Couronne (Seine-Maritime), dont le dernier projet de relance a obtenu un soutien de l’Etat en juin, conditionné, néanmoins, à une levée de fonds privés que doit lever le propriétaire, Fibre Excellence. Un acteur à la tête d’autres sites papetiers dans l’Hexagone.

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Transports en Ile-de-France : Transdev et ATM récupèrent la gestion de 37 lignes de bus exploitées par la RATP

Un bus, à Paris, le 10 juillet 2024.

Transdev et l’opérateur milanais ATM vont obtenir la gestion de deux lots de bus exploités jusqu’à présent par la RATP, soit 37 lignes, a annoncé mardi 25 mars l’autorité organisatrice des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM).

Transdev hérite du plus gros marché avec deux dépôts de bus et l’exploitation de 19 lignes en Seine-Saint-Denis et dans neuf arrondissements parisiens. Côté emploi, d’après la RATP, 1 850 équivalents temps plein devront être transférés vers Transdev le 1er mai 2026, date de l’entrée en vigueur du contrat.

La surprise est venue du choix d’ATM, détenu à 100 % par la municipalité de Milan, pour récupérer à partir du 1er mars 2026 la gestion de 18 lignes situées principalement dans le sud des Hauts-de-Seine. C’est la première implantation en France de l’opérateur milanais, qui va récupérer 750 équivalents temps plein de la RATP dans l’opération.

Au total, ce sont donc 2 600 équivalents temps plein qui vont quitter le giron de la RATP pour rejoindre des concurrents d’ici un an. Il est prévu que les salariés conservent leur salaire et leur régime spécial de retraite pour les salariés au statut, mais l’organisation du temps de travail peut être rediscutée.

D’ici à 2026, le réseau de bus de la RATP va s’ouvrir à la concurrence avec le basculement de 19 000 travailleurs et 308 lignes de bus en dehors de l’établissement public RATP, soit vers des filiales du groupe, soit vers des concurrents ayant remporté les marchés.

Les plus gros morceaux, à savoir la plupart des lignes de bus de Paris intra-muros, seront attribués en dernier. Le tramway doit s’ouvrir à la concurrence en 2030, puis le métro à horizon 2039.

Le Monde avec AFP

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La RATP perd l’exploitation de 37 lignes de bus à Paris et en petite couronne au profit de deux nouveaux entrants, dont un opérateur italien

Dans un hangar de la RATP, à Paris, en septembre 2020.

D’ici à 2026, toutes les lignes de bus de Paris et de proche banlieue, jusqu’ici exploitées en quasi-totalité par la RATP, devront avoir été ouvertes à la concurrence. Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports dans la région, a annoncé, mardi 25 mars, les « candidats pressentis » parmi ceux qui avaient répondu à l’appel d’offres concernant trois « lots » de lignes de bus. La régie parisienne n’en gagne qu’un et en perd deux au profit de ses concurrents, le franco-allemand Transdev et l’italien ATM, qui exploite les transports publics de Milan.

Ce choix doit être confirmé par IDFM, dirigé par la présidente de région, Valérie Pécresse (Les Républicains), lors du conseil d’administration du 10 avril. Mais son issue ne fait guère de doute car celui-ci est « à la main de Valérie Pécresse », selon la formule de plusieurs élus régionaux d’opposition.

Dans le détail, la RATP, au travers de sa filiale de droit privé Cap Ile-de-France, est « pressentie » pour le contrat de 19 lignes de bus du secteur de Massy et de Morangis (Essonne), dont une petite partie était exploitée par son concurrent Keolis (groupe SNCF). Environ 650 agents de la RATP et 100 de Keolis seront transférés dans une filiale ad hoc de Cap Ile-de-France.

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Dans la police, un dialogue social à la main des syndicats, note un rapport de la Cour des comptes

Une manifestation appelée par le syndicat de police SGP-FO contre un manque d’information sur l’organisation du travail pour sécuriser les Jeux olympiques de Paris 2024, à Paris, le 10 janvier 2024.

Un syndicalisme « cultivant un rapport ambivalent au politique », une « communication très abondante à la main des syndicats » et des règles juridiques pas nécessairement respectées, s’agissant de l’octroi de subventions aux organisations professionnelles. Dans un rapport rendu public mardi 25 mars, la Cour des comptes a dressé un tableau d’une relative sévérité sur le dialogue social en vigueur au sein de la police. Le poids des syndicats dans l’institution y est à nul autre pareil dans la fonction publique française, tant du point de vue du taux d’encartement (70 % à 80 %) que de la participation aux élections professionnelles.

La mobilisation policière, lors de ces élections, ferait pâlir d’envie les autres branches syndicales de fonctionnaires : 82,9 % en décembre 2022, quand celui de l’ensemble de la fonction publique d’Etat n’atteint pas 45 %. Cette force trouve une partie de son explication dans une histoire policière marquée d’emblée par la constitution d’organisations très puissantes afin de contrebalancer les restrictions attachées au statut de policier, au premier rang desquelles l’interdiction de faire grève, justifiée par l’impératif de maintenir coûte que coûte la tranquillité et la paix publiques.

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