Vos caisses de retraite peuvent faire plus que verser des pensions
Les cotisations retraite des actifs servent à financer les pensions. Mais pas seulement. Une petite part d’entre elles est consacrée à la méconnue « action sociale » des régimes, une expression qui recouvre un large éventail de services et d’aides, avec des bénéficiaires et des conditions variables selon les caisses.
Parfois individuels, parfois collectifs, les dispositifs mis sur pied visent le plus souvent à prévenir les risques liés au vieillissement ou à accompagner la perte d’autonomie, une attention particulière étant portée au maintien à domicile et à la lutte contre l’isolement des plus âgés. Mais ils peuvent aussi, dans certains régimes, s’adresser aux non-retraités, en particulier les demandeurs d’emploi, les aidants, les personnes handicapées et les indépendants en difficulté.
Impossible d’être exhaustif, l’offre est éclatée. En matière de soutien individuel, les retraités du régime général (le régime de base des salariés du privé) peuvent, notamment, demander une « aide pour bien vieillir chez soi ». Le principe : un travailleur social vient gratuitement à votre domicile évaluer vos besoins et préconise un bouquet de services et d’actions vous permettant de continuer à y habiter. Par exemple, des travaux d’aménagement, une aide pour le ménage ou la toilette, un portage de repas. La caisse de retraite pourra prendre en charge ces dépenses dans la limite de 3 000 euros par an. Une participation financière sera toutefois toujours requise – son montant dépendra de vos ressources.
« Des sorties “plaisir” »
Pour prétendre à ce plan d’actions personnalisé, il ne faut être éligible ni à l’allocation personnalisée d’autonomie (donc être encore autonome ou presque), ni à l’aide au maintien à domicile versée par les départements aux seniors très modestes à partir de 65 ans. « Des plans de moindre envergure peuvent aussi être proposés lors de périodes de fragilisation spécifiques, comme la sortie d’hôpital, le décès ou le placement en Ehpad [établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] du conjoint, afin d’éviter que ces moments difficiles fassent basculer le senior dans la perte d’autonomie ou l’isolement », ajoute Frédérique Garlaud, directrice de l’action sociale de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV).
Des ateliers et conférences, souvent gratuits ou facturés quelques euros, sont proposés par les différents régimes pour évoquer les problématiques liées à l’avancée en âge
Autre exemple d’aide individuelle, initiée cette fois par l’Agirc-Arrco, le régime complémentaire des salariés : le dispositif « Sortir plus ». Il permet aux retraités d’au moins 75 ans de se faire accompagner, à pied ou en voiture, chez le coiffeur, à l’épicerie, au cinéma, chez un ami, pour se balader… « L’objectif est surtout que le senior accède à des sorties “plaisir”, l’isolement représentant un gros risque à cet âge », explique Frédérique Decherf, directrice de l’action sociale de l’Agirc-Arrco. Le service, non soumis à condition de ressources, prend la forme d’un carnet de chèques emploi-service universels d’une valeur de 150 euros mais coûtant 15 euros au bénéficiaire (tarif pour une première demande annuelle).
Ce régime dispose par ailleurs d’un réseau de treize Espaces emploi, pour accompagner les salariés au chômage depuis plus d’un an. Et, pour orienter les personnes en quête d’un établissement pour personnes âgées, il gère un service téléphonique gratuit, Orizea, qui les renseigne sur les démarches, les coûts, les différentes aides.
« Afin de les accompagner individuellement dans leurs recherches, nos conseillers identifient leurs besoins spécifiques, leurs désirs, leurs contraintes, et leur soumettent ensuite une liste de structures d’accueil pouvant les satisfaire », précise Mme Decherf. En matière d’hébergement des seniors, notez que certains régimes peuvent faire profiter leurs affiliés de places qui leur sont réservées dans des établissements, voire gèrent directement des maisons de retraite.
Financer des factures de gaz
En sus de ces dispositifs-clés, diverses aides financières ponctuelles peuvent être demandées à certains régimes de manière plus exceptionnelle par les affiliés en difficulté. Les caisses des libéraux prennent ainsi parfois en charge les cotisations sociales de leurs actifs, des frais de déménagement, des loyers, des travaux de rénovation énergétique, etc. Pour les anciens fonctionnaires territoriaux et hospitaliers, la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL) peut, par exemple, allouer, sous condition de ressources, des montants pour financer une mutuelle, des achats d’électroménager, des obsèques, des dépenses liées au handicap, ou régler des factures de gaz. Elle accorde en outre des prêts sociaux.
Quant à l’action sociale collective, elle se décline sous la forme de sorties et d’activités en groupe, entre retraités – voir, par exemple, le Club ABC et ses visites de musées, cours de yoga et autres rendez-vous de marche nordique ouverts aux ex-salariés du monde de la culture et de la création par la caisse Audiens.
L’action sociale représente au total environ 0,3 % des dépenses du régime général, soit quelque 400 millions d’euros par an
Mémoire, équilibre, nutrition, sommeil, ostéoporose, incontinence, troubles de l’audition, sécurité routière ou passage à la retraite : des ateliers et conférences, souvent gratuits ou facturés quelques euros, sont proposés par les différents régimes pour évoquer les problématiques liées à l’avancée en âge. Vérifiez les conditions d’accès : ces événements sont parfois réservés aux retraités du régime en question, parfois ouverts aussi à leurs actifs, avec ou sans âge minimal ; d’autres sont même accessibles à tous, quelle que soit leur caisse de retraite.
L’action sociale représente au total environ 0,3 % des dépenses du régime général, soit quelque 400 millions d’euros par an. « Il s’agit de l’une de nos missions historiques, souligne Mme Garlaud. Elle existe depuis la création de la Sécurité sociale, même si elle a été repensée et réorganisée au fil des décennies. » Côté Agirc-Arrco, un peu plus de 343 millions d’euros ont été prélevés en 2018 pour l’action sociale, soit 0,45 % des quelque 76 milliards d’euros de cotisations de retraite complémentaire des salariés.