Une fête des pères bien rémunéré
A défaut de mieux rétribuer le congé parental, compensé en France au plus 396,01 euros, certains artistes se battent pour renouveler le congé paternité, compensé à 100 %, et le porter à quatre semaines contre onze jours maintenant.
Ce dimanche, les enfants célébreront les pères, en leur proposant poèmes et menus cadeaux. Et pourtant, cette année comme les antérieures, les papas auront été moins présents que les mamans auprès d’eux. Pour des raisons culturelles, certes, mais aussi professionnelles.
Car, la perte financière attachée au congé parental reste très sérieuse en France. Il n’est en effet rétribué qu’à hauteur d’un tiers du smic. Ce qui, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), développe que seuls 4 % des pères français en bénéficient. En Suède et en Islande, où il est compensé vers les 80 % du salaire, près d’un père sur deux le sollicite. A identiquement avec les mères.
La directive européenne « relative à l’équilibre vie professionnelle/vie privée » avait éveillé de gros espoirs. Elle envisageait un congé parental de deux mois pour chaque parent, rétribué à hauteur des congés maladie. Mais le texte, finalement voté par le parlement européen le 4 avril, laisse chaque Etat membre fixer le niveau « adéquat » d’indemnisation. Un sérieux bémol, dû en grande partie à l’opposition de la France, Emmanuel Macron redoutant que « cette belle idée finisse par coûter très cher ». La directive choisie selon les termes initiaux aurait pu constituer un surcoût de 1,6 milliard d’euros, estime le gouvernement.
Effets positifs à moyen terme
Un calcul court-termiste, peut-on concevoir, qui ne prend pas en compte les effets positifs à moyen terme sur l’économie d’une telle circonspection. Les conditions de rétributions prévues au début auraient en effet défendu une plus grande participation des femmes sur le marché du travail, expliquent Catherine Collombet, conseillère scientifique au Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) et sous-directrice à la Caisse nationale des allocations familiales, et Antoine Math, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales, dans une étude de l’IRES diffusée en octobre 2018 (« Europe. Congés parentaux, de paternité et d’aidants : vers une nouvelle directive ? »). « Les coûts supplémentaires pour le congé parental [auraient été] contrebalancés par les gains provenant d’une part des recettes fiscales supplémentaires, d’autre part des dépenses moindres de prestations de chômage (et secondairement des dépenses de santé) », apprécient les chercheurs.