Un fait religieux de plus en plus présent en entreprise, plutôt accepté, mais avec des réticences en hausse
La hausse se poursuit. Le nouveau baromètre du fait religieux en entreprise (réalisé entre avril et août 2024 et basé sur les réponses d’environ 1 300 cadres et manageurs et 1 400 salariés croyants et pratiquants), publié jeudi 21 novembre, montre que, désormais, plus de 70 % des personnes interrogées repèrent des situations marquées par le fait religieux dans leur environnement de travail. Le taux le plus haut depuis la création de ce baromètre, lancé en 2013 par l’Institut Montaigne. Les cas de tensions et de dysfonctionnements augmentent aussi, mais restent minoritaires. Dans l’ensemble, le fait religieux au travail est largement accepté.
« Les faits religieux sont multiformes et ont des conséquences qui varient fortement d’une entreprise à l’autre et au sein d’une même entreprise », précise le baromètre. Le fait le plus fréquent est le port visible de signes religieux, qui progresse fortement en 2024 (34 % des répondants, contre 21 % en 2022). Il est suivi des demandes d’aménagement de plannings, quelle que soit la religion concernée. Le rédacteur de l’étude, Lionel Honoré, professeur des universités à Brest et fondateur de l’Observatoire du fait religieux en entreprise, ajoute néanmoins que « la grande majorité des croyants invisibilise leur pratique religieuse au travail ».
Si ces faits et comportements signalés concernent toutes les religions, l’islam est la plus représentée, suivie du catholicisme, des cultes évangéliques et du judaïsme. Le port de signes religieux musulmans est ainsi en forte progression : 36 % des faits signalés en 2024 contre 19 % en 2022.
Comportements négatifs à l’égard des femmes
Plus de 90 % des salariés pratiquants disent ne pas percevoir d’effet négatif à leur engagement religieux sur leur travail ou dans leurs relations professionnelles. « Il n’existe pas de rejet global du fait religieux au travail », assure l’étude, précisant que le fait religieux « perturbe toujours marginalement le fonctionnement organisationnel » et a « rarement » des conséquences négatives.
La majorité des manageurs (64 %) considèrent que la liberté religieuse doit être prise en compte par les entreprises, avec comme limite la bonne réalisation du travail. Certains comportements sont admis : la demande d’aménagement de planning, la prière pendant les temps de pause, les discussions sur la religion entre collègues, par exemple.
L’étude précise toutefois que cette tolérance à l’affirmation religieuse est en baisse. Le nombre de personnes considérant que le principe de la laïcité devrait s’appliquer dans les entreprises privées comme dans le secteur public (77 %) est, lui, en hausse. « Les répondants n’ont pas une vision juridique de la laïcité. Ils n’appellent pas à la neutralité, mais à une tolérance. Il y a une place pour le fait religieux, à condition qu’il ne soit pas perturbateur », éclaire Lionel Honoré. Cette tolérance, pour des faits parfois plus problématiques, est plus importante chez les salariés pratiquants.
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