Ultime ligne droite pour la redémarrage d’Ascovale, British Steel grand favori
La chambre commerciale du TGI de Strasbourg doit vérifier, mercredi 24 avril, les offres de redémarrage de l’usine de Saint-Saulve. Entre les quatre candidats, le groupe administré par les frères Meyohas tient la corde.
C’est la dernière ligne droite pour les 270 travailleurs de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord). Après 4 ans d’agitation, leur avenir devrait enfin s’éclaircir. La chambre commerciale du tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg doit vérfier, mercredi 24 avril, les quatre dossiers de redemarrage déposés par les groupes British Steel, Calvi Network, le fonds Secufund et l’entrepreneur Pascal Cochez.
Deux mois après l’arrêt d’Ascoval par son dernier repreneur désigné, Altifort, les magistrats devraient se donner quelques jours pour trancher la meilleure offre. Cependant, l’une d’elles se détache carrément dans l’esprit des dirigeants et des syndicats d’Ascoval : British Steel, un groupe qui a effectué en 2018 un chiffre d’affaires de 1,4 milliard de livres (1,6 milliard d’euros).
« Sur les quatre dossiers, pour l’instant, seul British Steel a perfectionner son offre, tant en matière de financement que d’engagements sociaux », déclare un proche des négociations. Le groupe offrait sur la table 47 millions d’euros, qui seraient abondés par une somme égale des pouvoirs publics.
Le dossier de l’entreprise italienne Calvi Network, spécialiste des aciers spéciaux, qui a besoin d’un nouveau fournisseur d’acier, est également bien vu, mais il devait encore avoir mardi le feu vert de l’un de ses actionnaires. Quant aux deux derniers dossiers, ils demeure incomplets.
Performance environnementale
De fait, à l’usine , la confiance était de mise avant l’audience. La perspective d’être repris par British Steel, détenu par Greybull Capital, le fonds géré notamment par les frères français Marc et Nathaniel Meyohas, rassure. Il serait prêt à apporter de 200 000 à 300 000 tonnes de commandes d’acier pour nourrir entre autres son site de production de rail d’Hayange (Moselle). C’est la moitié de la capacité de production annuelle d’Ascoval, ce qui permettra de couvrir les coûts fixes du site. « C’est un beau projet à la fois solide socialement, industriellement et financièrement », conclu-t-on à Saint-Saulve.
Les motivations de British Steel sont de deux ordres. « Cela découle d’abord du Brexit », mentionne un connaisseur du dossier. Avec l’essentiel de ses aciéries implantées à l’Angleterre, l’aciériste, qui fournit notamment la SNCF en rail, doit produire en zone euro pour ne pas dépendre de droits de douane et atténuer les fluctuations de la livre sterling.
D’autre part, British Steel s’intéresse à l’usine française pour sa performance environnementale. « L’aciérie électrique est bien moins émissive de CO2 [dioxyde de carbone] qu’une aciérie traditionnelle », résume une source. Alors qu’Ascoval libère 200 kilogrammes de CO2 dans l’atmosphère pour chaque tonne d’acier produit, l’aciérie traditionnelle à coke, comme celle de Scunthorpe (nord-est de l’Angleterre), qui appartient à British Steel, en émet 1,8 tonne. « A moyen terme, avec l’augmentation des prix des crédits carbone, cela devrait compter et British Steel a tout intérêt à diversifier sa production », résume un observateur.