Travailleurs handicapés, pourquoi se déclarer

Travailleurs handicapés, pourquoi se déclarer

« La reconnaissance de qualité de travailleur handicapé donne des droits au salarié, comme l’aménagement du poste de travail, que ce soit en termes de matériel, d’organisation du temps et de formation. »
« La reconnaissance de qualité de travailleur handicapé donne des droits au salarié, comme l’aménagement du poste de travail, que ce soit en termes de matériel, d’organisation du temps et de formation. » Danae Munoz/Ikon Images / Photononstop

Peur d’être stigmatisé, rejeté, discriminé : pour un salarié, demander la « reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé » (RQTH) ne va pas de soi. Il s’agit d’un choix très personnel. « Se voir coller une étiquette RQTH peut faire peur, reconnaît Isabelle Ruedas, médecin du travail. Je dois faire œuvre de pédagogie, car le handicap est entouré de fausses croyances. D’autre part, la personne ne se voit pas toujours comme handicapée, notamment quand il s’agit des conséquences d’une maladie acquise telles que le cancer ou la sclérose en plaques… » Autant de handicaps invisibles, au même titre que des troubles psychiques ou cognitifs. Ce type de handicap constitue 80 % des cas.

La démarche peut être difficile à engager. « Il s’agit de faire le deuil de la situation professionnelle antérieure et d’accepter la limitation de ses capacités », explique Emilie Gouzon, psychologue clinicienne dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées Korian. Titulaire de la RQTH depuis treize ans, c’est-à-dire depuis le début de sa vie professionnelle, elle souffre de graves problèmes de dos. « J’avais accepté mon handicap, j’étais donc partante pour une reconnaissance qui me permettait de m’orienter vers des offres d’emploi adaptées. Il faut dédramatiser », dit-elle.

Laurent Tuil fait le même constat. Responsable de compte chez ADP, l’éditeur de logiciels, il a vu sa santé se dégrader pendant quatre ans, avant que les médecins ne diagnostiquent la maladie de Parkinson en 2012. « C’est une nouvelle vie à accepter. Cela peut prendre du temps. J’ai choisi la transparence totale vis-à-vis de mon employeur. »

Ivan Talpaert, directeur de la sécurisation des parcours à l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph), lui donne raison : « Il est plus efficace de mettre les choses à plat que de les cacher. Se déclarer permet d’ouvrir des portes et non de les fermer, comme on le croit trop souvent. En en parlant, le salarié évite les risques de surcompensation de son handicap qui ne ferait qu’accélérer le processus. »

Des droits

De plus, « l’information peut n’être connue que du service de santé au travail et de la mission handicap de l’entreprise, rappelle Catherine Petrovic, responsable diversité et inclusion de Siemens France. Mais le faire savoir à son équipe permet d’éviter des incompréhensions et des malentendus », citant l’exemple d’un salarié diabétique qui devrait s’absenter en pleine réunion pour faire sa piqûre d’insuline.

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LJD

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