Travail en prison : un label et des projets

Travail en prison : un label et des projets

Dans le centre de détention d’Oermingen (Bas-Rhin), des détenus assemblent des colliers de serrage en plastique, le 18 mars.

A Nice, depuis six mois, des détenus font les repas des surveillants. Le « mess », service de restauration du personnel pénitentiaire, de la maison d’arrêt a rouvert en septembre 2020 avec comme particularité d’avoir mis des détenus aux fourneaux. Grâce à un partenariat avec le Forum Jorge François, association niçoise, ils sont cinq condamnés en fin de peine à y travailler tout en se formant au métier de commis de cuisine, une formation diplômante.

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Une goutte d’eau face à l’océan d’oisiveté qui submerge les détentions. Seules 28,5 % des personnes incarcérées ont aujourd’hui un travail en détention. Ils étaient 49,7 % en 2000. Emmanuel Macron avait promis en mars 2018 d’inverser la tendance lors d’un important discours sur la dignité en détention prononcé devant les élèves de l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire.

« Dans beaucoup de maisons d’arrêt, les détenus, parce qu’ils n’ont pas le choix, sont dans leur cellule près de vingt-deux heures par jour, désœuvrés », avait déploré le chef de l’Etat, voyant dans cette oisiveté imposée « le plus sûr moyen de les précipiter dans la désocialisation et de ruiner leurs chances de retour à une vie normale ».

Mettre « l’activité au cœur de la peine »

A un an de la fin du quinquennat, la pression monte à l’Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle (ATIGIP) pour que l’engagement présidentiel de mettre « l’activité au cœur de la peine, qu’il s’agisse de travail ou de formation » ne reste pas lettre morte. Dirigée par Albin Heuman, l’ancien conseiller social et modernisation de Nicole Belloubet à la justice, l’agence mise sur pied début 2019 jouit d’un atout.

Travailler permet aux détenus de « cantiner », c’est-à-dire acheter divers biens et services, mais aussi commencer à rembourser les amendes dues et les parties civiles à indemniser

Directement rattachée au ministère de la justice avec le statut d’agence nationale, elle réunit des prérogatives (travail, formation, TIG) auparavant réparties entre plusieurs services de l’administration pénitentiaire. « Cela a permis d’avancer sur des sujets qui étaient en jachère depuis plusieurs années », constate M. Heuman, notamment lors des réunions interministérielles.

Du point de vue des détenus, travailler permet d’abord de gagner un peu d’argent pour « cantiner », c’est-à-dire acheter divers biens (cigarettes, nourriture, revues, etc.) ou services (communications téléphoniques, téléviseur, frigo, etc.), commencer à rembourser les amendes dues et les parties civiles à indemniser. Une partie de la rémunération est bloquée pour être remise au détenu au moment de sa libération. Avec un taux horaire allant en principe de 25 % à 45 % du SMIC et un travail organisé par demi-journée, la rémunération moyenne oscille entre 200 euros et 600 euros par mois.

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LJD

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