Télétravail : l’évaluation de la performance à distance, l’exemple américain

Télétravail : l’évaluation de la performance à distance, l’exemple américain

Pour Kevin Rockmann, professeur de management à l’université George-Mason, « cette idée de faire le point plusieurs mois après était épouvantable. Les managers doivent montrer de l’empathie, être en constante communication et identifier très vite les problèmes. »

Vadim Tabakman, directeur de la prévente chez le développeur de logiciels Nintex, en Californie, a revu de fond en comble la gestion de son équipe de douze personnes en 2020. Il a licencié des employés et s’est adapté au travail à distance. Fini les salons professionnels où l’on présente un nouveau produit tout en buvant un verre. Finie aussi l’unique évaluation annuelle des performances de son équipe.

« Nous sommes en communication constante, assure-t-il. Chaque semaine ou tous les quinze jours, je vérifie ce qui va et ce qui ne va pas. Et tous les trimestres, nous avons un tête-à-tête virtuel. La caméra filme, je vois leurs non-dits. » M. Tabakman s’intéresse plus à la vie privée de ses troupes. « Je leur demande ce qu’ils font le week-end, je prends des notes pour pouvoir relancer le sujet la semaine suivante. C’est important, surtout maintenant, ajoute-t-il. J’avais une Française, toute seule en Angleterre pendant le confinement. J’avais peur qu’elle déprime, je l’ai aidée à revenir en France pour qu’elle retrouve sa famille. »

Cette nouvelle approche illustre la façon dont le Covid-19 a impacté le processus d’évaluation des performances. « L’épidémie a tué la revue annuelle », déclare Michael Schrage, chercheur de l’école de management Sloan au MIT. « Le vieux modèle est mort, renchérit Kevin Rockmann, professeur de management à l’université George-Mason (Virginie). Cette idée de faire le point plusieurs mois après était épouvantable. Les managers doivent montrer de l’empathie, être en constante communication et identifier très vite les problèmes. »

« Les mères de famille pénalisées»

Lisa Hosseinpour, consultante d’Aon Human Capital Solutions, a constaté les premiers changements dans les entreprises : « 9 % ont suspendu temporairement le processus et 50 % ont demandé à leurs managers d’adopter des objectifs plus réalistes, explique-t-elle. Ensuite, les entrepreneurs ont pensé à l’avenir. » « 60 % des organisations mettent aujourd’hui l’accent sur le retour d’information, poursuit-elle. Le Covid a accéléré la mutation des rôles, de manager vers coach. »

Pour Marianne Cooper, chercheuse du laboratoire VMware de l’université Stanford, ce changement n’est pas assez rapide. Ses propres sondages, réalisés en 2020, montrent que seulement 40 % des entreprises ont gelé ou modifié leurs évaluations. « Les mères de famille qui travaillent chez elles sont encore pénalisées, dénonce-t-elle. Ceux qui n’ont rien fait ne prennent toujours pas les enfants en considération. »

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LJD

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