« Souffrance en milieu engagé » : malaise dans les organisations sociales

« Souffrance en milieu engagé » : malaise dans les organisations sociales

« Souffrance en milieu engagé. Enquête sur des entreprises sociales », de Pascale-Dominique Russo (Editions du Faubourg, 180 pages, 18 euros).
« Souffrance en milieu engagé. Enquête sur des entreprises sociales », de Pascale-Dominique Russo (Editions du Faubourg, 180 pages, 18 euros).

Le livre. Humiliations et mises à l’écart inadmissibles, rythme de travail éreintant, impossibilité d’exprimer son point de vue. Lorsqu’elle commence à travailler pour la mutuelle paritaire Chorum, en 2007, où elle est responsable d’une newsletter bimensuelle, Pascale-Dominique Russo est troublée par la souffrance au travail récurrente au sein de certaines équipes.

Le fossé flagrant entre le ressenti à l’intérieur et le message affiché provoque une souffrance particulièrement vive. « J’étais surprise de découvrir à quel point il y avait une antinomie entre les discours énoncés et la réalité du traitement des ressources humaines », relate la journaliste, qui a écrit pendant plus de vingt ans sur l’économie sociale et solidaire (ESS). Après avoir quitté la mutuelle pour prendre sa retraite, elle décide de lancer l’alerte.

Son ouvrage Souffrance en milieu engagé (Editions du Faubourg) est une enquête sur les conditions de travail dans les associations et les mutuelles. Les témoignages de syndicalistes d’associations et de mutuelles, d’anciens élus mutualistes, ainsi que plusieurs collaborateurs de mutuelles et d’associations interviewés dans le cadre de l’ouvrage évoquent des situations de travail particulièrement douloureuses.

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Ils lui confient « leur déception, leur malaise et leur révolte en découvrant l’âpreté des nouvelles règles de travail dans un univers jusque-là relativement épargné, comme les mutuelles ». La période est complexe. Ballottées au gré du marché, les mutuelles doivent se regrouper pour ne pas disparaître. « Côté associatif, la commande publique s’impose peu à peu comme le mode de financement majeur à travers les procédures d’appels d’offres, faisant des associations des sous-traitantes et non plus des partenaires. » Ces nouvelles pratiques favorisent les plus grandes organisations associatives, qui disposent d’équipes pour répondre aux offres des marchés publics.

Un engagement « sincère »

L’ouvrage met en lumière les limites des promesses contenues dans les principes de l’ESS : « Comment intervenir sur des marchés, tels que la santé ou l’assurance, comment vouloir en devenir un leader sans tomber dans une logique concurrentielle nécessairement synonyme de nouvelle organisation du travail ? Comment avoir pour ambition première la croissance à tous crins, répondre sans état d’âme aucun aux offres des marchés publics et privés sans se plier aux mêmes règles que les entreprises à but lucratif ni jouer sur l’emploi comme variable d’ajustement ? »

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LJD

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