Service civique : des effets sur l’insertion professionnelle en demi-teinte
Depuis sa création, en 2010, plus de 600 000 jeunes de 16 à 30 ans ont effectué une mission d’intérêt général dans le cadre d’un service civique, initialement présenté comme un dispositif répondant aux envies d’engagement de la jeunesse. Les études réalisées depuis sur le sujet montrent que les jeunes s’en saisissent prioritairement pour avoir une expérience professionnelle et enrichir leur CV. Mais avec quelle efficacité ? Une enquête du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq) pour l’Agence du service civique, publiée fin mars, interroge pour la première fois ses effets sur l’insertion professionnelle.
Basée sur les très riches données de l’enquête « Génération 2017 », cette étude met d’abord en avant le pourcentage relativement important de jeunes qui passent aujourd’hui par un service civique, conséquence du fort soutien politique dont le dispositif bénéficie. 9 % de l’échantillon représentatif de jeunes sortis de formation initiale en 2017 en avaient réalisé un. Parmi eux, 15 % n’ont aucun diplôme, 51 % sont diplômés de l’enseignement secondaire (niveau CAP ou bac), 34 % ont un diplôme de l’enseignement supérieur. Le service civique concerne aussi, en moyenne, « plus de femmes, plus de jeunes habitant en quartier prioritaire de la ville et de jeunes en quête de professionnalisation (sortant de filières générales/non professionnalisantes, ou bien ayant arrêté leurs études en cours de route) », note Dominique Maillard, l’une des autrices de l’étude.
Mais l’intérêt de l’enquête tient surtout à la comparaison faite entre le parcours des jeunes ayant effectué un service civique avec leurs homologues (appelés « jumeaux » dans l’étude) ayant le même profil (filière peu professionnalisante, décrochage scolaire, etc.) mais n’en ayant pas réalisé. Il en ressort que l’effet du dispositif diffère fortement selon le moment et l’âge auxquels il est réalisé. Parmi les jeunes qui sortent du secondaire, ceux qui effectuent un service civique le font en général « à la place » du chômage.
Ce sont d’ailleurs souvent des acteurs de l’insertion, comme Pôle emploi, qui proposent à ces jeunes de faire un service civique. Or, ces derniers ont davantage de chances d’être en emploi trois ans après leur sortie du système éducatif que ceux qui ont les mêmes caractéristiques mais n’ont pas fait de service civique. « On peut donc supposer que celui-ci favorise l’accès à l’emploi chez ces jeunes peu diplômés, note Dominique Maillard. Le dispositif joue alors, de toute évidence, un rôle de remédiation pour se donner du temps, explorer un nouveau secteur, trouver une voie d’orientation ou définir un projet, et fait office de première expérience professionnelle. »
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