« Risquer ça pour un smic ? » : Agents de sûreté et de sécurité manifestent pour des augmentations de salaire
Ils ont tous en tête ces images terribles, diffusées à la télévision et sur les réseaux sociaux, du passage à tabac de leur collègue, vigile au centre commercial des Quatre Temps à la Défense, mercredi 23 mars : « Risquer ça pour un smic ? » Derrière des banderoles « Sécurité en colère, augmenter les salaires », plusieurs centaines d’agents de sûreté et de sécurité ont manifesté, vendredi 1er avril, en intersyndicale, entre les terminaux de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Sous la neige, et par – 2 °C : « de mauvaises conditions pour manifester, mais c’est à l’image de nos conditions de travail », ironise Takfarinas, agent de sécurité incendie dans un centre commercial de Rouen (Seine-Maritime). A 35 ans, son salaire s’élève à 1 641 euros bruts par mois (hors primes). Juste au-dessus du smic (1 603 euros), mais plus pour longtemps.
Jeudi 31 mars, le ministère du travail a indiqué que ce dernier pourrait augmenter au 1er mai de 2,4 % à 2,6 %, une hausse mécanique prévue en cas de forte inflation. Les agents de sécurité au même échelon que Takfarinas sur la grille (coefficient 140) – et ils étaient nombreux vendredi – se retrouveraient alors au salaire minimum, puisqu’il monte tandis que leurs salaires stagnent. « Quand on bosse depuis dix ans, c’est carrément humiliant ! » s’indigne Takfarinas.
L’effet de la revalorisation de 2,2 % actée en septembre 2021 par un accord de branche a été gommé en quelques mois par les augmentations successives du smic, au 1er octobre (2,2 %) puis au 1er janvier 2022 (0,9 %). Mi-mars, les syndicats ont rejeté les 1 % proposés par les employeurs en guise de rattrapage.
« On court après ces hausses du smic », concède Cédric Paulin, secrétaire général du Groupement des entreprises de sécurité, qui représente 200 sociétés dans les négociations de branche. « Mais augmenter les salaires en cours d’année auprès des clients est impossible. On ne peut pas modifier les contrats. Et nos entreprises, qui ne font que 0,5 % à 2 % de marge, ne pourraient, seules, supporter les hausses. »
« Déclin du secteur »
Pour Djamel Benotmane, délégué CGT chez Fiducial Private Security, le problème se situe en amont, dans les tarifs concédés pour emporter les appels d’offres : « Les entreprises les moins scrupuleuses proposent des prix très bas et les donneurs d’ordre y trouvent leur intérêt, ce qui contribue au déclin du secteur. »
En attendant la prochaine négociation, en mai, les agents voient fondre leur pouvoir d’achat. Mohamed, 41 ans, opérateur de sûreté à Roissy, vit dans l’Oise : « 47 km matin et soir, avec mon diesel. Venir travailler me coûte désormais 300 euros par mois ! »
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