Rétablissement de Notre-Dame : « La charité des grandes firmes n’est pas une absurdité économique »

Rétablissement de Notre-Dame : « La charité des grandes firmes n’est pas une absurdité économique »

La nef de Notre-Dame de Paris au lendemain de l’incendie du 15 avril 2019.
La nef de Notre-Dame de Paris au lendemain de l’incendie du 15 avril 2019. POOL / REUTERS
Les chercheuses en management Héloïse Berkowitz et Isabelle Martinez développent que les dons effectués par les entreprises ont au même temps une fonction éthique et une fonction économique.

La rapide bonté financière du secteur privé débarqué au secours de Notre-Dame ouvre un débat sur la nature du contrat social persistant entre les entreprises et la société, et sur le pouvoir de certaines logiques (morales ou économiques) dans l’action des firmes.

L’idée d’implication sociale est présentée au milieu du XXe siècle, parallèlement au développement de la « grande entreprise ». Cette notion fait référence à la fois à des objectifs extra-financiers, et aux engagements morales de l’entreprise vis-à-vis de la société, notamment celle d’assurer son bien-être. C’est dans cette perspective qu’il convient de situer les actuelles discussions sur « le rôle social de l’entreprise » invoqué par la loi Pacte et la polémique sur les dons pour la rétablissement de la cathédrale.

L’ardeur des donateurs est-il le signe d’une authentique prise en compte de cette responsabilité sociale, ou un effet d’aubaine ? Cet incident n’est-il pas in fine aussi, voire surtout, une pertinence économique ?

Intentions philanthropiques et altruistes

Dès le début, le fort et rapide appel des donateurs peut se développer par des motivations charitables et altruistes. Selon le moine bouddhiste Matthieu Ricard, l’altruisme suppose d’accorder de la valeur à l’autre et d’être intéressé par sa situation, sans pour autant que cela exige un sacrifice (Plaidoyer pour l’altruisme, Nil, 2013). L’exemple de Notre-Dame recouvre ces deux dimensions : l’élan de solidarité de la part des entreprises certifie de leur volonté de préserver un bien commun, sans risquer de mettre en péril leur viabilité financière. En comparaison avec des catastrophes environnementales ou humanitaires, c’est bien parce que Notre-Dame a une valeur forte aux yeux des donateurs que son feu a suscité un tel émoi et un tel altruisme.

Les entreprises peuvent s’attendre à des effets positifs pour leur image, surtout dans la vision des JO de Paris

Pour faire taire toute amphibologie sur la possible diminution des sommes versées, certains ont d’emblée destiné qu’ils renonçaient à celle-ci. D’autres entreprises ont avisé privilégier, non pas le don financier, mais le don du temps de leurs salariés dit « mécénat de compétences ». Pour autant, l’exonération ne signifierait pas une absence pure et simple de dépense. Les régimes de diminution sont nombreux et complexes, mais dans ce cadre précis, les dons, même défiscalisés, augmenteraient en réalité les paies de l’entreprise. Il y a donc bien une forme de générosité.

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LJD

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