Rencontres économiques d’Aix-en-Provence : « Chercher des raisons d’espérer »

S’exprimant, en 1959, devant une assemblée d’ecclésiastiques, le président des Etats-Unis, Dwight D. Eisenhower, confie : « J’ai deux types de problèmes, les urgents et les importants. Les urgents ne sont pas importants, et les importants ne sont jamais urgents. C’est le dilemme de l’homme moderne. Avec votre aide, tentons de donner à l’important une touche d’urgence. »
Hiérarchiser l’urgent et l’important, des générations de professeurs de management ont phosphoré sur cette idée particulièrement riche en période de crise… ou pour en sortir. Crise sociale, crise économique, crise géopolitique, les motifs sont aujourd’hui nombreux pour remettre la question sur le tapis.
C’est un peu l’idée de Jean-Hervé Lorenzi, l’infatigable inventeur des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, qui ne renonce jamais à trouver un peu d’espoir dans un paysage que les Français aiment à voir bien sombre, avec quelques raisons en ce moment. Les rencontres, qui se déroulent du 7 au 9 juillet, vont donc chercher des raisons d’espérer tout au long des dizaines de débats accessibles au grand public et qui verront se croiser économistes, politiques, militants et chefs d’entreprise.
Mesure sociale simple
Et pour aider à la réflexion, Jean-Hervé Lorenzi et Le Cercle des économistes ont eu l’idée de publier un manifeste soumis à la société civile, qui liste finalement cinq priorités, importantes et pourtant rarement, ou tardivement, considérées comme urgentes : l’éducation, la formation, le travail, la citoyenneté et l’action publique. Avec, à chaque fois, une mesure forte qui pourrait changer bien des choses.
Par exemple, se donner pour objectif de réintégrer, en cinq ans, le 1,5 million de jeunes qui ne sont ni en étude, ni en emploi, ni en formation. S’adresser à ces jeunes défavorisés semble soudain devenu urgent depuis une semaine… Une mesure sociale simple : imposer dans les contrats de travail une obligation de formation qualifiante pour faire évoluer sa carrière face aux chocs économiques et technologiques.
Autre urgence importante, relever le taux d’emploi : 67 % des 15-65 ans ont un emploi. Comme le rappelle régulièrement l’économiste Patrick Artus, si la France avait le taux des Allemands (75 %), l’augmentation des recettes fiscales générées (+ 13 %) permettrait de supprimer le déficit budgétaire, à dépenses publiques inchangées. En cherchant, on trouve toujours des raisons d’espérer.