Renault : à Choisy-le Roi, l’impression d’« un énorme gâchis »

Il y a ceux qui ne veulent pas y penser − « pour l’instant je reste la tête dans mon boulot » −, ceux qui accusent déjà le coup − « c’est dur, je viens d’être embauché » −, les résignés − « la vie n’est pas un long fleuve tranquille » −, et ceux qui bouillonnent : « Comment l’Etat peut mettre 5 milliards pour fermer des usines ? »
Voilà une semaine que les 263 salariés de Renault à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) ont lu dans la presse que le constructeur automobile pourrait annoncer la fermeture de trois sites, dont le leur. Si leurs réactions divergeaient dans l’attente des annonces officielles du groupe, prévues vendredi 29 mai, tous partageaient la même incompréhension : pourquoi eux ? « On dirait qu’ils ont choisi des petits sites au hasard, sans penser à la stratégie globale. Choisy-le-Roi n’a peut-être l’air de rien dans le maillage de Renault, mais son activité particulière en fait l’une des vitrines de l’engagement environnemental du groupe », souligne Brahim Hachouche, délégué central adjoint FO chez Renault et salarié à Choisy.
Ce site est en effet spécialisé dans la rénovation et le reconditionnement de pièces mécaniques : moteurs et boîtes de vitesses usagés y connaissent une seconde vie. Ils sont démontés, nettoyés, des pièces sont remplacées puis ils sont remontés et repartent pour le service après-vente, ce qui permet de proposer à l’automobiliste un « échange standard » à moindre coût, pour lui comme pour l’environnement.
Une activité unique
Dans ses « documents de référence » de 2018 et 2019, Renault soulignait l’activité unique de « remanufacturing » du site de Choisy-le-Roi au chapitre « Une entreprise responsable ». Et précisait : « Chaque organe remplacé en échange standard représente une réduction significative des impacts environnementaux comparé à la fabrication d’un organe neuf (jusqu’à − 80 % d’énergie, − 88 % d’eau, − 92 % de produits chimiques et − 70 % de déchets). » En 2014, le site a reçu le Trophée de l’économie circulaire. Le directeur de l’usine s’était alors félicité d’être « le porte-drapeau de l’engagement du groupe » dans ce domaine.
Au moment où le président de la République plaide pour que la transition écologique soit au cœur de la relance de la filière automobile, l’hypothèse de la fermeture de Choisy apparaît, pour beaucoup, comme un « non-sens », selon les mots du maire communiste (PCF) de la ville, Didier Guillaume : « Que ce soit par rapport à la démarche de développement durable de Renault ou sur le plan financier, car ce site rapporte de l’argent, on ne comprend pas. »
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