Reconversions professionnelles : le Conseil économique, social et environnemental appelle à un changement d’échelle massif
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a présenté, mardi 23 mars, un avis sur « les reconversions professionnelles » dans lequel il appelle à aller plus loin dans la réforme de la formation professionnelle. Tout en dressant un bilan plutôt favorable des multiples réformes de la formation professionnelle engagées ces dernières années, le CESE invite à « un changement d’échelle massif » pour éviter qu’une partie croissante des actifs se retrouvent exclus du marché du travail, faute de qualifications suffisantes.
Cette instance consultative, composée de représentants issus de la société civile, insiste sur l’urgence d’avoir des dispositifs efficaces pour faire face à l’impact sur l’emploi de la crise sanitaire. « Si l’ampleur des dispositifs d’activité partielle a permis de limiter, à court terme, la détérioration du marché du travail, celle-ci risque d’intervenir, avec retard, sur les trimestres à venir », prophétisent les auteurs de l’avis, Florent Compain (ancien président de la fédération Les Amis de la Terre) et Bernard Vivier (professeur à la Faculté libre de droit et d’économie et de gestion de Paris).
La crise sanitaire précipite les mutations en cours. Alors que la modification des comportements des consommateurs donne un coup d’accélérateur aux transitions écologiques et numériques, les besoins se renforcent sur des métiers techniques très qualifiés et certains métiers pénibles et peu considérés, laissant de côté les emplois de « milieu de gamme », note le CESE. Par ailleurs, une bonne partie des métiers porteurs nécessitent d’actualiser et de « verdir » ses compétences (dans l’informatique, le BTP, le médico-social, etc.).
Les sources de financement s’amenuisent
Ces mutations du marché de l’emploi marginalisent « les jeunes arrivants sur le marché du travail et que la formation initiale n’a pas positionnés sur un métier offrant suffisamment d’opportunités », ainsi que « les personnes en deuxième partie de carrière, dont les qualifications initiales ne sont plus reconnues », regrette le CESE. Ces deux catégories d’actifs doivent se lancer dans des formations longues et coûteuses pour se remettre en selle.
Or, les sources de financement s’amenuisent. Avec la loi de 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel, qui simplifie les dispositifs de formation, « le législateur a fait œuvre utile », considère le CESE. Mais la suppression partielle de l’obligation faite aux employeurs d’investir dans la formation de leurs salariés, en 2014, lui a porté un coup. « Selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail, les montants mutualisés à la formation professionnelle des actifs occupés du secteur privé ont décru de 3,1 % en 2017 », rapporte le CESE.
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