Recherche : « Il y a urgence à prévenir le saccage d’une génération de scientifiques »
De nombreux secteurs de la société ont été gravement affectés par la pandémie. L’enseignement supérieur et la recherche n’ont pas échappé à cette remise en cause majeure des modalités de travail. Mais cela a pris un tour particulier pour les jeunes scientifiques, qui sont à un moment critique de leur développement. L’impact a été encore plus fort sur celles et ceux ayant une famille à charge, notamment les jeunes mères, et celles et ceux qui font un travail expérimental ou de terrain. Des jeunes initialement engagés vers une carrière de recherche doutent désormais du bien-fondé d’une telle orientation de leur vie.
Cela a conduit à organiser, à Bruxelles le 13 juin, une conférence sur ce sujet à l’initiative du ministre portugais des sciences, des technologies et de l’enseignement supérieur Manuel Heitor, à la fin de son mandat. La quatrième dans le cycle des conférences Gago sur la politique scientifique européenne intitulée « Europe Supports Young Researchers in Times of Uncertainty » (« L’Europe soutient les jeunes chercheurs en période d’incertitude »). L’objectif élargi visait à considérer, au-delà de la pandémie, d’autres incertitudes apparues depuis l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe.
Des données recueillies dans certains pays et certaines institutions y ont été présentées ainsi que des témoignages du vécu de jeunes chercheurs. Suivant les pays et les disciplines, les conséquences de la pandémie varient. Au moment où une situation plus normale concernant échanges et contacts personnels s’installe, disposer de données fiables et comparables dans tous les pays d’Europe au niveau doctoral et post-doctoral est une urgence. Il s’agit aussi d’anticiper les motivations des étudiants actuellement en master, voire en licence, et leur choix dans les années qui viennent.
Accès aux emplois académiques de plus en plus tardif
La discontinuité produite par la pandémie et les nouvelles conditions économiques intervient dans une situation difficile. En effet, la durée des contrats disponibles dans ces moments décisifs pour s’engager dans la recherche est souvent strictement limitée, engendrant angoisse et frustration. L’accès à des emplois académiques stables est de plus en plus tardif et varie d’un pays européen à l’autre.
Dans leurs témoignages, les représentants des organisations de jeunes chercheurs ont souligné que, pour pallier ce phénomène, une révision radicale des conditions offertes en début de carrière s’impose.
« L’Europe ne peut se permettre de voir les forces vives de sa recherche gravement affectées alors que la bataille globale pour les talents fait rage au niveau international. L’enjeu est l’avenir de l’Europe »
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