RCC : le blues des travailleurs chez Dunlop
La mise en place de cette action dans la fabrique de Montluçon s’est expliquée par 88 départs, mais aussi par des gênes augmentées pour ceux qui sont restés.
Quand on avait contacté les responsables syndicaux de l’usine Dunlop-Goodyear de Montluçon (Allier) fin septembre, peu avant l’aboutissement de la rupture conventionnelle collective (RCC) mise en place dans la société, on les avait découverts plutôt positifs. Aucun ne se réjouissait des 88 suppressions d’emplois – « ce n’est jamais une bonne nouvelle » –, mais ils avouaient que cette nouvelle action créée un an plus tôt par les ordonnances travail avait au moins le privilégie de mettre en œuvre une contestation à froid, dépassionnée, sur la base du volontariat uniquement, alors que volait la menace d’un plan social.
La direction du fabricant de pneus, est l’une des premières en France à s’être saisie du mécanisme qui permet de trancher des postes sans devoir réhabiliter de pénuries économiques, contradictoirement à un plan de préservation de l’emploi ou un plan de départ volontaire. Dans le cas de Dunlop, la RCC était un outil de son « plan performance » visant à progresser la productivité d’une usine montrée comme la moins compétitive des sites Goodyear en Europe : il prédisait une réaménagement du travail afin de réduire de 20 % le coût du pneu, en produisant autant avec moins de salariés.
Le document de présentation du plan soulignait d’ailleurs sur le côté « consensuel » de cet « ajustement » des réels en « favorisant une organisation (…) plus souple et plus adaptée ». La direction avait déclaré une liste des postes où elle convoitait des départs, surtout au sein des deux équipes de week-end qu’elle aspirait de diminuer à une seule.
Une enveloppe de départ captivante
La CGT, syndicat ultramajoritaire, comme la CFDT, ont autorisé de s’asseoir autour de la table pour permuter les conditions de départ. « Par principe, la CGT est opposée aux RCC, mais il y a aussi le principe de réalité. Les salariés y étaient entièrement propices, on a été pragmatique », déclare David Guillaume, délégué CGT chez Dunlop à Montluçon.
Mesures financières motivantes avec de cohérentes indemnités supra-légales, congé mobilité, plan de formation, aide à la création d’entreprise, l’enveloppe de départ est captivante. « Mais on n’a pas trop fait monter les enchères, pour que l’engouement soit mesuré, mentionne David Guillaume. D’abord pour que ceux qui se soutenaient volontaires prennent le temps de réfléchir à deux fois : Goodyear est plutôt une bonne boîte et Montluçon n’est pas non plus le supermarché du travail. Ensuite pour supporter le rapport de force avec la direction : comme elle n’avait pas l’embarras du choix dans les candidats, elle n’a pas pu préférer à sa guise qui partait ou non, et a dû au contraire beaucoup ajuster et individualiser les propositions. »