Qwant déterminé à « couper les coûts inutiles »

Qwant déterminé à « couper les coûts inutiles »

Jean-Claude Ghinozzi, à Paris, en janvier 2020.

Six mois après l’arrivée de Jean-Claude Ghinozzi à la tête de Qwant, le nouveau visage du moteur de recherche français se dessine. Et il passe par une restructuration de l’entreprise. Selon la presse, notamment La Lettre A, les bureaux d’Epinal et d’Ajaccio s’apprêtent à fermer leurs portes. Au total, une trentaine d’emplois pourraient être supprimés au sein de l’entreprise, y compris à Paris − sur les 130 salariés que compte la société.

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Même si la direction de l’entreprise n’a toujours pas confirmé officiellement cette mesure, l’affaire est actée pour le maire d’Epinal, Michel Heinrich. Et la pilule d’autant plus amère à avaler que le fondateur de Qwant, Eric Leandri, promettait l’an dernier encore de créer des emplois sur ce site, créé après le rachat, fin 2017, du moteur de recherches vosgien Xaphir. « Que les gens d’Épinal ne s’inquiètent pas. Il n’y a pas de problème », promettait le chef d’entreprise… En deux ans, le nombre d’employés de cette cellule est passé de 25 à 7 seulement.

Ambitions et désillusions

L’exemple d’Epinal illustre les dérives du Qwant époque Léandri : des grandes ambitions affichées, et beaucoup de désillusions. En début d’année, la Caisse des Dépôts et Axel Springer, les deux actionnaires principaux de la société ont accepté de remettre au pot pour soutenir Qwant, confronté à des problèmes de trésorerie. 10 millions moyennant une refonte complète de la direction de l’entreprise. Exit Eric Leandri qui exerçait les fonctions de PDG, remplacé par son directeur général adjoint Jean-Claude Ghinozzi, missionné pour remettre de l’ordre dans les finances et le train de vie de la société.

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Les actionnaires ont également placé leurs hommes à des postes stratégiques : Antoine Troesch, directeur de l’investissement de la Banque des territoires – l’une des cinq directions de la Caisse des Dépôts – à la tête du conseil de gouvernance ; Jean-Robert Mamin, auparavant PDG d’Axel Springer Media France, à la tête de la direction commerciale de Qwant.

Fidèle à la feuille de route qui lui a été fixée, M. Ghinozzi assume désormais : « Les coûts inutiles, on les coupe. » Alors que le moteur de recherche s’était dispersé dans une multitude de produits (Qwant Music, Qwant Maps, Qwant Causes, Qwant Sport, etc.), le nouvel homme fort de la société appelle à un « recentrage ». « On ne pourra pas créer des suites comme nos concurrents globaux [Google, Apple, etc.] pour développer une myriade de produits. C’est peut-être l’erreur du passé », convient-il. La priorité est donc d’améliorer avant tout la qualité du moteur de recherche.

« Quand on change de feuille de route, on fait des choix. On a annoncé au personnel qu’il y aurait des évolutions d’organisation, probablement des entités qui allaient fermer » Jean-Claude Ghinozzi, PDG de Qwant

A demi-mot, le dirigeant convient que cette ligne directrice pourrait passer par des suppressions de postes : « Quand on change de feuille de route, on fait des choix. On a annoncé au personnel qu’il y aurait des évolutions d’organisation, probablement des entités qui allaient fermer. Et pour les produits qu’on arrête, on essaie toujours de faire le nécessaire pour proposer soit de la formation soit de l’évolution, dans le meilleur des cas. »

Dans le même temps il souhaite se renforcer sur certains secteurs, à commencer par le développement de l’application mobile du moteur de recherche et le renforcement des forces impliquées sur la monétisation de l’entreprise. « Au final ce n’est pas forcément un projet pour réduire le personnel, mais qui doit permettre à l’entreprise de développer les bons produits et de parvenir au plus vite à la profitabilité », précise-t-il.

Au moins peut-il s’appuyer sur une croissance forte des utilisateurs de ce moteur qui revendique une vraie protection des données de ses utilisateurs. En deux ans, le nombre de visiteurs uniques est passé de deux millions à plus de cinq millions.

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LJD

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