Quel travail désirable à l’horizon 2050 ?
Carnet de bureau. Osons rêver que d’ici à 2050 le travail sera… une passion ? un métier où l’on s’investit en parallèle d’une vie privée épanouie ? une activité qui permette de passer d’une mission à l’autre toujours plus instructive, tantôt salarié, tantôt en indépendant ? un emploi « augmenté » par l’intelligence artificielle ?
Les études prospectives sur le travail ne manquent pas. De l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) à l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), en passant par l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), les chercheurs et les statisticiens s’efforcent d’anticiper le monde de demain.
Intensification de la pénibilité, déstabilisation de l’emploi salarié, destruction de postes, fragilisation du sens du travail, les grandes tendances préfigurent souvent une version sombre de l’avenir nourrie par la part d’inconnu des transformations en cours. Il est, en effet, plus facile de percevoir ce que les nouvelles technologies vont détruire que ce à quoi elles vont donner naissance.
La dernière note du Fonds monétaire international sur l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur l’emploi, publiée le 14 janvier, chiffre à presque 40 % l’emploi mondial « exposé à l’IA, avec un risque plus grand pour les économies avancées (…). Soixante pour cent des métiers [y] sont exposés. » Quant aux avantages à en tirer, l’institution indique que les économies avancées sont les mieux placées pour exploiter les bénéfices de l’IA, mais ne donne pas de chiffres. On sait ce qu’on perd, pas ce qu’on gagne.
Un concours de récits désirables
L’analyse prospective « Le Travail en 2040 », présentée par l’INRS fin novembre 2023, annonce, de son côté, une perte d’autonomie des salariés dans l’organisation de leur travail. « En 2040 (…), le management intermédiaire pourrait être en partie remplacé par les algorithmes, qui dicteraient en flux tendu leurs instructions aux salariés. Couplée avec la flexibilisation des emplois, cette évolution risque à la fois d’éroder encore davantage l’autonomie et la professionnalité des personnes, et de renforcer leur isolement », explique l’économiste Thomas Coutrot dans un entretien à l’INRS. L’essor d’un management algorithmique nous promet ainsi de faire monter d’un cran le niveau de contrôle et de stress des salariés, alors même qu’un sur deux s’estime déjà « en état de stress », selon l’enquête du 18 janvier du cabinet Qualisocial.
« Ce qu’on a mis des décennies à construire, j’ai l’impression qu’on le détruit », a réagi Jean-Marie Branstett, membre de la commission des accidents du travail et des maladies professionnelles pour Force ouvrière, lors de la présentation des travaux de l’INRS. « Les modèles hypercontrôlants sont antinomiques avec l’évolution en cours », relativisait Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des DRH.
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