Quand Amazon recrutait des « analystes en renseignements » pour éviter la syndicalisation

Quand Amazon recrutait des « analystes en renseignements » pour éviter la syndicalisation

« Aux Etats-Unis, il est même reproché à la société de se séparer des salariés critiquant le groupe, comme ce fut le cas en mai. »

C’est une curieuse offre d’emploi qui est apparue sur le site d’Amazon, aux Etats-Unis, le 1er septembre : le leader mondial du commerce électronique indiquait recruter à Phoenix (Arizona) des « analystes en renseignements » pour surveiller les « menaces d’organisations syndicales » au sein du groupe.

Face au tollé engendré sur les réseaux sociaux, l’offre d’emploi a disparu, avant de réapparaître dans une version très allégée. « L’offre ne décrivait pas correctement le poste. Elle a été faite par erreur et a depuis été corrigée », se justifie Amazon France.

Cela n’a pas empêché plusieurs internautes de réaliser des captures d’écran du site de la firme américaine. Sur la très longue fiche de poste originale, il est mentionné que les nouvelles recrues devront travailler avec la direction et les avocats du groupe, et les informer « sur des sujets sensibles et hautement confidentiels, y compris les menaces d’organisations syndicales au sein de l’entreprise ».

Dans la même phrase, on lit aussi que les analystes ont pour mission de « traquer les financements et activités liées à des campagnes en interne et en externe envers Amazon ». Plus généralement, les employés doivent recueillir des éléments pour le montage des actions en justice contre le groupe.

Malgré les justifications de l’entreprise, cet épisode n’arrange pas la relation très difficile entre Amazon et les syndicats, et semble en dire long sur la stratégie du groupe. Le géant américain, réputé très hostile à toutes formes de syndicalisation de ses 876 000 salariés, avait plusieurs fois été accusé de les surveiller, sur leur lieu de travail ou sur leurs réseaux sociaux personnels.

Aux Etats-Unis, il est même reproché à la société de se séparer des salariés critiquant le groupe, comme ce fut le cas en mai : plusieurs d’entre eux avaient pointé du doigt le faible niveau de sûreté sanitaire des entrepôts. Amazon avait alors justifié ces licenciements par des violations répétées du règlement en situation de crise sanitaire : les personnes en question auraient continué à se rendre au travail malgré des diagnostics positifs au Covid-19. « Les travailleurs nous disent depuis des mois qu’Amazon les cible pour s’être exprimés. Cette description de poste est la preuve qu’Amazon a l’intention de continuer », a commenté dans un communiqué Dania Rajendra, la directrice d’Athena, un collectif d’organisations anti-Amazon.

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Souvent interrogée sur le sujet, l’entreprise se défend : « Amazon respecte le droit de ses employés d’adhérer ou de ne pas adhérer à un syndicat. Amazon maintient une politique d’ouverture qui encourage les employés à faire part de leurs commentaires, questions et préoccupations directement à leur équipe de direction pour discussion et résolution. »

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LJD

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