Profession charpentier : le métier « le plus recherché de France » attire de nouveaux profils

Profession charpentier : le métier « le plus recherché de France » attire de nouveaux profils

L’atelier est saturé par le bruit des scies circulaires. Dotés de protections auditives professionnelles et d’une grande capacité de concentration, dix-huit apprentis charpentiers planchent sur la miniature d’un toit de maison. Penchés sur des panneaux posés à même le sol, ils dessinent avec précision les volumes de l’édifice, ainsi que les caractéristiques des pièces de bois qui le composent. Luc Mabire, formateur charpentier à la maison de l’apprentissage de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), sourit face à notre perplexité : « Les non-initiés ne peuvent pas comprendre. Les charpentiers ont leur propre langage. La tradition du tracé dans la charpente française est inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Enseigner cet art, c’est magique. » Le pratiquer est loin d’être évident.

Rita Beillevaire, 30 ans, a quitté son travail d’urbaniste pour passer un CAP charpentier : « J’avais envie de renouer avec la matière. La formation est beaucoup plus complexe que ce que je croyais, c’est extrêmement technique. » Duncan Driffort, 25 ans, fraîchement diplômé en architecture, partage son constat : « Les charpentiers sont loin d’être des bourrins. Le métier demande de solides compétences en géométrie. Même après cinq ans d’architecture, je ne suis pas à l’aise avec le dessin technique pratiqué ici. »

« Du boulot par-dessus la tête »

A Gennevilliers, les profils des inscrits au CAP charpentier sont variés – les élèves ont entre 24 ans et 48 ans, ils étaient cuisinier, ingénieur ou encore journaliste avant de répondre à l’appel du bois. Tous affichent la même détermination lorsqu’ils évoquent leur reconversion dans la charpenterie. « La charpente, c’est du solide. Ce qu’on construit sera encore là dans cent ans. On travaille pour les générations futures. Il n’y a pas d’obsolescence dans une charpente », souligne Luc Mabire. Compagnon du devoir depuis près de trente ans, le formateur voit affluer de plus en plus d’aspirants charpentiers : « En trois ans, on a triplé les effectifs à la maison de l’apprentissage. J’ai 90 élèves cette année, il y a un vrai engouement pour des métiers manuels, une volonté de retour au concret. »

Parmi les élèves, Pierre Boulanger, comédien et réalisateur de 34 ans, s’est ainsi tourné vers la charpenterie, « dans une démarche de revalorisation de l’artisanat français et pour avoir la possibilité de trouver du travail rapidement sans dépendre du désir des autres, comme dans le cinéma ». Il ne croit pas si bien dire : malgré l’afflux de candidats, la profession reste particulièrement en tension. En 2021, plus de 83 % des entreprises du secteur peinent à recruter. Pôle emploi classe le métier de charpentier bois en première position de sa liste.

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LJD

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