« Premier appel à la grève dans un magasin Apple aux Etats-unis : la Big Tech et ses pratiques antisyndicales dans le viseur »

« Premier appel à la grève dans un magasin Apple aux Etats-unis : la Big Tech et ses pratiques antisyndicales dans le viseur »

La boutique Apple de Towson dans le Maryland, le 10 mai 2024.

Towson (Maryland) est une ville de la banlieue de Baltimore que les dirigeants d’Apple ont marqué d’un point rouge. C’est là qu’en juin 2022, les salariés de la boutique locale avaient voté pour se doter d’un syndicat, une fâcheuse première dans un magasin américain du fabricant de l’iPhone. Et qui dit syndicat dit négociations et même grève. C’est encore à Towson que la centaine d’employés syndiqués a approuvé, samedi 11 mai, le principe d’un arrêt de travail, autre première pour le géant technologique aux Etats-Unis.

Ouvertes il y a plus d’un an avec la branche locale du syndicat IAM CORE, les négociations achoppent, selon elle, sur « l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, les horaires imprévisibles perturbant la vie personnelle et les salaires qui ne reflètent pas le coût de la vie dans la région ». A lui, désormais, de décider du jour de grève, qui pourrait intervenir avant le 21 mai, date de la prochaine séance de négociations.

Si la grande industrie traditionnelle conserve des syndicats puissants, comme l’automobile, la Big Tech, alors qu’elle s’est fait une solide réputation pour ses pratiques antisyndicales dans un environnement légal freinant la syndicalisation, est aujourd’hui dans le viseur. En 2018, 20 000 salariés de Google avaient manifesté contre le harcèlement sexuel ; trois ans plus tard, 226 employés avaient mis sur pied un syndicat, s’attirant cette réplique d’une dirigeante : la société « continuera à dialoguer directement avec les employés ». Le New York Times n’y voyait pas moins « le signe le plus clair de l’ampleur avec laquelle l’activisme des salariés a balayé la Silicon Valley au cours des dernières années ».

Mouvement embryonnaire

Dans ces sociétés à hauts salaires, cet activisme porte avant tout sur la lutte contre la ségrégation raciale, les discriminations entre hommes et femmes, et les harcèlements. Voire leurs choix stratégiques, comme l’intelligence artificielle ou les contrats avec le Pentagone. Mais le mouvement de syndicalisation a aussi touché des secteurs à emplois peu qualifiés, où les travailleurs ont remporté des victoires salariales, à l’instar des manutentionnaires d’Amazon et des serveurs de Starbucks.

Ce mouvement reste embryonnaire : l’Apple Store d’Oklahoma City est le seul, avec Towson, à avoir franchi le pas. Les employés d’un magasin du New Jersey l’ont rejeté le jour où leurs collègues du Maryland votaient la grève. Le président américain, Joe Biden, n’a pas gagné son pari d’accroître leur influence. On compte un peu plus de syndiqués depuis son élection, soit 14,4 millions de salariés et de fonctionnaires, les nouveaux encartés étant afro-américains et hispaniques. Mais l’augmentation du nombre d’employés a fait reculer le taux de syndicalisation à 10 % en 2023. Loin du pic historique de 30 % dans les années 1950.

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LJD

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