Pourquoi des entreprises convoitent les seniors
Tandis que certaines entreprises incitent les salariés les plus âgés à envisager une retraite anticipée, d’autres multiplient les efforts pour les fidéliser.
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Quand Catherine Englebert a été contactée pour créer le poste de DRH d’Amazon en France, elle a rappelé son âge à son interlocuteur : « J’avais 56 ans, presque le double de la moyenne d’âge chez Amazon », précise-t-elle. La réponse a été claire : « Nous recherchons une compétence, pas un âge ! » Son expérience des multinationales technologiques en forte croissance et sa maturité seraient bienvenues dans cet environnement plutôt jeune.
Après quatre ans à ce poste, elle a quitté l’entreprise pour faire le point et dresser la liste des projets qu’elle souhaitait encore mener. Aujourd’hui âgée de 63 ans, elle travaille à peine moins qu’avant et refuse les emplois salariés à plein temps qu’on lui propose encore…
Les seniors ne sont pas tous égaux en matière d’employabilité. Celle-ci dépend de leur santé, de leur métier et de leur secteur d’activité. Toutefois, les entreprises semblent être plus nombreuses à prendre conscience de l’importance du vivier de compétences qu’ils représentent.
Compréhension et curiosité
Lorsque le groupe d’ingénierie Assystem a décidé de se développer à l’international, il a constitué une équipe d’experts dans ses métiers. Baptisée les « Space Cowboys », l’équipe regroupe des seniors (à partir de 45 ans), parlant plusieurs langues, mobiles, ayant peu de contraintes familiales et un fort niveau d’expertise. Ils sont aujourd’hui vingt et un Space Cowboys en CDI. Quelques indépendants les rejoignent de façon ponctuelle. « C’est un réservoir de compétences au service du développement de l’entreprise, affirme Hubert Labourdette, directeur des opérations stratégiques d’Assystem. Longtemps, quand quelqu’un avait une forte expertise, il devenait manager. Ce n’est pas toujours la meilleure solution, certains préfèrent faire que diriger. De même, on a longtemps vu les seniors comme des “gros salaires” ; aujourd’hui, ils incarnent plutôt la “richesse” de l’entreprise, qui a pris conscience de leur valeur ajoutée. »
Les start-up s’intéressent, elles aussi, à ces profils. « Dans le numérique, tout le monde recherche les mêmes compétences. Les entreprises élargissent leur champ de recherches aux seniors pour leur expérience technologique ou leur capacité à encadrer des métiers différents », constate Aude Barral, cofondatrice et directrice marketing de CodinGame, une plate-forme de recrutement de programmeurs par le jeu. Dans ces métiers, les seniors se différencient par une compréhension rapide des projets et des enjeux commerciaux. Ils ont une grande curiosité technologique et pratiquent plus la veille que les « juniors ».