Pour loger leurs apprentis, des employeurs en quête de solutions

Pour loger leurs apprentis, des employeurs en quête de solutions

 Alexandre Morel et Safaa Megnafi, à l’extérieur de la maison dont ils occupent deux chambres, à Bayard-sur-Marne, le 21 décembre 2023.

« La cerise sur le gâteau, possibilité de vous héberger dans une maison rénovée spécialement pour nos alternants. » Dans une offre d’emploi, un tel détail ne passe pas inaperçu, tant la recherche d’un logement à prix abordable peut représenter un frein à la signature d’un contrat d’apprentissage.

Surtout quand l’employeur en question, l’entreprise Pam Building – une filiale du groupe Saint-Gobain, spécialisée dans la fabrication de tuyaux pour l’évacuation d’eaux usées – se situe à Bayard-sur-Marne, dans une partie du département de la Haute-Marne moins bien desservie par les transports en commun et éloignée des universités et des centres de formation… Où les jeunes en question peuvent avoir un autre logement à financer si l’endroit ne coïncide pas avec leur lieu d’origine. La gare la plus proche se trouve à Saint-Dizier (Haute-Marne), à une vingtaine de minutes en voiture, et seulement quelques bus s’y arrêtent en journée.

Ici, la maison à laquelle fait référence l’annonce est à six minutes à pied, chronomètre en main, du poste de sécurité de l’usine. Mitoyenne de la maison du responsable de la maintenance, c’est une bâtisse spacieuse de deux étages qui servait de logement de fonction à la famille d’un ancien responsable de production. Un temps inoccupée, et après un coup de neuf et l’achat de meubles, la voici habitée depuis septembre 2022 par trois alternants qui occupent chacun une chambre contre un loyer de 100 euros directement prélevé sur leur fiche de paie. « Le loyer couvre à peine les charges, mais nous considérons que c’est un moyen de ne pas perdre des candidats que nous jugeons intéressants dans une zone peu mobile où il est difficile de recruter sur des processus techniques », explicite Justine Franchi, la directrice des ressources humaines.

Des entreprises aux centres de formation, en passant même par les municipalités en recherche de jeunes actifs, le poids de la recherche d’un logement dans le recrutement d’apprentis est une problématique incontournable. Comme pour les travailleurs saisonniers, le frein relève surtout de la pénurie de logements. Mais avec un objectif d’un million d’apprentis par an, le développement de l’apprentissage, particulièrement dans l’enseignement supérieur grâce aux aides à l’embauche perçues par les entreprises, a renforcé les tensions sur le marché locatif.

Un déficit d’attractivité

En plus de l’allocation personnalisée au logement ou l’accès à des résidences pour jeunes travailleurs, des cautions locatives et des aides financières spécifiques et cumulatives ont été mises en place par Action Logement et des régions. En 2022, 162 000 apprentis et alternants avaient ainsi reçu l’aide Mobili-Jeune, pouvant aller jusqu’à 100 euros, soit plus du double des bénéficiaires de 2021.

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LJD

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