Marriott, Hilton, Accor… Les géants de l’hôtellerie essuient des pertes inégalées
En présentant ces derniers jours leurs résultats de 2020, les géants de l’hôtellerie ont tiré un trait sur la pire année de leur histoire, mais pas sur une crise dont ils n’imaginaient pas, il y a encore trois mois, qu’elle se poursuivrait au moins jusqu’en 2022. Les propos tenus par les responsables de Marriott, Hyatt, Hilton ou Accor ressemblent fort à ceux du printemps 2020, quand la pandémie de Covid-19 mit brutalement à l’arrêt le tourisme mondial.
« Bien qu’il soit impossible de prédire le calendrier d’une reprise totale, nous sommes confiants dans le fait que nous observerons des progrès significatifs dans le courant de l’année » : que pouvait dire d’autre Lenny Oberg, directrice financière de Marriott, au moment de commenter les perspectives incertaines du numéro un mondial du secteur ?
Même pronostic incantatoire, mercredi 24 février, dans la bouche de Jean-Jacques Morin, son homologue du groupe Accor : « Il y a quelques signes de reprise, avec notamment l’arrivée des vaccins, mais l’incertitude reste malheureusement le mot-clé. » Tous ont dû dévoiler des chiffres en deçà des attentes, qui n’étaient déjà pas bien hautes.
Centres d’affaires vides
Après un troisième trimestre marqué par un regain de l’activité partout dans le monde, la deuxième vague mondiale de la pandémie et la reprise des restrictions au voyage ont ruiné les espoirs d’un retour rapide à meilleure fortune. Les principales chaînes hôtelières ont annoncé leurs premières pertes annuelles depuis 2009, année de la crise économique mondiale. Exception majeure : le géant chinois Jin Jiang pourrait présenter le mois prochain un léger bénéfice annuel à faire pâlir d’envie ses rivaux occidentaux.
Au palmarès des déboires, Accor tient la corde avec une chute du RevPAR (revenu par chambre, indice de référence du secteur) de 62 % en 2020. Le britannique IHG et les américains Hilton, Hyatt et Marriott – qui a perdu son PDG, Arne Sorenson, mort le 15 février d’un cancer à l’âge de 62 ans – se tiennent dans un mouchoir de poche entre – 52 % et – 60 %. Wyndham limite la baisse à un tiers, comme Choice Hotels.
Les hôtels de luxe et ceux de séminaires, proches des aéroports, sont les plus touchés par la baisse de 75 % des déplacements internationaux
Ces deux chaînes américaines présentent la particularité de miser sur une hôtellerie de moyenne gamme et d’être peu représentées dans les grands centres urbains. Ce n’est pas le cas de leurs concurrents installés dans les grands centres d’affaires mondiaux, et qui ont dans leurs portefeuilles certains des palaces les plus prestigieux. Les hôtels de luxe et ceux de séminaires, proches des aéroports, sont les plus touchés par la baisse de 75 % des déplacements internationaux – un milliard de voyageurs évaporés.
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