« L’irruption des droits du vivant au centre de nos décisions est équivalente à l’irruption des droits politiques au XIXe siècle ou des droits sociaux au XXe siècle »

« L’irruption des droits du vivant au centre de nos décisions est équivalente à l’irruption des droits politiques au XIXe siècle ou des droits sociaux au XXe siècle »

L’issue du mouvement récent des agriculteurs nous livre un enseignement-clé pour nos entreprises. Si l’écologie reste un sujet « en plus » du « business as usual », elle connaîtra le même sort : incomprise, caricaturée, puis rejetée.

Les agriculteurs sont exsangues et les aléas climatiques de plus en plus extrêmes. Leur imposer en plus des normes environnementales sans redéfinir avec eux leur rôle futur, cela ne passera pas.

Les agriculteurs sont-ils uniquement là pour produire notre nourriture ? Dans le monde qui s’annonce, nous avons besoin d’eux pour conserver le carbone dans le sol, former les nouvelles générations et protéger la biodiversité.

Les dirigeants d’entreprises s’emparent (enfin !) de l’enjeu de décarbonation. Leur demander en plus de s’occuper de biodiversité et des autres limites planétaires sans repenser le rôle des entreprises, cela ne passera pas.

Les entreprises sont-elles uniquement vouées à produire du profit ? Dans le monde qui s’annonce, nous avons besoin d’elles pour protéger le vivant, revitaliser les territoires et faire du travail une source d’épanouissement.

Cela ne passera pas

Les équipes chargées, au sein des entreprises, du « reporting » social et environnemental (RSE) sont déjà épuisées sous des milliers de pages de documents et de chiffres à produire. Leur rajouter, avec la directive européenne sur le devoir de vigilance (Corporate Sustainability Reporting Directive, CSRD), la notion de double matérialité, leur demander de mesurer non seulement l’impact du changement climatique sur leur modèle économique, mais aussi l’effet de leurs activités sur la planète et l’humain sans repenser le rôle de la comptabilité, cela ne passera pas.

La comptabilité ne sert-elle qu’à valoriser les indicateurs financiers ? Dans le monde qui s’annonce, nous avons besoin d’elle pour (ré) intégrer les externalités négatives et positives au cœur des valorisations d’entreprises.

Les départements achat ont déjà comprimé tous les coûts, partout. Exiger d’eux qu’ils rajoutent à leurs fournisseurs des exigences sur le carbone, sans repenser le rôle de la coopération à long terme, cela ne passera pas.

La relation avec des fournisseurs se résume-t-elle à une négociation tarifaire ? Dans le monde qui s’annonce, nous avons besoin d’une coopération sous forme de cocréation, pour trouver des solutions sur des chaînes de valeur trop fragmentées.

Les opérationnels, sur le terrain, sont fatigués d’exécuter des décisions qui tombent (trop souvent !) d’en haut. Leur suggérer de prendre en plus des initiatives locales pour la planète sans repenser le rôle des territoires, cela ne passera pas.

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LJD

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