L’industrie du tourisme entre espoir et colère
Le secteur du tourisme se prépare à un long hiver. Mardi 7 avril, à l’occasion d’une conférence de presse téléphonique, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, a douché les espoirs des professionnels du secteur quant à un retour rapide de l’activité.
Selon lui, « la reprise se fera progressivement » : il faudra compter « un an et demi à deux ans pour retrouver le niveau de 2019 », une année, il est vrai, exceptionnelle pour le tourisme français avec 58 milliards d’euros de recettes et 98 millions de visiteurs.
Dans l’attente de jours meilleurs, les entreprises font le gros dos et tablent sur les aides mises en place par le gouvernement pour laisser passer l’orage. Selon le secrétaire d’Etat, « environ 11,5 % des dossiers déposés pour des prêts garantis par l’Etat concernent le secteur ». « Le ticket moyen s’établissait à 140 000 euros, ce qui veut bien dire que l’on s’adresse aux PME, car le prêt garanti peut aller jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires », a ajouté M. Lemoyne. Au total, ce sont 550 millions d’euros de prêts garantis qui ont déjà été accordés à des entreprises du tourisme. Avec 145 millions d’euros, l’Ile-de-France a été la mieux servie.
Des palaces fermés
Le secrétaire d’Etat s’est aussi félicité de l’efficacité du dispositif de chômage partiel. Selon une enquête menée auprès des dirigeants du tourisme par le cabinet de conseil Roland Berger, « 95 % d’entre eux ont mis en place le chômage partiel ». C’est le cas du Plaza Athénée et du Meurice, deux palaces parisiens du groupe Dorchester collection.
Les deux établissements de luxe « sont fermés pour mettre à l’abri nos 1 000 employés qui recevront 100 % de leur rémunération. Aux 85 % versés par l’Etat nous ajoutons les 15 % restants », explique François Delahaye, directeur général du Plaza Athénée. Ce dernier n’attend « pas de reprise avant début 2021 ». Il prévoit un été morose avec, au mieux, « 15 % de taux d’occupation en juin et 20 % en juillet ». La clientèle asiatique a disparu. Malgré la reprise de l’activité, le patron du Plaza n’a enregistré aucune réservation venue de Chine.
Pour le seul mois d’avril, déjà, hôtels, campings et résidences de vacances ont subi un manque à gagner de « 4 milliards d’euros pour l’hébergement touristique », estime Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme : des pertes qui grimpent à 10 milliards tout compris, en incluant les restaurants, les lieux de visite ou encore les billets d’avion.