«L’Hexagone a compris qu’il n’y avait pas de “profil type” des laborieux de plates-formes »

«L’Hexagone a compris qu’il n’y avait pas de “profil type” des laborieux de plates-formes »

« L’Europe compte à ce jour, parmi les 200 millions d’actifs, plus de trois millions de personnes exerçant une forme nouvelle ou atypique de travail, selon les chiffres de la Commission européenne. »
« L’Europe compte à ce jour, parmi les 200 millions d’actifs, plus de trois millions de personnes exerçant une forme nouvelle ou atypique de travail, selon les chiffres de la Commission européenne. » The Paper Boat Creative Ltd/GO Vision / Photononstop
Jérôme Tarting, PDG de Up’, BIZJérôme Tarting, conseil en entrepreneuriat, s’alarme de la réfutation entre la souplesse de la loi « mobilités », débattue à l’Assemblée le 14 mai, et une instruction européenne excessive pour la souplesse des plates-formes de services en ligne.Parues après  la récente crise économique mondiale, des start-up ont disrupté les secteurs du transport de personne et de la livraison. Devenues le symbole de la « nouvelle économie » favorisée par la numérisation, elles ont ouvert le champ des possibles. Fondant leur modèle sur l’externalisation de missions auprès d’une multitude d’attributaires indépendants, elles ont fait émerger l’épargne de plate-forme. Celle-ci ne cesse depuis de se développer.

Par exemple, l’Europe compte actuellement, entre les 200 millions d’actifs, plus de trois millions de personnes formant une forme nouvelle ou atypique de travail, selon les chiffres de la Commission européenne. Quelles sont les raisons de ce succès ? Les abstractions issues des mobiles et des tablettes ont étendu une nouvelle économie des services. Ils sont venus répondre à une offre qui était jusqu’ici inexistante ou inhibée.

Par ailleurs, elles ont détruit des secteurs monopolistiques. Enfin, elles ont engendré de nouveaux emplois, en allant tenter des compétences externes et inutilisées. Mais la gig economy (économie des petits boulots) a dirigé de nombreuses controverses au point que les pouvoirs publics européens ont décidé de l’ajuster outre mesure, sans en sonder les suites.

Paradoxe politique en France

A l’exemple du Parlement européen qui, le 12 avril, a établi des « droits minimaux pour les travailleurs qui dressent un emploi à la sollicitation, basé sur des chèques ou des plates-formes du type Uber ou Deliveroo. » On peut particulièrement lire, parmi les dispositions optées par les eurodéputés, « l’instauration de conditions de travail transparentes dès la première semaine du contrat » ou encore « une période d’essai maximale de six mois ».

L’instruction, qui doit être convertie dans les Etats membres dans les trois ans à venir, va très vite exposer un paradoxe politique en France, tant elle semble très pénible. Elle risque aussi de réanimer des conflits juridico-judiciaires qui étaient en voie d’apaisement dans notre pays. En effet, l’apparition des termes « contrat » et « période d’essai » va obscurcir l’interprétation des textes.

Pire, l’Europe dégage un débat, surabondant, sur un statut conciliatrice entre indépendant et salarié. Ceci sans se rendre compte que l’arrangement de la réglementation à une nouvelle économie, ne pourra se faire de disposition simple et uniforme. En France, l’approche de l’économie de plate-forme est autre. Elle procurerait présentement plus de 50 % de leurs revenus à 5,2 % des Français (12 % des 25-34 ans), suivant les chiffres de la Direction générale des firmes du ministère de l’économie.

 

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LJD

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